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jeudi 25 juin 2020

Les dernières nouvelles du continent (13)


Chine et Etats-Unis en Afrique
« China’s government is offering more university scholarships to African students than the leading western governments combined, in a sign of Beijing’s use of “soft power” alongside economic investment." A lire ICI
On pensait que les Etats-Unis diminuaient leur presence militaire en Afrique. Selon Nick Turse c’est faux. ICI
Corne de l’Afrique
Le Prix Stephen Ellis 2020 a été attribué à Fred Nyongesa Ikanda pour son article « Somali Refugees in Kenya and Social Resilience: Resettlement Imaginings and the Longing for Minnesota ». Il est en accès libre ici.
L'Ethiopie traverse une crise constitutionnelle depuis la décision de reporter les élections du fait de la crise sanitaire. Le pays s'oppose toujours à l'Egypte sur la construction de son barrage mais cette escalade n'est elle que fumée ? On apprend qu'au rythme actuel le réservoir se remplira aux conditions égyptiennes (officiellement 10 mais réellement 12 ans en tenant compte de l`évaporation).

Une infographie très utile pour suivre l’évolution de la pandémie en Ethiopie : https://ethiocovid19.info/
Un nouveau rapport sur les rivalités en mer Rouge : ICI et un article sur le Bab El Mandeb ICI
Africa4 publie deux interviews de chercheurs sur l'Afrique de l'Est : Pierre Guidi pour son livre Éduquer la nation en Éthiopie.École, État et identités dans le Wolaita (1941-1991) et Clément Boutin sur l'histoiredes radios et de la guerre froide en Afrique de l'Est.

A lire : cet article de Mohammed Ibrahim Shire “How Do Leadership Decapitation and Targeting Error Affect Suicide Bombings? The Case of Al-Shabaab” ICI

Un thread à lire. Il présente le livre de Kathleen Klaus “Political Violence in Kenya: Land, Elections, and Claim-Making »
Sahel
Adib Bencherif publie avec Aurélie Campana et Daniel Stockemer "Lethal Violence in Civil War: Trends and Micro-Dynamics of Violence in the Northern Mali Conflict (2012-2015)" dans la revue Studies in Conflict & Terrorism. ICI  

A lire également sur les fragilités de l'Etat malien : "State Fragility in Mali. TheSoumaïla Cissé kidnapping in perspective"
COVID-19
PoSoc19, le nouveau réseau de chercheurs francophones en sciences sociales et politiques qui ambitionne, via une analyse comparative à travers le monde, de comprendre les effets de la crise COVID19 sur chaque système politique & chaque système juridique
Une initiative à suivre pour mesurer l’impact socio-économique de la COVID19 sur les pays à faible revenus ou intermédiaires : ICI
Appels à communications /Conférences
CALL FOR PAPERS: Islamist Rebel Governance Workshop (online):  linking empirical research on Islamist rebel groups with debates in the rebel governance literature.


Appel à contribution pour un numéro spécial sur le thème : « les organisations africaines face à la covid-19 »
Création d’une nouvelle revue biannuelle en accès ouvert : Sources. Matériaux & Terrains en études africaines, portée par les UMIFRE d’ Afrique sub-saharienne et le Laboratoire LAM. Son 1er dossier est un Varia. AAC permanent ouvert
Call for papers! Special Issue on Covid-19, Peace and Security in Africa, edited by the great Cyril Obi &  Kabandula
Du fait de la crise sanitaire, la Masterclass que je co-organise avec Ioannis Panoussis et Valentina Volpe est décalée de septembre à janvier 2021. Elle portera sur les approches extraoccidentales de la paix. A voir ICI
Relations internationales
Le SIPRI propose une nouvelle carte avec toutes les opérations multilatérales en cours en mai 2020. 

Nic Cheeseman publie avec The Oxford Encyclopedia of African Politics. Les articles ci-dessous sont en accès libre sur le site :
Vous pouvez accéder à la totalité du livre "African Economic Development: Evidence, Theory, Policy".
Le Journal of Peace research publie un article à partir des données du célèbre Uppsala Conflict Data Program sur l’évolution de la violence organisée dans le monde de 1989 à 2019 : « The defeat of Islamic State (IS) in Syria and Iraq has pushed the number of fatalities, almost 75,600, to its lowest level since the outbreak of the Syrian civil war in 2011. However, this de-escalation in Syria is countered by increased violence in Africa, as IS and other transnational jihadist groups have relocated their efforts there. Furthermore, violence has continued to increase in Afghanistan; UCDP recorded more than 31,200 fatalities in Afghanistan in 2019, which accounts for 40% of all fatalities from organized violence across the globe. The general decline in fatalities from organized violence does not correspond with the trend in the number of active conflicts, which remained on a historically high level. UCDP recorded 54 state-based conflicts in 2019, including seven wars. Twenty-eight state-based conflicts involved IS (Islamic State), al-Qaida or their affiliates. In the past decade, conflicts involving these transnational jihadist groups have driven many of the trends in organized violence”.
Un thread à suivre sur les sanctions internationales et leur efficacité : ICI 


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mercredi 23 décembre 2015

Djibouti, un amour de Chine

« Des projets, encore des projets, toujours des projets. Telle est la nouvelle fièvre qui a saisi le pays. (…) Oui, ici même, dans ce coin d'Afrique aux allures de far-west miniature», scande l’écrivain djiboutien Abdourahman A. Waberi dans son livre « Passage des larmes ». À l’ombre des conflits qui touchent une partie du continent et accaparent l’attention des médias et de nos gouvernements, un autre visage émerge, encouragé par de nouveaux acteurs. L’un d’entre eux s’impose parmi tous : la Chine.

Déjà très présente chez le voisin éthiopien, celle-ci multiplie en effet depuis quelques années les projets d’infrastructures à Djibouti. La dernière décision en date de disposer d’installations militaires sur place a été largement relayée dans les médias et a mis en lumière cette attention portée par la Chine à la petite République djiboutienne.

Nul ne doute de la nécessité pour ce petit État de diversifier ses partenariats pour sortir du tête à tête qu’il a longtemps entretenu avec son ancienne puissance coloniale, la France, qui dispose sur place de sa principale base militaire sur le continent. Le pays y voit un moyen d’assurer sa souveraineté et son existence sur la scène internationale. Il est, toutefois, légitime de questionner la prééminence du partenaire chinois, le rapprochement avec l’Éthiopie et les réelles retombées pour Djibouti. Plus que les partenaires, le pays doit surtout diversifier son économie afin d’assurer son indépendance.

Première visite d'un chef de la diplomatie américaine

Dans sa quête de diversification, on constate d'abord que le bal des visites diplomatiques s’enchaîne à un rythme soutenu dans les allées du nouveau palais présidentiel construit par les Chinois à Djibouti. En 2015, John Kerry a été le premier secrétaire d'État américain à se rendre sur place. Il a succédé de quelques jours la première visite d’un président turc. Pas une semaine ne passe sans que le quotidien national La Nation n’énonce la visite d’un officiel et la conclusion d’un nouveau partenariat.

Au pouvoir depuis 1999, le président Ismaïl Omar Guelleh assurait récemment que « le principe de concessions de bases militaires à des puissances étrangères [devait être lu] non comme le procédé choisi pour faire gagner des devises au pays mais plutôt, comme le canal répertorié pour lui conférer une certaine visibilité sur le plan international ». Il est vrai que depuis longtemps la France n’est plus la seule puissance à jouir d’une présence militaire sur place. Elle y a été rejoint par les États-Unis, le Japon, l’Italie et, peut-être bientôt, l’Arabie Saoudite. On y croise également les troupes allemandes ou espagnoles déployées dans le cadre de la lutte contre la piraterie maritime.

Le petit État capitalise sur sa position géographique privilégiée à l’entrée du détroit de Bab el Mandeb entre la mer Rouge et l’océan Indien. La mise en compétition des acteurs extérieurs est une véritable fenêtre d’opportunité stratégique. Djibouti s’internationalise et ce qui s’y passe est particulièrement révélateur des évolutions du système international.

Floraison d'infrastructures

Djibouti souhaite dépasser sa fonction de ville « garnison » sur la mer Rouge, et cherche à jouer un rôle de plateforme régionale majeure. Cordon ombilical du géant éthiopien enclavé, elle représente une pièce maîtresse dans le projet d’intégration économique régionale, soutenu par Pékin. À partir de Djibouti, la puissance chinoise se verrait bien atteindre l’Afrique centrale et pourquoi pas l’Atlantique…

Depuis quelques années, les projets d’infrastructures fleurissent comme jamais. La construction de deux nouveaux est ainsi prévue. La Chine soutient aussi la mise en chantier de deux lignes de chemin de fer, l’une entre Addis Abeba (la capitale éthiopienne) et Djibouti, l’autre afin d’exporter la potasse de Mékélé dans le nord de l’Éthiopie via le nouveau port de Tadjourah (sur la pointe nord de Djibouti).

Ex-colonie française, Djibouti est située à la confluence de l'Afrique et de la péninsule arabique. Charles Roffey : Flickr, CC BY-NC

Dans la capitale, plusieurs centres commerciaux sont en cours de construction ou planifiés. Le port de Doraleh et une zone franche de 3500 hectares seront bientôt opérationnels. Un pipeline est pratiquement achevé pour l’adduction de l’eau potable en provenance d’Éthiopie et un autre projet devrait relier le port de Djibouti et le dépôt de carburants d’Awash en Éthiopie. Un port minéralier dédié à l’exploitation industrielle des ressources naturelles du lac Assal devrait aussi voir le jour au Ghoubet.

Hub maritime et logistique régional

Près d’une dizaine de ces projets sont réalisés par des sociétés chinoises. Si les Éthiopiens ont une longue expérience des rapports avec la Chine, ce rapprochement est nouveau pour Djibouti. La Chine permet à la cité-Etat de réaliser son ambition de devenir un hub maritime et logistique régional alors que les « partenaires traditionnels » - France, Etats-Unis - privilégient le pays pour son positionnement géostratégique dans la lutte contre le terrorisme et la piraterie.

Pourtant, la fonction de plateforme n’est pas nouvelle. Historiquement, le colonisateur français avait fait de Djibouti un port de transit pour les marchandises exportées ou importées par l’empire abyssin. La « réémergence » de l’Éthiopie au XXIème siècle accroît le dynamisme de Djibouti et pour certains acteurs de la vie économique locale les rôles sont clairs : « l’Éthiopie a accepté que Djibouti devienne un hub » …

Néanmoins, Djibouti pourrait se trouver dépasser par cette stratégie économique. Car ces investissements n’élargissent pas les champs des répertoires possibles pour le pays, au contraire ils le contraignent à une destinée commune avec l’Éthiopie. Avant l'indépendance de Djibouti en 1977, celle-ci ne cachait pas ses velléités de rattacher un territoire constituant à ses yeux son prolongement naturel. Cette vision semble encore bien ancrée puisqu’en février 2015, le Premier ministre éthiopien, Haile Mariam Dessalegn, proposait d’aller au-delà de l’intégration économique et invitait les représentants djiboutiens de l’Assemblée nationale à une intégration politique (closer political integration). Des critiques ont émergé dénonçant un agenda caché ou un « mariage forcé », qui font échos aux menaces d’annexion du territoire djiboutien au moment de l’indépendance, devenue mythe fondateur de la souveraineté djiboutienne.

Le risque de vassalité

Ces relations avec la puissance régionale éthiopienne sont à la fois une part du dynamisme de Djibouti et un facteur de risque à l’avenir. Le dilemme qui se pose à Djibouti reflète une contradiction intrinsèque à sa stratégie. En souhaitant, à juste titre, diversifier ces partenaires et ce faisant en dynamisant son économie, Djibouti s’est rapproché de la Chine, elle-même favorable à l’intégration économique régionale. Cette intégration crée une interdépendance encore plus forte avec l’Éthiopie qui pourrait avoir des visées plus ambitieuses. Djibouti risque de se retrouver dans une posture inconfortable de vassalité et de perte de souveraineté.

Plus encore, la question de la soutenabilité économique de la stratégie djiboutienne se pose. Le petit pays de la Corne de l’Afrique adopte une stratégie de développement éloignée du consensus de Washington et parie sur la bienveillance du partenaire chinois. Or le rapprochement avec la Chine ne résout en rien les handicaps structurels de son économie, dont la persistance de la pauvreté - 80% de la population en « extrême pauvreté » - et des taux de chômage élevés restent des symptômes prégnants. Or le développement doit être pensé en termes d’emplois pour ne pas engendrer des troubles sociaux. Cette « croissance sans développement » a de quoi inquiéter.

Grâce à la Chine, Djibouti veut devenir le hub maritime et logistique de la Corne de l'Afrique. Charles Roffey / Flickr, CC BY-NC

Si le « miracle éthiopien » fait rêver son petit voisin, il repose sur un socle minimum d’industrialisation qui n’est pas présent à Djibouti. Dernièrement, le Fonds monétaire international (FMI) s’est inquiété d’une croissance certes élevée dans le petit État - 6% en 2014 et 7% prévu entre 2015 et 2019 - mais financée par les fortes dépenses publiques. L’endettement externe atteint des records : 50% du PIB en 2014, 60 % en 2015 et 80% en 2017.

Ainsi, Djibouti se trouvera à court terme face au défi de la soutenabilité de cette dette alors même que le pays n’a pas débuté le remboursement du capital des principales dettes contractées auprès de l’Exim Bank China, et ce à des taux que d’autres pays africains n’acceptent plus…

Alors que la campagne en vue de l'élection présidentielle d'avril 2016 va bientôt démarrer, Djibouti fait face à un enjeu existentiel majeur qui nécessite une vision à long terme. La réélection annoncée à un quatrième mandat du président Guelleh n'est pas forcément à même de garantir la sérénité nécessaire pour la définition d’une telle stratégie.

The Conversation

Sonia Le Gouriellec, Chercheur à l'Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM), Sciences Po

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

mercredi 17 juin 2015

Colloque : l'Afrique émergente

L’Université Paris Descartes (Paris 5) organise demain un colloque qui a pour thème : l'Afrique émergente.
Vous trouverez ci dessous le programme


I – QUELLE EMERGENCE POUR L’AFRIQUE ? (9h30-12h30)
Présidence  de Pierre Pascallon, Président de Participation et Progrès,
9h 30 : Pascal Chaigneau, Professeur à l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, Centre Maurice Hauriou.
« XXX »
9h50 : Thierry Garcin,  Maître de conférences à HEC, directeur de programmes à Radio France, Centre Maurice Hauriou.
« La notion d’émergence »
10h10 : Derek El Zein, Maître de conférences à l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, Centre Maurice Hauriou, Avocat à la Cour.
« Investissements internationaux et émergence en Afrique»
10h30 : Michael Strauss, Journaliste, Expert en Géopolitique.
« La primo-spécialisation : un frein à l'émergence africaine ? » 
10h50 : débat
11h10 : pause
11h25 : Fouad Nohra, Maître de conférences à l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, Centre Maurice Hauriou.
« Politiques éducatives et émergence en Afrique »
11h45 : Mustapha Benchenane, Politologue de l’Université Paris Descartes, Conférencier au Collège de l’OTAN
« Stabilité politique et développement économique dans l’Afrique sahélienne»
12h05  Débat
12h25 fin de la première partie
II- ETATS EMERGENTS ET ETATS PIVOTS EN AFRIQUE
 (14h00- 16h30)
Présidence de Pascal Chaigneau, Professeur à l’Université Paris Descartes, Centre Maurice Hauriou, EA 1515
14h00 : Delphine Lecoutre, Maître de conférences à l’EDHEC.
« L’Union africaine dans une Afrique émergente »
14h20 : Michel Raimbaud , Ambassadeur de France, Directeur Honoraire de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides
«Nigéria, Afrique du sud : la compétition pour le leadership africain»
14h40 débat
14h50 pause
15h05 : Sonia Legouriellec, Chargé d’études à l’IRSEM
« Le cas de l’Ethiopie comme puissance émergente » 
15h25 : Reda Mezoui, Professeur à l’Université d’Alger, Directeur du Laboratoire des Politiques Publiques à Alger
 « Quelle place pour l’Algérie dans l’environnement économique africain ?»
15h45 : débat
16h00 : Conclusion : Pierre Pascallon, Président du Club Participation et Progrès
16h20 : clôture

lundi 28 juillet 2014

Enrichissements Hebdos africains

Le nouvel site "u235", auquel ce blog est associé, publie chaque semaine ses Enrichissements Hebdos. Nous reportons ici la partie "africaine" :



1) Dans Africa in Transition, John Campbell observe que, contrairement à d’autres groupes comme l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), Boko Haram n’est pas encore parvenu à se territorialiser mais cela pourrait changer depuis qu’ils ont pris la ville de Damboa. 

2/ Louisa Waugh s’est rendue à plusieurs mois d'intervalle dans le quartier de “cinq kilo” à Bangui. Elle rapporte l’apaisement de la situation centrafricaine notamment dans les quartiers musulmans. La présence permanente des troupes françaises, africaines et européennes, ainsi que les actions de cohésion menées par les ONG locales et internationales permettrait aux centrafricains de réapprendre à vivre ensemble : “These local initiatives are another reason Cinq Kilo is now opening for business, and why security has improved in many parts of Bangui. This small capital is still plagued by tensions and crime, especially at night outside the city centre; but dialogue between communities has started”. Et Louisa Waugh de conclure plus loin : “ "The appalling violence of these last twelve months has never been about Christians versus Muslims; it stemmed from fear between neighbours and communities familiar with living together, but easily manipulated by Seleka, anti-Balaka, and other armed rebels who appropriated their vicious brands of identity based politics for their own ends. The Central African civil society challenge is about communities holding the government to account. A local human rights advocate said these words to me just last week; ‘Some people here are not ready to give their pardon, because they still hear nothing about justice.’ » Dès lors la question au coeur de la reconstruction de l’Etat et du pacte social se pose,comment une société traumatisée par les violences exercées par des groupes quicohabitaient ensemble par le passé peut-elle leur réapprendre à vivre ensemble?

3/ The Duck of Minerva s’entretient avec Séverine Autesserre sur les échecs des interventions de consolidation de la paix à la suite de la publication de son dernier ouvrage Peaceland. Par une méthode ethnographique, sa thèse met en lumière le rôle quotidien des “peacebuilders” : “international interveners’ everyday practices, habits, and narratives undermine their own peacebuilding efforts. One of the many ways these everyday elements preclude successful peacebuilding is by separating expatriates from the populations they are trying to help (...) everyday practices create firm boundaries between international peacebuilders and the populations whose cooperation they need to implement their projects. Social habits – with whom you have after-work drinks, parties, and dinners – can either reinforce these boundaries or break them.”.

4/ Sur Al Jazeera America, Daniel Salomon analyse la vague d’attaques terroristes qui touchent actuellement le sud de la Corne de l’Afrique jusqu’en Tanzanie. Marque-t-elle la résurgence du groupe somalien Al Shabaab ou serait-elle liée à la corruption et à l’absence de réponse des Etats de la région aux difficultés sociaux-économiques locales ? : “It is difficult to untangle the chain of political discontent that precedes recent violence across the region. Local grievances, such as land tenure disputes, often accompany the decay of political and economic institutions. For example, Kenya’s Lamu County, one of the sites of recent attacks, has been the locus of large protests against alleged land grabbing by Kenyan port developers. These issues alone may not prompt new violence by local groups. But if mass abuses continue unmitigated, East African governments could soon find unexpected pockets of their society a fertile recruiting ground for Al-Shabab’s terror network. As violence spirals out of control across the region, governments will likely adopt an increasingly heavy-handed strategy against Al-Shabab and its alleged affiliates. However, selective targeting of minority civilians, as witnessed in Kenya, will not root out the threat. In fact, it will likely make matters worse. Regional leaders must acknowledge the role of local grievances in engendering violent response, and seek more robust opportunities for redress. Land ownership issues, in particular, have proved a powerful trigger for violence, particularly in Kenya and Ethiopia. As the multinational campaign against Al-Shabab falters, the resolution of these local grievances may prove to be a more fruitful path to peace”.

5/ Dans Reinventing Peace, Alex de Waal revient sur le travail du Carnegie Working Group on Corruption and Security publié le mois dernier Corruption: TheUnrecognized Threat to International Security. Ce document démontre que la corruption serait liée à la fragilité des Etats et que les contestations et les insurrections trouvent leurs origines dans l’opposition à la kleptomanie des régimes. Le groupe de Carnegie révèle aussi les différentes étapes de son projet :” an early stage of a project that is beginning to reveal just how deeply the problem of corruption is embedded within international insecurity—and in turn how the remedies must be sought in global systems, not just at the national level”. Pour Alex de Waal s’est un nouvel agenda de recherche qui doit s’ouvrir. Dans son billet il propose d’élargir les cas de conflits liées à la corruption déterminées par le groupe d’études de Carnegie à de nouvelles catégories et sous-catégories qu’il décrit.

6/ Dans son article East Africa rising, Robert D. Kaplan dresse un tableau très optimiste de l’Afrique de l’Est et de la Corne de l’Afrique et conclue : “One thing is clear: Economic change is so ever-present and vibrant throughout East Africa that the region's geographical orientation itself may be changing. Rather than be part of a once-lost and anarchic continent, the area from Mozambique north to Ethiopia may be in the process of becoming a critical nodal point of the dynamic Indian Ocean world”.

jeudi 13 février 2014

Éthiopie. Pourquoi la réussite économique du pays est-elle souvent citée en exemple ?

Nous avons eu la chance d'être invité ce matin par Thierry Garcin dans Les Enjeux Internationaux de France Culture pour discuter de l'économie éthiopienne.




Résumé de l'émission : " La Corne de l’Afrique est une partie du continent, importante et complexe à tout point de vue, qui est largement délaissée voire ignorée par la grande presse française. En son centre, mais c’est un pays qui n’en a jamais constitué le môle, l’Éthiopie. Grande comme deux fois la France, 90 millions d’habitants (elle n’en avait qu’une quarantaine il y a quelques décennies), l’Éthiopie est n’entourée que de voisins à histoire, ou presque. L’État effondré de Somalie ; l’État de Djibouti, minuscule et comme à l’intérieur d’un casse-noix ; l’Érythrée, État trublion s’il en fut ; le Soudan ; le nouveau Soudan du Sud ; le Kenya, instable. Nous nous attachons aujourd’hui à la réussite économique récente de l’Éthiopie. Pourquoi, et comment ?"

Pour écouter l’émission : ICI

mardi 7 janvier 2014

Faire du Business dans la Corne

La Banque Mondiale vient de publier ses rapports "Doing Business". Elle y classe 189 Etats en fonction de l'environnement des affaires, la création d'entreprise, les permis de construction, l'électricité, la propriété, le crédit, la protection des investisseurs, les impôts, le commerce transfrontalier, la solvabilité et l'emploi.
Le classement moyen des Etats africains est de142/189. 



Pour la Corne de l'Afrique : 
L'Ouganda arrive à la 132ème place (126 en 2013). Rapport ICI
Le Kenya à la 129ème place au lieu de 122ème en 2013. Rapport ICI
Djibouti est 160ème (172ème en 2013). Rapport ICI
Le Soudan se positionne à la 149ème place (au lieu de 143 en 2013). Rapport ICI 
Le Soudan du Sud arrive à la 186ème place (184 en 2013). Rapport ICI
L’Érythrée est 184ème (185ème en 2013). Rapport ICI
L’Éthiopie est 124ème (125ème place en 2013). Rapport ICI
  

 

samedi 29 décembre 2012

Djibouti : nain régional aux grandes ambitions


Nous entamons ici une série de petits billets rétrospectifs de l'année 2012 dans la Corne de l'Afrique. Commençons par Djibouti, ce qui nous permet de vous signaler, dans le même temps, la sortie de Djibouti contemporain dont nous ferons une recension dans quelques semaines. 


Djibouti et ses 23 000 km² est toujours pour les États-Unis, et ses alliés, le centre de gravité de la lutte antiterroriste dans la Corne de l’Afrique et dans la péninsule arabique ainsi que de la lutte contre la piraterie. Ce dernier phénomène est d’ailleurs un élément remarquable de l’année. La baisse des prises pirates s’est accompagnée d’une baisse des attaques déclarées : 130 attaques en 2009 et 19 en 2012. Djibouti s’est aussi directement engagé dans la résolution  du conflit somalien. Si le bataillon djiboutien de l'AMISOM avait pris du retard, il est désormais opérationnel et déployé. Sur le plan économique, le pays a lancé, le 12 décembre 2012, les travaux du port en eaux profondes à Tadjourah, deuxième ville du pays. Ce gigantesque projet est financé par le Fonds arabe pour le développement économique et social (61 millions de dollars) et par le Fonds saoudien de développement (25 millions). La construction de cinq nouveaux terminaux dédiés au pétrole, au gaz, au sel, au bétail et à la potasse a donc été lancée. Ainsi, le pays ne manque pas d’ambition même s’il pourrait se faire concurrencer par le Somaliland voisin qui compte réhabiliter le corridor de Berbera pour offrir un nouveau débouché maritime à l’Ethiopie. Politiquement, le parti du président essaie de se relever de ses défaites lors des élections municipales et régionales de janvier et préparer les législatives de 2013.

mercredi 28 novembre 2012

Angola : un fond souverain ambitieux



Un ami, B.P., nous propose ce billet sur un fond souverain que vient de créer l'Angola.

Deuxième producteur d'or noir du continent africain, l'Angola a crée officiellement son fond souverain. Avec 5 milliards de dollars de dotation initiale, les ambitions du fond angolais sont un cran supérieures à celles du Gabon ou du Nigéria. 


Cette création reflète tout d'abord une stratégie de diversification entamée par un Etat fortement dépendant de ses recettes pétrolières. C'est d'ailleurs la rente pétrolière qui permettra au fond d'investir sur le territoire angolais. Au niveau nationale, le fond investira en premier lieu dans les infrastructures, le développement des PME et dans les secteurs de l'agriculture, de l'hôtellerie, de la formation ou encore de l'accès à l'eau et l'électricité. Ce nouveau fond affiche également les ambitions géopolitiques de l'Angola dont les autorités ont déjà fait savoir que le " Fundo Soberano de Angola" aura pour mission d'investir dans les économies émergentes avec pour zones de prédilection, l'Afrique et l'Asie. "Transparence, rentabilité des investissements et amélioration des conditions de vie des angolais" seront les principes qui guideront l'action du fond d'après José Filomeno dos Santos, président du Conseil d'Administration. Les autorités angolaises ont  d'ores et déjà fait  savoir que le fond se conformera aux principes de Santiago qui définissent les bonnes pratiques relatives à la gestion des fonds souverains.