lundi 26 mars 2012

Il faut sauver les soldats érythréens

Alors que la Syrie pleure le sang de ses martyrs sous le regard paralysé de la communauté internationale, il existe un autre pays, au bord de la mer Rouge, qui fait peu parler de lui mais dont le chef d’Etat est tout aussi sanguinaire : l’Erythrée. Léonard Vincent, l'auteur de l'ouvrage Les Erythréens, le qualifie de « bagne à ciel ouvert, un immense camp de travail profitant à une chefferie paranoïaque ». Un pays d’où il est presque impossible de sortir ou d’entrer. La prison est aussi l’enfer où se retrouve tout ceux qui ont été arrêtés dans les rafles de rue (les giffas), dans les campagnes ou ayant essayé de fuir. Cette triste réalité explique pourquoi la société érythréenne souffre d’une « puissante obsession migratoire » . Cette hémorragie migratoire s’aggrave chaque année et plus d’un Erythréen sur cinq vit aujourd’hui hors du territoire.



Partant de ce constat, le journaliste Léonard Vincent, tente, dans son ouvrage Les Erythréens, de rendre compte du drame que vit la nation Erythréenne. Il tente de comprendre pourquoi la « nation rêvée », devenue « nation vécue » n’est plus qu’une « nation subie » ? Les Erythréens est le récit poignant de ce peuple qui fui la folie de son président. C’est ainsi par la littérature et non le journalisme que Léonard Vincent rompt l’indifférence et le déficit d’émotion qui existent autour de leurs sors. Pourquoi ne parle-t-on pas de l’Erythrée ?

Parce que ce jeune Etat est inaccessible et l’accès au terrain est interdit aux chercheurs et aux journalistes. D’ailleurs l’auteur laisse transparaitre entre les lignes son désœuvrement face à une profession qui faillit à son rôle d’information. Léonard Vincent avance aussi une autre hypothèse, tout simplement parce que : ‘le peuple érythréen (est) assez peu présent dans l’imaginaire collectif mondial’.


Grâce à une série de trajectoires individuelles, Léonard Vincent fait entendre la voix de migrants débarqués à Lampedusa, de l’opposition qu’il a rencontré à Addis Abeba en 2010 et qui peine à s’unir, des fugitifs qu’il a aidé à fuir en payant des passeurs, de Fana aujourd’hui réfugié en France qui a traversé la frontière les pieds en sang, de Biniam, ancien présentateur du journal du soir d’Eri-TV que l’auteur a aidé à fuir ou encore du général Ogbe Abraha (général et chef d’état-major de l’armée érythréenne) et Joshua Fessaye Yohannes (célèbre journaliste) tous deux proches du régime qui se sont suicidés en prison. La mort de Joshua ne sera connue que 5 ans après … Il livre le témoignage des rafles, des mauvais traitements subis en prison, des cris entendus dans ces geôles, des tortures, des disparitions, des interrogatoires, de l’isolement et de la mort. Certaines pages coupent le souffle.
Léonard Vincent met des noms sur ceux qui ont vécu ce cauchemar, pour lutter contre l’indifférence internationale. Plus qu’un témoignage journalistique c’est une expérience humaine que partage avec nous Léonard Vincent. Il nous fait partager un combat qui a besoin d’être entendu et soutenu.


Pourtant, l’histoire de l’Erythrée avait bien commencé. Les premières années de l’indépendance sont euphoriques, tout est à construire, et le FPLE (le Front Populaire de Libération de l’Erythrée devient en 1994 le Front populaire pour la démocratie et la justice -PFDJ-), qui a mené la lutte, souhaite construire une société sur les bases du mouvement : sans distinction ethnique, religieuse ou de genre. Les premières initiatives de développement font rapidement du pays un exemple pour les autres. Le dirigisme du gouvernement est alors assumé. Il ne s’agit que d’une étape avant de mener le pays à la démocratisation.
Mais, rapidement la machine à gagner du FPLE se grippe et le pays rencontre ses premières difficultés. Dans ses relations extérieures, le régime prend l’habitude de frapper d’abord et négocier ensuite, dans la tradition du mouvement armée de libération (différend frontalier avec le Yémen relatif aux îles Hanish en 1995, conflit frontalier avec Djibouti en 2008). Il acquiert ainsi la réputation d’être belliqueux. Sur le plan économique, la transition ne se fait pas. En 2002, le gouvernement lance un programme de développement, Warsay Yika'alo, un Plan Marshall pour le pays, faisant de l’armée le premier employeur. Le gouvernement mobilise de façon autoritaire la main d’œuvre dans l’agriculture, la pêche, etc. Cette concurrence inégale phagocyte le secteur privé, déjà malmenée par des règlementations exigeantes. Aujourd’hui, l’Erythrée tient uniquement grâce à l’aide financière de la diaspora qu’il taxe d’un impôt de 2% sur les revenus, conditionnant par son paiement l’accès aux services des ambassades (délivrance des passeports, des visas de sortie…). En décembre 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné le recours à la «taxe de la diaspora» qualifiée d’ « extorsion ». Le texte de la résolution accuse le gouvernement érythréen d’imposer l’impôt afin de «financer des achats d’armes et du matériel connexe destinés à des groupes d’opposition armés».
L’histoire de l’Erythrée s’écrit toujours au regard de celle du grand voisin éthiopien et explique le raidissement du régime. Ainsi, depuis la guerre frontalière entre les deux pays, de 1998 à 2000, le régime érythréen se durcit chaque jour un peu plus. La constitution adoptée en 1997 reste suspendue, l’Etat de droit inexistant et les élections reportées. Le Président gouverne par des décisions et concentre entre ses mains les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Les assemblées (nationales et locales) sont noyautées par le parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice (PFDJ). Les syndicats ont été supprimés. L’opposition interne est inexistante et la répression, systématique, s’est étendue aux minorités religieuses.

Début 2001, des vétérans de la guerre de libération publient sur internet une lettre ouverte condamnant les actions illégales et anticonstitutionnelles du régime. Pour Issayas Afworki et son entourage ces critiques brisent une règle fondamentale du parti : « ne jamais laver son linge sale en public ». L’heure n’est pas venue de discuter élections et démocratie . Onze anciens ministres du gouvernement, membres du « groupe des 15 » sont arrêtés et emprisonnés dont des figures historiques du mouvement de libération et de l’Etat indépendant. Cette affaire n’est pas si étonnante si l’on prête attention à une déclaration qu’aurait faite le président : « Quand je suis contesté, je deviens plus tenace et de plus en plus rigide » .



La répression touche aussi la presse. Le 18 septembre 2001, alors que le regard de la communauté internationale est tourné vers les conséquences des attentats du 11 septembre 2001, des dizaines de journalistes et leurs collaborateurs sont arrêtés, la presse privée interdite. C’est d’ailleurs le point de départ de l’ouvrage de Léonard Vincent qui fût journaliste à Reporters sans Frontière. Selon le dernier rapport de cette ONG sur la liberté de la presse, l’Erythrée arrive au dernier rang … après la Corée du Nord. Sans inculpation, les journalistes arrêtés sont toujours en prison, certains seraient morts. La vague répressive est lancée. Les élites et les intellectuels sont surveillés, arrêtés ou portés disparus.

Dès lors, il apparait clairement que l’unité et la loyauté deviennent des valeurs au-dessus de tout pour le régime. Toute la société se militarise. La dernière année d’étude des lycéens doit s’accomplir dans un centre de formation de l’armée afin de poursuivre, ensuite, directement sur le service national. Le système universitaire subit également cette militarisation puisqu’il n’existe plus aujourd’hui en Erythrée d’enseignement supérieur indépendant de l’armée. Cette militarisation de la jeunesse rappelle l’expérience des Khmers rouges. Presque toute la population masculine est enrôlée dans l’armée, le service civil est illimité et garantit au régime une main d’œuvre bon marché, voire gratuite. Cette mise au pas de la jeunesse vise à empêcher la formation de toute conscience politique par un parti qui rejette l’individualisme et l’intellectualisme. Pour le gouvernement le service national est nécessaire à la construction de la nation, il permet d’inculquer aux jeunes le sens de la loyauté et du patriotisme. En effet, comme dans les rangs du FPLE pendant la guerre de libération, le service militaire permet de briser les barrières ethniques, régionales et religieuses. « Voilà pourquoi tous ceux qui fuient l’Erythrée aujourd’hui peuvent être considérés comme des déserteurs » explique Léonard Vincent. Voilà qui explique aussi le titre de ce billet…



« Les animaux ont le droit d’être indifférents. Moi je suis un animal avec quelque chose en plus, quelque chose qui change tout, qui m’ôte le droit à l’indifférence : je sais » François Cavanna

Léonard Vincent, sera présent le 5 avril lors de la conférence organisée par l'ANAJ-IHEDN et l'Institut Choiseul. Information et inscription : ICI

Pour aller plus loin :
- Léonard Vincent, Les Erythréens, Paris, Rivages, 2012
- International Crisis Group, Eritrea: The Siege State, Africa Report, numéro 163, 21 septembre 2010
- Gaim Kibreab “The Eritrean Diaspora, the War of Independence, Post-Conflict (Re)-construction and Democratisation” in Ulf Johansson Dahre (ed) The Role of Diasporas in Peace, Democracy and Development in the Horn of Africa, Lund University, 2007
- Richard Reid (ed.), Eritrea’s External Relations : Understanding its Regional Role and Foreign Policy, Londres, Chatham House, 2009
- Fabienne Le Houérou, Ethiopie-Erythrée, frères ennemis de la Corne de l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2000

samedi 24 mars 2012

Mali : la stabilité des régimes sahéliens en question ? (MAJ)

La menace grondait depuis plusieurs jours, les troupes maliennes se sont révoltées contre leur Etat major et ont pris le pouvoir à Bamako. Ils reprochent au président ATT sa faiblesse dans le traitement de la rébellion au Nord. Leur porte-parole, Amadou Konaré, a affirmé qu'ils avaient agi face "à l'incapacité" du gouvernement "à gérer la crise au nord de notre pays", en proie à une nouvelle rébellion touareg depuis le mois de janvier et aux activités de groupes islamistes armés.



Le président refusait l'escalade militaire dans le Nord malgré des pertes de terrain importantes. Rappelons que le Mali a longtemps refusé la logique militaire dictée par les Occidentaux dans la lutte contre AQMI (que l'Algérie et la Mauritanie ont suivi pour leurs intérêts bien compris). En fait la trêve avec les rébellions touarègues rendait le gouvernement réticent à engager une escalade militaire, dans une région où il a retiré ses forces en 2006. D’autant que depuis la rébellion de la première partie des années 1990, les forces militaires qui avaient tué plus de civils que de combattants sont particulièrement détestées par les tribus nomades du Nord. L’armée malienne est passée pour la première fois à l’offensive en juin 2010 après l’assassinat d’un officier malien à Tombouctou.



Ce coup d'Etat montre l'importance des conséquences de la crise libyenne (on s'en doutait) et surtout il met en lumière une mutation d'échelle stratégique. Jusqu'à présent les États luttaient contre des conflictualités locales maintenant la logique de montée en puissance attentatoire à la stabilité des État a pris le pas. Le président malien semble ne pas l'avoir vu venir. Jusqu'à présent, il pouvait marginaliser ces conflictualités locales en ne les considérant pas comme attentatoire à la posture de stabilité de son régime. Mais avec ce coup d'Etat un nouveau seuil vient d'être atteint.

On lira avec intérêt :
The Old-Style Coup Makes a Comeback in Mali
Pourquoi le régime du président "ATT" était fragilisé
La chute d'Amadou Toumani Touré au Mali ou la défaite d'une politique de consensus
"La nouvelle géopolitique post-Kadhafi explique les problèmes actuels" au Mali
 Gaddafi's influence in Mali's coup
Nicolas au Sahara par Jean-François Bayart
Restaurer l’ordre constitutionnel au Mali (ICG)

Les derniers coups d’État militaires :
Côte d’Ivoire (Robert Gueï en 1999), Centrafrique (François Bozizé en 2003), Mauritanie (Ould Vall en 2005 puis Ould Abdel Aziz en 2008), Guinée (Dadis Camara en 2008), Niger (Salou Djibo en 2010). 
Rappelons qu'Amadou Toumani Touré a accédé au pouvoir en 1991 après un coup d'Etat. Celui ci a eu vocation à mettre en place une transition politique démocratique débouchant sur une élection présidentielle.


jeudi 22 mars 2012

L'Erythrée sous l'emprise du dictateur Issayas Afeworki (1)

Ce samedi nous écouterons avec attention l'émission de Monsieur X sur France Inter (13H30) consacrée à l'Erythrée. Écoutez l'émission ICI



Résumé de l'émission :
Prison à ciel ouvert, bagne africain, Corée du Nord africaine… Les expressions ne manquent pas pour qualifier ce petit pays dont on ne parle presque jamais et où journalistes et touristes ne sont pas les bienvenus : l’Erythrée ! Un pays fermé, donc. Mais aussi un pays dont il est interdit de sortir : les érythréens sont prisonniers chez eux. Et s’ils sont pris en essayant de passer clandestinement une frontière, il risque de croupir dans l’un des quelques trois cents camps de détention.
Il fut pourtant une époque où ce jeune Etat de la Corne de l’Afrique était considéré avec bienveillance par les grandes puissances… Certains y voyaient même la naissance d’une nouvelle Afrique, débarrassée de ses péchés originaux. Une Afrique propre en somme. Démocratique, moderne, sans corruption ni népotisme. C’était à la fin du siècle dernier, dans les années 90… Alors comment est-on passé de la lumière à l’ombre ?

Bibliographie :
- « Les Erythréens », de Léonard Vincent, Editions Rivages (Payot), 2012, le seul livre récent (en français) consacré à ce pays oublié.
- La revue trimestrielle « Sécurité Globale » dont le dernier numéro consacre un dossier à la Corne de l’Afrique, coordonné par Sonia Le Gouriellec, éditée par l’Institut Choiseul

dimanche 18 mars 2012

Recension Sécurité globale

Bruno Modica propose sur sur le site cliothèque une recension du dernier numéro de Sécurité Globale. A lire ICI

vendredi 16 mars 2012

Hervé Coutau-Bégarie : un testament d’avenir

Hervé Coutau-Bégarie, fondateur de l’Institut de Stratégie Comparée et président de l’ISC-CFHM, est mort le 24 février 2012. La perte est affreusement cruelle pour sa famille, à la douleur de laquelle nous nous associons de tout cœur. Mais le courage avec lequel il a affronté la maladie nous montre, par delà le deuil, le chemin de la confiance et de l’énergie.



Cette disparition est une immense perte pour la pensée stratégique. Là encore pourtant, l’espoir doit l’emporter sur la peine. L’œuvre d’Hervé Coutau-Bégarie est en effet bien vivante. Elle n’est pas derrière lui, mais devant nous. D’abord parce qu’il laisse une trentaine de livres à publier, les uns de lui, d’autres dont il assurait la direction ou la codirection, d’autres enfin qu’il avait retenus pour sa collection. Ensuite parce que nous n’avons pas fini, à très loin près, de lire et de relire Hervé Coutau-Bégarie. C’est tout un processus de réédition, de classement, d’études qui commence. Du gigantesque corpus semé sur trois décennies, il s’agit maintenant d’extraire un ensemble de textes canoniques par décantation des éléments contextuels.

L’œuvre d’Hervé Coutau-Bégarie, c’est aussi la revue Stratégique et l’ISC, une association indépendante à la fois soubassement des publications et accélérateur de particules intellectuelles, qui a donné et doit continuer de donner leurs chances aux jeunes talents. Le secret de cet institut, son Président le révélait dans un texte qui apparaît rétrospectivement comme son testament : « Une recherche stratégique qui n’a qu’un pôle étatique est infirme ; elle a besoin d’un pôle associatif, plus réactif, mieux capable de fédérer les multiples initiatives de petits groupes ou même d’individus qui s’efforcent, avec de très faibles moyens, de faire vivre la tradition de la pensée stratégique et historique française » – et de rappeler que l’ISC, dans le seul premier semestre 2010, a publié pas moins de 6 ouvrages totalisant 3258 pages, soit bien plus – et de très loin – qu’aucun organisme étatique travaillant sur le même créneau (article paru dans Stratégique n°99, 2010).

Le savoir, la culture et la vision d’Hervé Coutau-Bégarie nous manqueront. Mais l’élan qu’il a insufflé à la recherche en stratégie peut continuer. L’Institut et la Revue, dont la qualité est internationalement reconnue, évolueront. Maquette, diversification numérique, cartographie, nouveaux partenariats français et étrangers, les chantiers ne manquent pas, il les avait lui-même ébauchés. La Bibliothèque stratégique, Hautes études stratégiques, Hautes études militaires et Hautes études maritimes qui constituent les quatre collections dirigées par Hervé Coutau-Bégarie chez Economica seront reprises et développées. Elles constituent le corpus le plus important d’ouvrages relatifs aux questions stratégiques et à l’histoire militaire en langue française et continueront à publier des opus ayant vocation à enrichir une réflexion enracinée dans l’étude de la culture stratégique française et celle d’autres aires culturelles. En outre, nous poursuivrons la publication du corpus des écrivains militaires en langue française dont déjà plusieurs titres sont parus, mais plusieurs dizaines d’autres attendent d’être publiés tant dans le domaine de la stratégie générale que des stratégies particulières, navale ou aérienne.

Ces évolutions nécessiteront une relève : elle existe, avec une moyenne d’âge qui la met en prise directe avec les défis actuels. Hervé Coutau-Bégarie, entre autres qualités, savait faire confiance et encourager. Il aura su, sans battage et avec des soutiens mesurés, faire monter autour de lui une génération de jeunes chercheurs et d’auteurs qui lui doivent énormément. Il a beaucoup sacrifié pour transmettre. Nous voulons maintenir et poursuivre. Tous, nous gardons à l’esprit ce qu’il ne cessait de nous répéter : la clé d’une recherche stratégique mature et objective, c’est l’autonomie de la structure qui la porte.
Hervé Coutau-Bégarie a continué à travailler jusqu’à l’extrême limite de ses forces, dictant encore des articles de son lit d’hôpital il y a quelques semaines. Pour continuer son œuvre, l’ISC doit préserver son indépendance. Il ne le pourra pas sans moyens financiers. Nous lançons donc un appel à tous les membres de la communauté des stratégistes, qui prendra très bientôt la forme d’une campagne d’abonnement à la revue Stratégique, et d’adhésion à l’ISC. Lecteurs, élèves, étudiants, amis des pays étrangers, où l’œuvre d’Hervé Coutau-Bégarie était connue et appréciée : il dépend aujourd’hui de vous tous que le titanesque travail qu’il a accompli, et que nous souhaitons faire vivre, continue de porter ses fruits.

Pour l’ISC,
Jérôme de Lespinois, Martin Motte, Olivier Zajec
(suppléants d’Hervé Coutau-Bégarie au cours de stratégie de l’Ecole de Guerre)
Emmanuel Boulard (capitaine de frégate, doctorant de l’EPHE), Armel Dirou (colonel de l’armée de terre, doctorant de l’EPHE), Jean-François Dubos (secrétaire de rédaction de Stratégique, doctorant de l’EPHE), Benoît Durieux (colonel de l’armée de terre, docteur de l’EPHE), Christophe Fontaine (lieutenant-colonel de l’armée de l’air, doctorant de l’EPHE), Serge Gadal (chargé de recherches de l’ISC, docteur de l’EPHE), Michel Goya (colonel de l’armée de terre, chargé de conférence à l’EPHE), Joseph Henrotin (chargé de recherches de l’ISC, docteur en science politique), Jean-Luc Lefebvre (colonel de l’armée de l’air, doctorant de l’EPHE) Jean-Patrice Le Saint (lieutenant-colonel de l’armée de l’air, doctorant de l’EPHE), Christian Malis (docteur en histoire), Valérie Niquet (maître de recherche à la FRS), Jérôme Pellistrandi (colonel de l’armée de terre, docteur de l’EPHE), Philippe Sidos (colonel de l’armée de terre, doctorant de l’EPHE).

mardi 13 mars 2012

Cartes des conflits en Afrique

Les conflits en Afrique (en 2011) selon l'HIIK (du conflit non violent, en passant par la crise, la crise grave et la guerre) :



Les pays confrontés à des mouvements indépendantistes (source Jeune Afrique 2011) :




Les conflits en Afrique en 2006 :




Les conflits en Afrique dans les années 1990 :

lundi 12 mars 2012

La Corne de l'Afrique : Vers un nouvel ordre régional ? (conférence)

A l'occasion de la sortie du numéro 18 de la revue Sécurité Globale (ICI et ICI pour commander le numéro), consacrée à la Corne de l'Afrique, l'ANAJ-IHEDN, en partenariat avec l'Institut Choiseul, organisera le 5 avril (19H30-21h) une conférence à l'Ecole militaire.



Autour du numéro de Sécurité Globale (n°18) coordonné par Sonia LE GOURIELLEC seront présents:

Alain GASCON
Géographe, professeur émérite à l’Institut français de géopolitique de Paris VIII

Hanna OUAKNINE
Auteur de "Londres-Mogadiscio, Al-Shebab et la jeunesse somalienne" (Ed. Harmattan)

Jean-Nicolas BACH,
Docteur en Science politique, Centre de recherche "Les Afriques dans le Monde" IEP Bordeaux - CNRS

Léonard VINCENT
Journaliste
Auteur de l'ouvrage "Les Erythréens" (Ed. Rivages)



Inscription obligatoire : (entrée gratuite) ICI

Contact : afrique@anaj-ihedn.org

Lieu : Amphithéâtre Desvallières - Ecole Militaire
Entrée par le 1 place Joffre – Paris VII
Pas de parking / Métro : École militaire - Ligne 8

jeudi 8 mars 2012

Soudan du Sud. L’impasse des discussions sur le pétrole avec Khartoum

Ce matin, Thierry Garcin recevait dans son émission "Les enjeux internationaux" Marc Lavergne (chercheur au Groupe d'études et de recherches sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO)) autour de la question du Soudan du Sud.

Écoutez l'émission ICI


Résumé : "La partition du Soudan en deux Etats indépendants n'a aplani aucun des problèmes et des différents qui existaient autrefois et conduisirent à plusieurs années d'une terrible guerre civile.

Aujourd'hui, le Soudan du Sud possède les principaux gisements du pétrole du pays, qui transitent par le nord, et sur lesquels Khartoum veut prélever une redevance jugée exorbitante par les dirigeants sudistes.

D'autre part, les différents frontaliers subsistent avec vivacité et peuvent conduire les deux parties au bord de l'affrontement."

lundi 5 mars 2012

Trois trajectoires de sécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Erythrée, le Soudan du Sud

Il y a quelques jours nous vous annoncions à la publication d'un numéro spécial de la revue sécurité globale sur la Corne de l'Afrique. Nous y proposons une contribution revenant sur trois trajectoires de sécession dans cette région : le Somalilan, l'Erythrée, le Soudan du Sud. Vous trouverez ci-dessous les première lignes de cette contribution :



« Une métaphore politique » : c’est en ces mots que R. Patman décrivait les Etats de la Corne de l’Afrique et leurs trajectoires . La naissance d’un nouvel Etat au Sud du Soudan transforme une nouvelle fois la géographie politique de la Corne de l’Afrique. La multiplication du nombre d’Etats, et donc de frontières, est l’un des paradoxes de la période post-Guerre froide, marquée par la globalisation et l’abolition des frontières. Ce constat est particulièrement vrai dans la Corne de l’Afrique, lieu des deux dernières naissances d’Etats internationalement reconnues. L’Erythrée, le Somaliland et le Soudan du Sud ont choisi la sécession, la forme la plus radicale d'autodétermination. Ces nouvelles entités, dont la naissance s’est faite au nom de la paix et la stabilité, remettent cependant en question l’équilibre régional. Pourquoi ces entités ont-elles fait sécession ? Assistons-nous à une fragmentation politique illimitée de la Corne de l’Afrique ? Cette fragmentation régionale est-elle le signe d’un déclin de l’État face à la volonté d’appropriation des territoires par des identités infranationales ? La reconnaissance de l’Erythrée et du Soudan du Sud par une communauté internationale pourtant réticente à créer ce type de précédent est à ce titre remarquable.
Notre propos n’est pas de revenir sur le « droit » de sécession mais d’analyser les trajectoires sécessionnistes de ces trois Etats par une approche comparative. Chaque Etat ayant son histoire propre, ses ressorts politiques, sociaux, économiques, nous ne proposons pas de revenir sur le processus de formation de l’Etat, défini par Bruce Berman et John Lonsdale comme un processus historique conflictuel, involontaire et largement inconscient . Néanmoins, et alors qu’un nouvel Etat a fait son apparition sur la scène régionale, il nous semble pertinent de retracer les trajectoires de ces trois sécessions, en mettant en évidence leurs similarités. Il nous semble indéniable qu’elles sont à certains égards comparables et permettent de faire émerger une problématisation commune de la généalogie de ces sécessions.




Balkanisation, fragmentation, scission, partition ?
Rappelons tout d’abord les différences entre ces terminologies. Selon Stéphane Rosière, la balkanisation est : « le processus de fragmentation d'un État en au moins trois nouveaux États (…) si un État “primaire” est divisé en deux nouvelles entités, on peut préférer les notions de scission ou de partition » . Ainsi la notion de balkanisation, souvent employée avec une connotation péjorative, ne correspond pas à la réalité de nos cas d’études. En effet, l’Erythrée et le Soudan du Sud se sont séparés d’une entité qui existe toujours. Le cas du Somaliland est plus problématique, puisque l’Etat somalien s’est effondré et qu’une autre entité, le Puntland, s’est déclarée autonome. En revanche, la sécession est bien l’aboutissement d’un processus de désintégration politique. Si l’intégration politique se définit comme un processus par lequel les acteurs, de systèmes politiques distincts, sont persuadés qu’ils doivent loyauté à un nouveau centre de pouvoir, prévalant sur l’ancien système , lors d’une sécession les acteurs décident à l’inverse de retirer leur loyauté du centre juridique et de le donner à un nouveau centre. En interne, une sécession signifie donc la dissolution du pacte existant et marque un coup d’arrêt à la capacité de l’Etat à gouverner sur tout le territoire. La sécession est donc le retrait d’une entité constitutive d’un ensemble établi et reconnu internationalement et la création d’un nouvel Etat souverain.

La suite ICI ou sur demande

samedi 3 mars 2012

L'Angola : nouvelle puissance régionale ?

Le 23 février, Thierry Garcin recevait dans son émission "les Enjeux internationaux", Antoine Glaser (journaliste et écrivain).

Résumé : "Luanda, qui est de plus en plus courtisée par les pays occidentaux pour ses exportations pétrolières, s'affirme de plus en plus comme une puissance régionale désireuse de concurrencer directement, sur de nombreux dossiers diplomatiques, l'influence des deux géants africains : l'Afrique du Sud et la Nigéria."



Cette question n'est pas nouvelle. En 1997, déjà, un article de Philippe Leymarie dans le Monde diplomatique s'interrogeait sur la puissance angolaise : "L’Angola, nouvelle puissance régionale". Lire aussi, l'article "L’Angola, une nouvelle puissance africaine" dans le journal Les Afriques. Ainsi que le numéro 110 de la revue Politique Africaine consacré à ce pays (ICI).

Réécoutez l'émission ICI