Selon le Pew Research Center les 2 religions s'équilibrent sur l'ensemble du continent (1)
Sur 1 milliard d'habitants, 400 à 500 millions se revendiquent de l'islam et la même fourchette du christianisme.
Islam : le nombre de musulmans est passé de 11 millions en 1900 à 234 millions en 2010
Évolution plus rapide du nombre de chrétiens : de 7 millions à 470.
D'après l'étude la zone de rencontre se situe au milieu du continent "sur une ligne qui va de la Somalie au Sénégal (...)cette zone est une faille religieuse sensible où sont intervenues les premières attaques d'Al Qaïda, comme l'explosion des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, en 1998, et, plus récemment les conflits ethniques du Nigeria" auxquels on pourrait ajouter la crise ivoirienne.
L'étude relève également le grand degré de tolérance de chacune des obédiences par rapport à l'autre "chose surprenante" même s'il "ne faut pas rosir" la situation.
A noter que le nombre d'animiste diminue mais "les croyances et pratiques religieuses traditionnelles continuent d'être adoptées par un grand nombre de musulmans comme de chrétiens".
Lire aussi le billet de JPG sur AGS : "Le pentecôtisme, bras armé de l’impérialisme américain en Afrique subsaharienne ?"
(1) Enquête menée dans 19 pays de décembre 2008 à avril 2009.
Photo 1 : Cathédrale Notre Dame de la Paix à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire)
Photo 2 : Grande Mosquée de Touba au Sénégal
dimanche 23 mai 2010
vendredi 21 mai 2010
La reine mère et l’Afrique
Ce billet est publié en parallèle sur Good Morning Afrika et sur AGS.
Le regain d’intérêt du Royaume-Uni pour l’Afrique date de l’arrivée au pouvoir de Tony Blair qui écrivait en 2006 dans un article de presse : « le monde doit nous juger sur l’Afrique » (1).
Ce renouveau d’intérêt s’est notamment traduit par la création d’un ministère autonome, le Department for International Development (DFID) qui remplace l’Overseas Development Administration (ODA). Et le rôle de ce ministère fut particulièrement salué lors de la crise en Sierra Leone, pour le rôle de coordinateur qu’il a su jouer au sein d’un organisme interministériel.
Politiquement la concurrence avec la France est réelle, notamment concernant la question de la prééminence sur le pôle de règlement des crises de la CEDEAO, malgré une approche commune et partagée. Les zones britanniques sont naturellement les zones issues de la colonisation. Cependant, comme les autres puissances, elle cherche à se diversifier.
Économiquement, les compagnies britanniques sont présentes dans les anciennes colonies où leurs intérêts sont restés importants. Les ONG agissant pour le continent dans le domaine de l’humanitaire sont nombreuses (Global Witness, Oxfam, International Alert ...). Les Églises anglicanes, baptistes et protestantes ont un poids politique non négligeable. Le Commonwealth permet à la Grande-Bretagne de conserver un leadership sur son « héritage colonial ». Ainsi sur 54 États membres 19 sont africains.
La prépondérance de l’influence britannique n’est pas remise en cause en Sierra Leone où la Grande-Bretagne a fortement participé à la reconstruction de l’État après 2000, notamment sur le plan sécuritaire (avec la formation de 8000 policiers). Cet effort s’inscrit dans le temps avec la signature, en 2002, d’un Long Term Partnership Agreement. Par ailleurs la Grande-Bretagne souhaite s’appuyer sur le Nigeria, son ex-colonie pour étendre son leadership sur la région (CEDEAO en particulier). Les réserves pétrolières y sont exploitées par l’anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et le britannique British Petroleum. Mais le Nigeria est également devenu une zone d’importance majeure pour les États-Unis et l’influence britannique tend à décliner à leur profit.
Le Kenya, ancienne colonie britannique, est une zone dans laquelle les britanniques ont une capacité à imposer leur vision. Il y demeure beaucoup de colons d’origine britannique, et le pays vit essentiellement du tourisme qui a cependant souffert des attentats terroristes de 1998 à Nairobi et 2002 à Dar es Salam. Dans le domaine militaire, une British Peace Support Team permanente a été installée pour soutenir l’école de maintien de la paix (Peace Support Training Center, PSTC). De plus, le Kenya sert à l’entraînement des troupes britanniques.
La Tanzanie est aussi une ancienne colonie britannique et fait partie du Commonwealth. Elle est la première bénéficiaire de l’aide au développement britannique en Afrique.
Nous ne pouvons pas passer tous les pays en revue mais nous pourrions nous pencher également sur les cas du Ghana, ou du Soudan, ancienne colonie britannique, où la Grande-Bretagne, a soutenu activement le processus de paix inter-soudanais par l’intermédiaire de la Troïka américano-britannico-norvégienne et a assuré en grande partie le financement du projet de référendum d’autodétermination du Sud-Soudan, du Liberia où l’ONG Oxfam est très active, de l’Ouganda dans les premiers bénéficiaires de l’aide au développement , de l’Afrique du Sud où la Grande Bretagne entre en concurrence avec les États-Unis, la France et l’Allemagne et la Chine. Enfin, le Botswana, la Namibie, le Mozambique et la Zambie sont des pays dans lesquels la Grande-Bretagne est présente depuis longue date. Le cas du Zimbabwe est singulier. Cette ancienne colonie est en rupture de ban avec Londres pour avoir dépossédé de leurs terres les fermiers blancs lors d’une réforme agraire. Il a quitté le Commonwealth en 2003. Le Malawi reçoit à lui seul plus d’aide au développement que l’Afrique australe : 52 millions de livres en 2002-2003 contre 39,7 millions pour toute l’Afrique australe durant la même période.
Au niveau de la coopération, les britanniques s’appuient officiellement sur les principes de respect des Droits de l’homme et d’une bonne gouvernance dans la ligne des idées développées par le parti travailliste. Sous l’égide du DFID toute la politique africaine de la Grande-Bretagne a été revisitée. Mais le réalisme politique prime toujours. Ainsi les relations avec le Nigeria n’ont jamais été remises en questions malgré les massacres de populations au Nord et au Sud. De même avec l’Ouganda pour les questions de gouvernance ou avec le Kenya pour la corruption.
La coopération militaire semble, par certains côtés, assez similaire à celle mise en place par la France avec : des attachés militaires britanniques et des cadres britanniques formateurs dans les pays anglophones. L’un des points d’application de cette formation concerne la formation au maintien de la paix mais ces programmes (BPST, les BMATT, l’IMATT, le Defence Public Service Agreement (PSA)) sont très réduits comparés aux programmes français ou américains. La coopération concerne aussi l’accueil de stagiaires au Royaume-Uni, la participation à des opérations de l’ONU (MONUC et UNMO en RDC, UNAMSIL en Sierra Leone, UNMIL et UNMO au Liberia, enfin UNMEE en Éthiopie). Par ailleurs la Grande-Bretagne utilise les zones désertiques du nord Kenya pour entraîner ses troupes au combat en zone aride (comme la France à Djibouti.
Nous l’avons vu l’histoire de la colonisation anglaise et des relations difficiles avec la France a encore aujourd’hui des prolongements dans le partage des zones d’influence.
(1) Lire notamment Alex Vines et Tom Cargill, « « Le Monde doit nous juger sur l’Afrique ». L’héritage africain de Tony Blair », in Politique Africaine, n°101, avril 2006, p.132-147
Le regain d’intérêt du Royaume-Uni pour l’Afrique date de l’arrivée au pouvoir de Tony Blair qui écrivait en 2006 dans un article de presse : « le monde doit nous juger sur l’Afrique » (1).
Ce renouveau d’intérêt s’est notamment traduit par la création d’un ministère autonome, le Department for International Development (DFID) qui remplace l’Overseas Development Administration (ODA). Et le rôle de ce ministère fut particulièrement salué lors de la crise en Sierra Leone, pour le rôle de coordinateur qu’il a su jouer au sein d’un organisme interministériel.
Politiquement la concurrence avec la France est réelle, notamment concernant la question de la prééminence sur le pôle de règlement des crises de la CEDEAO, malgré une approche commune et partagée. Les zones britanniques sont naturellement les zones issues de la colonisation. Cependant, comme les autres puissances, elle cherche à se diversifier.
Économiquement, les compagnies britanniques sont présentes dans les anciennes colonies où leurs intérêts sont restés importants. Les ONG agissant pour le continent dans le domaine de l’humanitaire sont nombreuses (Global Witness, Oxfam, International Alert ...). Les Églises anglicanes, baptistes et protestantes ont un poids politique non négligeable. Le Commonwealth permet à la Grande-Bretagne de conserver un leadership sur son « héritage colonial ». Ainsi sur 54 États membres 19 sont africains.
La prépondérance de l’influence britannique n’est pas remise en cause en Sierra Leone où la Grande-Bretagne a fortement participé à la reconstruction de l’État après 2000, notamment sur le plan sécuritaire (avec la formation de 8000 policiers). Cet effort s’inscrit dans le temps avec la signature, en 2002, d’un Long Term Partnership Agreement. Par ailleurs la Grande-Bretagne souhaite s’appuyer sur le Nigeria, son ex-colonie pour étendre son leadership sur la région (CEDEAO en particulier). Les réserves pétrolières y sont exploitées par l’anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et le britannique British Petroleum. Mais le Nigeria est également devenu une zone d’importance majeure pour les États-Unis et l’influence britannique tend à décliner à leur profit.
Le Kenya, ancienne colonie britannique, est une zone dans laquelle les britanniques ont une capacité à imposer leur vision. Il y demeure beaucoup de colons d’origine britannique, et le pays vit essentiellement du tourisme qui a cependant souffert des attentats terroristes de 1998 à Nairobi et 2002 à Dar es Salam. Dans le domaine militaire, une British Peace Support Team permanente a été installée pour soutenir l’école de maintien de la paix (Peace Support Training Center, PSTC). De plus, le Kenya sert à l’entraînement des troupes britanniques.
La Tanzanie est aussi une ancienne colonie britannique et fait partie du Commonwealth. Elle est la première bénéficiaire de l’aide au développement britannique en Afrique.
Nous ne pouvons pas passer tous les pays en revue mais nous pourrions nous pencher également sur les cas du Ghana, ou du Soudan, ancienne colonie britannique, où la Grande-Bretagne, a soutenu activement le processus de paix inter-soudanais par l’intermédiaire de la Troïka américano-britannico-norvégienne et a assuré en grande partie le financement du projet de référendum d’autodétermination du Sud-Soudan, du Liberia où l’ONG Oxfam est très active, de l’Ouganda dans les premiers bénéficiaires de l’aide au développement , de l’Afrique du Sud où la Grande Bretagne entre en concurrence avec les États-Unis, la France et l’Allemagne et la Chine. Enfin, le Botswana, la Namibie, le Mozambique et la Zambie sont des pays dans lesquels la Grande-Bretagne est présente depuis longue date. Le cas du Zimbabwe est singulier. Cette ancienne colonie est en rupture de ban avec Londres pour avoir dépossédé de leurs terres les fermiers blancs lors d’une réforme agraire. Il a quitté le Commonwealth en 2003. Le Malawi reçoit à lui seul plus d’aide au développement que l’Afrique australe : 52 millions de livres en 2002-2003 contre 39,7 millions pour toute l’Afrique australe durant la même période.
Au niveau de la coopération, les britanniques s’appuient officiellement sur les principes de respect des Droits de l’homme et d’une bonne gouvernance dans la ligne des idées développées par le parti travailliste. Sous l’égide du DFID toute la politique africaine de la Grande-Bretagne a été revisitée. Mais le réalisme politique prime toujours. Ainsi les relations avec le Nigeria n’ont jamais été remises en questions malgré les massacres de populations au Nord et au Sud. De même avec l’Ouganda pour les questions de gouvernance ou avec le Kenya pour la corruption.
La coopération militaire semble, par certains côtés, assez similaire à celle mise en place par la France avec : des attachés militaires britanniques et des cadres britanniques formateurs dans les pays anglophones. L’un des points d’application de cette formation concerne la formation au maintien de la paix mais ces programmes (BPST, les BMATT, l’IMATT, le Defence Public Service Agreement (PSA)) sont très réduits comparés aux programmes français ou américains. La coopération concerne aussi l’accueil de stagiaires au Royaume-Uni, la participation à des opérations de l’ONU (MONUC et UNMO en RDC, UNAMSIL en Sierra Leone, UNMIL et UNMO au Liberia, enfin UNMEE en Éthiopie). Par ailleurs la Grande-Bretagne utilise les zones désertiques du nord Kenya pour entraîner ses troupes au combat en zone aride (comme la France à Djibouti.
Nous l’avons vu l’histoire de la colonisation anglaise et des relations difficiles avec la France a encore aujourd’hui des prolongements dans le partage des zones d’influence.
(1) Lire notamment Alex Vines et Tom Cargill, « « Le Monde doit nous juger sur l’Afrique ». L’héritage africain de Tony Blair », in Politique Africaine, n°101, avril 2006, p.132-147
jeudi 20 mai 2010
Vie du blog
Vous l'aurez remarqué Good Morning Afrika se dote d'une nouvelle bannière. Je remercie Charles Bwele un allié de l'Alliance Géostratégique pour sa créativité !
L'Afrique en vogue dans les grandes écoles
La lettre du continent propose cette semaine un article (gratuit) intitulé "Sciences Po découvre l'Afrique". Selon la lettre l'Afrique est "redevenue tendance jusque dans les grandes écoles."
Ainsi Sciences Po (Paris) inaugurera un Campus euro-africain en septembre 2011 dans le but de : ne pas "marginaliser l'Europe en Afrique". Le comité d'experts chargé de préparer le campus compte :
Pour le "milieu des affaires" : Lionel Zinsou (PAI Partners), Anthony Bouthelier (CIAN), Marwan Mabrouk (groupe Mabrouk), Jacques Sarrazin (Lafarge), Jean-Noël Tronc (Canal plus horizons), Alain Viry (CFAO), Amine Tazi-Riffi (McKinsey & Co.), Barthélémy Faye (Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP).
Chez les politiques : l'ancien ministre Hubert Védrine et l'inspectrice des finances Nathalie Delapalme participaient aussi au brainstorming.
Ceux "de la maison" : Francis Vérillaud (directeur des échanges), Françoise Mélonio (doyenne du collège), Nadia Marik (directrice du développement) et Hervé Crès (directeur adjoint). Vincent Foucher (CNRS), Roland Marchal et Sandrine Perrot, tous deux du CERI, complétaient le groupe de chercheurs.
Ainsi Sciences Po (Paris) inaugurera un Campus euro-africain en septembre 2011 dans le but de : ne pas "marginaliser l'Europe en Afrique". Le comité d'experts chargé de préparer le campus compte :
Pour le "milieu des affaires" : Lionel Zinsou (PAI Partners), Anthony Bouthelier (CIAN), Marwan Mabrouk (groupe Mabrouk), Jacques Sarrazin (Lafarge), Jean-Noël Tronc (Canal plus horizons), Alain Viry (CFAO), Amine Tazi-Riffi (McKinsey & Co.), Barthélémy Faye (Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP).
Chez les politiques : l'ancien ministre Hubert Védrine et l'inspectrice des finances Nathalie Delapalme participaient aussi au brainstorming.
Ceux "de la maison" : Francis Vérillaud (directeur des échanges), Françoise Mélonio (doyenne du collège), Nadia Marik (directrice du développement) et Hervé Crès (directeur adjoint). Vincent Foucher (CNRS), Roland Marchal et Sandrine Perrot, tous deux du CERI, complétaient le groupe de chercheurs.
mercredi 19 mai 2010
Une nouvelle approche pour la Somalie ?
A lire (ou relire) le rapport de Bronwyn E.Bruton (Council on Foreign relattions) : partant du constat du sentiment anti américaniste au sein de la population (et d'un rejet plus général de l’étranger) et qui pourrait accroitre le soutien à Al Qaïda, propose une nouvelle approche : le « désengagement constructif » en encourageant les fissions au sein des groupes fondamentalistes sans chercher à faire émerger un gagnant mais en signalant sa volonté de travailler avec n’importe quel groupe ou gouvernement qui émergerait s’il accepte de renoncer à : ses actes belliqueux à l’encontre des pays voisins, à son ambition djihadiste et accepte les organisations humanitaires occidentales sur le territoire somalien. De même au lieu de concentrer ses efforts sur la construction d’un Etat central il faut encourager les initiatives localisées de développement économique. L’expert le reconnaît cette stratégie est risquée mais les alternatives sont beaucoup plus dangereuses....
Le rapport : Somalia : a new approach à télécharger ICI
lundi 17 mai 2010
Des fleuves et des hommes : le Nil
A la suite de mon billet sur le partage des eaux du Nil hier : voici un extrait de l'excellente émission Des fleuves et des hommes sur le Nil.
Téléchargez la vidéo dans sa totalité ICI
Téléchargez la vidéo dans sa totalité ICI
dimanche 16 mai 2010
Partage des eaux du Nil : l'Egypte refuse toute négociation
L’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont le 14 mai à Entebbe (Ouganda) un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, malgré le boycott de l’Egypte et du Soudan, et en l’absence du Burundi et de la République démocratique du Congo (RDC), pays du Bassin du fleuve. Dans une déclaration, le Kenya a affirmé son soutien au nouveau texte, sans le signer pour le moment.
L’Egypte et le Soudan, qui estiment avoir des « droits historiques » sur le Nil, et qui sont les principaux bénéficiaires du dernier traité de partage des eaux datant de 1959, n’étaient pas présents à la cérémonie. Les deux pays avaient clairement exprimé depuis plusieurs mois leur hostilité à ce projet de nouvel accord cadre. « Les accords sur le partage des eaux du Nil sont sacrés et ne peuvent être remis en question car ils relèvent du principe de l’intangibilité des frontières », a déclaré Hossam Zaki. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangère a estimé que l’accord signé entre quatre pays aux sources du Nil à Entebbe n’était pas contraignant pour l‘Egypte. La presse cairote de ce samedi révèle que les autorités égyptiennes ont commencé une campagne auprès des bailleurs de fonds internationaux pour empêcher la réalisation de tout projet pouvant réduire son quota. Avec 55 milliards et demi de mètres cube par an, l’Egypte dispose de plus de la moitié du débit du Nil.
Le traité actuel a été conclu en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne coloniale, puis revu en 1959. Il accorde aux Egyptiens un quota de 55,5 milliards de m3 et de 18,5 mds aux Soudanais, soit au total 87% du débit du fleuve calculé à la hauteur d'Assouan, en Haute-Egypte. Le Caire dispose en outre d'un droit de veto sur les travaux en amont susceptibles d'affecter le débit du fleuve, comme des barrages, des stations de pompage ou des installations industrielles pour l'irrigation. Or 85% du Nil provient du territoire éthiopien. Addis-Abeba souhaiterait imposer sa vision de l’aménagement du Nil en empêchant Le Caire de réaliser ses grands projets hydriques et en le forçant à s’asseoir à la table des négociations.
Avec une population de 80 millions d'habitants -la plus importante du monde arabe- en forte croissance, les besoins en eau de l'Egypte dépasseront en 2017 ses ressources hydrauliques, selon des statistiques officielles. L’Egypte est donc confrontée à un stress hydrique, démographique et social. Le pays doit se tourner vers le Nil et réaliser des projets très couteux, qui ne seront pas sans incidence sur les autres nations en amont. Ainsi, le barrage d’Assouan (1971), entre l’Egypte et le Soudan suscite quelques tensions.
Pour Hani Raslan, du Centre al-Ahram d'études stratégiques du Caire, "la seule solution réside dans la coopération" autour notamment de 22 projets en matière d'énergie, d'irrigation ou d'économies d'eau examinés dans le cadre de l'Initiative du Bassin du Nil (IBN), qui regroupe tous les pays concernés. En coulisses, les diplomates égyptiens font observer que les pays africains de l'amont ont peu de chances de trouver les financements internationaux nécessaires pour de grands travaux sur le fleuve s'il n'y a pas consensus entre les pays du bassin. Le ministre égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Mohammed Allam, a quant à lui affirmé devant le Parlement que l'Egypte "se réserve le droit de prendre toutes les mesures pour défendre ses droits".
"Les Égyptiens se comportent avec les Africains comme ils reprochent aux Israéliens de le faire avec les Palestiniens: ils disent vouloir négocier, mais sans rien céder sur les questions épineuses", ironise un diplomate occidental au Caire.
Rappelons quelques éléments géopolitiques.
Avec ses 6671 km, le Nil est le plus long fleuve du monde. Il prend sa source dans la région des Grands Lacs. Son bassin couvre une superficie équivalente à six fois la France (3 030 700 km ²) et ses affluents s’étendent sur dix pays. L’irrigation et la production hydro-électrique constituent les principaux enjeux de ce fleuve.
Plus d’informations sur l’aspect juridique du partage des eaux : ICI
L’Egypte et le Soudan, qui estiment avoir des « droits historiques » sur le Nil, et qui sont les principaux bénéficiaires du dernier traité de partage des eaux datant de 1959, n’étaient pas présents à la cérémonie. Les deux pays avaient clairement exprimé depuis plusieurs mois leur hostilité à ce projet de nouvel accord cadre. « Les accords sur le partage des eaux du Nil sont sacrés et ne peuvent être remis en question car ils relèvent du principe de l’intangibilité des frontières », a déclaré Hossam Zaki. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangère a estimé que l’accord signé entre quatre pays aux sources du Nil à Entebbe n’était pas contraignant pour l‘Egypte. La presse cairote de ce samedi révèle que les autorités égyptiennes ont commencé une campagne auprès des bailleurs de fonds internationaux pour empêcher la réalisation de tout projet pouvant réduire son quota. Avec 55 milliards et demi de mètres cube par an, l’Egypte dispose de plus de la moitié du débit du Nil.
Le traité actuel a été conclu en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne coloniale, puis revu en 1959. Il accorde aux Egyptiens un quota de 55,5 milliards de m3 et de 18,5 mds aux Soudanais, soit au total 87% du débit du fleuve calculé à la hauteur d'Assouan, en Haute-Egypte. Le Caire dispose en outre d'un droit de veto sur les travaux en amont susceptibles d'affecter le débit du fleuve, comme des barrages, des stations de pompage ou des installations industrielles pour l'irrigation. Or 85% du Nil provient du territoire éthiopien. Addis-Abeba souhaiterait imposer sa vision de l’aménagement du Nil en empêchant Le Caire de réaliser ses grands projets hydriques et en le forçant à s’asseoir à la table des négociations.
Avec une population de 80 millions d'habitants -la plus importante du monde arabe- en forte croissance, les besoins en eau de l'Egypte dépasseront en 2017 ses ressources hydrauliques, selon des statistiques officielles. L’Egypte est donc confrontée à un stress hydrique, démographique et social. Le pays doit se tourner vers le Nil et réaliser des projets très couteux, qui ne seront pas sans incidence sur les autres nations en amont. Ainsi, le barrage d’Assouan (1971), entre l’Egypte et le Soudan suscite quelques tensions.
Pour Hani Raslan, du Centre al-Ahram d'études stratégiques du Caire, "la seule solution réside dans la coopération" autour notamment de 22 projets en matière d'énergie, d'irrigation ou d'économies d'eau examinés dans le cadre de l'Initiative du Bassin du Nil (IBN), qui regroupe tous les pays concernés. En coulisses, les diplomates égyptiens font observer que les pays africains de l'amont ont peu de chances de trouver les financements internationaux nécessaires pour de grands travaux sur le fleuve s'il n'y a pas consensus entre les pays du bassin. Le ministre égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Mohammed Allam, a quant à lui affirmé devant le Parlement que l'Egypte "se réserve le droit de prendre toutes les mesures pour défendre ses droits".
"Les Égyptiens se comportent avec les Africains comme ils reprochent aux Israéliens de le faire avec les Palestiniens: ils disent vouloir négocier, mais sans rien céder sur les questions épineuses", ironise un diplomate occidental au Caire.
Rappelons quelques éléments géopolitiques.
Avec ses 6671 km, le Nil est le plus long fleuve du monde. Il prend sa source dans la région des Grands Lacs. Son bassin couvre une superficie équivalente à six fois la France (3 030 700 km ²) et ses affluents s’étendent sur dix pays. L’irrigation et la production hydro-électrique constituent les principaux enjeux de ce fleuve.
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vendredi 14 mai 2010
Perspectives régionales d'une indépendance du Sud Soudan
Au début des années 90 aucun chercheur n'avait travaillé sur les conséquences des bouleversements qui touchaient la Corne de l'Afrique (chute de Siaad Barre en Somalie, chute Menguistu en Éthiopie, naissance d'un nouvel État : l'Érythrée, guerre civile à Djibouti). Peu de recherche aujourd'hui traite des conséquences régionales de la naissance d'un nouvel Ethan en Afrique. L'ICG nous propose un rapport sur le Sud Soudan: Regional Perspectives on the Prospect of Southern Independence.
Résumé :
South Sudan is just eight months away from a self-determination referendum that will likely result in its secession from the North. Much remains to be done to implement the outstanding elements of Sudan’s Comprehensive Peace Agreement (CPA), and time is running out. The agreement’s underlying aim of “making unity attractive” has failed, and most Southerners thus appear determined to choose independence. Neighbouring states are increasingly focused on the fragile circumstances in Sudan and the likelihood of a newly independent state in the region. Support from Sudan’s neighbours for the referendum process and respect for its result will be crucial to ensuring peace and stability in the country and the region.
Kenya, Uganda, Ethiopia, and Egypt are among the immediate regional states that matter most, as well as Eritrea and Libya. If a credible referendum is held in accordance with the CPA and the Interim National Constitution, and Khartoum endorses the process, recognition of a new Southern state should prove relatively uncomplicated for the region and CPA signatories more broadly. If, however, the process does not go according to plan – particularly if Khartoum attempts to manipulate, deny or delay the exercise or its result – regional states and institutions will need to consider how best to respond to ensure respect for the CPA and the right of self-determination and to avoid a new conflict. Not enough planning is being done in this regard.
Each border state has interests at stake and will be directly affected by either peaceful separation or a return to conflict. Despite differing views on unity, all are likely to accept the referendum on self-determination and honour its outcome, provided it goes ahead as planned. While the decision of the South Sudanese is paramount, strategic considerations will undoubtedly play a role in how each state responds if the process is disrupted. Responses will depend largely on circumstances and events, but an assessment of historical relationships, recent engagement and strategic interests sheds light on the positions of the key regional actors.
Having hosted and led the regional Intergovernmental Authority on Development (IGAD) peace process that yielded the CPA, Kenya has a particularly strong interest in seeing it implemented successfully. As the economic powerhouse in the region, it stands to benefit from the development of a considerable market and major infrastructure in the South, including as a conduit for oil. Kenya long managed to be pro-South without being anti-North, but diplomatic relations with Khartoum have shown signs of strain as its Southern leanings have become increasingly clear.
Uganda, the most unambiguous supporter of independence, seeks a stable buffer on its northern border, not least to ensure that the Lord’s Resistance Army (LRA) insurgency does not return to its doorstep. Trade has tripled in recent years with the South, which is now the largest importer of Ugandan goods. While the official policy is respect for the CPA and the will of the Southern people, some officials in Kampala are privately encouraging independence.
Egypt prefers unity and has arguably done more than Khartoum to make it attractive. It opposed including self-determination in the CPA talks, preferring instead to promote its own initiative premised on unity. It has recently redoubled diplomatic efforts to prevent partition, in part because it fears a new state – and an unstable one at that – could pose a threat both to regional stability and its precious supply of Nile water.
While its support to South Sudan is evident, Ethiopia has multiple interests to balance, so it is careful to toe a neutral line on independence. It provided military support to the SPLM in the 1990s, in part to counter Islamist elements in Khartoum whose destabilizing activities posed a threat to Ethiopian and regional security. Regional security remains its primary concern, given the volatile situation in Somalia, continued confrontation with Eritrea and its own domestic fragility. Addis can afford neither renewed war in Sudan nor to antagonise Khartoum, lest it find itself with another hostile neighbour. It supports the right of self-determination and will respect independence but is more likely to seek a common regional position than be out front on any difficult decisions if the process is derailed.
As with other foreign policy issues, Libya’s Sudan policy is driven personally by Muammar Qaddafi, and unsurprisingly, the outspoken Colonel has proven unpredictable on this issue. While he has several times pledged support for Southern independence, he has also cautioned Juba on the dangers of forging a new state. Eritrea’s position on Southern independence is likewise unreliable. During the last civil war, Asmara and its army provided critical backing to the SPLA/M (Sudan People’s Liberation Army/Movement) and other opposition groups in Sudan, supporting regime change in Khartoum. However, Isaias Afwerki’s recent actions indicate that his policy may be driven more by self-preservation than principle. Increasingly isolated in the region and beyond and in need of economic assistance, Asmara’s dwindling list of allies has led it to a rapprochement with Khartoum.
The referendum is to be held six months before the end of the CPA’s six-year Interim Period. If Southerners choose to go their own way, it is during the ensuing half-year window that any disputes over, as well the transition to, independence must be resolved. While pragmatic tones are emerging in Khartoum, attempts to delay or derail the exercise are not out of the question. Neither the SPLM nor its regional supporters want a unilateral declaration of independence (UDI). The SPLM is aware of the risks that would accompany it and is working hard to avoid such a scenario. But if pushed into a corner, the possibility of UDI is very real.
If either side abrogates the CPA, a return to conflict is likely and would undoubtedly affect the region and draw in some of its militaries. This must be avoided. Regional actors will face a delicate task in calibrating their response if the referendum is denied or its result contested, including the possibility of extending recognition to the South. The broader international community will seek to adjust its response in light of African opinion. Policy coherence between IGAD and the African Union (AU) is crucial. IGAD’s members will likely be the first to make any recommendations regarding Southern Sudan’s post-referendum status, but ensuring AU participation in, and ultimate backing of, that policy is crucial if an independent South is to secure maximum legitimacy. The weight of the AU – an instinctively pro-unity institution – and the importance of its recognition cannot be ignored. The AU High-Level Implementation Panel (AUHIP) can play a leading role in lining up the body’s 53 member states in support of realities on the ground.
Regional states must prepare for South Sudan’s possible independence by engaging Khartoum and Juba on practicalities of the referendum and peaceful implementation of its outcome. This includes insistence per the March 2010 IGAD summit communiqué calling for the referendum commissions to be established by May 2010 and reiterating firm support for the referendum timeline. Preparations should include clear modalities for extending official recognition to the South if it votes for independence and developing policy responses to alternative scenarios, including UDI. In the event of disputes over the referendum or its result, regional states should engage the AUHIP and IGAD to ensure the right of self-determination is fully respected and modalities for implementation of its outcome are agreed.
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mercredi 12 mai 2010
La Bretagne en première ligne dans la formation pour prévenir le risque de prise d'otages (actualisé)
L'association Otages du Monde a eu l'excellente (et indispensable) initiative d'organiser une formation pour préparer les humanitaires bretons des petites et moyennes associations qui partent dans les régions à risques d'Afrique subsaharienne dans le cadre d'actions humanitaires.
La formation est destinée aux Bretons pas par sectarisme je vous rassure mais parce que la Bretagne est une région très active dans le domaine de la Solidarité Internationale. Ainsi l’universitaire rennais Jean Ollivro a montré « la formidable dynamique de la solidarité dans notre région ». Les estimations réalisées sur le tissu associatif breton évaluent le nombre d’organisation humanitaire à près de 1000, faisant de la Bretagne, en valeur relative, la deuxième région française par le nombre d’associations de solidarité internationale.
Cette formation se tiendra à Saint-Ségal (29), près de Châteaulin avec le soutien du conseil général du Finistère et du conseil régional de Bretagne, les 5 et 6 novembre 2010. Les modalités d'inscription et les détails de la formation seront dévoilés lors d'un conférence de presse le 4 juin prochain.
Je devrais pour ma part participer à la formation avec une présentation du contexte géopolitique des régions africaines dans lesquelles vont se rendre les stagiaires.
Informations :
Contacter Martine GAUFFENY au 06 75 76 09 39
Site : Otages du Monde
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Soures : Otages du Monde
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mardi 11 mai 2010
Révision de la Constitution djiboutienne
A Djibouti, la Constitution du 15 septembre 1992 a été révisée pour la troisième fois le 19 avril.
Après son adoption par la seule Assemblée Nationale, par un vote unanime de 59 des 65 députés, la LOI CONSTITUTIONNELLE N°92/AN/10/6ème L a été promulguée, le 21 avril 2010, par Ismaïl Omar Guelleh.
Cette troisième révision n’est pas anodine. Elle inscrit quelques progrès – par exemple, l’abolition de la peine de mort et l’institution d’un médiateur -, mais elle lève également le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels, pour permettre au Chef de l’Etat en exercice de briguer un troisième mandat en 2011.
La révision constitutionnelle fixe également un âge limite de 75 ans pour les candidats à la présidence et réduit le mandat présidentiel de six à cinq ans.
En outre, l'article 1er de la Constitution stipule désormais que "l'Islam est la religion de l'Etat" -une disposition qui figurait auparavant dans le préambule de la Constitution- un Sénat est institué, et le cumul de la fonction de député avec un poste ministériel interdit.
L'opposition, qui avait boycotté le dernier scrutin législatif en 2008 et n'est pas représentée à l'Assemblée, a condamné cette réforme.
Ancienne colonie française, Djibouti est majoritairement peuplé d'Afar et d'Issas. Les pouvoirs sont répartis entre ces groupes par la Constitution. Lors de l'élection présidentielle d'avril 2005, Ismael Omar Guelleh était seul candidat à la succession et avait été réélu, l'opposition ayant appelé au boycott.
Après son adoption par la seule Assemblée Nationale, par un vote unanime de 59 des 65 députés, la LOI CONSTITUTIONNELLE N°92/AN/10/6ème L a été promulguée, le 21 avril 2010, par Ismaïl Omar Guelleh.
Cette troisième révision n’est pas anodine. Elle inscrit quelques progrès – par exemple, l’abolition de la peine de mort et l’institution d’un médiateur -, mais elle lève également le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels, pour permettre au Chef de l’Etat en exercice de briguer un troisième mandat en 2011.
La révision constitutionnelle fixe également un âge limite de 75 ans pour les candidats à la présidence et réduit le mandat présidentiel de six à cinq ans.
En outre, l'article 1er de la Constitution stipule désormais que "l'Islam est la religion de l'Etat" -une disposition qui figurait auparavant dans le préambule de la Constitution- un Sénat est institué, et le cumul de la fonction de député avec un poste ministériel interdit.
L'opposition, qui avait boycotté le dernier scrutin législatif en 2008 et n'est pas représentée à l'Assemblée, a condamné cette réforme.
Ancienne colonie française, Djibouti est majoritairement peuplé d'Afar et d'Issas. Les pouvoirs sont répartis entre ces groupes par la Constitution. Lors de l'élection présidentielle d'avril 2005, Ismael Omar Guelleh était seul candidat à la succession et avait été réélu, l'opposition ayant appelé au boycott.
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