Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN a le plaisir de vous inviter à sa conférence sur le thème :
QUELLES PERSPECTIVES POUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU ?
Autour d’Alain LE ROY,
Ancien Secrétaire général adjoint de l'ONU
chargé des opérations de maintien de la paix
Mardi 29 novembre 2011
19h15 à 21h00
École militaire
Amphithéâtre Desvallières
L’Organisation des Nations Unies reste toujours très présente sur le continent africain et partage aujourd’hui ses missions de paix et de sécurité avec de nouveaux acteurs (Union Africaine, Union Européenne…). Engagée dans des missions souvent longues, cet interventionnisme règle-t-il les problèmes ? Ne sont-elles pas des missions sans fin ?
Alain Leroy reviendra sur son expérience à l’ONU et nous apportera ses éclairages sur les missions qui l’ont mobilisées ces trois dernières années (côte d’Ivoire, Soudan).
INSCRIPTION OBLIGATOIRE AVANT LE 26 novembre
Inscription obligatoire avant le 26 novembre à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-
Informations : afrique@anaj-ihedn.org
mercredi 16 novembre 2011
Quelles perspectives pour les opérations de maintien de la paix de l'ONU ?
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mardi 15 novembre 2011
Les instabilités renouvelées dans la bande saharo-sahélienne
Le 11 novembre, Thierry Garcin recevait dans les Enjeux Internationaux, André Bourgeot, directeur de recherches émérite au CNRS. Ecoutez l'émission ICI
"La décomposition du régime politique à Tripoli et la guerre civile dans le pays ont ajouté aux instabilités dans cette bande saharo-sahélienne, dont les crises et les conflits sont de nature différente, ceux-ci devenant néanmoins de plus en plus interactifs.
C’est d’ailleurs le même constat, mutatis mutandis, qu’on peut dresser aussi bien pour le Proche- et le Moyen-Orient que pour la Corne de l’Afrique (voir l’émission d’hier mardi).
Quelles en sont les éléments clés ? Entre autres : Al Qaida au Maghreb islamique, contrebande et trafics (notamment, de drogue), migrations, prolifération des armes, bandes armées, lutte antiterroriste activée voire instrumentalisée par Washington, question touarègue, etc. Et comment les États, seuls ou en coopération, peuvent-ils relever ces défis ?"
"La décomposition du régime politique à Tripoli et la guerre civile dans le pays ont ajouté aux instabilités dans cette bande saharo-sahélienne, dont les crises et les conflits sont de nature différente, ceux-ci devenant néanmoins de plus en plus interactifs.
C’est d’ailleurs le même constat, mutatis mutandis, qu’on peut dresser aussi bien pour le Proche- et le Moyen-Orient que pour la Corne de l’Afrique (voir l’émission d’hier mardi).
Quelles en sont les éléments clés ? Entre autres : Al Qaida au Maghreb islamique, contrebande et trafics (notamment, de drogue), migrations, prolifération des armes, bandes armées, lutte antiterroriste activée voire instrumentalisée par Washington, question touarègue, etc. Et comment les États, seuls ou en coopération, peuvent-ils relever ces défis ?"
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lundi 14 novembre 2011
Comment comprendre et évaluer l’engagement militaire du Kenya en Somalie ?
Le 9 novembre Thierry Garcin recevait dans les Enjeux Internationaux Francis Soler, directeur-adjoint d'Africa Intelligence. Ecoutez l'émission ICI
"Pour échapper aux incursions croissantes d'un groupe d'islamistes somaliens, les Shebab, qui multiplient enlèvements et exactions, les autorités kényanes ont décidé de lancer une offensive militaire.
Préparée de longue date, elle vise à créer un teritoire sous administration autonome, régie par des groupes somaliens politiquement proches de Nairobi.
C'est un revirement de situation puisque, depuis bien longtemps, les islamistes somaliens trouvaient régulièrement refuge sur le territoire kenyan.
Si l'opération militaire gagnait encore en envergure, il est possible que l'Ethiopie cherche ensuite à intervenir à nouveau pour soutenir ce gouvernement somalien qui ne contrôle en réalité qu'une poignée de quartiers de sa capitale, mais pas le reste du pays."
"Pour échapper aux incursions croissantes d'un groupe d'islamistes somaliens, les Shebab, qui multiplient enlèvements et exactions, les autorités kényanes ont décidé de lancer une offensive militaire.
Préparée de longue date, elle vise à créer un teritoire sous administration autonome, régie par des groupes somaliens politiquement proches de Nairobi.
C'est un revirement de situation puisque, depuis bien longtemps, les islamistes somaliens trouvaient régulièrement refuge sur le territoire kenyan.
Si l'opération militaire gagnait encore en envergure, il est possible que l'Ethiopie cherche ensuite à intervenir à nouveau pour soutenir ce gouvernement somalien qui ne contrôle en réalité qu'une poignée de quartiers de sa capitale, mais pas le reste du pays."
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samedi 12 novembre 2011
Un certain regard sur la crise somalienne
Un certain regard, celui d'un Somalien, sur l'AMISOM, l'ONU, le Gouvernement Fédéral de Transition, l'Ethiopie, le Kenya...dans la crise somalienne.
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mercredi 9 novembre 2011
La gestion française des expatriés en temps de crise
L'ANAJ-IHEDN est heureuse de vous inviter à sa prochaine conférence sur le thème :
La gestion française des expatriés en temps de crise
Mercredi 16 novembre 2011
19h30 à 21h30 École militaire Amphithéâtre Desvallières
Cette conférence a pour objectif de comprendre la méthode française d'évaluation du risque et de gestion de nos ressortissants en temps de crise. Les visions des autorités et des entreprises seront à cette occasion confrontées pour comprendre comment une coopération se met et place ainsi que les perspectives d'évolution.
Les intervenants :
- Monsieur Olivier DIDIO, Responsable des opérations de sûreté internationale pour le groupe GEOS
- Monsieur Charlie MARTIN, Responsable sûreté Europe-Moyen-Orient & Afrique de RIO TINTO
- Colonel Joëlle VACHTER, Ancienne responsable de la sécurité des représentations diplomatiques au ministère des Affaires étrangères et européennes; ancien commandant du dispositif de la gendarmerie nationale au sein de la Force Licorne (Côte d'Ivoire)
Télécharger le flyer
Inscription OBLIGATOIRE à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-international
Contact : conference-international@anaj-ihedn.org
La gestion française des expatriés en temps de crise
Mercredi 16 novembre 2011
19h30 à 21h30 École militaire Amphithéâtre Desvallières
Cette conférence a pour objectif de comprendre la méthode française d'évaluation du risque et de gestion de nos ressortissants en temps de crise. Les visions des autorités et des entreprises seront à cette occasion confrontées pour comprendre comment une coopération se met et place ainsi que les perspectives d'évolution.
Les intervenants :
- Monsieur Olivier DIDIO, Responsable des opérations de sûreté internationale pour le groupe GEOS
- Monsieur Charlie MARTIN, Responsable sûreté Europe-Moyen-Orient & Afrique de RIO TINTO
- Colonel Joëlle VACHTER, Ancienne responsable de la sécurité des représentations diplomatiques au ministère des Affaires étrangères et européennes; ancien commandant du dispositif de la gendarmerie nationale au sein de la Force Licorne (Côte d'Ivoire)
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mardi 8 novembre 2011
Somalie : "Gagner les coeurs et les esprits"
Une vidéo très instructive sur la politique de soutien à la population en Somalie par Al Qaïda et/ou les groupes lui ayant prêté allégeance.
Vidéo ICI
Vidéo ICI
dimanche 6 novembre 2011
Somalie : aux origines contemporaines de la conflictualité régionale
Au nom du principe de légitime défense, le Kenya s’est engagé, fin octobre, en terres somaliennes. Une armée peu expérimentée, mais soutenue par des puissances extérieures, face à une guérilla aguerrie, dans un pays hostile qui a déjà éprouvé la première puissance mondiale.
Cinq après l’intervention de l’armée éthiopienne (une armée de qualité et d’expérience) contre les Tribunaux islamiques, les Kenyans prennent à leur tour directement part à la crise somalienne et rompent ainsi leur « neutralité ». Une neutralité déjà entamée en mars 2011, quand l'armée kenyane participa à des combats dans la zone frontalière (Jubbaland). Ce billet, se propose de revenir sur les relations de la Somalie avec ses voisins après les indépendances. Une analyse courte (non un travail de recherche) sur la position des pays de la Corne de l’Afrique, au moment des indépendances, face au défi de l’irrédentisme somali.
Au moment des indépendances l’enjeu pour les pays voisins de la Somalie était de conserver un certain équilibre régional. Au lendemain de la seconde guerre mondiale Éthiopie se réapproprie l’Ogaden (1948) et le Hawd (1955). Mais la réunification de la Somalie italienne et de la Somalie britannique (1) en 1960 réveille le nationalisme pansomali. Les revendications unificatrices des trois autres régions habitées par les Somalis (dans la région éthiopienne de l’Ogaden, Djibouti et le nord-est du Kenya) se multiplient. En 1961, le Parlement somali déclare les régions peuplées de Somalis terra irredenta. Si les incidents sont de faible intensité au départ, ils s’amplifient jusqu’aux rébellions de 1963-1964 en Ogaden, la guerre de Shifta au Nord du Kenya entre 1963 et 1968 et la guerre de l’Ogaden en 1978 (billet de Stéphane Mantoux ICI).
Ces évènements expliquent (outre les raisons historiques et culturelles anciennes) pourquoi les pays frontaliers de la Somalie conservent une certaine méfiance envers les Somalis (2). Si les relations avec Djibouti sont restées relativement paisibles, il en fut autrement avec l’Ethiopie et le Kenya.
La politique étrangère de l’Ethiopie est particulièrement remarquable à cet égard.
Aux lendemains des indépendances, et profitant de son « statut » d’unique pays africain à ne pas avoir été colonisé (3), elle voit dans l’unité africaine un moyen de réaliser le dessein continental de l’empereur Haïlé-Sellassié mais surtout de protéger ses intérêts nationaux, ainsi que son intégrité territoriale, tout en affirmant son poids stratégique dans la région. En effet, la résolution finale de la Conférence des peuples africains de Tunis (du 25 au 30 janvier 1960) énonçait qu’«après avoir soigneusement passé en revue la situation dans le territoire de Somalie artificiellement divisé, la Conférence salue et appuie la lutte du peuple du territoire de Somalie pour l'indépendance et l'unité afin de créer une Grande Somalie (4) ». Un positionnement inacceptable pour l’Ethiopie. Elle entreprend alors d’étouffer les tendances qui faciliteraient ce type de velléités et, pour ce faire, prend la tête des partisans de l'unité africaine, jusqu’à obtenir en 1963 sa version de la Charte et l'adoption de la localisation du siège de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) à Addis Abeba.
De son côté, la Somalie était particulièrement réticente aux dispositions prises par l’OUA en 1963.
En effet, pour Abdullah Osman, son Président, « l’histoire a montré que l’obstacle majeur à l’Unité africaine provient de frontières politiques artificielles que les puissances colonialistes ont imposées dans des zones importantes du continent africain [la Somalie s’oppose à ceux pour qui] toute tentative d’adaptation des accords frontaliers actuels ne ferait qu’aggraver la situation et que, par conséquent, les choses ne devront pas changer. Nous ne partageons pas ce point de vue et pour plusieurs raisons (5) ». Tout en affirmant paradoxalement : « il ne doit exister aucun malentendu sur nos intentions. Le gouvernement somali n’a pas d’ambitions territoriales et n’a pas l’intention de revendiquer un agrandissement de son territoire. Mais, en même temps, nous ne pouvons pas attendre des habitants de la République qu’ils restent indifférents à l’appel de leurs frères. C’est pourquoi, le gouvernement somali doit demander instamment l’autodétermination pour les régions somalies qui sont adjacentes à la République Somalie. L’autodétermination est une pierre angulaire de la Charte des Nations Unies et nous devons nous y souscrire. Si les Somali de ces régions ont la possibilité d’exprimer librement leur volonté, le gouvernement de la République s’engage à respecter leur décision (6)». Le pays inscrit même dans sa première Constitution cet objectif de réunion des populations somalies en accordant automatiquement la citoyenneté aux Somalis vivants sur les territoires ne faisant pas encore partie de la République (7). En réponse le Premier ministre éthiopien, Aklilou Habte Wolde, dénonça en 1963 la « campagne d'agrandissement territorial (8)» de la Somalie.
Pour les Kenyans les revendications nationalistes somalies pouvaient être contenues.
Pourtant la province du Nord Est (9) peuplée de Somalis tenta de faire sécession, alors qu’un référendum favorable à cette sécession, et commandé par une commission chargée justement de redessiner les frontières, n’avait pas été pris en compte. Les Somalis du Kenya lancent en décembre 1963 une insurrection appelée shifta soutenues par le gouvernement somalien. Cette sécession fut contenue entre autres par l’instauration de lois d’exception et une assistance militaire des Britanniques.
Néanmoins l’histoire s’accélère. En 1969 un coup d’Etat en Somalie porte au pouvoir le nationaliste Siyaad Barre qui cristallise les revendications somalies autour du concept de « Grande Somalie (10) » . Ce concept devient un enjeu central et débouche sur une guerre en 1977, à l’issue de laquelle la Somalie sort battue face à l’Ethiopie en raison du fameux retournement d’alliance de l’Union soviétique.
Figure 1 : L’irrédentisme somali (la « Grande Somalie » et l’étoile à cinq branches du drapeau somalien représentant les régions peuplées de Somali)
Cette période des années 1970, en pleine Guerre froide, a été particulièrement tendue. Plus la discorde augmentait plus la course aux armements s’accélérait. A titre d’exemple, en Somalie les troupes passent de 4000 hommes en 1969 à 53 000 en 1977, en Ethiopie elles passent de 65 000 à 1976 à 250 000 en 1980. Les premières agitations diplomatiques, post-indépendances, dans la Corne de l’Afrique sont donc pour protéger l’intégrité territoriale des Etats des velléités unificatrices du peuple somali. Mais d’autres oppositions régionales instrumentaliseront la crise somalienne jusqu’à aujourd’hui.
Notes :
1 juillet 1960 : Acte d’Union de la Somalie italienne et du Somaliland britannique avec pour président Aden Abdulla Osman (un Hawiye).
2 La Somalie est peuplée majoritairement de Somali (plus de 85% de la population) et d’une minorité de non Somali comme les Bantous, descendant d’esclaves, ou des agriculteurs de la période pré-somali. Pour une synthèse sur ce point : Martin Hill, « No redress: Somalia’s forgotten minorities », Rapport, Minority Rights Group International, 2010, 40p.
3 Seule la partie Nord de l’Ethiopie, l’Erythrée, fût une colonie italienne mais l’expansion italienne est arrêtée lors de la bataille d’Adwa en 1896. Puis l’Italie fasciste n’occupera qu’une partie de l’Ethiopie entre mai 1936 et mai 1941.
4 Edmond Jouve, « L'Organisation de l'Unité Africaine », Paris, Presses Universitaires de France, 1984, p. 31-32.
5 Actes de la Conférence d’Addis Abeba, p.117, publiés dans la Revue internationale de l’Union africaine et malgache, n°5 (spécial), 1963.
6 Ibid., Actes de la conférence d’Addis Abeba, p.117-118
7 Constitution du 1er juillet 1960, article 6, §4 : « La République somalienne œuvrera par des moyens légaux et pacifiques, pour l’union des territoires somalis et favorisera la solidarité des peuples africains et musulmans », cité pat Boutros Ghali Boutros, « Les conflits de frontières en Afrique », Paris, Techniques et Economiques, 1972, p.97
8 Discours du Premier ministre d'Ethiopie à la conférence d'Addis Abeba, mai 1963. Reproduit par B.Boutros Ghali, Op.Cit., p. 47-61.
9 Créée à partir de l’ancien « Nothern Frontier District » et réunissant les districts majoritairement somali : Garissa, Mandera, Wajir et une partie de Moyale.
10 Un projet britannique à l’origine, proposé par Ernest Bevin, le ministre travailliste des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, en 1946 pour réunir sous la tutelle de Londres tous les territoires habités par le peuple somali.
Cinq après l’intervention de l’armée éthiopienne (une armée de qualité et d’expérience) contre les Tribunaux islamiques, les Kenyans prennent à leur tour directement part à la crise somalienne et rompent ainsi leur « neutralité ». Une neutralité déjà entamée en mars 2011, quand l'armée kenyane participa à des combats dans la zone frontalière (Jubbaland). Ce billet, se propose de revenir sur les relations de la Somalie avec ses voisins après les indépendances. Une analyse courte (non un travail de recherche) sur la position des pays de la Corne de l’Afrique, au moment des indépendances, face au défi de l’irrédentisme somali.
Au moment des indépendances l’enjeu pour les pays voisins de la Somalie était de conserver un certain équilibre régional. Au lendemain de la seconde guerre mondiale Éthiopie se réapproprie l’Ogaden (1948) et le Hawd (1955). Mais la réunification de la Somalie italienne et de la Somalie britannique (1) en 1960 réveille le nationalisme pansomali. Les revendications unificatrices des trois autres régions habitées par les Somalis (dans la région éthiopienne de l’Ogaden, Djibouti et le nord-est du Kenya) se multiplient. En 1961, le Parlement somali déclare les régions peuplées de Somalis terra irredenta. Si les incidents sont de faible intensité au départ, ils s’amplifient jusqu’aux rébellions de 1963-1964 en Ogaden, la guerre de Shifta au Nord du Kenya entre 1963 et 1968 et la guerre de l’Ogaden en 1978 (billet de Stéphane Mantoux ICI).
Ces évènements expliquent (outre les raisons historiques et culturelles anciennes) pourquoi les pays frontaliers de la Somalie conservent une certaine méfiance envers les Somalis (2). Si les relations avec Djibouti sont restées relativement paisibles, il en fut autrement avec l’Ethiopie et le Kenya.
La politique étrangère de l’Ethiopie est particulièrement remarquable à cet égard.
Aux lendemains des indépendances, et profitant de son « statut » d’unique pays africain à ne pas avoir été colonisé (3), elle voit dans l’unité africaine un moyen de réaliser le dessein continental de l’empereur Haïlé-Sellassié mais surtout de protéger ses intérêts nationaux, ainsi que son intégrité territoriale, tout en affirmant son poids stratégique dans la région. En effet, la résolution finale de la Conférence des peuples africains de Tunis (du 25 au 30 janvier 1960) énonçait qu’«après avoir soigneusement passé en revue la situation dans le territoire de Somalie artificiellement divisé, la Conférence salue et appuie la lutte du peuple du territoire de Somalie pour l'indépendance et l'unité afin de créer une Grande Somalie (4) ». Un positionnement inacceptable pour l’Ethiopie. Elle entreprend alors d’étouffer les tendances qui faciliteraient ce type de velléités et, pour ce faire, prend la tête des partisans de l'unité africaine, jusqu’à obtenir en 1963 sa version de la Charte et l'adoption de la localisation du siège de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) à Addis Abeba.
De son côté, la Somalie était particulièrement réticente aux dispositions prises par l’OUA en 1963.
En effet, pour Abdullah Osman, son Président, « l’histoire a montré que l’obstacle majeur à l’Unité africaine provient de frontières politiques artificielles que les puissances colonialistes ont imposées dans des zones importantes du continent africain [la Somalie s’oppose à ceux pour qui] toute tentative d’adaptation des accords frontaliers actuels ne ferait qu’aggraver la situation et que, par conséquent, les choses ne devront pas changer. Nous ne partageons pas ce point de vue et pour plusieurs raisons (5) ». Tout en affirmant paradoxalement : « il ne doit exister aucun malentendu sur nos intentions. Le gouvernement somali n’a pas d’ambitions territoriales et n’a pas l’intention de revendiquer un agrandissement de son territoire. Mais, en même temps, nous ne pouvons pas attendre des habitants de la République qu’ils restent indifférents à l’appel de leurs frères. C’est pourquoi, le gouvernement somali doit demander instamment l’autodétermination pour les régions somalies qui sont adjacentes à la République Somalie. L’autodétermination est une pierre angulaire de la Charte des Nations Unies et nous devons nous y souscrire. Si les Somali de ces régions ont la possibilité d’exprimer librement leur volonté, le gouvernement de la République s’engage à respecter leur décision (6)». Le pays inscrit même dans sa première Constitution cet objectif de réunion des populations somalies en accordant automatiquement la citoyenneté aux Somalis vivants sur les territoires ne faisant pas encore partie de la République (7). En réponse le Premier ministre éthiopien, Aklilou Habte Wolde, dénonça en 1963 la « campagne d'agrandissement territorial (8)» de la Somalie.
Pour les Kenyans les revendications nationalistes somalies pouvaient être contenues.
Pourtant la province du Nord Est (9) peuplée de Somalis tenta de faire sécession, alors qu’un référendum favorable à cette sécession, et commandé par une commission chargée justement de redessiner les frontières, n’avait pas été pris en compte. Les Somalis du Kenya lancent en décembre 1963 une insurrection appelée shifta soutenues par le gouvernement somalien. Cette sécession fut contenue entre autres par l’instauration de lois d’exception et une assistance militaire des Britanniques.
Néanmoins l’histoire s’accélère. En 1969 un coup d’Etat en Somalie porte au pouvoir le nationaliste Siyaad Barre qui cristallise les revendications somalies autour du concept de « Grande Somalie (10) » . Ce concept devient un enjeu central et débouche sur une guerre en 1977, à l’issue de laquelle la Somalie sort battue face à l’Ethiopie en raison du fameux retournement d’alliance de l’Union soviétique.
Figure 1 : L’irrédentisme somali (la « Grande Somalie » et l’étoile à cinq branches du drapeau somalien représentant les régions peuplées de Somali)
Cette période des années 1970, en pleine Guerre froide, a été particulièrement tendue. Plus la discorde augmentait plus la course aux armements s’accélérait. A titre d’exemple, en Somalie les troupes passent de 4000 hommes en 1969 à 53 000 en 1977, en Ethiopie elles passent de 65 000 à 1976 à 250 000 en 1980. Les premières agitations diplomatiques, post-indépendances, dans la Corne de l’Afrique sont donc pour protéger l’intégrité territoriale des Etats des velléités unificatrices du peuple somali. Mais d’autres oppositions régionales instrumentaliseront la crise somalienne jusqu’à aujourd’hui.
Notes :
1 juillet 1960 : Acte d’Union de la Somalie italienne et du Somaliland britannique avec pour président Aden Abdulla Osman (un Hawiye).
2 La Somalie est peuplée majoritairement de Somali (plus de 85% de la population) et d’une minorité de non Somali comme les Bantous, descendant d’esclaves, ou des agriculteurs de la période pré-somali. Pour une synthèse sur ce point : Martin Hill, « No redress: Somalia’s forgotten minorities », Rapport, Minority Rights Group International, 2010, 40p.
3 Seule la partie Nord de l’Ethiopie, l’Erythrée, fût une colonie italienne mais l’expansion italienne est arrêtée lors de la bataille d’Adwa en 1896. Puis l’Italie fasciste n’occupera qu’une partie de l’Ethiopie entre mai 1936 et mai 1941.
4 Edmond Jouve, « L'Organisation de l'Unité Africaine », Paris, Presses Universitaires de France, 1984, p. 31-32.
5 Actes de la Conférence d’Addis Abeba, p.117, publiés dans la Revue internationale de l’Union africaine et malgache, n°5 (spécial), 1963.
6 Ibid., Actes de la conférence d’Addis Abeba, p.117-118
7 Constitution du 1er juillet 1960, article 6, §4 : « La République somalienne œuvrera par des moyens légaux et pacifiques, pour l’union des territoires somalis et favorisera la solidarité des peuples africains et musulmans », cité pat Boutros Ghali Boutros, « Les conflits de frontières en Afrique », Paris, Techniques et Economiques, 1972, p.97
8 Discours du Premier ministre d'Ethiopie à la conférence d'Addis Abeba, mai 1963. Reproduit par B.Boutros Ghali, Op.Cit., p. 47-61.
9 Créée à partir de l’ancien « Nothern Frontier District » et réunissant les districts majoritairement somali : Garissa, Mandera, Wajir et une partie de Moyale.
10 Un projet britannique à l’origine, proposé par Ernest Bevin, le ministre travailliste des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, en 1946 pour réunir sous la tutelle de Londres tous les territoires habités par le peuple somali.
jeudi 3 novembre 2011
L'Union Africaine à sec ?
L'Union Africaine et de nombreux États Africains se sont vus reprocher leur hésitations à condamner Kadhafi et son régime. Nous avons rappelé sur ce blog l'importance du leader libyen dans l’équilibre politique, parfois économique, de certains pays.
En 2009, le financement de l'organisation provenait (grossièrement) à 75% de contributions internes et plus particulièrement des pays d'Afrique du Nord : Libye (15%), Égypte (15%), l’Algérie (15%) soit 45% pour ces pays du Nord suivent ensuite le Nigeria (15%) et l'Afrique du Sud (15%). L'équilibre des financement s'est inversé en 2010 (avec 55% de financements extérieurs), et la situation politique du continent devrait accentuer cette tendance. En effet, la chute du régime libyen, le printemps arabe.. induiront surement une plus grande dépendance encore de l'Union africaine envers ses partenaires extra-continentaux.
L'inquiétude est de mise,pour Jean Ping, président de la commission de l’UA « la situation en Afrique du Nord pourrait mettre en difficulté nos activités budgétaires. Il faut sécuriser nos ressources et les rendre pérennes (...) la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit ».
En 2009, le financement de l'organisation provenait (grossièrement) à 75% de contributions internes et plus particulièrement des pays d'Afrique du Nord : Libye (15%), Égypte (15%), l’Algérie (15%) soit 45% pour ces pays du Nord suivent ensuite le Nigeria (15%) et l'Afrique du Sud (15%). L'équilibre des financement s'est inversé en 2010 (avec 55% de financements extérieurs), et la situation politique du continent devrait accentuer cette tendance. En effet, la chute du régime libyen, le printemps arabe.. induiront surement une plus grande dépendance encore de l'Union africaine envers ses partenaires extra-continentaux.
L'inquiétude est de mise,pour Jean Ping, président de la commission de l’UA « la situation en Afrique du Nord pourrait mettre en difficulté nos activités budgétaires. Il faut sécuriser nos ressources et les rendre pérennes (...) la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit ».
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mercredi 19 octobre 2011
Ouganda, leçon n°1 : se rendre indispensable
Hier, F. de St V, publiait un billet (site d'AGS) sur la mission militaire américaine en Ouganda de conseil pour lutter contre la LRA (ICI et ICI)
Quelques éléments d'analyse :
Pour comprendre la politique américaine à l'égard de l'Ouganda, il semble indispensable d'étudier la politique ougandaise un peu plus à l'Est (dans les Grands Lacs de toute évidence également, nous l'avons déjà évoqué sur ce blog). Aujourd'hui, l'Ouganda "occupe" ses soldats en Somalie, plus de 5000 hommes déployés dans le cadre de l'AMISOM. Néanmoins, 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes: 20000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie. Mais la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total) que l'Ouganda va aussi largement fournir, elle était d'ailleurs prête à fournir les 20000 hommes...
Rappelons que l'Ouganda héberge également une mission européenne de formation des troupes somaliennes.
Rappelons aussi, que, déjà l’administration Clinton avait choisi de mettre en avant des nouveaux dirigeants, pas nécessairement démocratiques mais pragmatiques et garants supposés d’une certaine stabilité comme : Yoweri Museveni pour l'Ouganda, Issayas Afworki pour l'Érythrée, Mälläs Zénawi pour l'Éthiopie, Paul Kagamé pour le Rwanda et Joseph Kabila pour la République Démocratique du Congo. Désormais, les États-Unis hésitent à exercer des pressions sur les régimes autoritaires qui seraient du « bon côté ».
La communauté internationale préfère pour le moment privilégier la stabilité surtout dans cette région. Typiquement, l’Ethiopie conserve le soutien américain, malgré la sanglante répression des manifestations du 15 mai 2005, à la suite de la victoire de l’opposition aux élections législatives.
L'Ouganda fournit le gros des efforts en Somalie, les troupes de l'AMISOM paient un lourd tribu dans la guerre contre les Shebab (retrait de Mogadiscio ces dernières semaines), un nouveau front d’instabilité s'est ouvert au Nord avec la naissance du Soudan du Sud où les troupes de la LRA peuvent trouver refuge, et le pays a été victime d'un attentat terroriste revendiqué par les Shabab en juillet 2010...l'annonce américaine n'est bien sur pas un hasard du calendrier.
Bref l'Ouganda est incontournable dans la région et se veut incontournable....
Quelques éléments d'analyse :
Pour comprendre la politique américaine à l'égard de l'Ouganda, il semble indispensable d'étudier la politique ougandaise un peu plus à l'Est (dans les Grands Lacs de toute évidence également, nous l'avons déjà évoqué sur ce blog). Aujourd'hui, l'Ouganda "occupe" ses soldats en Somalie, plus de 5000 hommes déployés dans le cadre de l'AMISOM. Néanmoins, 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes: 20000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie. Mais la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total) que l'Ouganda va aussi largement fournir, elle était d'ailleurs prête à fournir les 20000 hommes...
Rappelons que l'Ouganda héberge également une mission européenne de formation des troupes somaliennes.
Rappelons aussi, que, déjà l’administration Clinton avait choisi de mettre en avant des nouveaux dirigeants, pas nécessairement démocratiques mais pragmatiques et garants supposés d’une certaine stabilité comme : Yoweri Museveni pour l'Ouganda, Issayas Afworki pour l'Érythrée, Mälläs Zénawi pour l'Éthiopie, Paul Kagamé pour le Rwanda et Joseph Kabila pour la République Démocratique du Congo. Désormais, les États-Unis hésitent à exercer des pressions sur les régimes autoritaires qui seraient du « bon côté ».
La communauté internationale préfère pour le moment privilégier la stabilité surtout dans cette région. Typiquement, l’Ethiopie conserve le soutien américain, malgré la sanglante répression des manifestations du 15 mai 2005, à la suite de la victoire de l’opposition aux élections législatives.
L'Ouganda fournit le gros des efforts en Somalie, les troupes de l'AMISOM paient un lourd tribu dans la guerre contre les Shebab (retrait de Mogadiscio ces dernières semaines), un nouveau front d’instabilité s'est ouvert au Nord avec la naissance du Soudan du Sud où les troupes de la LRA peuvent trouver refuge, et le pays a été victime d'un attentat terroriste revendiqué par les Shabab en juillet 2010...l'annonce américaine n'est bien sur pas un hasard du calendrier.
Bref l'Ouganda est incontournable dans la région et se veut incontournable....
lundi 3 octobre 2011
Quel avenir pour AQMI après la mort de Ben Laden?
Dernier né de l'ANAJ-IHEDN, le Comité "Afrique" a le plaisir de vous inviter à sa première conférence le Mardi 18 octobre 2011, 19h30 à 21h00, École militaire, Amphithéâtre Desvallières.
Dans un message diffusé à l'occasion du 10ème anniversaire des attentats du 11 Septembre, Ayman al-Zawahiri a annoncé soutenir le Printemps arabe, allant jusqu’à le qualifier de « le Printemps de la dignité et de la libération ». Comment expliquer une telle évolution alors que, dans un premier temps, Al-Qaïda semblait prendre ses distances par rapport aux révolutions arabes qui ont entrainé la chute des régimes qu’elle combattait depuis des décennies ?
Le professeur Jean-Pierre FILIU nous expliquera l'évolution d'Al-Qaïda depuis la mort de son leader Oussama Ben Laden, ainsi que le rôle ou non d'AQMI dans les pays arabes du Maghreb.
Télécharger le flyer ICI
Inscription obligatoire à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-afrique
Informations : afrique@anaj-ihedn.org
Dans un message diffusé à l'occasion du 10ème anniversaire des attentats du 11 Septembre, Ayman al-Zawahiri a annoncé soutenir le Printemps arabe, allant jusqu’à le qualifier de « le Printemps de la dignité et de la libération ». Comment expliquer une telle évolution alors que, dans un premier temps, Al-Qaïda semblait prendre ses distances par rapport aux révolutions arabes qui ont entrainé la chute des régimes qu’elle combattait depuis des décennies ?
Le professeur Jean-Pierre FILIU nous expliquera l'évolution d'Al-Qaïda depuis la mort de son leader Oussama Ben Laden, ainsi que le rôle ou non d'AQMI dans les pays arabes du Maghreb.
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