Nous proposons une recension de l'ouvrage de James Fergusson dans le dernier numéro d'Afrique contemporaine. Elle est accessible gratuitement ICI.
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jeudi 12 février 2015
dimanche 13 avril 2014
La fantaisie des Dieux. Note de lecture
Patrick de Saint-Exupéry, grand
reporter et rédacteur en chef de la revue XXI, signe avec Hippolyte une très
belle BD-reportage. Ce n’est pas le génocide qui est raconté et expliqué mais
la trajectoire de Patrick de Saint-Exupéry, en 1994, dans l’Ouest du Rwanda puis
son retour sur les lieux du drame vingt ans plus tard. Ainsi, l’ouvrage est une
série d’allers retours entre photos du Rwanda de 1994, plus précisément à
Kibuye, et le voyage du journaliste, avec le dessinateur Hippolyte, sur ses
propres pas en 2013. Aucune image d’horreur juste des témoignages qui laissent deviner
le pire.
A la grisaille parisienne succède
les images colorées du Rwanda. Les aquarelles d’Hippolyte rendent le dessin
poétique. Une certaine légèreté règne dans ce petit paradis qu’est le Rwanda
mais lorsque l’image se fait plus précise, le lecteur aperçoit des cadavres
emportés par le courant du fleuve. Un témoignage pudique qui laisse au lecteur
se représenter l’horreur. Derrière le silence se cache un génocide. On comprend
que ce silence est celui des morts mais aussi celui de la communauté
internationale. « Un génocide c’est d’abord du silence ».
Dès ses premières pages « La
fantaisie des Dieux » ne laisse pas place au doute. Pour l’auteur, Mitterrand,
le Président de la République savait. Son administration l’avait informée, dès
1990, d’un risque d’ « élimination totale des Tutsi » (p.6) au cœur
de l’Afrique centrale. L’ouvrage s’ouvre sur une citation en exergue, qu’aurait
dit le Président : « dans ces pays-là, un génocide ce n'est pas très
important ». Plusieurs facettes du génocide sont traitées. Les Caterpillar
du ministère des Travaux publics qui récupèrent les cadavres après le massacre
de l’église « Home Saint Jean » (p.24), le préfet qui organise les
assassinats, le poids de la colonisation et de la christianisation lorsqu’un
fantôme qui hante l’esprit de l’auteur rappelle : « le mot ethnie
n’existe pas dans notre langue » (p.33) L’ouvrage questionne la
responsabilité des différents acteurs dans le drame.
On comprend aussi le contexte de
l’époque. Si le rôle joué par la France fait toujours polémique, la thèse de
l’auteur est que les plus hautes autorités de l’Etat savaient mais se sont laissées
aveuglées par « leur allié » hutu. Les militaires français,
qu’accompagne l’auteur en 1994, sont eux-mêmes surpris par l’accueil qui leur
est réservé : « les génocidaires accueillent les Français en amis.
Ils étaient sûrs que nous venions les
aider à finir leur travail » (p.47). On comprend le trouble qui envahit ses hommes lorsque les tueurs les accueillent, les ordres de l’état-major, les comptes rendu envoyés à Paris qui restent sans réaction, les discours politiques, les aveux des assassins pour qui il est normal de tuer les enfants qui sont des complices des rebelles, le récit des rescapés à Bisesero, etc. Ça n’est pas les militaires de l’opération Turquoise présents sur place que l’auteur accuse, au contraire il les dessine impuissants et dépassés. A Bisesero, il a observé avec eux "un champ d’extermination à ciel ouvert » (p.72),
il a vu ce gendarme s’effondré en réalisant qu’un an avant il avait formé la
garde présidentielle et qui conclut « nous avons formé les
assassins » (p.73)
On retient quelques citations marquantes : « C’est la goutte d’eau qui dit la mer et cette mer fait peur», "la
folie est une excellente meneuse d’hommes » (p.28), « l’organisation
est la condition de la démultiplication du crime. Le déni sa soupape »…
Pour aller plus loin (MAJ) :
-Le blog d’Hippolyte : ICI
-« Indications of Genocide in the Bisesero Hills,Rwanda, 1994 », Yale University, Genocide Studies Programm
-« Patrick St-Exupéry & Hippolyte : BD/ Les
superhéros à l’épreuve du temps : série », in Un autre jour est possible, France Culture, 4 avril 2014, (en
ligne), ICI
- Olivier Schmitt : " Génocide and International Relations"
- Olivier Schmitt : " Génocide and International Relations"
dimanche 29 décembre 2013
Recension : Al-Shabaab in Somalia (Stig Jarle Hansen)
Notre recension a bénéficié d'une première publication sur le blog War Studies Publications (merci à l'animateur).
Qu’on se le dise, Stig
Jarle Hansen est le spécialiste du groupe Al-Shabaab, ce groupe de
fondamentalistes affiliés à Al-Qaïda, qui a émergé en Somalie à partir de 2005-2006[1]. Les
commentaires des plus prestigieux spécialistes de la Somalie en quatrième de
couverture (Gérard Prunier, J. Peter Pham, Christopher Cook, Markus Hoehne)
sont élogieux et augurent une lecture enrichissante.
Professeur de Relations
internationales en Norvège, Hansen a vécu en Somalie au moment même où le
groupe commençait à faire parler de lui. C’est même Godane, le futur leader du
mouvement qui lui délivra son visa. Il le dit lui-même, sa première impression
du groupe fût positive. En effet, les Shebabs n’étaient alors composés que de
quelques dizaines de jeunes, intégrés à l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI).
Ce dernier administrait le sud du pays en 2006 et était parvenu à y restaurer
un semblant d’ordre et de sécurité. Très vite, Hansen a compris que le groupe se
distinguait du reste des mouvements de l’UTI, une autre facette se dessinait.
Composé de jeunes dont le chef se faisait appeler « Gaal dille » (« tueur
de Chrétiens » en somali) les Shebabs se faisaient les chantres du concept
de choc des civilisations. Cette double facette - restauration de la sécurité
et idéologie civilisationnelle - existe encore aujourd’hui.
Hansen nous explique l’évolution
du groupe, son idéologie et les moyens militaires employés pour parvenir à ses
fins. Il adopte un plan chronologique pour montrer les différentes phases de
l’émergence du groupe dans un contexte national où la religion est devenue un
refuge identitaire face au désordre général. Le groupe s’est formé au sein de
l’Union des Tribunaux islamiques (2005-2006) et s’est renforcé dans le combat
contre « l’envahisseur » éthiopien (2007-2008). Selon Hansen, son âge
d’or serait la période 2009-2010 avec l’échec de la prise de contrôle du
territoire national par le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT). La période
actuelle, à partir de 2010, serait une période de « troubles » pour
le groupe (perte de territoire, interventions des acteurs régionaux et
internationaux).
Pour l’auteur, le
groupe est certes, le fruit du contexte national d’insécurité, mais il est
également le signe de l’exportation de l’idéologie d’Al Qaïda en Somalie. En
cela, l’auteur reprend le concept de « glocalisation » développé par J.P.
Daguzan en France. Il décrit brillamment la complexité du groupe, les
différentes alliances, les réseaux en Europe, au Moyen-Orient et aux
Etats-Unis, ainsi que les différentes interprétations de l’islam qui sont l’objet
de nombreux débats internes.
Hansen montre le
soutien de la population, notamment le milieu des affaires, qui croyait en l’une
des facettes des Shebabs et acceptait tacitement l’autre. On le sent, l’auteur
admire la capacité des Shebabs a mettre en place une forme de gouvernance
fondée sur une idéologie et un système juridique et scolaire, alors qu’aucune
autre organisation n’y était parvenue jusqu’alors. Al-Shabab a même développé un
système fiscal qui aurait permis au groupe de s’autofinancer, sans soutien
extérieur. Néanmoins, cette hypothèse est sujette à débat parmi les
spécialistes. De plus, le groupe a, dans une certaine mesure, réussi à
transcender les divisions claniques, sous-claniques et sous-sous-claniques bien
qu’aujourd’hui les dissensions observées au sein du groupe sont elles-mêmes
liées à ce problème clanique.
Hansen explique également
comment l’utilisation des réseaux sociaux et des moyens de communications
modernes ont permis aux Shebabs de se faire connaitre et de recruter à plus
grande échelle. Cet élargissement de sa visibilité a aussi contribué à faire
évoluer l’idéologie du mouvement. Dans le même temps, l’évolution du groupe a
créée des divisions internes, entre les jeunes somaliens nationalistes,
désœuvrés et hostiles à l’intervention éthiopienne d’un côté et, de l’autre,
les nouvelles recrues issues de l’étranger ou de la diaspora, dont l’agenda est
plus global et religieux. Il note également que les kamikazes shebabs sont
rarement des Somaliens recrutés dans le pays mais des étrangers ou des membres
de la diaspora radicalisés dans le monde occidental.
Hansen analyse
parfaitement un autre point : les acteurs internationaux ont à plusieurs
reprises fait l’erreur d’oublier la capacité de résilience du groupe. La fin du
groupe a été annoncée à plusieurs reprises depuis 2008, mais il a toujours su
se réinventer et sa capacité de nuisance est restée intacte, comme l’a prouvé
l’attentat du Westgate Mall de Nairobi en septembre 2013. L’auteur semble
véritablement impressionné par cette habileté à se réinventer. Pour Hansen,
Al-Shabaab est le seul groupe affilié à Al Qaïda à avoir administré un large
territoire (de la taille du Danemark avec 5 millions d’habitants), il a exporté
des combattants dans le reste du continent africain (Nigeria, Sahel, Kenya et
Ouganda) et ils auraient, ainsi, contribué à un « African momentum for jihad ».
Le nombre de détails[2], de
noms et de dates risquent de déstabiliser les néophytes, d’autant qu’il
n’existe pas dans l’ouvrage de véritable rappel sur la division clanique de la
société alors même que l’auteur s’y réfère dès qu’il cite un acteur. On
pourrait aussi reprocher à l’auteur d’avoir survolé les éléments de
méthodologie sur la collecte des données et les sources utilisées. Toutefois,
un index des noms propres situé à la fin permet de trouver rapidement les
références, les notes de fin et la bibliographie sont riches et invitent à
poursuivre la lecture d’autres ouvrages sur la question. L’introduction est
brillante et apporte des clarifications très utiles sur les débats qui agitent
le monde académiques anglophones sur la Somalie et les différentes
organisations politiques qui y ont émergé depuis 1991. Cet ouvrage est une mine
d’or pour les spécialistes et sa lecture leur est essentielle. Il présente,
explique et décortique l’évolution de l’idéologie et de la tactique de
« l'une des organisations politiques somaliennes les plus efficaces de ces
vingt dernières années ».
Se procurer l'ouvrage : ICI
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vendredi 13 décembre 2013
Recension : La guerre au Mali
Nous publions ici, avec l'aimable autorisation de son auteur, Yves Gounin, une note de lecture parue initialement dans la revue Politique étrangère (4/2013, p.202).
Yves Gounin : "Il faut reconnaître à Michel Galy le mérite
d’avoir réuni autour de lui les meilleurs spécialistes du Mali pour
commenter, à vif, l’opération Serval lancée par la France le 11 janvier
2013 et la replacer dans le temps long historique.
Comme l’expose très clairement la préface de Bertrand Badie, la crise au Mali est un cas d’école de conflit multi-dimensionnel.
Comme l’expose très clairement la préface de Bertrand Badie, la crise au Mali est un cas d’école de conflit multi-dimensionnel.
Au premier chef le
niveau national : la crise d’un État failli, rongé par la corruption,
souterrainement travaillé par l’islamisme, où l’armée qui a pris le
pouvoir le 22 mars 2012 s’est posée en ultime recours (Jean-Luis Sagot
Duvauroux, Eros Sana), la marginalisation des populations touarègues,
tenues à l’écart de la construction nationale malienne (Hélène
Claudot-Hawad).
Les enjeux régionaux ensuite (Grégory Giraud) : les
frontières des Etats issus de la décolonisation tracés en contradiction
avec la culture nomade des Touarègues, des « printemps arabes » qui ont
largement débordés de leurs frontières, le retour de Touarègues surarmés
de la Libye où ils servaient de garde rapprochée à Kadhafi, la
criminalisation des groupes indépendantistes et fondamentalistes,
l’ombre portée de l’Algérie (François Gèze) ...
La dimension mondiale
enfin : les relations entre la France et l’Afrique, l’intervention
militaire internationale, sa légitimité politique, sa faisabilité
militaire, ses objectifs politiques …
On pourra toutefois reprocher aux contributeurs de La Découverte leur parti-pris. L’intervention française au Mali est à leurs yeux lestée de deux pêchés irrémissibles. Trahissant la promesse de rompre avec la Françafrique, François Hollande y conduirait « un processus de recolonisation qui n’ose pas dire son nom » fondé sur « une sorte de « doctrine Monroe » à la française » (p. 18). Pire encore : il marcherait pour ce faire sur les traces de George W. Bush et de sa politique néo-conservatrice. La charge est rude, qui n’hésite pas à comparer les reniements du pouvoir socialiste sur l’Afrique, de Mitterrand à Hollande, au « mollétisme de triste mémoire » (p. 87).
La charge est excessive. N’en déplaise aux adeptes de la théorie du complot et aux contempteurs de la désinformation dont les médias se feraient les complices, la France ne poursuit pas au Mali une politique néo-colonialiste. Avant comme après l’élection de François Hollande – et sur ce point les auteurs ont raison de souligner la continuité de la politique française – la France s’est inquiétée du délitement de l’Etat malien et de l’influence grandissante de mouvements terroristes aux objectifs flous. Son intervention militaire n’en fait pas le supplétif des Etats-Unis dont les intérêts et surtout la connaissance de la zone sont nettement moindres que ceux de la France. Son intervention n’en fait pas non plus une puissance néocolonialiste. Car elle n’est pas guidée par un quelconque projet de « mise sous tutelle du Mali » (p. 87). Autant la France joue au Mali un rôle essentiel, qui justifie que ce soit vers elle et non vers les Etats-Unis – ou vers la Chine étonnamment discrète sur ce théâtre – qu’il se tourne, autant le Mali ne compte pour rien dans la politique internationale de la France ou dans son économie (il n’est que son 84ème client et son 160ème fournisseur de la France).
Sans doute la sortie de crise sera-t-elle longue et périlleuse. Mais le pire n’est jamais certain. Et la bonne tenue des élections présidentielles de juillet 2008 laissent augurer une issue positive."
L'ouvrage : ICI
dimanche 9 décembre 2012
Nouveau numéro de Jambo
Le Comité « Afrique » de l’ANAJ-IHEDN est heureux de vous annoncer la sortie du numéro 5 de la revue Jambo
Au sommaire de ce numéro
- L’Angola lance son fonds souverain
- La Bancarisation de la paie des fonctionnaires
- Piraterie : L’anticipation béninoise
- Pages spéciales sommet de la Francophonie : interviews et enjeux.
- La formation des jeunes en Afrique, une composante sous-exploitée du processus de gestion de crise
- Quelle place pour un service de renseignement au sein d’un dispositif diplomatique ?
- Le fondateur de Blackwater s?intéresse aux infrastructures africaines ?
- PUBLICATION Julie d’Andurain, La capture de Samory . L’achèvement de la conquête de l’Afrique de l’Ouest.
Vous pouvez gratuitement télécharger le numéro ICI
Libellés :
Angola,
Bénin,
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gestion crise,
Histoire,
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RDC,
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samory
dimanche 18 mars 2012
Recension Sécurité globale
Bruno Modica propose sur sur le site cliothèque une recension du dernier numéro de Sécurité Globale. A lire ICI
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