Le SIPRI vient de publier une carte des Opérations de Paix dans le monde en 2016.
« The geographical spillover of armed conflict in Sub -Saharan Africa », Economic System, 40:1, 2016, p. 109-119.
Résumé : La diffusion transfrontalière des conflits serait-elle plus élevée
en Afrique subsaharienne qu’ailleurs ? Pour répondre à cette question
Fabrizio Carmignani et Parvinder Kler étudient l’évolution des guerres civiles
en comparant l’Afrique subsaharienne avec le reste du monde. Il démontre qu’un
Etat voisin en guerre augmente la probabilité d’une guerre civile d’au moins
1%. L’effet de difusion dans le reste du monde est trois fois moins élevé qu’en
Afrique subsaharienne. L’article avance l’hypothèse d’un lien entre les flux de
réfugiés entrants, la séparation artificielle des groupes ethniques et la
diffusion des conflits.
Colin Robinson, « Revisiting the rise and fall of the Somali Armed
Forces, 1960–2012 », Defense & Security Analysis, 32:3, 2016,
pp.237-252.
Résumé : Une partie des études sur la guerre en Somalie aborde l’histoire
des forces armées nationales et plus spécifiquement son armée. Deux
problématiques reviennent depuis l’indépendance du pays. D’une part, la
poursuite d’une politique irrédentiste qui conduit à la chute du régime de Siad
Barre et aux divisions claniques dans le pays ; d’autre part, la renaissance de
l’armée somalienne au 21ème siècle. Cet article s’inscrit dans cette
seconde démarche et analyse la renaissance incertaine de l’armée somalienne
depuis 2008. L’aide internationale s’est concentrée sur Mogadiscio, mais les
succès pour reconstruire une véritable armée nationale sont relatifs. Les
perspectives d’avenir sont incertaines mais l’auteur souligne tout de même
quelques signes d’espoir.
Josie Knowles, "Tanzanian scepticism of a militarised East African
Federation and underlying military concerns", African Security Review, 25 : 3, 2016, pp.258-274.
Résumé : "Attitudes towards a regional military force are of paramount
importance when exploring public support for regional integration. Until now,
however, scholarly research has not considered the influence of attitudes
towards a regional military mechanism in the sub-Saharan African context. Using
Afrobarometer data, we demonstrate that military concerns are vital when
exploring Tanzanian attitudes towards the proposed political federation of the
East African Community (EAC), the East African Federation (EAF). More
specifically, opposition to military cooperation strongly influences Tanzanian
scepticism of the EAF. This finding is highly relevant given that referendums
in the participating member states must be passed to facilitate political
integration. Heightened opposition towards military cooperation raises the
possibility of the public rejecting a politically integrated EAC. This poses a
potential obstacle to the implementation of joint security policies and crucial
mechanisms to provide a more stable region at large. We account for alternative
explanations of Tanzanian opinion formation and reflect on the strength of
military-orientated concerns for investigating public support for the East
African project specifically and regional integration in sub-Saharan Africa
more widely".
Nous avons été invité par Thierry Garcin (Les Enjeux Internationaux) le 4 octobre 2016. Voici le résumé de l'emission. Vous pouvez réécouter le programme ICI.
Au lendemain des indépendances, l’institution militaire et le parti
unique constituaient souvent les deux piliers des systèmes politiques.
Dans le meilleur des cas, les deux parvenaient à surmonter peu ou prou
le facteur ethnique belligène, même si les coups d’État et tentatives de
coups d’État (la plupart fomentés par des militaires), étaient légion.
Parallèlement, et heureusement, il y a eu très peu de conflits armés
interétatiques dans les récentes décennies (Haute-Volta-Mali,
Érythrée-Éthiopie…). En revanche, depuis près de trente ans, on a
constaté la multiplication de conflits internes et de guerres civiles
(souvent très longues, comme en Sierra Leone, au Liberia, en Côte
d’Ivoire…), accentuant l’anomie (guerres urbaines, milices armées…).
Aujourd’hui, comment évaluer le rôle politique, l’expérience
militaire et la valeur de la plupart de ces armées, dont la fonction
reste souvent interne et qui composent de plus en plus les forces
d’intervention sous mandat des Nations unies ?
Nous publions ici l'interview réalisée avec Jean Guisnel (Le Point) dans le cadre du colloque sur les Nouveaux visages des armées africaines organisé par l'IRSEM.
Le Point.fr : Vous coorganisez à l'École militaire de Paris, les 5 et
6 octobre, un colloque sur les armées de l'Afrique subsaharienne.
Sont-elles actuellement à la hauteur des enjeux sécuritaires du
continent ?
Sonia Le Gouriellec : Elles font effectivement face à un défi
véritable, en raison notamment de leurs moyens limités. Globalement,
leurs budgets sont très faibles, leurs tailles sont réduites et les
populations sont peu engagées dans les forces armées. J'ai noté que
0,2 % de la population africaine est engagée dans les forces armées,
quand en France,
par exemple, ce chiffre est près de 2,5 fois plus élevé (0,48 %). De
plus, elles interviennent souvent sur des terrains très conflictuels, y
compris dans les opérations de maintien de la paix qui ressemblent
souvent à des guerres. Elles sont souvent sous-équipées,
sous-entraînées. Voici quelques mois, Jeune Afrique avait écrit sur les armées africaines « mal équipées, mal
entraînées, mal aimées et en piteux état ». Pour autant, leur plus
important défi consiste aujourd'hui à s'adapter à de nouvelles formes de
conflictualité, comme le djihadisme qui frappe toute la bande
sahélienne. Elles sont soutenues dans cet effort par des partenaires
comme l'Union européenne, la France, les États-Unis, la Chine, l'Inde et d'autres encore, comme le Brésil ou la Turquie.
Comment se fait-il que ces États faisant face à des adversaires de
puissance limitée aient besoin d'armées étrangères pour se défendre ?
Tout d'abord, notons que ces armées ne se sont pas adaptées à
l'évolution des conflits. Prenons le cas typique du Nigeria, confronté
au groupe Boko Haram. Après la guerre civile de 1967-1970 (guerre du
Biafra), les structures militaires ont été remodelées, une culture
stratégique nouvelle s'est mise en place. Elle se basait sur l'analyse
selon laquelle la menace contre le pays venait de l'environnement
régional francophone. C'est pourquoi, dans les années 1980-1990, l'armée
nigériane s'est trouvée fortement impliquée dans les opérations de paix
sur le plan régional. La conséquence, c'est qu'elle s'est
progressivement trouvée incapable de répondre à des menaces
infra-étatiques… Elle n'est pas en mesure de faire face aujourd'hui à
Boko Haram. D'autres armées uniquement centrées sur la protection des
frontières n'étaient pas prêtes à contrer des menaces de nature
terroriste lorsqu'elles se sont présentées. Dans d'autres cas encore, on
trouve davantage des gardes prétoriennes que des armées nationales. Je
pense aux États d'Afrique centrale. Elles forment un groupe de
protection autour du président sans être prêtes à affronter les menaces
contemporaines.
Ces armées construites autour du clan du chef de l'État sont légion
en Afrique. Est-il possible, voire nécessaire, qu'une telle situation
évolue, et comment ?
Premier point, ce n'est pas à nous, acteurs extérieurs, d'y
remédier. De plus, notre vision très négative est souvent assez biaisée
par notre connaissance souvent réduite aux États d'Afrique francophone.
Nous les voyons négativement en raison de leur rôle dans les coups
d'État, de leur ingérence dans le politique, de la corruption ou du
népotisme dont elles sont souvent accusées. On oublie souvent qu'elles
ont aussi joué des rôles positifs dans certaines transitions politiques,
comme en Guinée en 2008. Le général Sékouba Konaté a mis en place la
transition politique, se comportant en véritable modèle, à l'inverse de
Moussa Dadis Camara. Au Niger, le coup d'État du commandant Salou Djibo
en 2010, resté au pouvoir jusqu'en 2011, visait à restaurer les
institutions démocratiques, ce qui a été fait avec succès. En 2014, au
Burkina Faso, l'armée a tenté de mettre en place la transition
démocratique, mais une de ses factions a appuyé Blaise Compaoré. C'était
une armée à deux visages. Les rivalités entre factions sont réelles :
bérets rouges et bérets verts au Mali ou encore le régiment de sécurité
présidentielle et l'armée régulière au Burkina Faso. Il ne faut pas
réduire la complexité des situations.
Les armées africaines sont souvent imbriquées dans les jeux de pouvoir. Est-ce acceptable ?
85 % des pays africains ont été touchés par des coups
d'État. Et seuls deux pays (l'Afrique du Sud et la Namibie) n'ont pas
connu de régime militaire. L'enjeu réside, à mes yeux, dans la
professionnalisation des armées, dont les enjeux sociaux, économiques,
mais surtout politiques avec la subordination à l'autorité civile, sont
essentiels. C'est particulièrement vrai dans ces pays où des milices ou
des groupes de libération nationale sont arrivés au pouvoir par les
armes, comme en Éthiopie, en Érythrée, au Soudan du Sud, au Tchad, au
Burundi, au Rwanda, etc. On voit que les anciens rebelles mettent en
place des régimes très autoritaires, participant davantage que les
autres aux opérations de maintien de la paix. Du coup, en devenant
indispensables à la résolution des conflits sur le continent, ces
régimes forts ne soulèvent que peu de critiques de leurs partenaires
internationaux et accroissent leur emprise sur la vie politique et
économique de leur pays. C'est particulièrement vrai actuellement avec
le Tchad, l'Ouganda, le Burundi et l'Éthiopie
En Somalie, au Mali, au Soudan ou encore en Centrafrique, les troupes
africaines sont engagées dans des opérations de maintien de la paix.
Cette situation est encouragée par les partenaires extérieurs. En effet,
depuis le début des années 2000, l’africanisation de la sécurité sur le
continent africain est devenue une priorité. Elle passe par un soutien à
la construction de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité
(APSA).
Les chercheurs se sont aussi intéressés à ce phénomène. Néanmoins, la
littérature qui porte sur les problématiques de maintien de la paix en
Afrique, se penche principalement sur les pratiques internationales de
soutien à l’APSA. Les recherches s’attardent essentiellement sur
l’analyse des intérêts que les partenaires extérieurs (USA, UE, France,
Chine, etc) ont de soutenir l’APSA et les moyens qu’ils mettent
en œuvre. Or il est essentiel de se pencher également sur les raisons
qui poussent les États africains à s’engager dans des missions de paix
qui se distinguent de moins en moins de la guerre par leurs objectifs et
leur mise en œuvre.
« L’épicentre du maintien de la paix »
À l’été 2016, 22 missions de paix internationales ou régionales sont déployées en Afrique. 99 395 personnels civils et en uniforme
de l’ONU sont ainsi engagées dans des pays africains et 42,8 % de ces
Casques bleus étaient envoyés par les pays africains. L’Union africaine
mène également des opérations qui engagent près de 36 550 personnels du
continent. Ces données font bien du continent africain un « épicentre du maintien de la paix ».
Premier constat qui s’impose, les principaux contributeurs de troupes
se situent en Afrique de l’Est : Éthiopie, Ouganda, Burundi et Rwanda.
Deuxième constat, la participation des troupes africaines aux opérations de paix est en augmentation.
Un petit pays comme le Rwanda a une participation croissante depuis
2008, avec une forte implication au Soudan. En août 2016, l’Éthiopie se
trouve être le premier contributeur de l’ONU, avec 8 326 personnels
engagés, auxquels il convient d’ajouter les 4 400 personnels intégrés à
la mission de l’Union africaine en Somalie (soit plus de 12 000
personnels déployés).
Le Burkina Faso, le Sénégal et le Tchad connaissent également de
fortes hausses avec leur participation à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
En revanche, les puissances continentales comme le Nigéria ou l’Afrique
du Sud ont diminué leur contribution, souvent pour des raisons
d’instabilité interne.
Une quête d’autorité
Les opérations de paix sont un moyen de cultiver une image de
« fournisseur de sécurité » et d’être reconnu comme tel par les
puissances internationales et le système des Nations unies. En
fournissant des troupes au sein des opérations de paix les États
africains accèdent aux organes de commandement et de décision de ces
organisations et accroissent, ainsi, leur influence en leur sein.
Ainsi, lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies,
le 28 juin 2016, les États membres ont élu l’Éthiopie pour siéger au
Conseil de sécurité de l’ONU pour une période de deux ans, à partir du 1er
juin 2017. De même, le Rwanda ou encore le Tchad sont reconnus pour
leur maîtrise des rouages des systèmes onusiens ou africains grâce à
leur engagement militaire.
La participation croissance aux opérations de paix s’inscrit
également dans des contextes politiques particuliers de renforcement de
l’autoritarisme. On constate ainsi que les quatre premiers contributeurs
de troupes sont des régimes autoritaires dont les armées sont
qualifiées d’« armées post-libération ». En Éthiopie, au Rwanda et en
Ouganda, les armées sont en effet issues de mouvements de libération
nationale. Leurs structures militaires restent dominées par des vétérans
de la guerre de libération issus du Front patriotique pour le Rwanda,
du Mouvement de résistance nationale en Ouganda ou par des vétérans
tigréens en Éthiopie.
Jonathan Fisher
qualifie ces officiers issus de mouvements de libération nationale et
ayant trouvé une nouvelle fonction dans leurs armées nationales
respective, de « sécurocrates post-libération ». Ce chercheur
britannique mène des études pour comprendre comment et pourquoi les OMP
(Opérations de maintien de la paix) sont un bon moyen de les maintenir
éloignés des politiques de sécurité nationale.
Une quête de légitimité
Dans le même temps, la participation à ces missions permet à ces pays
de faire diminuer la pression de démocratisation de la part des États
occidentaux et des institutions internationales. Ces opérations offrent
aux États un moyen de recouvrer leur souveraineté et de poursuivre leur
propre agenda. Elles sont également un moyen de légitimer leur pouvoir
politique et de se rendre indispensable aux regards des acteurs
extra-africains.
Cette forte implication militaire, à travers la participation aux
opérations de maintien de la paix permet aux dirigeants d’accroître leur
emprise sur la vie politique et économique de leur pays sans craindre
de contestations de leurs partenaires internationaux. Le discours sur la
sécurité, dans un contexte de lutte contre le terrorisme, a supplanté
celui sur la démocratie des années 1990, et devient une rente économique
supplémentaire.
Au Tchad, le « métier des armes »
a acquis, au gré d’une série de conflits internes, un poids historique,
social et économique qui ne favorise pas la stabilité du pays. Son
intervention au Mali a façonné son image de puissance militaire
régionale et ses atouts tactiques en milieu sahélien, elle a contribué à
valoriser l’identité militaire du pays et à « occuper les troupes » en
dehors du territoire.
La professionnalisation des forces armées
Si la littérature s’est longtemps concentrée sur le rôle négatif joué
par les armées africaines dans les crises sécuritaires, en soulignant
les clivages, le népotisme, la corruption, son rôle politique notamment
dans les coups d’État, les répressions étatiques et les guerres civiles,
rares sont les travaux qui cherchent à comprendre la manière dont les
États organisent leurs moyens militaires pour faire la guerre. La
professionnalisation des armées est le défi principal que doivent
relever les États contributeurs de troupes dans les opérations de paix.
Le déploiement de contingents dans le cadre d’opérations de paix
permet d’acquérir un savoir-faire délivré par les partenaires extérieurs
comme les États-Unis au travers de l’Africa Contingency Operations
Training & Assistance (ACOTA). Ce programme offre des entraînements
opérationnels avant projection. Il en va de même pour les détachements
d’instruction opérationnelle (DIO) et technique (DIT) des Éléments
français au Sénégal (EFS).
Les déploiements dans les opérations de paix nécessitent également un
appui logistique et des équipements répondant aux normes onusiennes. Le
coût de ces matériels, par exemple, est pris en charge par les Nations
unies via un mécanisme de compensation qui permet ainsi aux armées de
renouveler leur matériel. Une partie de l’équipement peut aussi être
cédée par des partenaires. Ainsi, l’équipement burundais en Somalie a
été donné par les États-Unis avec charge de l’entretien aux Burundais.
Les OMP peuvent donc permettre de renouveler le parc terrestre et
acquérir ainsi des matériels neufs.
La participation aux opérations de paix participe donc de la
professionnalisation des armées et, dans certains cas, soutient la
résolution des conflits civils dans le pays contributeur de troupes.
Elle peut induire un effet d’entraînement pour la réforme du secteur de
la sécurité offert par une perspective d’engagement opérationnel
d’unité.
Acheter la paix sociale dans les armées
Tant au Rwanda qu’au Burundi des enseignements peuvent être tirés sur
la façon dont une armée « mono-ethnique » est parvenue, ou essaie, de
transformer sa base sociale. La participation aux opérations extérieures
a favorisé ces transformations internes.
Ainsi, le déploiement de contingents à l’extérieur du territoire a
permis à l’armée burundaise d’intégrer dans la nouvelle armée les
miliciens des groupes armés majoritairement Hutu et les soldats de
l’ancien régime, les ex-Forces Armées Burundaises (FAB) majoritairement
tutsi. Cette intégration a longtemps été considérée comme une réussite
de l’accord de paix d’Arusha (Tanzanie), signé en 2000, alors qu’elle
était entre 1966 et 1993 le principal centre de pouvoir. La crise électorale a mis en lumière ces divisions et l’armée burundaise est au cœur de la crise politique.
La participation aux opérations de paix permet également aux régimes
politiques d’acheter la paix sociale au sein des armées. Néanmoins, la
sociabilisation des troupes avec celles des autres contingents trouve
aussi ses limites. En effet, pour Maggie Dwyer
il existerait, depuis le début des années 1990, en Afrique de l’Ouest,
une douzaine de cas de mutineries liés à la participation de troupes
africaines à des opérations de maintien de la paix.
Ces mutineries trouvent leurs racines dans des mécontentements liés
au manque d’équipements et de formation, aux procédures régissant les
déploiements et au sentiment d’injustice dans la répartition des paies
en comparaison avec le traitement de soldats d’autres nationalités.
Elles apparaissent alors que de plus en plus d’États africains envoient
des troupes dans les opérations de l’ONU ou de l’UA.
Un nombre croissant d’armées africaines deviennent des contributeurs
significatifs aux missions de paix des Nations Unies ou d’autres
organisations. De fait, elles sont devenues des acteurs internationaux
essentiels dans la résolution des conflits. Un nouveau champ de
recherche s’ouvre pour comprendre comment les politiques publiques
nationales sont affectées par cette évolution sécuritaire. Il s’agit de
mettre à jour les processus singuliers de réappropriation ou de
contournement et comprendre comment les doctrines et les politiques de
défense s’adaptent aux conflits qu’entendent réguler les opérations de
paix. En somme, nous devons comprendre la manière dont les États
organisent leurs moyens militaires pour faire la paix et la guerre.
Nous publions une note dans le Bulletin du Centre FrancoPaix (vidéo de présentation ICI et site ICI) créé par Bruno Charbonneau en janvier 2016 au sein de la Chaire Raoul Dandurand (UQAM). La note eut être lue dans son intégralité ICI
Les principaux points sont :
Ismaël Omar Guelleh a été réélu le 8 avril 2016, dès le premier
tour, pour un quatrième mandat avec 87,07% de voix exprimées et un taux
de participation de 68,96%
L’existence de six candidats dans le jeu électoral apparaît comme
une compétitivité de façade. Ce modèle d’élections, à parti dominant et
non compétitif, est particulièrement répandu dans les pays en
développement.
Pour le régime, de nombreux défis restent à relever : préparer la
succession du président, et les élections législatives de 2018, offrir
au pays une croissance et du développement.
Le discours sur l’ordre et la stabilité du président en place, dans
une région conflictuelle, lui permet de faire diminuer la pression de
démocratisation des États occidentaux et des institutions
internationales.
Après trois ans de crise entre le régime et
l’opposition de l’Union pour le Salut National (USN) - coalition de huit partis née
après les élections législatives de 2013 - Ismaël
Omar Guelleh a été réélu le 8 avril 2016, dès le premier tour, pour un
quatrième mandat avec 87,07% de voix exprimées et un taux de participation de
68,96%. Le Président réélu peut s’appuyer sur une réelle légitimité électorale pour
entamer son nouveau quinquennat et la situation politique djiboutienne semble
se normaliser. Cependant, plusieurs facteurs tempèrent cette vision optimiste, nous y revenons dans les interviews suivantes:
- Émission Cap Océan sur RFI le dimanche 10 avril : ICI
Le régime djiboutien revendique une
certaine stabilité, une « ressource » qu'il vend aux nombreux
États hébergés sur son territoire (France, États-Unis, Union européenne, Italie,
Japon, et bientôt la Chine et l’Arabie Saoudite). Ce discours sur l’ordre et la
stabilité dans une région conflictuelle lui permet de faire diminuer la
pression démocratisation des États occidentaux et des institutions
internationales. Les élites djiboutiennes présentent leur pays comme un rempart
contre « l’anarchie à venir ». La stabilité du régime et sa force coercitive
sont particulièrement appréciés au regard des voisins dits
« faillis ». Nous revenons également sur cette analyse ci-dessous :
- Émission Appels sur l'actualité sur RFI, le jeudi 21 avril. Nous répondons à deux questions :
Quel est l'intérêt de la Chine de s'installer militairement dans cette région de l'Afrique ? et Comment l'apparition de la Chine à Djibouti est-elle perçue par la France ? Les Etats-Unis ? L'émission est à réécouter ICI
L’International Studies Association (ISA) organise chaque année une convention réunissant plus de 5000 internationalistes. L'édition 2016 se déroule du 16 au 19 mars à Atlanta (Géorgie/Etats-Unis). Un panel est organisé samedi 19 sur la Corne de l'Afrique : "Learning from the South? The Horn of Africa as a Litmus Test for IR Theories and Frameworks". Vous trouverez la présentation de ce panel ci-dessous. Nous vous invitons à consulter le programme de cette convention dont la thématique cette année est : "Exploring Peace".
Chair:
Chair : Terrence P. Lyons (George Mason University)
Discussant: Rita Abrahamsen (University of Ottawa)
Abstract :
Some argue that International Relations (IR) are about the politics
of powerful states and that, as a consequence, there is an African
exceptionalism which explains IR’s inability to accurately address
African experiences. Indeed, Africa has often been neglected by the
different theoretical approaches to IR and more generally by the
discipline. This is surprising. In contrast, this panel shows that
Africa is a productive laboratory for researchers in IR and security
studies. While recent events have shifted global attention toward the
Sahara, we invite scholars and practitioners to turn their gaze to the
Horn of Africa. This region gathers some of the most enduring
interlinked political rivalries within the International System.
Importantly, it challenges and sometimes clarifies powerful concepts
developed by the field (e.g. hegemonic stability, regional security
complex, security dilemma, failed states, small state, sovereignty,
etc). Thus, the contributors to the panel seek to show that the Horn of
Africa is pertinent not only for area specialists but also constitutes a
remarkable ground for fieldwork and theory-testing of both old and new
approaches. Overall, the panel aims to initiate a new research agenda,
which combines deductive and inductive approaches.
Papers:
The Lone State: Eritrea's Foreign Policy: Jean-Baptiste Jeangene Vilmer (Sciences Po Paris)
Abstract : Eritrea is a totalitarian
garrison state. As Hannah Arendt described it, totalitarianism is a
quasi-scientific experiment that requires a controlled environment: the
country is a laboratory. The first step is therefore to isolate the
nation, hermetically sealing it off from the outside world. Controlling
the environment allows the production of controllable subjects. Through
this process, which prevents those outside the country form entering and
those within the country from leaving, an important step to pursue a
bellicose foreign policy, waging war to justify the closure of borders
and curtailments of liberties. Based on a fieldwork and various primary
sources, the purpose of this article is twofold: on the one hand to
consolidate and update comprehension of Eritrea’s foreign policy, given
the relative scarcity of existing secondary literature; and on the other
hand, to present Eritrea’s foreign policy as a means to the
totalitarian end of closing off the country.
Djibouti as a Small State: Challenges and Limits of an Extraversion Strategy : Sonia Le Gouriellec (IRSEM Institute For Strategic research Ecole militaire
Abstract :R. Patman describes the states in
the Horn of Africa, and their building, as a "political metaphor".
This is especially true for Djibouti. This small state – indeed a microstate
even if there is no broad consensus on both definitions – survives in a region
where the numbers of states and borders has largely increased. The demarcation
of their borders is therefore a very sensitive issue. Since Djibouti’s
independence in 1977, its sovereignty has been a subject of discussion. As a
consequence, Djibouti has developed strategies to survive and exist in the
region. Based on fieldwork (several research trips), this paper aims to explore
the dimensions of this strategy and its evolution between independence and
today. How does this small state make use of the resources offered by the
international system to survive and become a regional actor? What are the
threats that jeopardize this strategy?How can Djibouti contribute to the small states studies?
The Little Big Man of Eastern Africa: Explaining the Politics of Personalities in Uganda’s Relations with the Two Sudans: Øystein Rolandsen (Peace Research Institute Oslo)
Abstract :Uganda relations with its
neighbouring countries and its role in regional co-operation has under
Museveni (1986- ) undergone a remarkable transformation. When the rebel
movement NRM/A sized power Uganda was a weak country riven by civil war,
but it soon changed into a regional bully and has now become a major
power within the eastern Africa/Horn of Africa security complex.
Friends and foes of the Government of Uganda attribute this change to
the personality of the President and his foreign policy ambitions. This
runs counter to theories emphasising structural factors when explaining
the actions of states in IR. Using Uganda and its relations with the two
Sudans as a case this paper argues that the personal power vested in
leaders within informal neo-patrimonial nettworks give heads of state
considerable room to manoeuvre when handling foreign affairs. But the
checks and balances of patron-client relationships constrains the
actions of the leader.
Security Threats and Alliance Tradeoffs in the Horn of Africa: Ethiopia Vis a Vis Somaliland and Somalia: Andualem Belaineh (PhD student at Institute for Peace & Security Studies, Addis Ababa University, Ethiopia)
Abstract : Some argue that International Relations (IR) are about the politics
of powerful states and that, as a consequence, there is an African
exceptionalism which explains IR’s inability to accurately address
African experiences. Indeed, Africa has often been neglected by the
different theoretical approaches to IR and more generally by the
discipline. This is surprising. In contrast, this panel shows that
Africa is a productive laboratory for researchers in IR and security
studies. While recent events have shifted global attention toward the
Sahara, we invite scholars and practitioners to turn their gaze to the
Horn of Africa. This region gathers some of the most enduring
interlinked political rivalries within the International System.
Importantly, it challenges and sometimes clarifies powerful concepts
developed by the field (e.g. hegemonic stability, regional security
complex, security dilemma, failed states, small state, sovereignty,
etc). Thus, the contributors to the panel seek to show that the Horn of
Africa is pertinent not only for area specialists but also constitutes a
remarkable ground for fieldwork and theory-testing of both old and new
approaches. Overall, the panel aims to initiate a new research agenda,
which combines deductive and inductive approaches.
Sonia Le Gouriellec, maîtresse de conférences à la Faculté de droit (FLD) de l'Université Catholique de Lille (labo : C3RD), vous propose de décrypter ensemble les enjeux politiques et stratégiques des évènements qui secouent le continent africain et plus particulièrement la Corne de l'Afrique.