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lundi 24 octobre 2016

«Oui, mon commandant»... version 2016

Cette interview a été publié sur le site Africa4 par Jean-Pierre Bat le 4 octobre 2016. 

L’IRSEM organise un colloque sur les nouveaux visages des armées africaines : comment les définir ?
Les armées africaines sont trop souvent perçues comme le simple produit de la période coloniale. Pourtant, elles sont également le produit de transformations historiques successives, dont la colonisation n’est qu’un élément. Il n’y a pas un modèle unique d’armée africaines pendant la période coloniale et encore aujourd’hui. Le colloque vise donc à étudier les différents visages de ces armées et leurs évolutions. Ces armées et leurs missions évoluent avec les transformations du système international. La volonté d’africaniser la sécurité sur le continent, qui a accompagné la création de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), les armées africaines se sont vues attribuées de nouvelles fonctions. Les acteurs africains étant appelés à prendre leurs responsabilités en fournissant des troupes dans le cadre des missions onusiennes se déployant sur le continent mais aussi, et surtout, en créant un système de défense collective crédible pouvant apporter une réponse rapide et, ainsi, alléger le « poids » considérable porté par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) des Nations unies. Les acteurs extracontinentaux, quant à eux, sont poussés à jouer un rôle de soutien et d’appui vis-à-vis de ces nouveaux mécanismes. Nous étudierons notamment le rôle des États-Unis, de la Chine, de l’Union Européenne, de la France, du Brésil ou encore du Portugal.
Derrière le discours « gagnant-gagnant » se cache aussi une autre réalité. Les nouvelles fonctions attribuées aux armées africaines permettent de renforcer l’autorité qu’exercent les pouvoirs politiques sur leurs subordonnés et leur puissance vis-à-vis de l’extérieur pour prévenir toute ingérence. Elle permet de bénéficier des différents mécanismes internationaux de soutien tels que le financement des organisations internationales, la donation de matériels militaires, l’accès à des formations militaires et le soutien logistique nécessaire. La participation à une OMP, par exemple, est un moyen de capter les rentes qu’offrent les différents mécanismes internationaux de soutien à l’APSA tout en augmentant leur « crédit international».
En interne aussi l’image des armées évolue. Les forces armées n’ont pas toujours eu un bon comportement vis-à-vis des populations, elles étaient d’ailleurs parfois envoyées pour les réprimer. Certaines armées restent un problème structurel qui nécessite des réformes. Le rôle de ces armées dans la lutte contre le terrorisme par exemple affecte les civils et exacerbe les conflits, comme on a pu l’observer au Nigeria. Il persiste une véritable incapacité de certains gouvernements à faire en sorte que les armées obéissent au pouvoir civil. Ces rapports que les armées africaines entretiennent avec le pouvoir politique seront au cœur de plusieurs communications abordant les cas du Burkina Faso, de la République Démocratique du Congo et du Mali. 

A l’heure de Barkhane, quel rôle jour l’Ecole militaire de Paris dans la constitution des armées africaines ?
L’École militaire regroupe un ensemble de centre de formation et de recherche. L’École de guerre est l’un de ces organismes. Il participe à la formation des officiers français et étrangers. Historiquement, ces formations d’officiers étrangers font partie de notre coopération militaire soutenue par les Affaires étrangères. Elles permettent de renforcer nos alliances. Cette politique de formation participe de notre politique d’influence dans certaines régions notamment en Afrique francophone mais elle s’intègre aussi dans notre diplomatie économique. Elle permet de créer une matrice intellectuelle commune et d’élever le niveau d’interopérabilité de troupes qui, à l’heure de Barkhane, sont amenées à opérer ensemble sur des théâtres d’opérations communs. La formation des officiers africains participe également de notre politique francophone. L’École de guerre accueille des officiers non francophones, comme des Ethiopiens, qui bénéficient d’une formation de six mois au français. De plus, cette coopération évolue puisqu’a été ouvert en 2005 au Cameroun une École supérieure internationale de guerre (ESIG). L’IRSEM contribue également à la formation d’officiers africains en accueillant cette année trois officiers élèves internationaux de l’École Spéciale Militaire de Saint Cyr qui doivent réaliser un mémoire de recherche. Pour avoir échangé avec eux, cette coopération et ces échanges sont enrichissants pour chacun d’entre nous. Ils apportent leur expérience de terrain aux chercheurs français qui, pour leur part, les soutiennent dans leur démarche de recherche, l’accès aux sources, etc. Les efforts entrepris sont donc réels mais certains observateurs trouvent qu’ils ne produisent pas encore pleinement leurs effets sur le terrain, voir ces articles par exemple. Le défi reste toujours celui de l’autonomisation de ces armées et l’appropriation des nouvelles capacités comme l’indiquait le colonel Susnjara dans le dernier numéro de la Revue Défense Nationale. Si l’appropriation des forces africaines met du temps, c’est également en vertu d’une crise de croissance. En effet, elles sont nombreuses à évoluer rapidement alors même qu’elles sont confrontées à l’ennemi. Les spécialistes des questions militaires le rappellent : la montée en puissance n’est pas une science exacte.

En marge des armées dites régulières, le fait militaire ne se joue-t-il pas aux marges, autour du phénomène milicien ?
Bien sûr le fait militaire se joue également autour du phénomène milicien. Les acteurs (semi)privés ou informels ont été particulièrement étudiés en France. Je pense notamment aux travaux de Marielle Debos sur le Tchad et le « métier des armes » ou un numéro de Politique africaine en 2012 : « Politique des corps habillés. État, pouvoir et métiers de l’ordre en Afrique ». Mais nous avons constaté que les forces de sécurité étatiques et plus particulièrement les armées restent mal connues, c’est pourquoi nous avons voulu nous concentrer sur cette question lors du colloque.
Le facteur milicien ne sera pas oublié mais étudié en relation avec les forces armées nationales. Nous étudierons les processus de Réforme du secteur de la sécurité (RSS) notamment au Burundi. Tant au Rwanda, qu’au Burundi des enseignements peuvent être tirés sur la façon dont une armée « mono-ethnique » est parvenue, ou essaie, de transformer sa base sociale. Le déploiement de contingents à l’extérieur du territoire a permis par exemple à l’armée burundaise d’intégrer dans la nouvelle armée les miliciens des groupes armés majoritairement hutu et les soldats de l’ancien régime, les ex-Forces Armées Burundaises (FAB) majoritairement tutsi. Cette intégration a longtemps été considérée comme une réussite de l’accord de paix d’Arusha signé en 2000 alors qu’elle était entre 1966 et 1993 le principal centre de pouvoir. L’armée semblait être parvenue à devenir une force apolitique. Mais la crise électorale a mis en lumière ces divisions et l’armée burundaise est au cœur de la crise politique. En Éthiopie, au Rwanda, en Érythrée et en Ouganda, les armées sont issues de mouvements de libération nationale. Les régimes en place ont reconstruit leurs États de façon très centralisée autour d’une figure ou d’un parti. Les structures militaires restent dominées par des vétérans de la guerre de libération issus du Front patriotique pour le Rwanda, du Mouvement de résistance nationale en Ouganda ou par des vétérans tigréens en Éthiopie. Jonathan Fisher qualifie ces officiers de « post-post-libération » « sécurocrates » et mène des études pour comprendre comment et pourquoi les OMP sont un bon moyen de les maintenir éloigné des politiques de sécurité nationale.

samedi 22 octobre 2016

Que peuvent en pratique les armées africaines ?

Nous avons été invité par Thierry Garcin (Les Enjeux Internationaux) le 4 octobre 2016. Voici le résumé de l'emission. Vous pouvez réécouter le programme ICI.


Au lendemain des indépendances, l’institution militaire et le parti unique constituaient souvent les deux piliers des systèmes politiques. Dans le meilleur des cas, les deux parvenaient à surmonter peu ou prou le facteur ethnique belligène, même si les coups d’État et tentatives de coups d’État (la plupart fomentés par des militaires), étaient légion. Parallèlement, et heureusement, il y a eu très peu de conflits armés interétatiques dans les récentes décennies (Haute-Volta-Mali, Érythrée-Éthiopie…). En revanche, depuis près de trente ans, on a constaté la multiplication de conflits internes et de guerres civiles (souvent très longues, comme en Sierra Leone, au Liberia, en Côte d’Ivoire…), accentuant l’anomie (guerres urbaines, milices armées…).
Aujourd’hui, comment évaluer le rôle politique, l’expérience militaire et la valeur de la plupart de ces armées, dont la fonction reste souvent interne et qui composent de plus en plus les forces d’intervention sous mandat des Nations unies ?
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jeudi 20 octobre 2016

Quel rôle pour les armées africaines ?

Nous publions ici l'interview réalisée avec Jean Guisnel (Le Point) dans le cadre du colloque sur les Nouveaux visages des armées africaines organisé par l'IRSEM. 

Le Point.fr : Vous coorganisez à l'École militaire de Paris, les 5 et 6 octobre, un colloque sur les armées de l'Afrique subsaharienne. Sont-elles actuellement à la hauteur des enjeux sécuritaires du continent ?
Sonia Le Gouriellec : Elles font effectivement face à un défi véritable, en raison notamment de leurs moyens limités. Globalement, leurs budgets sont très faibles, leurs tailles sont réduites et les populations sont peu engagées dans les forces armées. J'ai noté que 0,2 % de la population africaine est engagée dans les forces armées, quand en France, par exemple, ce chiffre est près de 2,5 fois plus élevé (0,48 %). De plus, elles interviennent souvent sur des terrains très conflictuels, y compris dans les opérations de maintien de la paix qui ressemblent souvent à des guerres. Elles sont souvent sous-équipées, sous-entraînées. Voici quelques mois, Jeune Afrique avait écrit sur les armées africaines « mal équipées, mal entraînées, mal aimées et en piteux état ». Pour autant, leur plus important défi consiste aujourd'hui à s'adapter à de nouvelles formes de conflictualité, comme le djihadisme qui frappe toute la bande sahélienne. Elles sont soutenues dans cet effort par des partenaires comme l'Union européenne, la France, les États-Unis, la Chine, l'Inde et d'autres encore, comme le Brésil ou la Turquie.

Comment se fait-il que ces États faisant face à des adversaires de puissance limitée aient besoin d'armées étrangères pour se défendre ?
Tout d'abord, notons que ces armées ne se sont pas adaptées à l'évolution des conflits. Prenons le cas typique du Nigeria, confronté au groupe Boko Haram. Après la guerre civile de 1967-1970 (guerre du Biafra), les structures militaires ont été remodelées, une culture stratégique nouvelle s'est mise en place. Elle se basait sur l'analyse selon laquelle la menace contre le pays venait de l'environnement régional francophone. C'est pourquoi, dans les années 1980-1990, l'armée nigériane s'est trouvée fortement impliquée dans les opérations de paix sur le plan régional. La conséquence, c'est qu'elle s'est progressivement trouvée incapable de répondre à des menaces infra-étatiques… Elle n'est pas en mesure de faire face aujourd'hui à Boko Haram. D'autres armées uniquement centrées sur la protection des frontières n'étaient pas prêtes à contrer des menaces de nature terroriste lorsqu'elles se sont présentées. Dans d'autres cas encore, on trouve davantage des gardes prétoriennes que des armées nationales. Je pense aux États d'Afrique centrale. Elles forment un groupe de protection autour du président sans être prêtes à affronter les menaces contemporaines.

Ces armées construites autour du clan du chef de l'État sont légion en Afrique. Est-il possible, voire nécessaire, qu'une telle situation évolue, et comment ?
Premier point, ce n'est pas à nous, acteurs extérieurs, d'y remédier. De plus, notre vision très négative est souvent assez biaisée par notre connaissance souvent réduite aux États d'Afrique francophone. Nous les voyons négativement en raison de leur rôle dans les coups d'État, de leur ingérence dans le politique, de la corruption ou du népotisme dont elles sont souvent accusées. On oublie souvent qu'elles ont aussi joué des rôles positifs dans certaines transitions politiques, comme en Guinée en 2008. Le général Sékouba Konaté a mis en place la transition politique, se comportant en véritable modèle, à l'inverse de Moussa Dadis Camara. Au Niger, le coup d'État du commandant Salou Djibo en 2010, resté au pouvoir jusqu'en 2011, visait à restaurer les institutions démocratiques, ce qui a été fait avec succès. En 2014, au Burkina Faso, l'armée a tenté de mettre en place la transition démocratique, mais une de ses factions a appuyé Blaise Compaoré. C'était une armée à deux visages. Les rivalités entre factions sont réelles : bérets rouges et bérets verts au Mali ou encore le régiment de sécurité présidentielle et l'armée régulière au Burkina Faso. Il ne faut pas réduire la complexité des situations.

Les armées africaines sont souvent imbriquées dans les jeux de pouvoir. Est-ce acceptable ?
85 % des pays africains ont été touchés par des coups d'État. Et seuls deux pays (l'Afrique du Sud et la Namibie) n'ont pas connu de régime militaire. L'enjeu réside, à mes yeux, dans la professionnalisation des armées, dont les enjeux sociaux, économiques, mais surtout politiques avec la subordination à l'autorité civile, sont essentiels. C'est particulièrement vrai dans ces pays où des milices ou des groupes de libération nationale sont arrivés au pouvoir par les armes, comme en Éthiopie, en Érythrée, au Soudan du Sud, au Tchad, au Burundi, au Rwanda, etc. On voit que les anciens rebelles mettent en place des régimes très autoritaires, participant davantage que les autres aux opérations de maintien de la paix. Du coup, en devenant indispensables à la résolution des conflits sur le continent, ces régimes forts ne soulèvent que peu de critiques de leurs partenaires internationaux et accroissent leur emprise sur la vie politique et économique de leur pays. C'est particulièrement vrai actuellement avec le Tchad, l'Ouganda, le Burundi et l'Éthiopie

mardi 18 octobre 2016

Des armées africaines de plus en plus engagées sur le continent

En Somalie, au Mali, au Soudan ou encore en Centrafrique, les troupes africaines sont engagées dans des opérations de maintien de la paix. Cette situation est encouragée par les partenaires extérieurs. En effet, depuis le début des années 2000, l’africanisation de la sécurité sur le continent africain est devenue une priorité. Elle passe par un soutien à la construction de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (APSA).
Les chercheurs se sont aussi intéressés à ce phénomène. Néanmoins, la littérature qui porte sur les problématiques de maintien de la paix en Afrique, se penche principalement sur les pratiques internationales de soutien à l’APSA. Les recherches s’attardent essentiellement sur l’analyse des intérêts que les partenaires extérieurs (USA, UE, France, Chine, etc) ont de soutenir l’APSA et les moyens qu’ils mettent en œuvre. Or il est essentiel de se pencher également sur les raisons qui poussent les États africains à s’engager dans des missions de paix qui se distinguent de moins en moins de la guerre par leurs objectifs et leur mise en œuvre.

« L’épicentre du maintien de la paix »
À l’été 2016, 22 missions de paix internationales ou régionales sont déployées en Afrique. 99 395 personnels civils et en uniforme de l’ONU sont ainsi engagées dans des pays africains et 42,8 % de ces Casques bleus étaient envoyés par les pays africains. L’Union africaine mène également des opérations qui engagent près de 36 550 personnels du continent. Ces données font bien du continent africain un « épicentre du maintien de la paix ».
Premier constat qui s’impose, les principaux contributeurs de troupes se situent en Afrique de l’Est : Éthiopie, Ouganda, Burundi et Rwanda.
Participation des troupes africaines aux missions de l’ONU et de l’UA. DR, Author provided
Deuxième constat, la participation des troupes africaines aux opérations de paix est en augmentation. Un petit pays comme le Rwanda a une participation croissante depuis 2008, avec une forte implication au Soudan. En août 2016, l’Éthiopie se trouve être le premier contributeur de l’ONU, avec 8 326 personnels engagés, auxquels il convient d’ajouter les 4 400 personnels intégrés à la mission de l’Union africaine en Somalie (soit plus de 12 000 personnels déployés).
Le Burkina Faso, le Sénégal et le Tchad connaissent également de fortes hausses avec leur participation à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). En revanche, les puissances continentales comme le Nigéria ou l’Afrique du Sud ont diminué leur contribution, souvent pour des raisons d’instabilité interne.

Une quête d’autorité

Les opérations de paix sont un moyen de cultiver une image de « fournisseur de sécurité » et d’être reconnu comme tel par les puissances internationales et le système des Nations unies. En fournissant des troupes au sein des opérations de paix les États africains accèdent aux organes de commandement et de décision de ces organisations et accroissent, ainsi, leur influence en leur sein.
Ainsi, lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies, le 28 juin 2016, les États membres ont élu l’Éthiopie pour siéger au Conseil de sécurité de l’ONU pour une période de deux ans, à partir du 1er juin 2017. De même, le Rwanda ou encore le Tchad sont reconnus pour leur maîtrise des rouages des systèmes onusiens ou africains grâce à leur engagement militaire.
La participation croissance aux opérations de paix s’inscrit également dans des contextes politiques particuliers de renforcement de l’autoritarisme. On constate ainsi que les quatre premiers contributeurs de troupes sont des régimes autoritaires dont les armées sont qualifiées d’« armées post-libération ». En Éthiopie, au Rwanda et en Ouganda, les armées sont en effet issues de mouvements de libération nationale. Leurs structures militaires restent dominées par des vétérans de la guerre de libération issus du Front patriotique pour le Rwanda, du Mouvement de résistance nationale en Ouganda ou par des vétérans tigréens en Éthiopie.
Jonathan Fisher qualifie ces officiers issus de mouvements de libération nationale et ayant trouvé une nouvelle fonction dans leurs armées nationales respective, de « sécurocrates post-libération ». Ce chercheur britannique mène des études pour comprendre comment et pourquoi les OMP (Opérations de maintien de la paix) sont un bon moyen de les maintenir éloignés des politiques de sécurité nationale.

Une quête de légitimité

Dans le même temps, la participation à ces missions permet à ces pays de faire diminuer la pression de démocratisation de la part des États occidentaux et des institutions internationales. Ces opérations offrent aux États un moyen de recouvrer leur souveraineté et de poursuivre leur propre agenda. Elles sont également un moyen de légitimer leur pouvoir politique et de se rendre indispensable aux regards des acteurs extra-africains.
Atelier de formation pour les troupes de l’Amisom, la force déployée en Somalie. Amisom/Flickr
Cette forte implication militaire, à travers la participation aux opérations de maintien de la paix permet aux dirigeants d’accroître leur emprise sur la vie politique et économique de leur pays sans craindre de contestations de leurs partenaires internationaux. Le discours sur la sécurité, dans un contexte de lutte contre le terrorisme, a supplanté celui sur la démocratie des années 1990, et devient une rente économique supplémentaire.
Au Tchad, le « métier des armes » a acquis, au gré d’une série de conflits internes, un poids historique, social et économique qui ne favorise pas la stabilité du pays. Son intervention au Mali a façonné son image de puissance militaire régionale et ses atouts tactiques en milieu sahélien, elle a contribué à valoriser l’identité militaire du pays et à « occuper les troupes » en dehors du territoire.

La professionnalisation des forces armées

Si la littérature s’est longtemps concentrée sur le rôle négatif joué par les armées africaines dans les crises sécuritaires, en soulignant les clivages, le népotisme, la corruption, son rôle politique notamment dans les coups d’État, les répressions étatiques et les guerres civiles, rares sont les travaux qui cherchent à comprendre la manière dont les États organisent leurs moyens militaires pour faire la guerre. La professionnalisation des armées est le défi principal que doivent relever les États contributeurs de troupes dans les opérations de paix.
Le déploiement de contingents dans le cadre d’opérations de paix permet d’acquérir un savoir-faire délivré par les partenaires extérieurs comme les États-Unis au travers de l’Africa Contingency Operations Training & Assistance (ACOTA). Ce programme offre des entraînements opérationnels avant projection. Il en va de même pour les détachements d’instruction opérationnelle (DIO) et technique (DIT) des Éléments français au Sénégal (EFS).
Les déploiements dans les opérations de paix nécessitent également un appui logistique et des équipements répondant aux normes onusiennes. Le coût de ces matériels, par exemple, est pris en charge par les Nations unies via un mécanisme de compensation qui permet ainsi aux armées de renouveler leur matériel. Une partie de l’équipement peut aussi être cédée par des partenaires. Ainsi, l’équipement burundais en Somalie a été donné par les États-Unis avec charge de l’entretien aux Burundais. Les OMP peuvent donc permettre de renouveler le parc terrestre et acquérir ainsi des matériels neufs.
La participation aux opérations de paix participe donc de la professionnalisation des armées et, dans certains cas, soutient la résolution des conflits civils dans le pays contributeur de troupes. Elle peut induire un effet d’entraînement pour la réforme du secteur de la sécurité offert par une perspective d’engagement opérationnel d’unité.

Acheter la paix sociale dans les armées

Tant au Rwanda qu’au Burundi des enseignements peuvent être tirés sur la façon dont une armée « mono-ethnique » est parvenue, ou essaie, de transformer sa base sociale. La participation aux opérations extérieures a favorisé ces transformations internes.
un soldat de la force multinationale à Kismayo (Somalie) en 2012. Amisom/Flickr
Ainsi, le déploiement de contingents à l’extérieur du territoire a permis à l’armée burundaise d’intégrer dans la nouvelle armée les miliciens des groupes armés majoritairement Hutu et les soldats de l’ancien régime, les ex-Forces Armées Burundaises (FAB) majoritairement tutsi. Cette intégration a longtemps été considérée comme une réussite de l’accord de paix d’Arusha (Tanzanie), signé en 2000, alors qu’elle était entre 1966 et 1993 le principal centre de pouvoir. La crise électorale a mis en lumière ces divisions et l’armée burundaise est au cœur de la crise politique.
La participation aux opérations de paix permet également aux régimes politiques d’acheter la paix sociale au sein des armées. Néanmoins, la sociabilisation des troupes avec celles des autres contingents trouve aussi ses limites. En effet, pour Maggie Dwyer il existerait, depuis le début des années 1990, en Afrique de l’Ouest, une douzaine de cas de mutineries liés à la participation de troupes africaines à des opérations de maintien de la paix.
Ces mutineries trouvent leurs racines dans des mécontentements liés au manque d’équipements et de formation, aux procédures régissant les déploiements et au sentiment d’injustice dans la répartition des paies en comparaison avec le traitement de soldats d’autres nationalités. Elles apparaissent alors que de plus en plus d’États africains envoient des troupes dans les opérations de l’ONU ou de l’UA.
Un nombre croissant d’armées africaines deviennent des contributeurs significatifs aux missions de paix des Nations Unies ou d’autres organisations. De fait, elles sont devenues des acteurs internationaux essentiels dans la résolution des conflits. Un nouveau champ de recherche s’ouvre pour comprendre comment les politiques publiques nationales sont affectées par cette évolution sécuritaire. Il s’agit de mettre à jour les processus singuliers de réappropriation ou de contournement et comprendre comment les doctrines et les politiques de défense s’adaptent aux conflits qu’entendent réguler les opérations de paix. En somme, nous devons comprendre la manière dont les États organisent leurs moyens militaires pour faire la paix et la guerre.

Cette article a été publié sur le site The Conversation et LeMonde

vendredi 22 mai 2015

L’armée dans tous ses états. Armées, États, économies et sociétés en Afrique

La revue Afrique contemporaine publie un appel à communication sur les armées en Afrique. Vous trouverez ci-dessous l'annonce :
"L’objet de ce dossier est d’analyser les liens entre armées, États, économies et sociétés en Afrique aujourd’hui. Sur ces différents points, les armées jouent fréquemment un rôle de premier plan dans le parcours historique des pays africains depuis leur indépendance et dans la construction des États. La question alors posée est de savoir pourquoi et comment elles ont acquis une place aussi déterminante. Tel est l’objectif de ce dossier de la revue Afrique contemporaine.
Instruments du pouvoir, centre de/du pouvoir, mais aussi et souvent acteurs économiques et sociaux, les armées en Afrique sont des objets d’analyse incontournables pour comprendre la réalité africaine contemporaine. Il importe évidemment de prendre en compte la très grande hétérogénéité des armées selon les pays.
Dans de nombreux pays, la centralité de l’armée est incontestablement un legs de la période coloniale, elle-même fortement différenciée selon les « modèles » de colonisation, en ce qui concerne la continuité des acteurs, des structures administratives et institutionnelles, des registres d’action, des méthodes de gestion, mais, plus d’un demi-siècle après les indépendances, leur rôle et leur place dans les États, les sociétés et les économies ont évolué. 
 
 

Les armées en Afrique au cœur du politique

Dans le champ du politique et dans bien des pays africains, les forces armées sont souvent présentes sur le devant de la scène : soit pour s’emparer du pouvoir par les armes, et ce aux dépens des urnes (coups d’État, régimes militaires) ; soit pour apporter une réponse à des blocages politiques (Guinée, Mauritanie, Niger, Guinée Bissau) ou à des crises post-électorales ; soit pour jouer un rôle dans la neutralisation des affrontements entre des mouvements populaires et citoyens et les pouvoirs autoritaires en place (cas de la Tunisie ou de l’Égypte lors des « printemps arabes »). Et ce sans compter des régimes militaires ou des régimes politiques dominés, officiellement ou non, par des militaires, d’anciens militaires, des gardes présidentielles.
Il importe donc de contextualiser les différentes places des armées dans les pays africains. Certaines sont « faillies », « fragiles » ou « fragilisées », alors que d’autres dominent les champs social, politique et économique. En outre, elles sont de plus en plus concurrencées dans leurs fonctions régaliennes de détention du monopole de l’usage de la violence par des groupes armés de tous types (milices et groupes d’auto-défense villageoise, mouvements djihadistes, gangs, etc).
Dans les situations post-conflit, la réintégration des « rebelles » dans les forces armées et la construction d’une armée nationale (cas de la Côte d’Ivoire, du Mali) sont des enjeux centraux pour la construction de la stabilité des pays concernés. De plus, les armées nationales ont souvent des moyens limités, si bien que des forces étrangères, africaines ou non, régionales ou multilatérales, sont engagées pour pallier ces défaillances. Les conflits armés ont aujourd’hui changé de nature. Les guerres entre États, opposant des armées nationales, sont très rares et les affrontements armés relèvent actuellement d’enchevêtrement d’acteurs, si bien que les armées tendent à n’être que l’un d’entre eux.

Les armées : nouveaux acteurs économiques?

Beaucoup moins appréhendés par les sciences humaines et sociales, le rôle économique des armées ainsi que leur place souvent importante dans les économies de certains pays, en Afrique mais pas seulement, mérite de faire l’objet d’études scientifiques. Sur le continent africain en effet, les armées sont impliquées dans l’économie de rente ou de prédation, voire dans des activités illégales ou criminelles (la Guinée Bissau et le trafic de la cocaïne originaire d’Amérique Andine, etc.). De telles trajectoires résultent, dans certains cas, du fait que les forces armées sont soumises à de fortes contraintes budgétaires qui impactent notamment le paiement des salaires (RDC, RCA, etc.).
Mais, toujours dans le champ de l’économie, les armées sont aussi un régulateur d’activité et donc indirectement de l’emploi par le biais des entreprises qu’elles contrôlent. Cette implication dans l’économie peut aller jusqu’à la création de complexes militaro-industriels (il en est ainsi des oligarchies pétrolières en Angola ou en Algérie).

Les armées : catalyseur social?

Les armées jouent enfin un rôle social non négligeable comme lieu de formation, de socialisation et d’intégration des jeunes, de brassage de populations d’origines diverses, d’accès des femmes à des postes de responsabilité, voire de constitution d’une citoyenneté. Plusieurs pays ont par ailleurs institué des services civiques ou militaires à des fins de développement (Madagascar, etc.). Il en est plus ou moins de même par leur implication dans des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants en fin de conflit, comme au Liberia, en Sierra Leone, en RDC ou en Côte d’Ivoire.
Souvent, seules institutions publiques structurées dans les pays au lendemain des indépendances, les armées ont développé des services publics. Elles ont souvent leurs propres dispositifs de protection sociale, conduisent des politiques familiales, gèrent des complexes hospitaliers (Égypte), font de la recherche. Plus largement, l’armée participe à la construction de représentations autour de la masculinité, de l’organisation familiale, de la division du travail et de la répartition des rôles sociaux, mais donne chair au monopole légitime de la violence (cf. les missions régaliennes de l’Etat selon Max Weber) versus la constitution de groupes d’autodéfense et la liberté (de jure ou de facto) de port d’armes.

Argumentaire

Diverses disciplines relevant des sciences humaines ont abordé, chacune avec leur approche et leur méthodologie, la question des armées en Afrique. Mais, elles l’ont généralement fait par le biais de chemins de traverse¬. Les relations internationales et la science politique, tout comme les War & Peace Studies anglo-saxonnes, privilégient traditionnellement dans l’étude des affaires militaires une approche que l’on pourrait qualifier de schizophrène. Dans le même ordre d’idée, le caractère belliqueux et violent des armées ou leur rôle dans les renversements de régimes politiques et les coups d’État sont mis en exergue. Inversement, telles un Janus bifrons, les armées peuvent être des acteurs clés de stabilisation, voire de « pacification » pour reprendre une nomenclature coloniale, du fait de leur implication dans les processus de construction de la paix (programmes de DDR mentionnés ci-dessus). Cette schizophrénie abolit la distinction entre temps de guerre et temps de paix et révèle de nouveau que les armées sont des acteurs incontournables de l’évolution politique des Etats.
L’abondante littérature sur les Réformes du Secteur de la Sécurité (RSS) et de la Défense ne s’est pas ou peu penchée sur ce qu’était véritablement l’armée dans les pays africains. Elle s’est davantage focalisée sur les échecs et les succès de cet outil, sous l’angle des composantes sécuritaires de l’aide au développement, sur les dysfonctionnements des forces armées et les moyens à mettre en œuvre pour les réformer. Ces RSS ont légitimé ainsi la communauté internationale pour intervenir dans un domaine qui relève de la souveraineté des États, ce qui, d’une certaine façon, renvoie aux programmes d’ajustement structurel, fort intrusifs, des années 1980 – 1990. Les approches « Sécurité et Développement » sont quant à elles devenues dans les années 1990 – 2000, tout comme la RSS, le parangon dans les pays du Sud d’une problématisation qui fait un large appel à la thématique de l’insécurité, et ce tant par la communauté internationale que par les agences de développement, qu’elles soient bi ou multilatérales. 
Sans nier l’apport de ces approches à la compréhension du fait militaire en Afrique et à la connaissance des armées, le grand absent est, paradoxalement, l’armée en tant que telle et ceux qui la composent, donc les militaires. 
Dans une optique pluridisciplinaire, à un carrefour entre sciences politiques, économie politique, sociologie, histoire sociale et anthropologie, ce dossier a pour ambition de repenser les armées en Afrique, leurs élites militaires tout comme les hommes de troupe. 
Ce numéro de la revue Afrique contemporaine sera donc centré sur le rôle social, politique et économique des armées en Afrique. Il visera à inscrire dans leurs parcours historiques et leurs contextes la place, dans différents domaines, des forces armées des pays africains et à analyser leur rôle spécifique dans l’histoire et les évolutions de ces pays . Il abordera également la différenciation au sein des armées et les possibles rivalités internes qui en découleraient : entre régiments, armes et corps, entre garde présidentielle et armée de terre, entre troupes d’élite (comme les régiments de parachutistes et l’infanterie). Et ce sans oublier la forte spécificité de la gendarmerie en Afrique. Il visera également à comprendre la place qu’occupent les forces armées nationales à côté des armées régionales ou multilatérales et des forces armées privées (mercenariats, sociétés privées de sécurité et de défense, milices, services de renseignement, etc.).
 Il accordera une attention particulière aux études de terrain (enquêtes, observations participantes, entretiens), mais également aux analyses comparatives et aux archives. Le travail quotidien, les relations de ces acteurs avec leur institution ou d’autres organismes de l’État, ainsi qu’avec les pouvoirs politiques et économiques, seront traités par les articles de ce dossier. Les trajectoires socioprofessionnelles pourront être mises en perspective afin de répondre aux questions : Que fait l’armée ? Qui sont ces hommes et ces femmes qui la composent ? Pourquoi ont-ils choisi d’embrasser les carrières militaires ou policières ? En quoi ont-ils le monopole de la violence légitime ? Comment se situent les gardes prétoriennes ou systèmes de sécurité présidentielle, proches des pouvoirs politiques, par rapport aux armées ? De quelle logistique disposent les forces armées en Afrique ? Quelle sont les sources de financements, les rémunérations et les équipements ? Comment les autorités nationales exercent-elles des arbitrages entre des dépenses militaires assurant la sécurité et les autres dépenses du budget de l’Etat, notamment sociales ?
L’objectif final étant de replacer ces réflexions dans le temps long de ce qu’est aujourd’hui l’armée en Afrique, mais également, par rapport aux ruptures liées à la nature des nouveaux conflits qui dominent en Afrique depuis la fin de la guerre froide (guerres asymétriques, emboîtements d’échelles, diversité des acteurs, etc.).
L’approche comparative s’attachera, ainsi de manière complémentaire, à décrypter les évolutions des armées, de leur organisation et de leur positionnement à la lumière des transformations de la conflictualité et l’émergence exponentielle de nouveaux acteurs, privés et publics, de la sécurité, qu’ils soient nationaux, régionaux ou internationaux et des rapports de pouvoir qui en découlent.
Il importera également d’expliquer pourquoi les armées ne sont plus exclusivement, ni souvent prioritairement, des institutions purement militaires et pourquoi elles investissent les champs social, politique et économique plus que ceux du sécuritaire et de la défense.

Conditions de soumission

Faire acte de candidature en envoyant une courte note d’une page (problématique du texte, exposé du déroulé de l’argumentaire, exposé des données, des sources et terrains mobilisés). 
Les articles devront avoir un format de 35 000 signes espaces compris (notes de bas de page et bibliographie comprises) dans leur version destinée à la publication, ainsi qu’un court résumé de 800 signes (espaces compris), des mots clés et la biographie de l’auteur (150 signes). Les auteurs pourront intégrer à leur article des iconographies (cartes, graphiques, photos, dessins, etc.)
Ils suivront la procédure d’évaluation scientifique auprès de deux référés anonymes et du comité de lecture d’Afrique contemporaine. La soumission des appels à propositions et des articles se fait sur la plateforme Editorial Manager à l’adresse suivante : http://www.editorialmanager.com/afriquecontemporaine/
Vous pouvez nous contacter pour toutes précisions aux adresses suivantes : ncnicolascourtin@gmail.com et fortuiti@afd.fr

Calendrier

Envoi de la proposition d’article : le 1er juillet 2015.
Réponse de la rédaction d’Afrique contemporaine aux auteurs : le 10 juillet 2015 au plus tard.
Envoi d’une première version des articles présélectionnés : le 1er septembre 2015.
Publication du numéro : mars 2016.

BIBLIOGRAPHIE 

Ouvrages:

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  • Bazenguira-Gonga, Makki S, (eds), Sociétés en guerre. Ethnographie des mobilisations violentes, Editions Maison des sciences de l’homme, Paris, 2013.
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  • Daguzan J-F, « Armées et société dans le monde arabe :entre révoltes et conservatisme », Note N005/13 Fondation pour la recherche stratégique, pp1-14, Fev 2013.
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  • Zartmann, W., Elites on the Middle East, 1966.

Dossier de revues :

  • « L’Etat militaire à l’épreuve des transitions », Revue internationale de politique comparée, vol 15, pp. 151-162, 2008.
  • « Military Marxist Regimes in Africa », Journal of Communist Studies, Volume 1, Issue 3-4, 1985.
  • « Militaires et pouvoirs au Moyen-Orient », Vingtième Siècle, Presse de Sciences Po, n° 124, 2014/4, 256 pages.
  • « Amérique latine : l’état militaire à l’épreuve des transitions », Revue internationale de politique comparée, vol. 15, n° 1, 2008, p. 153.