jeudi 20 janvier 2011

Le Japon à DJibouti (2/2)

Suite de mes deux précédents billet ICI et ICI

Une approche globale pour l’Afrique : vers l’instauration d’une Pax Nipponica (11) ?
Le Japon a toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent (voire du monde), aujourd’hui il aspire à redevenir une nation politique. Mais son problème principal est de « transformer sa richesse en puissance (12) ». Ses priorités sont donc le développement de son aide internationale, de son modèle en matière de développement durable et le renforcement de sa présence dans les organisations internationales.
Pour ce dernier point le Japon a besoin du soutien des pays africains car il ambitionne d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde) et les pays subsahariens représentent un quart des votes à l'Assemblée générale de l'ONU. Pour le premier point, c’est une évidence depuis deux décennies, la politique africaine du Japon s’articule principalement autour de son aide au développement ce qu’on a pu appeler « la diplomatie du portefeuille (ou du chéquier)» : « le Japon s’est engagé en Afrique subsaharienne par le biais de son Aide Public au Développement (13) ». Ainsi dans le cas de notre exemple Djiboutien, la coopération avec ce pays ne s’arrête pas à la lutte contre la piraterie. Le Japon ouvre aussi une ambassade sur place et multiplie les projets de développement : construction d’une centrale électrique solaire et l’installation d’un millier de panneaux solaires d’ici 2012 (14) , don de 35 millions de dollars en 2009, l’aide bilatérale est passée de 2 millions de dollars en 2007 à 22 millions en 2008 et 24 millions en 2009, construction et équipement d’un centre de formation pour les enseignants, accord de coopération dans la lutte contre la sécheresse (plus de 5.5 millions de dollars), des centres de dialyse, des studios de production pour la Radio Télévision de Djibouti (près de 10 millions de dollars), des écoles, des équipements agricoles (15) …

A partir des années 1990, en devenant l’un des principaux bailleurs de fonds bilatéraux sur le continent, le Japon s’est impliqué politiquement. Avec la loi PKO (Peacekeeping Operation) votée en 1992 et qui règle les conditions de la coopération au maintien de la paix, le Japon accrût sa participation aux efforts de paix : contribution financière à l’ONUSOM en 1992, surveillance des élections la même année en Angola (UNAVEM2), envoi d’unités de transport de troupes au Mozambique (ONUMOZ) en 1994, secours aux réfugiés Rwandais au Zaïre (MINUAR). Puis il a été le premier des pays non colonisateur à lancer en 1993 la série de conférence de la TICAD (Tokyo International Conference on African Development) afin d’expliquer les projets de développements qu’il avait pour l’Afrique. L’idée de coopération Sud-Sud s’est développée à partir de cette première conférence bien que pour certains la TICAD ait juste avalisé les stratégies de développement existantes (16) . Néanmoins au début du XXIème siècle, l’aide japonaise a subi de fortes contraintes budgétaires conjuguées à une réforme du Ministère des Affaires Etrangères et de l’APD qui a permit au Japon d’adopter une démarche globale alors qu’auparavant il séparait ses activités d’aide de celles liées au règlement des conflits. Au G8 de Miyazaki (juillet 2000) les ministres des Affaires étrangères ont donc adopté cette approche globale, de la phase précédant le conflit à l’après conflit et le Japon de rendre public son propre programme : « Action du Japon » qui indiquait les modalités de sa politique de développement en vue d’éliminer les causes potentielles des conflits. De plus il est a noté que depuis 2006 la part de l’aide accordée à l’Afrique (34,2% du total) a dépassé celle de l’Asie qui concentrait jusqu’alors la majorité de l’aide (et même 98.2% dans les années 1970)(17) . Lors de la quatrième réunion de la TICAD IV en mai 2008 Tokyo a même annoncé un doublement de son aide à l’Afrique.
Le ministère des Affaires étrangères exprimait son engagement pour la prévention des conflits ainsi : « Les questions de développement et de stabilité politique sont étroitement liées (…) le Japon doit (…) s’acquitter d’un certain rôle et mener des efforts indépendants sur le plan du développement africain et des questions de conflit, lesquels sont inhérents à sa position sur la scène internationale. (18) » Aujourd’hui le Japon soutien les appropriations africaines au travers des organismes régionaux et malgré quelques désillusions notamment sur l’utilisation de l’argent par l’Union Africaine pour l’opération de maintien de la paix au Darfour (MINUAD). Dorénavant la priorité va au financement de la formation dans les centres d’excellences régionaux. Tokyo apporte son soutien financier aux 9 centres d’excellences. Contrairement aux anciennes puissances coloniales qui concentrent financement et partenariat sur leurs zones d’influences, le Japon, qui n’a pas de racines historiques en Afrique, investit dans les 5 régions. Seule la NASBRIG (Brigade pour l’Afrique du Nord) bénéficie d’une attention particulière par le soutien au Cairo Centre for Conflict Resolution and Peacekeeping Training in Africa en Egypte. Cette région est en quelques sortes devenues leur zone de préférence (19) .

Conclusion
Le Japon s’est engagé dans une série de changements majeurs depuis le début des années 1990 et la création de cette base à Djibouti est une étape supplémentaire dans son autonomisation sur la scène internationale, à une période où l’archipel se trouve isolé tant dans sa région que dans le monde. L’Afrique est un axe de sa politique étrangère, Tokyo entend jouer un rôle majeur dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Son implication croissante en Afrique de l’Est, zone au combien instable du continent, est une porte d’entrée pour une diplomatie plus politique sur le reste du continent.

11 Inoguchi Takashi, « Japan’s Foreign Policy in an area of Global Change », Londres, 1993, Pinter Publishers, p175.
12 Jean Esmein (sous la direction de.), « Les bases de la puissance du Japon », Paris, Collège de France, Fondation pour les études de défense nationale, 1988, 348 p.
13 K. Enoki, « La politique africaine du Japon », discours prononcé à l’université de Hokkaigakuin, le 30 juin 2000, cité par Shozo Kamo, « De l’engagement économique à l’engagement politique. Les nouvelles orientations de la politique africaine du Japon », in Afrique contemporaine, Hivers 2004, p.55-66.
14 « Contrepartie japonaise à Djibouti », in Lettre de l’Océan Indien, n°1275, 12 décembre 2009.
15 Yasser Hassan Boullo, « Intensification de la coopération entre Djibouti et le Japon », Agence Djiboutienne d’Informations, 21 juin 2010.
16 Minoru Obayashi (sous la direction de.), « Afurka no Chosen » [« les défis de l’Afrique »], Showa-do, 2003, cité par Makoto Sato et Chris Alden, « La diplomatie japonaise de l’aide et l’Afrique » in Afrique contemporaine, Hivers 2004, p.13-31.
17 Aicardi de Saint-Paul Marc, « Japon-Afrique : genèse d’une relation pérenne », in Géostratégiques, n°26, 1er trimestre 2010, p.195.
18 MOFA, « Contribution du Japon à la prévention et à la résolution des conflits en Afrique », Tokyo, 2000.
19 Entretien avec l’auteure à Djibouti le 5 juin 2010.

mardi 18 janvier 2011

Colloques cette semaine

- Demain de 14h à 18h15 troisième séminaire "La démocratie à l'épreuve du lobbying", organisé par des associations, membres du réseau citoyen ETAL, qui travaillent sur l'impact du lobbying des milieux d'affaires sur la décision publique, sur les conflits d'intérêt et sur l'expertise indépendante - Ce séminaire sur invitation s’adresse aux organisations de la société civile, élus, décideurs politiques, journalistes, chercheurs et étudiants, et à tous les citoyens intéressés par les enjeux démocratiques… - Lieu indiqué à l'inscription - Rens. Yveline Nicolas, coordinatrice Adéquations 06 68 88 42 05, 01 46 07 04 94 contact@adequations.org infos@adequations.org http://www.adequations.org/spip.php?article1368 http://www.adequations.org/
- Demain également de 16h à 19h : Les défis des sociétés civiles en Afrique : Démocratisation, redistribution des richesses, luttes pour les droits, protection de l’environnement, résolution des conflits… Les défis des sociétés civiles africaines sont nombreux. Comment s’organisent les mouvements sociaux, les ONG, les nouveaux réseaux citoyens du continent noir ? Quelles formes de mobilisation et de gouvernance proposent-ils pour l’Afrique ? Comment lancer des nouvelles initiatives pour changer les comportements et faire pression auprès des décideurs pour la construction des sociétés plus justes et égalitaires ? Le débat se construira en trois moments : Au plan politique, le défi est de poids. Nombre d’organisations et de mouvements luttent pour la démocratisation de leurs pays, sans grand résultat. L’émergence des nouvelles technologies de l’information favorise-t-elle la démocratisation ? Le modèle de démocratie occidentale peut-il être adapté à l’Afrique, et comment ? Autre défi : la question du pillage des ressources naturelles par les entreprises multinationales. Et comment les relations entre ces entreprises transnationales et les gouvernementaux nationaux ont contribué à l’appauvrissement des populations locales, à la création des conflits et à des atteintes à l’environnement. Enfin, comment les actions de la société civile peuvent-elles contribuer à la transformation sociale et politique tout en travaillant dans des espaces rassemblant des acteurs publics et privés. Organisée par Ritimo – réseau d'information spécialisé sur la solidarité internationale et le développement durable dans le cadre de l’animation de la Coredem, une initiative de mutualisation de documents et ressources en ligne impliquant plusieurs associations participantes. - Lieu : Fondation Charles Léopold Mayer (FPH) : 38, rue Saint Sabin - 75011 Paris 11è, M°: Bastille - Rens. Erika Campelo : e.campelo@ritimo.org http://mercredis.coredem.info/societescivilesenAfrique http://www.coredem.info

-vendredi 21 de 8h30 à 12h : Atelier - Quels échanges entre les Nords et les Suds à l’heure de la mondialisation ? piloté par Edmond Dounias (SEH) « Sous l’effet de la mondialisation, les pays dits du « Sud » évoluent rapidement. Qu’il s’agisse de changement climatique, de biodiversité ou des migrations, la question de leur développement s’inscrit de plus en plus dans des perspectives mondiales. Dans ce contexte qui, pour avoir évolué, n’en est toujours pas moins fondé sur des rapports inégalitaires et soumis aux problèmes politiques qui existent dans beaucoup de ces pays, quel bilan peut-on tirer de l’aide humanitaire, et des actions contre la pauvreté et en faveur de l’environnement ? Faut-il repenser l’engagement associatif ? » - Introduction par Gustave Massiah (membre du Centre de recherche et d’information pour le développement - CRID), Animatrice : Yveline Nicolas (association Adéquations) - Intervenants : Catherine Aubertin (IRD), René Joly Assako Assako (Groupe de Recherche sur les Villes d’Afrique - GREVA, Cameroun) ; Michel Faucon (Crid) ; Norbert Gami (Association pour la Nature et le Développement - AND, Congo-Brazzaville) ; Régis Garrigue (Association Help Doctors) - Atelier réalisé dans le cadre du Forum des associations, « Repenser le développement " (voir précédemment) - Repas à 6,50€ - Lieu : Maison internationale de la Cité internationale universitaire de Paris, 17 boulevard Jourdan, Paris 14è , RER B Cité Universitaires - Rens. 06 88 05 43 39 , 01 40 97 71 16, edaurat@u-paris10.fr ou cloisel@u-paris10.fr - inscription http://www.nss-dialogues.fr/Forum-des-associations-01-2011

lundi 17 janvier 2011

N. Sarkozy : tournée africaine

Suite de notre billet sur la visite de Nicolas Sarkozy en Ethiopie (ICI).




Cette visite aurait lieu le 30 ou 31 janvier. Une seule journée pour 2 rendez-vous : une rencontre avec le premier ministre Meles Zenawi et une participation au sommet de l'Union africaine, au cours duquel le président Français doit prendre la parole. Selon la dernière édition de la LOI ce voyage pourrait être prolongé :
- soit à Djibouti pour une cérémonie officielle de signature des nouveaux accords de défense,
- soit au Kenya où le président pourrait aborder les questions de G20 et de la Côte d'Ivoire avec les dirigeants locaux,
- soit en Afrique du Sud pour y rencontrer Jacob Zuma qui a lui-même prévu une visite officielle en France pour le mois de mars.

Source : LOI

vendredi 14 janvier 2011

Le Japon à DJibouti (1/2)

Suite de mon billet ICI



Une rupture dans sa posture stratégique
La projection des forces d’autodéfense (FAD) japonaises dans le Golfe d’Aden peut porter à débat lorsqu’on connaît les limites constitutionnelles du pays. En effet, le Japon a adopté après la seconde guerre mondiale une « Constitution Pacifiste » célèbre pour son article 9 interprété comme bannissant l’utilisation de la force armée dans la défense des intérêts nationaux et le maintien d’une armée : « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. (…) il ne sera jamais maintenu de forces de terre, de mer et de l’air, ainsi que tout autre potentiel de guerre ». La Constitution ne reconnaît pas non plus le droit de belligérance au sens de l’article 51 de la charte des Nations Unies (3). Pourtant à la suite de la Guerre de Corée (50-53) et de la Guerre Froide, le Japon s’est doté de Forces d’autodéfense aujourd’hui parmi les armées les plus développées (4) et le tropisme maritime de l’archipel fait de sa marine l’une des meilleures. Mais pour beaucoup de Japonais cette clause est un obstacle aux ambitions internationales de Tokyo notamment pour sa participation aux opérations de maintien de la paix. Aussi certaines évolutions comme la transformation fin 2006 de l’Agence de défense en ministère lui permettant ainsi de faire des lois, des arrêtés, d’avoir un budget traduit la volonté du pays de se « normaliser ». Dès 2003 avec la guerre en Irak, les Japonais ont modifié leur constitution afin de pouvoir déployer des troupes dans le cadre d’opérations de reconstruction ou d’aide humanitaire ou de pouvoir s’associer à des activités dites de police internationale. Ainsi, la Constitution ne s’oppose pas à la présence des FAD à l’étranger l’une des conditions est la demande du pays concerné et que leurs activités ne les poussent pas à faire usage de la force.


Un engagement croissant dans la lutte contre la piraterie
Pour le Japon la piraterie au large de la Somalie est une extension du phénomène constaté en Asie du Sud Est et pour lequel Tokyo avait joué un rôle de premier plan notamment par la formation des gardes côtes Malaisiens, Singapouriens et Indonésiens. La liberté de circulation sur les voies maritimes est vitale pour les pays occidentaux et asiatiques. En outre, la dépendance énergétique du Japon explique pourquoi le pays s’est doté d’une des plus importantes marines militaire au monde afin d’assurer la sécurité de son approvisionnement énergétique. En effet, la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur pour un pays qui exporte massivement ses technologies. Sur les 20 000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. L’opinion publique s’est largement mobilisée à la suite d’attaques de piraterie (5) et le Japon a décidé à l’été 2009 de déployer 2 destroyers (6) et 2 avions de patrouille maritime P-3C Orion pour son auto-défense alors que seuls 5 pays ont envoyé des avions (dont la France, les Etats-Unis, l’Espagne et l’Allemagne). Les observateurs ont été très étonnés de la rapidité de cette décision peu habituelle en générale au pays du soleil Levant (7).
Dans le cadre de la lutte anti piraterie les navires de guerre japonais sont placés sous l’application de la loi anti pirate du 24 juillet 2009. A l’origine les navires ont été déployés pour escorter les bateaux japonais selon l’article 82 de la loi sur les Forces d’autodéfense mais la loi du 24 juillet leur permet de protéger les bateaux portant n’importe quel pavillon, alors que les autres forces multinationales ont adopté le principe de « corridor » : chacun surveillant une zone précise et coordonnant à son tour de rôle l’action dans le corridor IRTC (8). En effet, nous l’avons vu, de part son article 9, la Constitution interdit aux Japonais de recourir à toute force militaire y compris dans un cadre collectif sauf en cas de légitime défense.
Par ailleurs, le Japon participe de façon indirecte au renforcement des capacités régionales. En effet, un montant de 15 millions de dollars du budget consacré à la piraterie sert à soutenir la mise en œuvre du code de conduite de Djibouti par l’Organisation Maritime Internationale (9). Or cette organisation est largement financée par le Japon. Plusieurs axes ont été définis par ce code notamment l’établissement de 3 centres d’information : au Kenya (Mombassa), en Tanzanie (Dar Es Salam), au Yémen (Sanaa) et d’un centre de formation à Djibouti. Ces centres informeront sur les attaques, les avaries, l’immigration clandestine…. La construction du centre de formation et de documentation des gardes côtes devrait débuter en octobre à Doraleh (Djibouti). Si l’Union Européenne prend en charge le financement pédagogique (1,5 million d’euros par an), le Japon assure pour sa part le financement direct à hauteur de 4 millions d’euros du complexe (amphithéâtre, réfectoire, dortoirs) qui devra accueillir dès 2011 une soixantaine de personnes venant de 22 pays (10) car si la piraterie touche les côtes d’Afrique de l’Est elle est aussi endémique dans le Golfe de Guinée par exemple....(la suite le 20 janvier)

2 Entretien de l’auteure à Djibouti le 5 juin 2010.
3 Général Henri Paris, « Du néant à la force de réserve policière, puis à la force armée », in Géostratégiques, n°26, 2010, p.67.
4 Le budget reste fixé à 1% du PIB (5180 milliards de dollars en 2008). Le pays se place au 5ème rang mondial (en valeur absolu).
5 En octobre 2007 le chimiquier Golden Nori n’a été libéré par les pirates qu’après avoir exigé une rançon d’un million de dollars, en avril 2008 le pétrolier Takayama a été attaqué au lance-roquette, une tentative d’abordage en février 2010 contre un porte-conteneurs. ..
6 Le Sazanami (DD-113, classe Takanami) et le Samidare (DD-106, classe Murasame), dotés de systèmes de détection, de transmission, d’hélicoptères SH-60J et de 200 marins.
7 Entretien de l’auteure à Addis Abeba le 21 juin 2010.
8 Nicolas Gros-Verheyde, « 18 mois après le début d’Atalanta. Un dernier bilan », in Blog Bruxelles 2, 11 mai 2010.
9 Le code est disponible à cette adresse : http://www.fco.gov.uk/resources/en/pdf/pdf9/piracy-djibouti-meeting
10 « A Djibouti, un centre de formation pour gardes-côtes », in Jeune Afrique, n°2577 du 30 mai au 5 juin 2010.

jeudi 13 janvier 2011

Quel statut pour les forces japonaises à Djibouti ?

La dernière Lettre de l'Océan Indien (LOI) nous apprend que d'après une note diplomatique japonaise, les Forces d'auto-défense du Japon et ses Gardes-côtes bénéficieront globalement des mêmes avantages que ceux des autres forces armées étrangères basées à Djibouti.


Et la LOI d'ajouter : "Selon cet accord passé avec le gouvernement djiboutien pour une durée de douze mois renouvelable automatiquement, les militaires japonais pourront porter leurs uniformes, conduire des véhicules militaires immatriculés au Japon et leurs installations à Djibouti jouiront de l'immunité de juridiction. Ainsi, elles ne pourront faire l'objet "d'aucune perquisition, réquisition, saisie ou mesure d'exécution". Toutes les importations destinées aux activités de ces troupes ou à l'usage personnel de leurs membres seront exemptes de droits de douane, taxes et redevances similaires. Les militaires japonais auront "la liberté de déplacement et de circulation sur le territoire de la République de Djibouti, y compris ses eaux et son espace aérien". Ils pourront utiliser leurs propres réseaux de communication, y compris par satellite. (...)"
Pour plus d'informations sur la base militaire Japonaise à Djibouti : mon précédent billet ICI

mardi 11 janvier 2011

Colloques cette semaine

Demain de 11h à 13h : Économie politique de l’Afrique du Sud. Dans le cadre du séminaire Afrique australe : Etat, Sociétés et Problèmes sociaux. Le séminaire organisé sous la responsabilité de Jean Copans et Ingolf Diener, propose d’analyser la dynamique des relations sociales et politiques dans les pays d’Afrique australe et dans la région en tant que telle. Les premières séances seront consacrées à une présentation synthétique et didactique du sub-continent, de ses sociétés, de leur histoire et de leur économie. Ensuite, en variant les approches disciplinaires et les domaines thématiques, le séminaire fera intervenir chercheurs confirmés, doctorant(e)s ainsi qu’invité(e)s en provenance de la région. L’accent sera mis sur les dynamiques des sociétés post-coloniales et post-apartheid. - Lieu : Centre d’Etudes Africaines, salle de réunion, 2e étage, 96 bd. Raspail, Paris 6è - Rens. : diener.ingolf@neuf.fr www.ipt.univ-paris8.fr/cerasa/

jeudi 13 janvier 2011 de 17h45 à 19h45 conférence exceptionnelle sur le thème : «La décentralisation en marche en Afrique subsaharienne » avec Mwayila Tshiyembe, Jeremy Lees, Jean-Loïc Baudet et Bertrand Leveaux - Organisé par CADE Coordination pour l’Afrique de Demain et l'ENA, Ecole Nationale d’Administration - Lieu ENA, amphithéâtre Parodi, 2, avenue de l'Observatoire - Paris 6ème, RER B : Luxembourg, Bus : 38 et 82 - Tens. cade@afrique-demain.org - Inscription sur le site de la CADE http://afrique-demain.org/inscriptions

lundi 10 janvier 2011

L'"Etat pétrolier" du Sud Soudan : une réalité pas si rose

On lit ça et là que l'indépendance du Sud Soudan devrait devrait voir naitre un Etat pétrolier.


Quelques petites précisions semblent nécessaires :
- tout d'abord le Sud Soudan n'est pas un géant pétrolier. Il produit environ 550 000 barils/jour et ce pétrole n'est pas de bonne qualité. Cette manne de plus de 2,5 milliards de dollars est partagée à parts égales entre le Nord et le Sud.
- le pétrole est effectivement au Sud mais les pipelines sont au Nord et en théorie Khartoum peut interrompre la production. Or aujourd'hui 98% du budget du Sud vient de la redevance pétrolière que leur versent les Nordistes.
- Par ailleurs on présente la région d'Abyei comme une "région riche en pétrole et pâturages que les deux bords revendiquent" or, et d'après Gérard Prunier, cette région n'a pas si riche en pétrole et déjà sur 3 champs pétroliers l'un est en extinction.

Pour Gérard Prunier personne ne veut la guerre mais celle ci peut arriver car nous sommes face à des "mécaniques d'une situation qui dépassent le choix des hommes"

dimanche 9 janvier 2011

Le Sud Soudan vote

Aujourd'hui 3 931 000 électeurs sud-soudanais inscrits sur les listes électorales ont commencé à voter sur l'avenir de leur région. Plus de 3000 bureaux de vote ont ouvert leurs portes. Afin que les résultats du référendum soient valides, le taux de participation doit être supérieur à 60% et l’une des deux options (unité ou séparation) doit remporter la majorité absolue des voix. Le référendum s’échelonne du 9 au 15 janvier.



A écouter : Les enjeux internationaux sur France CUlture
Résumé : "Depuis des décennies, la Corne de l’Afrique est rongée par des crises, des conflits, voire des guerres. L’Éthiopie elle-même, si l’on regarde la carte, est entourée de voisins instables : l’Érythrée agressive (affrontement guerrier au début des années 2000), la Somalie effondrée et d’ailleurs balkanisée (au point qu’on peut parler de trois Somalie), le Kenya parcouru par de profonds troubles politiques depuis quelques années, le Soudan (dont le chef de l’État est accusé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide par la Cour pénale internationale de La Haye).Si le référendum sur l’autodétermination se tient à partir du 9 janvier (en respect d’un accord de 2005, signé sous la houlette des États-Unis), le processus de partition s’enclenchera. Ce qui est un précédent détestable pour d’autres régions d’Afrique et qui concernera l’une des zones les plus troublées du continent.Quelles conséquences prévisibles ? " ICI

Sources : Opérations de paix

mercredi 5 janvier 2011

Réflexions sur les relations de la France avec l'Afrique


Depuis 20 ans, la France, avec des politiques pleines de bonnes intentions mais qui se sont souvent révélées ne pas être en adéquation avec son pragmatisme de terrain, a assurément perdu une grande partie de la confiance des Africains. Alternant volontarisme, désengagement et attentisme, elle a sérieusement brouillé son image tant sur le continent qu'auprès de la communauté internationale.
Les différents gouvernements, et surtout les différents présidents français, se sont progressivement déconnectés des réalités d'une Afrique en pleine mutation. Entretenant des relations de forte proximité, avec leurs homologues africains (eux-mêmes coupés de leurs populations), ils n'ont pas su les inciter à impulser de véritables politiques de développement ou une amélioration de la redistribution des richesses produites. De plus, dans les esprits, les coups d'État ou les transitions « fantaisistes » restent toujours associés à une activité souterraine française.
Ainsi, les populations africaines se reconnaissent de moins en moins dans les actions politiques françaises en Afrique. Ce constat est surtout vrai pour une jeune génération urbaine qui se retrouve aujourd'hui sans perspectives d'avenir. Cette jeunesse frustrée et désœuvrée trouve en la France le responsable de tous ses maux. Se développe alors un sentiment anti-français qui est bien souvent instrumentalisé ou récupéré par des dirigeants et des meneurs populistes sans scrupules. Ces derniers utilisent ce sentiment pour tirer profit de l'exacerbation de la concurrence en Afrique entre grandes puissances.
À la France de gagner le cœur des Africains par des actions plus en adéquation avec les aspirations de la jeunesse africaine ; à la France de « pousser vers la sortie » les « dinosaures » africains dont la présence rappelle les pires collusions et la « France-à-frique » ; à la France de favoriser les pays qui se sont engagés dans la voie de la démocratie ...

lundi 3 janvier 2011

L’enseignement supérieur en Éthiopie : futur acteur du développement socio-économique du pays.



A signaler : la parution de l'ouvrage "Politiques éducatives, émancipation humaine et inégalités sociales dans les pays en développement"
Résumé : "Les théories du développement mettent en évidence le rôle émancipateur de l'éducation sur la personne humaine. Les politiques éducatives occupent donc une place centrale dans le processus du développement. L'incohérence des politiques éducatives, surtout universitaires, dans bon nombre de pays en développement, explique-t-elle le retard et les lacunes dans la formation du capital humain ? Les modes de sélection scolaire freinent-ils l'émergence d'une technocratie ?"


Les politiques éducatives sont déterminantes dans l’évolution des systèmes d’enseignement, dans la formation et la gestion du capital humain, dans la coordination de celle- ci avec les politiques économiques. L’on peut même établir qu’une politique éducative participe souvent d’un mode de gouvernance affectant l’ensemble des politiques publiques.
Dans l'analyse du cas de l’Éthiopie (Chapitre 2) les changements de régime
politique et l’évolution de l’enseignement tertiaire(universitaire) sont mis en valeur, à travers la prise en compte de deux transitions politiques cruciales : le coup d’État du Derg, en 1974, etle renversement de Mengistu Haile Mariam, en 1991.
Au régime d’orientation « marxiste » correspond la centralisation du système universitaire, la création d’une agence de contrôle idéologique et le contrôle des contenus d’enseignement, mais aussi les efforts faits pour faciliter l’accès aux études dans les zones rurales et les provinces. A la révolution de 1991, l’on peut faire correspondre les multiples programmes de réforme de l’enseignement supérieur, élaborés depuis 1995 qui intervient une fois l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution. Vers 1999/2000, l’on continue à évoquer les principaux handicaps structurels de l’enseignement supérieur éthiopien, dont la massification mal régulée, le sous-encadrement professoral, la mauvaise qualité du travail pédagogique, le déficit relatif ou absolu en étudiants dans les filières dites des « sciences dures» et un financement insuffisant. Ce diagnostic, loin d’isoler le cas éthiopien, représente un concentré, voire un cas idéal typique des dysfonctionnements connus par nombre de systèmes universitaires des pays « en développement ».