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jeudi 24 mai 2012

Soudan du Sud : un nouvel Etat en Afrique

L'excellente émission "Le dessous des cartes" consacrait fin avril/début mai deux soirées au Soudan du Sud.



Résumé :
"La République du Soudan du Sud est officiellement indépendante depuis le 9 juillet 2011, devenant ainsi le 193e État membre de l’Onu. Afin de mieux comprendre le processus qui a conduit à la partition du Soudan, et donc à la création d’un nouveau pays africain, le Dessous des Cartes nous plonge dans l’histoire complexe de cette région et des territoires que l’on appelle aujourd’hui Soudan et Soudan du Sud. (...)
Après un premier volet consacré à l’histoire des territoires qui forment aujourd’hui le Soudan du Sud, le Dessous des Cartes tente de comprendre les défis auxquels sera confronté ce nouvel État africain. Doté de ressources stratégiques, le pays doit cependant faire face à une situation économique et sociale complexe, qui soulève des interrogations quant à son avenir."

Retrouvez les cartes et les commentaires de la première émission ICI 



Retrouvez les cartes et commentaires de la deuxième émission ICI
 

dimanche 10 avril 2011

Le partage des eaux du Nil ou comment profiter de la crise égyptienne


La semaine dernière l'Éthiopie appelait ses citoyens à financer, par l'achat de bons de trésor ou l'octroi de dons, le Grand barrage du Millénaire qui sera construit sur la rivière Abay dans l'Etat régional de Benishangul-Gumuz (Nord-ouest) et permettra de retenir une quantité de 62 milliards de mètres cubes d'eau. Le Premier minstre éthiopien s'est voulu rassurant : "L'Egypte doit reconnaitre que la construction de ce barrage ne portera pas atteinte à son quota des eaux du Nil, mais lui sera par contre bénéfique. Aucun préjudice aux intérêts de l'Egypte ne se produira de la construction de ce barrage".



Les pays en amont du Nil n'ont pas tardé à tirer parti de la crise politique que traverse l'Égypte, florilèges :
- le 15 février l'Éthiopie octroie un contrat pour la construction de 3 barrages sur le Nil Bleu à l'Italien Salini Construttori;
- le 28 février le Burundi rejoint l'accord cadre de coopération sur le Nil. L'accord devrait ainsi pouvoir être ratifié et entré en vigueur;
-l'Ouganda devrait lancer des appels d'offres pour la construction du barrage Karuma sur le Nil Blanc;

mardi 7 décembre 2010

Nil : quelles conséquences de l'indépendance du Sud Soudan ?



Le Nord et le Sud Soudan doivent négocier les termes de l’indépendance du Sud dans de nombreux domaines et les discussions sont lentes voir non entamées parfois. La question de la gestion et du partage des eaux du Nil en fait partie. Il faut garder en tête que le Soudan est le pays du Nil. Le Nil blanc venu du Burundi et du Rwanda rencontre le Nil Bleu venu des hauts plateaux éthiopiens à Khartoum. L’utilisation et le partage des eaux du Nil représentent un facteur d’instabilité majeur dans la région.


Pourtant cette question est loin d’être une priorité dans une région où la guerre menace. La question des conséquences de l’indépendance du Sud Soudan sur le partage des eaux du Nil est donc une question largement hypothétique et semble t-il pas d’actualité dans les négociations sur place.  Si cette question n’est pas prioritaire pour le Sud Soudan elle l’est pour d’autres acteurs du jeu politique régional comme l’Egypte.
Le traité actuel de gestion des eaux du Nil est celui conclu en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne coloniale , puis revu en 1959 . Il accorde aux Egyptiens un quota de 55,5 milliards de m3 et de 18,5 mds aux Soudanais, soit au total 87% du débit du fleuve.

Les quote parts de l’Egypte et du Soudan sont fondées sur l’hypothèse d’une utilisation nulle des eaux du Nil par les riverains en amont. Cependant cette hypothèse n’est plus d’actualité aujourd’hui. Par ailleurs, toute augmentation du débit naturel du Nil sera partagée à part égales entre les 2 pays et non pas au prorata de leurs quote-parts. Le même principe d’égalité sera appliqué aux eaux traditionnelles résultant des travaux dans la région du Sudd (à négocier aujourd’hui). Or la séparation du Sud Soudan bouleverse le bassin du Nil et pose la question de la prise en compte des besoins de ce nouvel Etat en eau. La quote part du Soudan sera t–elle divisée entre le Nord et le Sud, le Sud aura-t-il le même statut que les pays en amont (donc hypothèse d’une utilisation nulle). La renégociation du traité de 1959 est une nouvelle fois posée.
IL faut être réaliste l'accord de paix de 2005 prévoyait une démarcation de la frontière entre le Nord et le Sud, or 5 ans plus tard la démarcation n'est toujours pas effectuée. De même un accord préliminaire sur le partage des eaux du Nil vient juste d’avoir lieu (fin novembre). Lors des négociations le Sud Soudan a réclamé la moitié de la quote part du Soudan (9 milliards de m3 d'après l'accord de 1959) : irréaliste ! Il y a eu beaucoup d’accord abandonnés au Soudan ça ne serait pas le 1er...




Accord de 1929 (milliard de m3)
Accord de 1959 (milliard de m3)
Egypte
48
55,5
Soudan
4
18,5
Non alloué
32
0
Stockage
0
10
Total
84
84

vendredi 22 octobre 2010

Egypte/Ethiopie : soyez proche de vos ennemis

Les investissement égyptiens en Ethiopie auraient atteint en 2010 le milliard et devraient doubler en 2011. Du moins, Mohamed Nasreddin Allam (photo), le ministre égyptien des ressources en eau et de l'irrigation l'espère ... A Port Said il a souligné les efforts de l'Egypte afin de renforcer la coopération avec les pays du Bassin du Nil.

Rappelons qu'avec une population de 80 millions d'habitants -la plus importante du monde arabe- en forte croissance, les besoins en eau de l'Egypte dépasseront en 2017 ses ressources hydrauliques, selon des statistiques officielles. L’Egypte est donc confrontée à un stress hydrique, démographique et social.

Elle refuse toute remise en cause du traité de partage des eaux datant de 1959 dont elle est le principal bénéficiaire avec le Soudan (voir précédents billets ICI)

jeudi 29 juillet 2010

Unité soudanaise et intérêts égyptiens



A méditer … sur vos plages : cette citation rappelant l’aspiration de Égypte à maintenir le Soudan sous sa dépendance en évitant que Khartoum ne devienne ni trop fort ni trop faible (démembrement).
« Si le Soudan fait naturellement et géographiquement partie intégrante de l’Egypte, l’Egypte n’en est pas moins essentielle pour le développement du Soudan. De quelle utilité seraient le sol riche et les racines qui en jaillissent si le tronc était coupé ? » (W.Churchill, 1956)

dimanche 16 mai 2010

Partage des eaux du Nil : l'Egypte refuse toute négociation

L’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont le 14 mai à Entebbe (Ouganda) un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, malgré le boycott de l’Egypte et du Soudan, et en l’absence du Burundi et de la République démocratique du Congo (RDC), pays du Bassin du fleuve. Dans une déclaration, le Kenya a affirmé son soutien au nouveau texte, sans le signer pour le moment.

L’Egypte et le Soudan, qui estiment avoir des « droits historiques » sur le Nil, et qui sont les principaux bénéficiaires du dernier traité de partage des eaux datant de 1959, n’étaient pas présents à la cérémonie. Les deux pays avaient clairement exprimé depuis plusieurs mois leur hostilité à ce projet de nouvel accord cadre. « Les accords sur le partage des eaux du Nil sont sacrés et ne peuvent être remis en question car ils relèvent du principe de l’intangibilité des frontières », a déclaré Hossam Zaki. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangère a estimé que l’accord signé entre quatre pays aux sources du Nil à Entebbe n’était pas contraignant pour l‘Egypte. La presse cairote de ce samedi révèle que les autorités égyptiennes ont commencé une campagne auprès des bailleurs de fonds internationaux pour empêcher la réalisation de tout projet pouvant réduire son quota. Avec 55 milliards et demi de mètres cube par an, l’Egypte dispose de plus de la moitié du débit du Nil.
Le traité actuel a été conclu en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne coloniale, puis revu en 1959. Il accorde aux Egyptiens un quota de 55,5 milliards de m3 et de 18,5 mds aux Soudanais, soit au total 87% du débit du fleuve calculé à la hauteur d'Assouan, en Haute-Egypte. Le Caire dispose en outre d'un droit de veto sur les travaux en amont susceptibles d'affecter le débit du fleuve, comme des barrages, des stations de pompage ou des installations industrielles pour l'irrigation. Or 85% du Nil provient du territoire éthiopien. Addis-Abeba souhaiterait imposer sa vision de l’aménagement du Nil en empêchant Le Caire de réaliser ses grands projets hydriques et en le forçant à s’asseoir à la table des négociations.
Avec une population de 80 millions d'habitants -la plus importante du monde arabe- en forte croissance, les besoins en eau de l'Egypte dépasseront en 2017 ses ressources hydrauliques, selon des statistiques officielles. L’Egypte est donc confrontée à un stress hydrique, démographique et social. Le pays doit se tourner vers le Nil et réaliser des projets très couteux, qui ne seront pas sans incidence sur les autres nations en amont. Ainsi, le barrage d’Assouan (1971), entre l’Egypte et le Soudan suscite quelques tensions.
Pour Hani Raslan, du Centre al-Ahram d'études stratégiques du Caire, "la seule solution réside dans la coopération" autour notamment de 22 projets en matière d'énergie, d'irrigation ou d'économies d'eau examinés dans le cadre de l'Initiative du Bassin du Nil (IBN), qui regroupe tous les pays concernés. En coulisses, les diplomates égyptiens font observer que les pays africains de l'amont ont peu de chances de trouver les financements internationaux nécessaires pour de grands travaux sur le fleuve s'il n'y a pas consensus entre les pays du bassin. Le ministre égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Mohammed Allam, a quant à lui affirmé devant le Parlement que l'Egypte "se réserve le droit de prendre toutes les mesures pour défendre ses droits".
"Les Égyptiens se comportent avec les Africains comme ils reprochent aux Israéliens de le faire avec les Palestiniens: ils disent vouloir négocier, mais sans rien céder sur les questions épineuses", ironise un diplomate occidental au Caire.

Rappelons quelques éléments géopolitiques.
Avec ses 6671 km, le Nil est le plus long fleuve du monde. Il prend sa source dans la région des Grands Lacs. Son bassin couvre une superficie équivalente à six fois la France (3 030 700 km ²) et ses affluents s’étendent sur dix pays. L’irrigation et la production hydro-électrique constituent les principaux enjeux de ce fleuve.
Plus d’informations sur l’aspect juridique du partage des eaux : ICI

vendredi 14 mai 2010

Perspectives régionales d'une indépendance du Sud Soudan


Au début des années 90 aucun chercheur n'avait travaillé sur les conséquences des bouleversements qui touchaient la Corne de l'Afrique (chute de Siaad Barre en Somalie, chute Menguistu en Éthiopie, naissance d'un nouvel État : l'Érythrée, guerre civile à Djibouti). Peu de recherche aujourd'hui traite des conséquences régionales de la naissance d'un nouvel Ethan en Afrique. L'ICG nous propose un rapport sur le Sud Soudan: Regional Perspectives on the Prospect of Southern Independence.



Résumé :
South Sudan is just eight months away from a self-determination referendum that will likely result in its secession from the North. Much remains to be done to implement the outstanding elements of Sudan’s Comprehensive Peace Agreement (CPA), and time is running out. The agreement’s underlying aim of “making unity attractive” has failed, and most Southerners thus appear determined to choose independence. Neighbouring states are increasingly focused on the fragile circumstances in Sudan and the likelihood of a newly independent state in the region. Support from Sudan’s neighbours for the referendum process and respect for its result will be crucial to ensuring peace and stability in the country and the region.

Kenya, Uganda, Ethiopia, and Egypt are among the immediate regional states that matter most, as well as Eritrea and Libya. If a credible referendum is held in accordance with the CPA and the Interim National Constitution, and Khartoum endorses the process, recognition of a new Southern state should prove relatively uncomplicated for the region and CPA signatories more broadly. If, however, the process does not go according to plan – particularly if Khartoum attempts to manipulate, deny or delay the exercise or its result – regional states and institutions will need to consider how best to respond to ensure respect for the CPA and the right of self-determination and to avoid a new conflict. Not enough planning is being done in this regard.

Each border state has interests at stake and will be directly affected by either peaceful separation or a return to conflict. Despite differing views on unity, all are likely to accept the referendum on self-determination and honour its outcome, provided it goes ahead as planned. While the decision of the South Sudanese is paramount, strategic considerations will undoubtedly play a role in how each state responds if the process is disrupted. Responses will depend largely on circumstances and events, but an assessment of historical relationships, recent engagement and strategic interests sheds light on the positions of the key regional actors.

Having hosted and led the regional Intergovernmental Authority on Development (IGAD) peace process that yielded the CPA, Kenya has a particularly strong interest in seeing it implemented successfully. As the economic powerhouse in the region, it stands to benefit from the development of a considerable market and major infrastructure in the South, including as a conduit for oil. Kenya long managed to be pro-South without being anti-North, but diplomatic relations with Khartoum have shown signs of strain as its Southern leanings have become increasingly clear.

Uganda, the most unambiguous supporter of independence, seeks a stable buffer on its northern border, not least to ensure that the Lord’s Resistance Army (LRA) insurgency does not return to its doorstep. Trade has tripled in recent years with the South, which is now the largest importer of Ugandan goods. While the official policy is respect for the CPA and the will of the Southern people, some officials in Kampala are privately encouraging independence.

Egypt prefers unity and has arguably done more than Khartoum to make it attractive. It opposed including self-determination in the CPA talks, preferring instead to promote its own initiative premised on unity. It has recently redoubled diplomatic efforts to prevent partition, in part because it fears a new state – and an unstable one at that – could pose a threat both to regional stability and its precious supply of Nile water.

While its support to South Sudan is evident, Ethiopia has multiple interests to balance, so it is careful to toe a neutral line on independence. It provided military support to the SPLM in the 1990s, in part to counter Islamist elements in Khartoum whose destabilizing activities posed a threat to Ethiopian and regional security. Regional security remains its primary concern, given the volatile situation in Somalia, continued confrontation with Eritrea and its own domestic fragility. Addis can afford neither renewed war in Sudan nor to antagonise Khartoum, lest it find itself with another hostile neighbour. It supports the right of self-determination and will respect independence but is more likely to seek a common regional position than be out front on any difficult decisions if the process is derailed.

As with other foreign policy issues, Libya’s Sudan policy is driven personally by Muammar Qaddafi, and unsurprisingly, the outspoken Colonel has proven unpredictable on this issue. While he has several times pledged support for Southern independence, he has also cautioned Juba on the dangers of forging a new state. Eritrea’s position on Southern independence is likewise unreliable. During the last civil war, Asmara and its army provided critical backing to the SPLA/M (Sudan People’s Liberation Army/Movement) and other opposition groups in Sudan, supporting regime change in Khartoum. However, Isaias Afwerki’s recent actions indicate that his policy may be driven more by self-preservation than principle. Increasingly isolated in the region and beyond and in need of economic assistance, Asmara’s dwindling list of allies has led it to a rapprochement with Khartoum.

The referendum is to be held six months before the end of the CPA’s six-year Interim Period. If Southerners choose to go their own way, it is during the ensuing half-year window that any disputes over, as well the transition to, independence must be resolved. While pragmatic tones are emerging in Khartoum, attempts to delay or derail the exercise are not out of the question. Neither the SPLM nor its regional supporters want a unilateral declaration of independence (UDI). The SPLM is aware of the risks that would accompany it and is working hard to avoid such a scenario. But if pushed into a corner, the possibility of UDI is very real.

If either side abrogates the CPA, a return to conflict is likely and would undoubtedly affect the region and draw in some of its militaries. This must be avoided. Regional actors will face a delicate task in calibrating their response if the referendum is denied or its result contested, including the possibility of extending recognition to the South. The broader international community will seek to adjust its response in light of African opinion. Policy coherence between IGAD and the African Union (AU) is crucial. IGAD’s members will likely be the first to make any recommendations regarding Southern Sudan’s post-referendum status, but ensuring AU participation in, and ultimate backing of, that policy is crucial if an independent South is to secure maximum legitimacy. The weight of the AU – an instinctively pro-unity institution – and the importance of its recognition cannot be ignored. The AU High-Level Implementation Panel (AUHIP) can play a leading role in lining up the body’s 53 member states in support of realities on the ground.

Regional states must prepare for South Sudan’s possible independence by engaging Khartoum and Juba on practicalities of the referendum and peaceful implementation of its outcome. This includes insistence per the March 2010 IGAD summit communiqué calling for the referendum commissions to be established by May 2010 and reiterating firm support for the referendum timeline. Preparations should include clear modalities for extending official recognition to the South if it votes for independence and developing policy responses to alternative scenarios, including UDI. In the event of disputes over the referendum or its result, regional states should engage the AUHIP and IGAD to ensure the right of self-determination is fully respected and modalities for implementation of its outcome are agreed.

samedi 23 janvier 2010

Rapport mondial 2010 de Human Rights Watch



"Les gouvernements qui se sont rendus coupables de graves violations des droits humains au cours de l'année passée ont intensifié leurs attaques contres les défenseurs et les organisations de défense des droits humains qui rendent compte de ces violations", a déclaré Human Rights Watch.
Human Rights Watch cite le Soudan et la Chine comme des pays dont les gouvernements interdisent régulièrement des organisations de défense des droits humains. Des gouvernements comme ceux de l'Ethiopie et de l'Egypte recourent à des réglementations extrêmement restrictives pour entraver les activités des organisations non gouvernementales.
Human Rights Watch a par ailleurs expliqué dans l'introduction de son Rapport mondial que l'émergence d'un système de justice internationale, dont la Cour pénale internationale (CPI), avait été la cible d'attaques. Ces attaques se sont produites après que la Cour a émis un mandat d'arrêt en mars contre le Président Omar el-Béchir du Soudan pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par les forces soudanaises et leurs milices alliées contre les populations civiles du Darfour. (mon billet sur la justice internationale en Afrique ICI) Après l'émission du mandat par la CPI, de nombreuses démocraties africaines ont initialement choisi le confort de la solidarité régionale plutôt que d'adopter une position de principe de soutien à la justice internationale, note Human Rights Watch dans l'introduction au rapport.
Au Zimbabwe, les chercheurs de Human Rights Watch ont continué à observer et rendre compte des violations des droits humains commises par l'ancien parti au gouvernement du Président Robert Mugabe contre ses partenaires et leurs partisans au sein du gouvernement decoalition. Human Rights Watch a aussi documenté les méthodes brutales employées par l'armée et par la police dans les mines de diamants de Marange pour contrôler l'accès aux mines et pour s'emparer de l'exploitation et du commerce non autorisés des diamants.
En République démocratique du Congo, Human Rights Watch a documenté les meurtres délibérés de plus de 1 400 civils, la récurrence de viols brutaux, ainsi que d'autres exactions commises par les forces gouvernementales et rebelles lors de deux opérations successives de l'armée congolaise contre une milice hutue rwandaise dans l'est du pays. Human Rights Watch a aussi rendu compte de graves défaillances dans l'opération de maintien de la paix de l'ONU au Congo qui ont limité sa capacité à protéger efficacement les civils.
En Guinée, Human Rights Watch a publié un rapport détaillé sur les meurtres, les agressions sexuelles et autres exactions commises majoritairement par des membres de la Garde présidentielle d'élite lors de la répression d'un rassemblement de l'opposition dans la capitale. Les preuves recueillies laissent supposer que les attaques étaient planifiées à l'avance et correspondent à des crimes contre l'humanité.
Chapitres sur des pays africains, traduits en français :
Burundi (ICI)
Côte d'Ivoire (ICI)
RD Congo (ICI)
Rwanda (ICI)
Tchad (ICI)
Le Rapport mondial 2010 : Les auteurs de violations s’en prennent aux messagers des droits humains ICI
Photo : En couverture du Rapport mondial 2010, une photo de Tamouls sri lankais regroupés dans le camp de Menik Farm, lors de la visite du Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en mai 2009.
© 2009 Joe Klamar/AFP/Getty Images

mercredi 20 janvier 2010

Le Sinaï au cœur des crises israélo-arabes.



Aujourd’hui je m’immisce aux limites de l’Afrique, en tant que continent géographique bien sûr mais aussi géopolitique puisque je vous propose un petit coup de projecteur sur le Sinaï. La région est actuellement touchée par de graves inondations (les pires enregistrées depuis 1994) et l’intérêt des géopolitologues aura été attiré par le projet d’Israël de construire une double rangée de clôtures entre le Néguev et le Sinaï pour lutter contre l’immigration clandestine et ainsi clôturer sa dernière frontière encore ouverte.
Donc région mal connu mais au combien stratégique au cœur des crises israélo-arabes.
Péninsule montagneuse et désertique Égypte de 61 000km², pont entre l’Afrique et l’Asie, bordé à l’Ouest par le canal et le golfe de Suez, à l’Est par le golfe d’Akaba. La partie sud vit du tourisme alors que la partie nord souffre de la pauvreté.

Le Sinaï recèle une charge émotionnelle pour les juifs israéliens puisque, selon la Bible, Moise y aurait reçu l’alliance de Dieu et les 10 commandements. Pour certains, cette région ferait partie de la terre biblique d’Israël et plusieurs colonies y ont été implantées jusqu’à leur démantèlement en 1982. Par ailleurs, la région est stratégique tant pour les Israéliens que pour les Égyptiens car elle permet de surveiller le canal de Suez et le détroit de Tiran. Économiquement, les gisements de pétrole attisent également les convoitises.
La région a été un champ de bataille pour les armées israéliennes et arabes. Israël contrôla deux fois le Sinaï en 1956, puis de 1967 à 1982.
Depuis 1982, Égypte y exerce sa pleine souveraineté mais ne peut déployer dans la péninsule certaines armes lourdes. Cette région pauvre a aussi été le lieu de plusieurs attentats terroristes entre 2004 et 2006 et le relief est idéal aux activités illégales. Le Sinaï serait-il en train de devenir un bastion djihadiste dans une région au cœur des préoccupations internationales ?

dimanche 1 novembre 2009

Les enjeux internationaux. Vendredi: l'Egypte


Vendredi dans les Enjeux Internationaux : « L’Egypte » avec Sophie Pommier (chargée de cours à l’IEP de Paris).
« La situation politique égyptienne dans la perspective de la succession du président Moubarak, à l'occasion du Congrès du Parti national démocratique. Le régime égyptien donne l'impression d'être tenu d'une poigne de fer par le président Moubarak et, en même temps, il règne à travers le pays une atmosphère de fin de règne. Son fils Gamal apparaît comme son probable successeur, tandis que la vie politique et l'existence des partis sont réduits à leur plus simple expression... interdits ou marginalisés. Par ailleurs, la diplomatie égyptienne autrefois très active sur le dossier israélo-palestinien paraît désormais en panne. Des conflits de plus grande ampleur, comme celui opposant l'Iran à la communauté internationale, ont récemment relégué au second plan le problème strictement régional. »
Réécoutez l’émission ICI
A venir : jeudi 5 novembre émission sur le Zimbabwe

vendredi 25 septembre 2009

Le bassin du Nil : prochain conflit en Afrique ?


Un évènement intéressant s’est déroulé fin juillet, malheureusement en pleine période estivale nous n’y avons pas prêté une grande attention, je vais même apprendre l’information pour ceux qui ont préféré la plage aux journaux !
Le 28 juillet les 9 ministres de l'Eau des pays du bassin du Nil (l'Érythrée assistait en tant qu'observateur) ont reporté de six mois la signature d'un accord de partage des eaux du fleuve, en raison de l'opposition de l'Egypte et du Soudan. Ces derniers affirment que l'Accord cadre de coopération (CFA), élaboré en juin en République démocratique du Congo, ignore leurs revendications historiques. En effet, en 1929 un accord entre l'Egypte et la Grande-Bretagne accordait au Caire un droit de veto sur les projets construits en amont.
Les problèmes liés au partage des eaux du Nil ont bien souvent failli tourner aux conflits.
Rappelons quelques éléments géopolitiques.
Avec ses 6671 km, le Nil est le plus long fleuve du monde. Il prend sa source dans la région des Grands Lacs. Son bassin couvre une superficie équivalente à six fois la France (3 030 700 km ²) et ses affluents s’étendent sur dix pays.
L’irrigation et la production hydro-électrique constituent les principaux enjeux de ce fleuve et la question du partage des eaux du Nil est majeure en Afrique de l’Est depuis des décennies. L’Egypte est dans la position inconfortable du pays qui est en aval sur le cours du fleuve et pour qui celui-ci constitue quasiment la seule ressource en eau. Son sort est donc lié aux décisions prises par les pays en amont.
L’Egypte considère comme une menace stratégique toute diminution de son quota tel que prévu par le traité de 1959, signé avec le Soudan et excluant les autres pays du Nil notamment l’Ethiopie qui lésée n’a jamais accepté cet accord. Or 85% du Nil provient du territoire éthiopien. Addis-Abeba souhaiterait imposer sa vision de l’aménagement du Nil en empêchant Le Caire de réaliser ses grands projets hydriques et en le forçant à s’asseoir à la table des négociations. A plusieurs reprises, les tensions entre l’Egypte et l’Ethiopie ont failli dégénérer. Mais plutôt que de se combattre directement, ces deux pays s’affrontent par ennemis interposés.
L’augmentation de la population et le désir de développement économique amènent aussi les pays plus en amont à envisager d’exploiter à une grande échelle leurs ressources en eau. L’Egypte est donc confrontée à un stress hydrique, démographique et social. Le pays doit se tourner vers le Nil et réaliser des projets très couteux, qui ne seront pas sans incidence sur les autres nations en amont. Ainsi, le barrage d’Assouan (1971), entre l’Egypte et le Soudan suscite quelques tensions.
Le risque de conflit autour des eaux du Nil est important. Il faut éviter que le Nil ne devienne « la cause de la prochaine guerre dans la région » comme le craignait Boutros Boutros-Ghali en 1985.