vendredi 23 juillet 2010

Le Sahel et les insécurités récurrentes de l’ensemble de la région


Le 22 juillet, Eric Laurent, interviewait dans les Enjeux Internationaux Antoine Glaser, directeur de la Lettre du Continent, sur le Sommet au Tchad de la Communauté des États sahélo-sahariens et les insécurités récurrentes de l’ensemble de la région. Ecoutez l'émission ICI

Présentation : "L'insécurité croissante dans les pays de la zone sahélienne découle d'un ensemble de facteurs.
D'abord l'implantation croissante d'un mouvement armé qui se joue des frontières et qui est désormais proche d'Al-Qaeda, alors que les régimes de la zone de cette région sont beaucoup trop faibles pour engager une épreuve de force sécuritaire.
Pourtant, les Etats-Unis qui s'inquiètent du développement croissant du terrorisme en Somalie contemporainement à celui de la zone sahélienne y renforcent leur présence, mais sans pour autant coopérer avec les Français contrairement à ce qu' on pourrait croire .
L'autre élément de fragilisation de ces pays découle de problèmes touaregs, dont les revendications et tensions ne cessent de prendre de l'ampleur.
C'est un défi auquel aucun responsable de la région n'est en mesure de trouver une solution."

jeudi 22 juillet 2010

N.Sarkozy/V.Bolloré : amis sur le tard

Je viens de relire un article du Monde datant de 2007. Il nous rappelle que contrairement à ce qui est coutume de penser les liens entre le président N. Sarkozy et V. Bolloré ne sont pas si ténus ….du moins avant 2007.
Dans cet article on apprend que Vincent Bolloré « n'a jamais fait partie du cercle de patrons amis du président élu. Avant le scrutin présidentiel [de 2007], on le disait plutôt sensible au programme de François Bayrou. » Martin Bouygues et Arnaud Lagardère sont considérés plus proches. En effet, en 1997, Vincent Bolloré « lance un raid boursier inamical sur le groupe Bouygues voulant contraindre son jeune patron jugé inexpérimenté à céder ses activités dans la téléphonie mobile. Vincent Bolloré échoue […] Les relations entre les deux patrons sont devenues sur-le-champ exécrables. L'un des conseils et avocats de Martin Bouygues dans cette affaire était Nicolas Sarkozy. Un an auparavant, Martin Bouygues était témoin du mariage de Nicolas Sarkozy avec Cécilia et est devenu ensuite le parrain de son plus jeune fils Louis.»
C’est Gérard Longuet, sénateur (UMP) de la Meuse, conseiller politique de Nicolas Sarkozy et ancien beau-frère de Vincent Bolloré qui a travaillé à leur rapprochement.

Quelques mois plus tard à l’occasion de la sortie d'un livre écrit par le journaliste Jean Bothorel, Vincent Bolloré, une histoire de famille l'homme d'affaires revient sur cette relation et dit avoir proposé "à plusieurs reprises" son bateau à M. Sarkozy "au hasard de [leurs] conversations". "Le soir de sa victoire, il m'a très gentiment invité avec une soixantaine de personnes. C'est là qu'il a décidé d'aller se reposer sur le bateau et j'ai été, comme je l'ai déclaré, très honoré"

Le groupe Bolloré est présent en Afrique depuis 1927. En 2008 le groupe a créé Bolloré Africa Logistics qui doit fédérer les filiales et implantations du groupe dans le transport et la logistique (200 sites dans 47 pays : carte).

mardi 20 juillet 2010

UA : trop de patients autour du malade ?


Hier S.E. l’ambassadeur Lawrence Rossin, secrétaire général adjoint délégué pour les opérations de l’Otan, a accordé un entretien à AGS ICI, il revient sur le rôle de l'OTAN dans le Golfe d'Aden, son soutien à l'UA et à sa mission en Somalie. A la lecture de cet entretien quelques réflexions et questions me sont venues.

Pour reprendre l’expression employée dans un article que j’ai récemment lu, concernant le soutien international aux capacités africaines de maintien de la paix, n’y a-t-il pas trop de médecins autour du patient?

Je m’explique. De nombreux programmes ont été mis sur pied pour soutenir les appropriations africaines
- entre autres EURORECAMP (France puis UE), ACOTA (USA) et des partenariats bilatéraux divers.
- De même autour de l’UA se multiplient aussi les soutiens internationaux (surtout l’UE avec le Partenariat pour la paix) et dans les années à venir l’US Africom devrait jouer un rôle important dans ces programmes militaires d’appui.
- Sans compter toutes les initiatives bilatérales pour accroître les capacités de l’organisation elle-même (construction par la Chine-150 millions de $- d’un centre de conférence à Addis Abeba -photo-, d’un nouveau bâtiment pour le département paix et sécurité par l’Allemagne -21 millions d'€…). Aussi les initiatives et les programmes de soutien et de formation ne manquent pas.

En quoi l’expertise apportée par l’OTAN est nécessaire et complémentaire ? Quel rôle concret joue l’OTAN dans la montée en puissance des FAA ?Au niveau de l’UA et/ou des brigades régionales ? Compte t-elle soutenir les brigades si ça n’est pas le cas ?

La question centrale semble aussi (surtout ?) être celle du financement des opérations. Ainsi même si les FAA sont déclarées opérationnelles il leur manquera toujours l’argent nécessaire pour fonctionner. L’OTAN envisage-t-elle une aide ?

« Cette aide à l’Union Africaine est dirigée par celle-ci et guidée par les principes de l’appropriation africaine». Quid des capacités des services centraux de l’UA à définir leurs besoins (par faute de moyens, d’infrastructures, de personnels)? Du coup quelle est l’utilisation effective de l’expertise offerte par l’OTAN ?

En effet, la capacité des services de l'UA à suivre les opérations de paix est insuffisant, exemple :
- 3 personnes sont affectées au Darfur Desk situé en dehors du siège de l'UA (photo) alors l'UA doit assurer avec l'ONU la codirection stratégique de cette opération.
- il n'y a pas suffisamment de personnel ni de centre de situation avec des systèmes de communication modernes pour effectuer la gestion opérationnelle des soldats burundais et ougandais déployés en Somalie.
Les réponses à ces questions sur le site AGS...

Sur les dépenses, et investissements actuels et à venir de l'UA voir ICI l'article de Jeune Afrique.

Campagne au Rwanda : Kagamé dépassera t-il les 95% ?

Le Rwanda vient de lancer ce jour sa campagne pour l'élection présidentielle du 9 août 2010. A trois semaines des élections, la tension monte.
Chasse aux opposants :
-Le parti démocratique vert, lancé en août 2009, par des transfuges du Front patriotique rwandais (FPR), actuellement au pouvoir : qui n'a pas été agréé par les autorités et dont le premier vice-président André Kagwa Rwisereka a été assassiné la semaine dernière.
- Le parti social : Bernard Ntaganda son membre fondateur a été exclu du parti et arrêté le 24 juin et placé sous contrôle judiciaire (accusé de "terrorisme" et d'"incitation génocidaire"
- Les Forces démocratiques unifiées dont la présidente Victoire Ingabire a aussi été inculpée et placée sous contrôle judiciaire pour "propagation d'idéologie génocidaire".

Un pastiche d'opposition :
-Jean-Damascène Ntawukuriryayo, le vice-président de l'Assemblée nationale et l’ex ministre de la Santé,
-Prosper Higiro, vice-président du Sénat, ex ministre du Commerce et
- une femme Alvera Mukabaramba.
Tous ont le même discours que le FPR, et tous avaient soutenu Kagamé lors du dernier scrutin....

Par ailleurs, la presse indépendante est aussi réprimée :
- assassinat le 24 juin de Jean Léonard Rugambage journaliste et directeur adjoint du bimensuel Umuvugizi
- arrestation le 8 juillet d'Agnès Uwimana Nkusi la directrice du bimensuel Umurabyo

Paul Kagamé devrait être réélu mais quelle légitimité pour son pouvoir ? Pour Paul Simon Handy, chercheur camerounais interrogé par RFI, «je pense que ce vent de panique est plutôt provoqué par les dissensions internes au FPR... Ce dont le président Kagamé a véritablement peur, c'est de voir se former des partis d'opposition par d'anciens compagnons de route ».
Tout l'enjeu est de savoir si Kagamé battra le score de 2003 quand il avait obtenu 95% des voix !

dimanche 18 juillet 2010

"Utiliser uniquement du papier toilette. Pas de dollars zimbabwéens"


"Utiliser uniquement du papier toilette. Pas de carton. Pas de vêtements. Pas de dollars zimbabwéens. Pas de journaux". Selon le blog Zimbabwe Absurdity, cette photo circulait par mail au Zimbabwe. Le cliché aurait été pris dans les toilettes d'un poste frontière entre l'Afrique du Sud et le Zimbabwe.
En effet, il y a un an il fallait débourser un million de dollars zimbabwéens pour une miche de pain rassis (10 milliards = 1€).

Depuis série de me­sures ma­cro-​éco­no­miques et pro-​mar­chées mises en place par le gou­ver­ne­ment peu de temps après son ins­tal­la­tion en fé­vrier 2009 a vu l’in­fla­tion en baisse à par­tir d’un re­cord mon­dial de 500 mil­liards pour cent à la fin de 2008.

La dé­ci­sion prise par le nou­veau ré­gime de Ha­rare de se dé­faire de la mon­naie en chute libre du pays, le dol­lar zim­babwéen, et d’adop­ter un pa­nier de de­vises fortes comme mon­naie lé­gale a éga­le­ment contri­bué à sta­bi­li­ser les prix des pro­duits qui sont de­ve­nus fa­ci­le­ment dis­po­nibles dans les ma­ga­sins et dé­truit un mar­ché noir flo­ris­sant qui avait main­te­nu la pres­sion sur l’in­fla­tion.

Les dis­sen­sions au sujet d’une loi contro­ver­sée consis­tant à don­ner plus de pou­voirs aux Noirs ont déjà coûté au Zim­babwe des mil­lions de dol­lars d’in­ves­tis­se­ment étran­gers, puisque les in­ves­tis­seurs n’at­tendent que la fi­na­li­sa­tion des rè­gle­ments qui ver­rait les étran­gers rendre au moins 51 pour cent des en­tre­prises aux en­tre­prises lo­cales.

vendredi 16 juillet 2010

Afrique du Sud : gueule de bois après la fête ?

Le président sud-africain, Jacob Zuma, a invité les Sud-africains, et les étrangers vivant dans le pays à s’unir et à travailler ensemble pour isoler et signaler à la police toute menace de violences contre les étrangers, a annoncé vendredi, le bureau présidentiel. En effet, il s’inquiète d'informations (de l'Organisation Mondiale pour les Migrations) selon lesquelles, des ressortissants étrangers seraient en train de fuir le pays, du fait de menaces d’attaques xénophobes commises par des citoyens sud-africains.

Oublié le leitmotiv de la coupe du monde qui voulait que cette fête soit celle du continent ? Oublié le soutien à l'équipe Ghanéenne en quart de finale ?

Oui l'Afrique du Sud retrouve sa réalité et les défis qu'elle doit surmonter.

En mai 2008, déjà, des attaques xénophobes contre les immigrés du Zimbabwe, du Mozambique et du Niger (62 morts et plus de 100.000 personnes sans abri), et des mouvements sociaux contre la hausse du coût de la vie et les augmentations des tarifs d’électricité en juillet-août 2008, ont secoué le pays. Le climat social ne devrait pas s’apaiser avec la crise internationale et énergétique. Eskom, la compagnie sud-africaine de production et de distribution d’électricité, souhaite augmenter ses tarifs, alors que les gouvernements successifs ont maintenu des tarifs très bas pour l’électricité, sans accorder de crédits pour réaliser les investissements nécessaires. Selon les milieux d’affaires, le pays risque d’avoir, d’ici 2013, les tarifs d’électricité les plus élevés au monde, ce qui devrait amputer les efforts du gouvernement pour relancer l’investissement.
Le gouvernement devra aussi régler la question de la réforme foncière. L’ANC a promis, pendant la campagne, la redistribution de 30% des terres cultivables en faveur des communautés noires, à l’horizon 2014. Mais avec quelles ressources financières ? Cette promesse était déjà un objectif du parti au lendemain de l’apartheid, or seulement 5% des surfaces agricoles ont été redistribuées. La récession de 2009 et l’exemple du voisin zimbabwéen donnent à réfléchir.

Le creuset entre riches et pauvres ne cesse d’augmenter,
malgré une croissance stable depuis 1994. Cette croissance continue n’a pas permis au parti de se remettre en question. Or, l’impôt, payé à 90% par la minorité blanche, et l’insécurité poussent les jeunes diplômés blancs à l’exil. L’Afrique du Sud enregistre l’un des taux de meurtres les plus élevés au monde.

Le taux de chômage, officiellement de 23% au moment des élections, atteint 24,5% alors que le nouveau président avait promis de créer 500 000 emplois avant la fin 2009, en pleine crise économique et financière mondiale. Le Center for Development and Enterprise de Johannesburg indiquait qu’en 2005, 65% des jeunes entre 15 et 25 ans étaient au chômage.

lundi 12 juillet 2010

Ouganda : des attentats prévisibles ? (actualisé)


 2 attentats ont fait 74 morts dans la capitale Ougandaise, dans des lieux fréquentés par les étrangers (Ethiopan Bar et le Kyadondo Rugby Club), le groupe islamiste somalien Al Chabaab a revendiqué les deux attentats. Les Ougandais sont engagés dans le conflit somalien. En effet :

- le pays fournit (avec le Burundi) des troupes à l'AMISOM : 2700 militaires
- il accueille à Bihanga (250km de Kampala, photo à droite), un contingent complet de soldats somaliens, formés par les Européens (EUTM Somalia). Retrouvez l'entretien du général Wamala (UPDF) commandant des forces terrestres ougandaises ICI qui à la question : N'est-ce pas dangereux pour l’Ouganda de s’engager dans cette mission ? répondait : "Tout le monde sait que la Somalie est dangereuse. Et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c'est une partie du monde la plus dangereuse. Mais qu’est-ce que nous pouvons faire ? Fermer les yeux. Si nous faisons cela, notre comportement est incompréhensible. C’est comme quand vous vous êtes au soleil. Ce n’est pas en fermant les yeux que vous n’êtes pas exposés. La solution est là : plus nous aidons la Somalie, moins nous aurons à souffrir de l’instabilité. Avoir une Somalie en meilleure santé, c’est notre intérêt. Regardez l’Ouganda, nous sommes un pays enclavé. Nous dépendons de la mer pour nos importations, nos exportations. Si la piraterie continue, la situation va devenir intenable pour le commerce, les assurances vont augmenter, les produits. Croire que le problème de la Somalie va se résoudre tout seul, car c’est trop dangereux, est tout simplement irréaliste. Nous devons prendre le taureau par les cornes ; et dire oui : nous avons besoin d’une Somalie positive et voir ensemble ce que nous pouvons faire pour remplacer les institutions. "
- le 6 juillet l’armée ougandaise a rejetté les menaces du chef shebab qui appelait ses partisans à continuer de combattre les forces gouvernementales et les soldats de l’AMISOM à Mogadiscio. Selon l’armée ougandaise, « les menaces publiées par le cheikh n’ont rien de nouveau et visent à décourager les troupes de leur mission de maintien de la paix dans ce pays volatile ».
- Par ailleurs lors du dernier sommet extraordinaire de l'IGAD à Addis-Abeba l’Ouganda s'est dit prêt à contribuer davantage à l’AMISOM à la condition que le mandat de l’AMISOM soit renforcé. L’IGAD a ainsi promis de fournir 2000 soldats à l’AMISOM. Selon le ministre-adjoint des Affaires étrangères, Okello Oryem, « l’Ouganda est prêt à envoyer plus de troupes sur le terrain seulement si le mandat est changé de telle manière que l’on puisse poursuivre les shebab ».

Retour sur les difficultés de l'AMISOM :
Fin février 2007, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM en anglais). Néanmoins l’AMISOM est trop faible et manque de moyens, de connaissances et de buts comme l’UNISOM auparavant. De plus seuls l’Ouganda et le Burundi ont envoyé des troupes soit la moitié des effectifs prévus. La mission était envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée :
1°stabiliser la situation à Mogadiscio et consolider la stabilisation d’autres régions du Sud au moment où la force atteindrait sa pleine capacité opérationnelle.
2°Le mandat même de la mission l’exposait dès le départ aux attaques des insurgés puisqu’elle devait protéger les Institutions fédérales de transition, elles-mêmes contestés.
La seule solution envisagée est un renforcement des effectifs de l’AMISOM et son remplacement à court terme par une intervention multinationale agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte de l’ONU ou une opération de maintien de la paix onusienne.

La piste de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) n'est pas non plus écartée d'autant que les forces ougandaises ont mené ces derniers jours une vaste offensive contre les rebelles notamment en pénétrant en République centrafricaine (précédents billet ICI).

vendredi 9 juillet 2010

L’Erythrée prête à dialoguer ?

C’est en tout cas ce qu’on pourrait interpréter de la dernière décision politique du pays d’envoyer un représentant au siège de l’Union Africaine. En effet, pendant une décennie Érythrée était restée en retrait de l’organisation continentale dont le siège se situe chez son principal ennemi Éthiopie. Pourtant, Asmara vient de confirmer Mr Girma Asmerom (photo)au poste d’ambassadeur (bien que ses mouvements seront restreints à 40 km autour de la capitale Addis Abeba).
En début d’année l’Erythrée avait accusé l’Ethiopie de bloquer sa participation aux réunions de l’Union Africaine.
Girma Asmerom est aussi l’ancien ambassadeur de l’Erythrée auprès de l’Union Européenne. Les journaux éthiopiens insistent sur le rôle négatif de ce personnage, florilèges :
« (…)negative role in dissociating the people of Eritrea from the people of Ethiopia (…)Girma Asmerom had greater roles in aggravating the bloody conflict between Ethiopia and Eritrea, some independent sources said, adding that he had a considerable role in instigating Eritreans who were residing in Ethiopia to participate in illegal activities that he taught damages the security of the country (…)President Isaias Afwerki of Eritrea had insulted the AU as an organization with out teeth before ten years ago » (Ethiopian Journal)
….bref le loup dans la bergerie selon les Ethiopiens.


(interview de l'ambassadeur en 2005 sur CNN au sujet du différend frontalier avec l'Ethiopie)


Dans un rapport publié au début du mois le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, estimait que l'Erythrée faisait des progrès depuis l'année dernière, mais devait faire plus pour prouver qu'il se conforme aux résolutions de l'ONU : "Malgré les positions qu'il a adoptées de longue date sur la Somalie et Djibouti, le gouvernement érythréen a récemment pris un certain nombre d'initiatives pour engager un dialogue constructif avec ses voisins et la communauté internationale", relève ce rapport.

Outre le rétablissement de sa représentation au siège de l'Union africaine. Le gouvernement érythréen a participé à la Conférence d'Istanbul sur la Somalie en mai dernier et a accepté de retirer ses troupes de Djibouti à la suite de la médiation du Qatar.

jeudi 8 juillet 2010

Mer Rouge 1993/2010 : naissance d'un théatre stratégique

Quelques lignes d’Hervé Coutau-Bégarie dans son opus « Géostratégie de l’Océan Indien » :

: « (…) la mer rouge voit passer un trafic de grande importance, entretien de multiples foyers d’instabilité qui peuvent à tout moment dégénérer, mais elle ne mobilise pour l’instant que de très faibles moyens. Au caractère embryonnaire des forces navales régionales, vient s’ajouter une présence extérieure extrêmement réduite, toujours très inférieur à celle qui a pu exister dans ou aux abords du golfe persique. La mer Rouge n’a donc jamais été véritablement reconnue comme un théâtre stratégique de premier plan. L’insuffisance de moyens des pays riverains devrait empêcher l’éclosion de combats sur mer de grande ampleur. Pour autant, l’absence de déploiement spectaculaire n’enlève en aucun cas son importance à la mer Rouge, qui mérite d’être suivie avec beaucoup plus d’attention que cela n’a été fait jusqu’à présent. Dans une mer aussi étroite, il n’est pas besoin de gros moyens pour menacer la liberté de navigation. »
Quelle clairvoyance et que de bouleversements plus 15 ans après. Ces lignes ont été écrites en 1993 alors que la Corne de l’Afrique vivait une période charnière :
- 27janvier 1991: Chute du régime Syaad Barre.
- 28 mai 1991 : Effondrement du régime éthiopien avec la chute de Mengistu Hailé Mariam. Indépendance de facto de l’Erythrée. Issaias Afeworki devient président en Erythrée et Meles Zenawi premier ministre en Ethiopie.
- 17 novembre 1991 : Déclenchement de la guerre civile à Mogadiscio.
- 1992/94 : guerre civile à Djibouti.
- 1993 : Indépendance de l’Erythrée
La région est en ébullition elle le restera puisque l’Ethiopie et l’Erythrée s’opposeront sur un litige frontalier en 1998/2002, naissance du terrorisme islamique, les tribunaux islamique en Somalie, guerre Erythrée/Djibouti…
Ces événements et leurs suites ont été un véritable bouleversement en termes de sécurité dans la région. Bien sûr, la fin de la Guerre froide, la chute du mur de Berlin, la dislocation du camp socialiste et de l’URSS en 1989 ont un lien avec ces transformations mais il convient de ne pas les surestimer comme cela a été souvent analysé. Les Etats-Unis et l’URSS ont cherché une position stratégique dans la Corne de l’Afrique mais les acteurs locaux ont leur propre autonomie et ont tenté de tirer profit de ce contexte.

mercredi 7 juillet 2010

Le coin du lecteur


A découvrir et à lire ... sur la plage :

- "Ne réveillez pas l'eau qui dort : les Maï Maï dans la guerre au Kivu" de Stéphane Mantoux (Historicoblog). Une analyse toujours aussi pointue et pertinente.

- Mondes n°3. Les cahiers du Quai d’Orsay Nouvelles dynamiques africaines
Paris, Grasset, 2010. 190 pages, 18,5 x 26 cm, broché. 18,05 €

- "Burundi : un Etat de droit ?": par Jean-Marie Fardeau,Directeur Human Rights Watch du bureau de Paris, répond aux questions de l'IRIS: Human Rights Watch a fait paraître au mois de mai un rapport sur les violences politiques au Burundi (« Nous allons vous ligoter et vous abattre : Les violences politiques restent impunies au Burundi »). Quelle est la situation sur place ? Dans ce contexte, comment s’est déroulée l’élection présidentielle de ce week-end ? Votre représentante vient d’être expulsée du Burundi. Comment HRW réagit-elle dans ce genre de situation ? Arrive-t-elle à maintenir la surveillance sur le pays ?

- "Les premières élections libres de la Guinée depuis l’indépendance" par Philippe Hugon, directeur de recherche IRIS

- "La projection économique des pays du Maghreb sur l'Afrique subsaharienne" par Nezha Alaoui