dimanche 10 avril 2011
Le partage des eaux du Nil ou comment profiter de la crise égyptienne
La semaine dernière l'Éthiopie appelait ses citoyens à financer, par l'achat de bons de trésor ou l'octroi de dons, le Grand barrage du Millénaire qui sera construit sur la rivière Abay dans l'Etat régional de Benishangul-Gumuz (Nord-ouest) et permettra de retenir une quantité de 62 milliards de mètres cubes d'eau. Le Premier minstre éthiopien s'est voulu rassurant : "L'Egypte doit reconnaitre que la construction de ce barrage ne portera pas atteinte à son quota des eaux du Nil, mais lui sera par contre bénéfique. Aucun préjudice aux intérêts de l'Egypte ne se produira de la construction de ce barrage".
Les pays en amont du Nil n'ont pas tardé à tirer parti de la crise politique que traverse l'Égypte, florilèges :
- le 15 février l'Éthiopie octroie un contrat pour la construction de 3 barrages sur le Nil Bleu à l'Italien Salini Construttori;
- le 28 février le Burundi rejoint l'accord cadre de coopération sur le Nil. L'accord devrait ainsi pouvoir être ratifié et entré en vigueur;
-l'Ouganda devrait lancer des appels d'offres pour la construction du barrage Karuma sur le Nil Blanc;
vendredi 1 avril 2011
Les défis politiques et stratégiques du conflit en Somalie
La semaine prochaine l'IRSEM en partenariat avec l'ACSS organise un colloque sur la Somalie.
Horaires & Lieu :
mardi 5 avril 2011
8h30-17h30 - Salle de l’UEO - 43 Avenue du Président Wilson- - 75016 Paris
mercredi 6 avril 2011
9h30-12h30 – Salle de l’UEO - 43 Avenue du Président Wilson- - 75016 Paris
Programme du mardi 5 avril 2011
8h30 : Accueil des participants
9h00 : Introduction
Frédéric Charillon,directeur de l’IRSEM Ambassadeur William Bellamy, directeur de l’ACSS
9h30-12h30 : Les clans contre l’Etat ?
Discutant : Nuruddin Farah, écrivain somalien (sous réserve)
- Le lien entre les clans et l’Etat Dr Alexandra Magnolia Dias, chercheur au centre d’étude africain ISCTE
- Leçons à tirer de la construction de la paix et de l’Etat au Puntland et au Somaliland Markus Hoehne, chercheur au Max Planck Institute for Social Anthropology
- Quel Etat construire en Somalie ? Cyril Robinet, chargée de mission à la Délégation aux affaires stratégiques
12h45-14h15 : Déjeuner libre
14h30-17h30 : Regard sur les acteurs de la stabilisation locale
Discutant : Dr André Lesage, chercheur à la National Defense University
- Eléments de discussion sur le potentiel d’engagement de la diaspora en Somalie Géraldine Pinauldt, doctorante à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université de Paris 8
- L’intégration des islamistes à la stabilisation Rashid Abdi, International Crisis Group (sous réserve)
- La force en attente de l’Afrique de l"Est : un emploi en Somalie ? Colonel Metayer, adjoint au chef du bureau Afrique-EMA (Etat-major des armées)
Programme du mercredi 6 avril 2011
9h00 : Accueil des participants
9h30-12h30 : Quels défis stratégiques régionaux pour la gestion du conflit somalien ?
Discutant : Colonel Hughes de Bazouges, Centre de doctrine d’emploi des forces
- Les défis sécuritaires régionaux : Djibouti, Kenya, Ethiopie Sonia le Gouriellec, doctorante en Scineces-politique (Université Paris Descartes) et membre des jeunes chercheurs de l’Irsem
- Le terrorisme : l’action contre les milices Al-Shebab Dr Benjamin P. Nickels, Professeur Assistant, Africa Center for Strategic Studies
- Le rapport des somalis à la mer : une approche géographique et culturelle de la piraterie somalie François Guiziou, doctorant à l’Université de Nantes
Pour vous inscrire : ICI ou inscription.irsem@defense.gouv.fr
Horaires & Lieu :
mardi 5 avril 2011
8h30-17h30 - Salle de l’UEO - 43 Avenue du Président Wilson- - 75016 Paris
mercredi 6 avril 2011
9h30-12h30 – Salle de l’UEO - 43 Avenue du Président Wilson- - 75016 Paris
Programme du mardi 5 avril 2011
8h30 : Accueil des participants
9h00 : Introduction
Frédéric Charillon,directeur de l’IRSEM Ambassadeur William Bellamy, directeur de l’ACSS
9h30-12h30 : Les clans contre l’Etat ?
Discutant : Nuruddin Farah, écrivain somalien (sous réserve)
- Le lien entre les clans et l’Etat Dr Alexandra Magnolia Dias, chercheur au centre d’étude africain ISCTE
- Leçons à tirer de la construction de la paix et de l’Etat au Puntland et au Somaliland Markus Hoehne, chercheur au Max Planck Institute for Social Anthropology
- Quel Etat construire en Somalie ? Cyril Robinet, chargée de mission à la Délégation aux affaires stratégiques
12h45-14h15 : Déjeuner libre
14h30-17h30 : Regard sur les acteurs de la stabilisation locale
Discutant : Dr André Lesage, chercheur à la National Defense University
- Eléments de discussion sur le potentiel d’engagement de la diaspora en Somalie Géraldine Pinauldt, doctorante à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université de Paris 8
- L’intégration des islamistes à la stabilisation Rashid Abdi, International Crisis Group (sous réserve)
- La force en attente de l’Afrique de l"Est : un emploi en Somalie ? Colonel Metayer, adjoint au chef du bureau Afrique-EMA (Etat-major des armées)
Programme du mercredi 6 avril 2011
9h00 : Accueil des participants
9h30-12h30 : Quels défis stratégiques régionaux pour la gestion du conflit somalien ?
Discutant : Colonel Hughes de Bazouges, Centre de doctrine d’emploi des forces
- Les défis sécuritaires régionaux : Djibouti, Kenya, Ethiopie Sonia le Gouriellec, doctorante en Scineces-politique (Université Paris Descartes) et membre des jeunes chercheurs de l’Irsem
- Le terrorisme : l’action contre les milices Al-Shebab Dr Benjamin P. Nickels, Professeur Assistant, Africa Center for Strategic Studies
- Le rapport des somalis à la mer : une approche géographique et culturelle de la piraterie somalie François Guiziou, doctorant à l’Université de Nantes
Pour vous inscrire : ICI ou inscription.irsem@defense.gouv.fr
Libellés :
clans,
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Somaliland
lundi 21 mars 2011
La Libye au Darfour
« C’est un épisode peu connu : pendant plusieurs années, la Libye a occupé le Darfour avec la bénédiction du Premier ministre soudanais de l’époque, Sadiq al-Mahdi. Ce dernier avait touché des millions de dollars de Tripoli dont il s’était servi pour remporter les élections de 1986. En échange, les Libyens se sont installés au Darfour dont ils voulaient faire une base arrière pour reconquérir le Tchad et renverser le régime d’Hissène Habré. Kadhafi avait créé une
« légion islamique » composée de Soudanais, de Libyens, de Tchadiens et même de Libanais envoyés par le leader druze Walid Joumblatt, parce qu’il voulait, à l’époque, arabiser le Darfour. C’est tombé en plein milieu d’une famine qui a fait 90 000 morts et décimé les trois quarts du cheptel. Il y avait déjà des conflits pour l’exploitation des pâturages et des points d’eau entre pasteurs arabes et paysans africains. La propagande libyenne a agi comme du vinaigre sur une blessure ouverte. Il y a eu une première guerre civile qui a fait 3 000 morts et qui s’est terminée en 1989. »
Cité par Luis Martinez dans "Nouvelle Libye ?"
mercredi 16 mars 2011
Le Sud Soudan est-il tombé dans le piège de son nouveau voisin ?
Samedi dernier les représentants du Sud Soudan ont annoncé la rupture de leur relations diplomatiques et, donc des négociations, avec le Nord.
Pourtant les 2 pays (le Sud Soudan sera reconnu par la communauté internationale en juillet) sont dépendants l'un de l'autre :
- les réserves pétrolières sont au Sud mais les infrastructures de transport, raffinage et d’exportation au Nord et 98 % des revenus du Sud issus des recettes pétrolières. De plus majorité des travailleurs soudanais du secteur sont du Nord - Par ailleurs 6 millions de nomades du Nord font paitre leurs troupeaux au Sud 8 mois de l’année(d'où les conflits réguliers à la frontière notamment dans la région d'Abeyi). Et 50% du personnel enseignant au Sud sont des nordistes.
Les accords de paix de 2005 prévoyaient le referendum d'autodétermination mais aussi la délimitation de la frontière entre les Nord et le Sud. Les acteurs extérieurs qui ont largement soutenu les accords de paix (Etats-Unis, GB, Norvège...) ont fait preuve de légèreté en ne soutenant pas le processus de transition vers le referendum. Ainsi ce qui aurait du être fait en 6 ans devrait l'être en 5 mois...(précédent billet sur la question ICI)
Outre la question de la délimitation de la frontière, du partage des ressources pétrolières et du rattachement de la région d'Abeyi d'autres négociations restent en suspens avec cette rupture du dialogue :le Partage de la dette et des actifs, le partage eaux du Nil (ICI), la nationalité ( 1.5 M de sudistes vivent au Nord et de nombreux sudistes vont s’y faire soigner, étudier, travailler).Un responsable du HCR, Bilqees Esmail, a déclaré qu’« il n’y a pas encore un d’accord finalisé entre les deux gouvernements, mais il y a eu des déclarations faites par les deux parties assurant qu’ils cherchent tous deux à éviter les cas d’apatridie » et qu'il n'y a eu qu’un nombre limité de « communications officielles vers les communautés locales, de sorte que les gens continuent de prendre la décision de rester au Nord ou de partir sans avoir tous les faits »
Une actualité qui fait échos au propos de deux chercheurs (Marc Lavergne et Gerard Prunier) lors d'un café géopolitique début décembre sur la question (ICI) : "Les tribus du Nord vont traditionnellement avec leur bétail au Sud en saison sèche, et vice-versa. La fixation d’une frontière politique ne pourra pas bloquer ces mouvements et la région d’Abyei est un modèle réduit de cette zone frontalière. (...) Les négociations en cours sont difficiles, car l'indépendance du Sud va retentir sur le Nord. Les deux pays vont continuer à vivre côte à côte et devront donc trouver des moyens de coexister. L'angoisse de pogroms plane contre les nombreux sudistes ou descendants de sudistes qui vivent dans le Nord après proclamation de l'indépendance.(...)Les populations arabes ne pourront pas garder la main sur le Sud, car les élites du Sud n’entendent pas partager leurs ressources avec les arabes du Nord."
Source : mission économique, Nicolas B., Opérations de paix
Pourtant les 2 pays (le Sud Soudan sera reconnu par la communauté internationale en juillet) sont dépendants l'un de l'autre :
- les réserves pétrolières sont au Sud mais les infrastructures de transport, raffinage et d’exportation au Nord et 98 % des revenus du Sud issus des recettes pétrolières. De plus majorité des travailleurs soudanais du secteur sont du Nord - Par ailleurs 6 millions de nomades du Nord font paitre leurs troupeaux au Sud 8 mois de l’année(d'où les conflits réguliers à la frontière notamment dans la région d'Abeyi). Et 50% du personnel enseignant au Sud sont des nordistes.
Les accords de paix de 2005 prévoyaient le referendum d'autodétermination mais aussi la délimitation de la frontière entre les Nord et le Sud. Les acteurs extérieurs qui ont largement soutenu les accords de paix (Etats-Unis, GB, Norvège...) ont fait preuve de légèreté en ne soutenant pas le processus de transition vers le referendum. Ainsi ce qui aurait du être fait en 6 ans devrait l'être en 5 mois...(précédent billet sur la question ICI)
Outre la question de la délimitation de la frontière, du partage des ressources pétrolières et du rattachement de la région d'Abeyi d'autres négociations restent en suspens avec cette rupture du dialogue :le Partage de la dette et des actifs, le partage eaux du Nil (ICI), la nationalité ( 1.5 M de sudistes vivent au Nord et de nombreux sudistes vont s’y faire soigner, étudier, travailler).Un responsable du HCR, Bilqees Esmail, a déclaré qu’« il n’y a pas encore un d’accord finalisé entre les deux gouvernements, mais il y a eu des déclarations faites par les deux parties assurant qu’ils cherchent tous deux à éviter les cas d’apatridie » et qu'il n'y a eu qu’un nombre limité de « communications officielles vers les communautés locales, de sorte que les gens continuent de prendre la décision de rester au Nord ou de partir sans avoir tous les faits »
Une actualité qui fait échos au propos de deux chercheurs (Marc Lavergne et Gerard Prunier) lors d'un café géopolitique début décembre sur la question (ICI) : "Les tribus du Nord vont traditionnellement avec leur bétail au Sud en saison sèche, et vice-versa. La fixation d’une frontière politique ne pourra pas bloquer ces mouvements et la région d’Abyei est un modèle réduit de cette zone frontalière. (...) Les négociations en cours sont difficiles, car l'indépendance du Sud va retentir sur le Nord. Les deux pays vont continuer à vivre côte à côte et devront donc trouver des moyens de coexister. L'angoisse de pogroms plane contre les nombreux sudistes ou descendants de sudistes qui vivent dans le Nord après proclamation de l'indépendance.(...)Les populations arabes ne pourront pas garder la main sur le Sud, car les élites du Sud n’entendent pas partager leurs ressources avec les arabes du Nord."
Source : mission économique, Nicolas B., Opérations de paix
mardi 15 mars 2011
Sources thème du mois AGS
Pour enrichir les réflexions d'AGS sur le thème du mois, vous trouverez ici une bibliographie et une sitographie succinctes. Cette liste est, bien sur, non exhaustive et vise plutôt à servir de base de départ. Elle attend vos ajouts et critiques dans l’espace « commentaires ».
Sitographie :
- Progression du nombre des États Membres de 1945 à nos jours ICI
- Organisation des nations et des peuples non représentés, 57 peuples et nations sont membres de cette ONG créée en 1991 ICI Liste de ces peuples et nations ICI
- Un peu daté mais à consulter pour information : la liste Movements for National, Ethnic Liberation or Regional Autonomy ICI
- A consulter absolument pour découvrir tous les ouvrages et articles sur le nationalisme : The Nationalism Project (ICI) et son blog (ICI)
Articles en ligne :
- Réflexions sur l’augmentation du nombre des États : Stéphane Rosière, « La fragmentation de l’espace étatique mondial », L'Espace Politique [En ligne] , 11 | 2010-2 , mis en ligne le 16 novembre 2010, Consulté le 20 février 2011. ICI
- Une analyse multiscalaire des référendums d’autodétermination et l’emboîtement des représentations et stratégies à différentes échelles: Amaël Cattaruzza, « Les référendums d'autodétermination: démocratisation ou balkanisation du monde ? », L'Espace Politique [En ligne] , 3 | 2007-3 , mis en ligne le 22 décembre 2007, Consulté le 20 février 2011. ICI
- De la même auteure : « Fragmentation : cloisonnement et/ou recomposition de l’espace politique ? », L'Espace Politique , [En ligne] , 11 | 2010-2 , Consulté le 12 mars 2011. ICI
- Commençons exceptionnellement par la conclusion de cet article….: « Bien souvent, le nationalisme et la proximité culturelle ne sont utilisés que pour mieux masquer l’intérêt économique à court terme. Le monde est entré dans l’ère de la prolifération étatique et du sécessionnisme à tous crins, mais aussi, et peut-être de façon plus flagrante, dans celle du cocooning stratégique » BONIFACE, P., 1999, « Danger ! Prolifération étatique », Le Monde Diplomatique, janvier, p. 32 ICI
- Une réponse à cet article vise, entre autres, à minimiser le phénomène décrit par P. Boniface : PEGG, S., 1999, « The Nonproliferation of States: A Reply to Pascal Boniface », The Washington Quarterly, vol. 22, n°2, p.139-147.
- Exposés des participants et synthèse des discussions du Séminaire « Droit à l'autodétermination des peuples autochtones », New York, le 18 mai 2002, ICI
Articles :
- FEARON, J. D., 2004, « Separatist Wars, Partition and World Order », Secutity Studies, vol. 13, n°4, p. 394-415
- KOLSTØ, P., BLAKKISRUD, H., 2008, « Living with Non-recognition: State- and Nation-buiding in South Caucasian Quasi-States », Europe-Asia Studies, vol. 60, n°3, p.483-509.
- TAGLIONI, F., 2005, « Les revendications séparatistes et autonomistes au sein des États et territoires mono- et multi-insulaires: essai de typologie », Cahiers de géographie du Québec, vol. 49, n°136, p. 5-18.
- SMITH, A.D., 1979, "Towards a Theory of Ethnic Separatism", Ethnic and Racial Studies, vol. 2, n° 1, p. 21-37.
Ouvrages :
- BADIE, B., 1995, La fin des territoires, Paris, Fayard, 276p.
- DIECKHOFF, A., 2000, La nation dans tous ses Etats, Champs, Flammarion, Paris
- et vient de sortir : JOAO MEDEIROS (dir.), 2011, Le Mondial des nations, Paris, Choiseul, 574p.
Sitographie :
- Progression du nombre des États Membres de 1945 à nos jours ICI
- Organisation des nations et des peuples non représentés, 57 peuples et nations sont membres de cette ONG créée en 1991 ICI Liste de ces peuples et nations ICI
- Un peu daté mais à consulter pour information : la liste Movements for National, Ethnic Liberation or Regional Autonomy ICI
- A consulter absolument pour découvrir tous les ouvrages et articles sur le nationalisme : The Nationalism Project (ICI) et son blog (ICI)
Articles en ligne :
- Réflexions sur l’augmentation du nombre des États : Stéphane Rosière, « La fragmentation de l’espace étatique mondial », L'Espace Politique [En ligne] , 11 | 2010-2 , mis en ligne le 16 novembre 2010, Consulté le 20 février 2011. ICI
- Une analyse multiscalaire des référendums d’autodétermination et l’emboîtement des représentations et stratégies à différentes échelles: Amaël Cattaruzza, « Les référendums d'autodétermination: démocratisation ou balkanisation du monde ? », L'Espace Politique [En ligne] , 3 | 2007-3 , mis en ligne le 22 décembre 2007, Consulté le 20 février 2011. ICI
- De la même auteure : « Fragmentation : cloisonnement et/ou recomposition de l’espace politique ? », L'Espace Politique , [En ligne] , 11 | 2010-2 , Consulté le 12 mars 2011. ICI
- Commençons exceptionnellement par la conclusion de cet article….: « Bien souvent, le nationalisme et la proximité culturelle ne sont utilisés que pour mieux masquer l’intérêt économique à court terme. Le monde est entré dans l’ère de la prolifération étatique et du sécessionnisme à tous crins, mais aussi, et peut-être de façon plus flagrante, dans celle du cocooning stratégique » BONIFACE, P., 1999, « Danger ! Prolifération étatique », Le Monde Diplomatique, janvier, p. 32 ICI
- Une réponse à cet article vise, entre autres, à minimiser le phénomène décrit par P. Boniface : PEGG, S., 1999, « The Nonproliferation of States: A Reply to Pascal Boniface », The Washington Quarterly, vol. 22, n°2, p.139-147.
- Exposés des participants et synthèse des discussions du Séminaire « Droit à l'autodétermination des peuples autochtones », New York, le 18 mai 2002, ICI
Articles :
- FEARON, J. D., 2004, « Separatist Wars, Partition and World Order », Secutity Studies, vol. 13, n°4, p. 394-415
- KOLSTØ, P., BLAKKISRUD, H., 2008, « Living with Non-recognition: State- and Nation-buiding in South Caucasian Quasi-States », Europe-Asia Studies, vol. 60, n°3, p.483-509.
- TAGLIONI, F., 2005, « Les revendications séparatistes et autonomistes au sein des États et territoires mono- et multi-insulaires: essai de typologie », Cahiers de géographie du Québec, vol. 49, n°136, p. 5-18.
- SMITH, A.D., 1979, "Towards a Theory of Ethnic Separatism", Ethnic and Racial Studies, vol. 2, n° 1, p. 21-37.
Ouvrages :
- BADIE, B., 1995, La fin des territoires, Paris, Fayard, 276p.
- DIECKHOFF, A., 2000, La nation dans tous ses Etats, Champs, Flammarion, Paris
- et vient de sortir : JOAO MEDEIROS (dir.), 2011, Le Mondial des nations, Paris, Choiseul, 574p.
samedi 12 mars 2011
Rapport : La politique africaine de la France
A lire ce week end .... le dernier rapport d'information de M. Josselin de ROHAN, fait au nom de la commission des affaires étrangères, sur la politique africaine de la France. (Téléchargez ICI)
Résumé: "Au moment où la France a entrepris de renouveler les accords de défense qu'elle avait avec un certain nombre de pays africains, comme l'engagement en avait été pris par le Président de la République dans son discours du Cap le 28 février 2008, il a semblé à votre commission pertinent d'analyser ce que sont les lignes directrices de la politique de notre pays vis-à-vis de l'Afrique.
Ces principes, qui fondent notre politique, s'inscrivent naturellement dans le cadre de la diversité et de la singularité de chacun des pays avec lesquels des accords ont été passés.
Le présent rapport traite principalement des questions de défense et de sécurité.
S'agissant de nos rapports avec l'Afrique subsaharienne, l'analyse montre que depuis 1990 c'est la continuité qui l'emporte. Depuis 30 ans, du discours de La Baule au discours du Cap, la politique diplomatique et de défense de la France en Afrique évolue sans rupture majeure mais en suivant l'évolution des grands bouleversements mondiaux et en s'y adaptant.
Elle a été ainsi marquée par deux inflexions majeures dues, pour la première, à la chute du mur de Berlin en 1989 et à l'effondrement du monde bipolaire qui a entraîné une « démocratisation » du continent, et pour la seconde, aux effets de la mondialisation qui conduit inévitablement à l'internationalisation des politiques et au multilatéralisme.
Entre ces deux adaptations majeures, nous avons procédé à de très importants changements de structure de la coopération française qui tirent les conséquences de ces bouleversements et permettent d'accompagner les politiques."
A lire sur ce blog mes précédents billets sur la question ICI.
Le rapport du Sénateur souligne que la "continuité (...)l'emporte", de mon côté je note qu'en alternant volontarisme, désengagement et attentisme, la France a sérieusement brouillé son image tant sur le continent qu'auprès de la communauté internationale.
Sur l'Européanisation de la politique africaine de la France : ICI
Concernant le titre et l'objectif de ce rapport je renvoie également à une citation d'Antoine Glaser et Stephen Smith (cités aussi sur ce blog) "Le jour où, au lieu de se targuer d'une "politique africaine" censée faire le bonheur du continent noir, il existera une politique française en Afrique, qu'on pourra présenter aux citoyens-électeurs-contribuables français comme étant de leur intérêt, la France aura tourné la page de son passé colonial" ....
Résumé: "Au moment où la France a entrepris de renouveler les accords de défense qu'elle avait avec un certain nombre de pays africains, comme l'engagement en avait été pris par le Président de la République dans son discours du Cap le 28 février 2008, il a semblé à votre commission pertinent d'analyser ce que sont les lignes directrices de la politique de notre pays vis-à-vis de l'Afrique.
Ces principes, qui fondent notre politique, s'inscrivent naturellement dans le cadre de la diversité et de la singularité de chacun des pays avec lesquels des accords ont été passés.
Le présent rapport traite principalement des questions de défense et de sécurité.
S'agissant de nos rapports avec l'Afrique subsaharienne, l'analyse montre que depuis 1990 c'est la continuité qui l'emporte. Depuis 30 ans, du discours de La Baule au discours du Cap, la politique diplomatique et de défense de la France en Afrique évolue sans rupture majeure mais en suivant l'évolution des grands bouleversements mondiaux et en s'y adaptant.
Elle a été ainsi marquée par deux inflexions majeures dues, pour la première, à la chute du mur de Berlin en 1989 et à l'effondrement du monde bipolaire qui a entraîné une « démocratisation » du continent, et pour la seconde, aux effets de la mondialisation qui conduit inévitablement à l'internationalisation des politiques et au multilatéralisme.
Entre ces deux adaptations majeures, nous avons procédé à de très importants changements de structure de la coopération française qui tirent les conséquences de ces bouleversements et permettent d'accompagner les politiques."
A lire sur ce blog mes précédents billets sur la question ICI.
Le rapport du Sénateur souligne que la "continuité (...)l'emporte", de mon côté je note qu'en alternant volontarisme, désengagement et attentisme, la France a sérieusement brouillé son image tant sur le continent qu'auprès de la communauté internationale.
Sur l'Européanisation de la politique africaine de la France : ICI
Concernant le titre et l'objectif de ce rapport je renvoie également à une citation d'Antoine Glaser et Stephen Smith (cités aussi sur ce blog) "Le jour où, au lieu de se targuer d'une "politique africaine" censée faire le bonheur du continent noir, il existera une politique française en Afrique, qu'on pourra présenter aux citoyens-électeurs-contribuables français comme étant de leur intérêt, la France aura tourné la page de son passé colonial" ....
jeudi 10 mars 2011
54, 55 …après le Sud Soudan, le Somaliland ?
En juillet, le Sud Soudan sera le 54ème États africains reconnu par la communauté internationale. La récente décision du peuple sud soudanais ouvrira-t-elle la boite de pandore des revendications indépendantistes africaines ?
L’indépendance du Sud Soudan est une singularité. Elle fut soutenue par des puissances extérieures au continent et contre le principe fondamental d’intangibilité des frontières de l’Union Africaine hérité de 1964.
L’accord de paix de Nairobi du 9 janvier 2005 entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste de John Garang, incluant le referendum d’autodétermination de 2011, a mis fin au plus long conflit du continent africain (3 millions de morts, 5 millions de déplacés/réfugiés).
La principale conséquence de cette indépendance pourrait être au niveau régional. En effet, le Somaliland, État de facto depuis 1991, toujours en attente de reconnaissance internationale voit dans l'indépendance du Sud-Soudan une opportunité de faire valoir ses revendications à son tour : « If the international community accepts the independence of southern Sudan, there is no reason why the door should not be open for us also” affirmait en début d’année le président Somalilandais. En 2010 le pays a organisé des élections présidentielles qui se sont passés dans le calme et la transition démocratique fut reconnue de tous. Au lendemain de son élection le nouveau président, Silaanyo, affichait clairement l’objectif principal de son mandat : “During my tenure as president I will vigorously fight for the recognition of Somaliland. The world must recognize our democracy”.
Le Somaliland a tout d’un Etat sauf…la reconnaissance formelle des autres Etats ! Ce petit pays au Nord de la Somalie souhaite retrouver les frontières du British Somaliland, une colonie distincte de la Somalia Italiana et dont elle a obtenue son indépendance séparément. De fait son rattachement au reste de la Somalie fut bref (rappel historique : ICI, Vidéo Somali independence Day 1960 )
C’est également un ilot stable ayant assis son autorité sur son territoire. Un rattachement à moyen ou même long terme avec la Somalie du Sud est inenvisageable. Le pays dispose de ses propres forces de sécurité et de sa police, d'un système judiciaire et d'une monnaie, d’un drapeau, de timbre (édités en Grande Bretagne), de gardes côtes formés par les Britanniques, d’institutions qui fonctionnent…. Le secteur privé est très dynamique (7 opérateurs de téléphone presque autant de journaux). C’est aussi la seule économie au monde où plus de la moitié de la population dépend du pastoralisme nomade pour vivre.
Pourquoi une reconnaissance internationale si le Somaliland fonctionne déjà comme un Etat ? Outre la possibilité de siéger dans les instances internationales, d’être reconnue par l’ONU, le FMI….une reconnaissance permettrait des relations bancaires et la possibilité d’établir des contrats d’assurance et donc aux investisseurs de s’implanter et à l’Etat de connaitre un essor économique.
De fait, les missions britanniques, américaines…se succèdent à Hargeisa la capitale. Les britanniques seraient venus demander, en octobre 2010, la collaboration des gardes-côtes du Somaliland à leur lutte contre la piraterie maritime et auraient offert en contrepartie des armes et des moyens de détection radars. Ils se seraient également déclarés intéressés pour disposer d'une base navale près de Berbera. De même les Américains ont changé de stratégie en Somalie. Désormais le dialogue et l’aide financière avec les régions périphériques de la Somalie sont privilégiés. Pourtant aucun pays occidental de se risquerait à s’ingérer dans les affaires africaines et à contredire les principes de l’Union Africaine en reconnaissant ce nouvel État.
L'Éthiopie et Djibouti traitent ce voisin comme un égal et commerce avec lui (le Somaliland est même un nouveau débouché maritime pour l’Ethiopie) mais ils n’ont pas la légitimité pour le reconnaitre. L’Ethiopie serait une nouvelle fois perçue comme un État colonial par ses voisins.
La souveraineté du Somaliland est donc reconnue implicitement de tous mais la reconnaissance internationale reste un acte discrétionnaire de chaque État et personne ne souhaite faire le premier pas. La seule solution serait une reconnaissance officielle par un État africain tel que l’Afrique du Sud…mais quel intérêt pour cet État ?
La situation risque de perdurer et ce statut quo s’installer dans le long terme dans la mesure où aucun Etat ne prendra la décision de reconnaître en premier le Somaliland. Le précédent sud-soudanais pourrait rester une singularité et « le secret le mieux gardé d'Afrique », comme le nomme ses dirigeants, le rester...
Pour aller plus loin :
- Une sélection d'articles des Nouvelles d'Addis sur le Somaliland : ICI
- Une sélection de liens Somalilandais ICI
- "Somalia & Somaliland : Envisioning a dialogue on the question of Somali unity"
- "Debating secession and the recognition of new states in Africa"
- "Somaliland : à l'Union Africaine de montrer le chemin"
L’indépendance du Sud Soudan est une singularité. Elle fut soutenue par des puissances extérieures au continent et contre le principe fondamental d’intangibilité des frontières de l’Union Africaine hérité de 1964.
L’accord de paix de Nairobi du 9 janvier 2005 entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste de John Garang, incluant le referendum d’autodétermination de 2011, a mis fin au plus long conflit du continent africain (3 millions de morts, 5 millions de déplacés/réfugiés).
La principale conséquence de cette indépendance pourrait être au niveau régional. En effet, le Somaliland, État de facto depuis 1991, toujours en attente de reconnaissance internationale voit dans l'indépendance du Sud-Soudan une opportunité de faire valoir ses revendications à son tour : « If the international community accepts the independence of southern Sudan, there is no reason why the door should not be open for us also” affirmait en début d’année le président Somalilandais. En 2010 le pays a organisé des élections présidentielles qui se sont passés dans le calme et la transition démocratique fut reconnue de tous. Au lendemain de son élection le nouveau président, Silaanyo, affichait clairement l’objectif principal de son mandat : “During my tenure as president I will vigorously fight for the recognition of Somaliland. The world must recognize our democracy”.
Le Somaliland a tout d’un Etat sauf…la reconnaissance formelle des autres Etats ! Ce petit pays au Nord de la Somalie souhaite retrouver les frontières du British Somaliland, une colonie distincte de la Somalia Italiana et dont elle a obtenue son indépendance séparément. De fait son rattachement au reste de la Somalie fut bref (rappel historique : ICI, Vidéo Somali independence Day 1960 )
C’est également un ilot stable ayant assis son autorité sur son territoire. Un rattachement à moyen ou même long terme avec la Somalie du Sud est inenvisageable. Le pays dispose de ses propres forces de sécurité et de sa police, d'un système judiciaire et d'une monnaie, d’un drapeau, de timbre (édités en Grande Bretagne), de gardes côtes formés par les Britanniques, d’institutions qui fonctionnent…. Le secteur privé est très dynamique (7 opérateurs de téléphone presque autant de journaux). C’est aussi la seule économie au monde où plus de la moitié de la population dépend du pastoralisme nomade pour vivre.
Pourquoi une reconnaissance internationale si le Somaliland fonctionne déjà comme un Etat ? Outre la possibilité de siéger dans les instances internationales, d’être reconnue par l’ONU, le FMI….une reconnaissance permettrait des relations bancaires et la possibilité d’établir des contrats d’assurance et donc aux investisseurs de s’implanter et à l’Etat de connaitre un essor économique.
De fait, les missions britanniques, américaines…se succèdent à Hargeisa la capitale. Les britanniques seraient venus demander, en octobre 2010, la collaboration des gardes-côtes du Somaliland à leur lutte contre la piraterie maritime et auraient offert en contrepartie des armes et des moyens de détection radars. Ils se seraient également déclarés intéressés pour disposer d'une base navale près de Berbera. De même les Américains ont changé de stratégie en Somalie. Désormais le dialogue et l’aide financière avec les régions périphériques de la Somalie sont privilégiés. Pourtant aucun pays occidental de se risquerait à s’ingérer dans les affaires africaines et à contredire les principes de l’Union Africaine en reconnaissant ce nouvel État.
L'Éthiopie et Djibouti traitent ce voisin comme un égal et commerce avec lui (le Somaliland est même un nouveau débouché maritime pour l’Ethiopie) mais ils n’ont pas la légitimité pour le reconnaitre. L’Ethiopie serait une nouvelle fois perçue comme un État colonial par ses voisins.
La souveraineté du Somaliland est donc reconnue implicitement de tous mais la reconnaissance internationale reste un acte discrétionnaire de chaque État et personne ne souhaite faire le premier pas. La seule solution serait une reconnaissance officielle par un État africain tel que l’Afrique du Sud…mais quel intérêt pour cet État ?
La situation risque de perdurer et ce statut quo s’installer dans le long terme dans la mesure où aucun Etat ne prendra la décision de reconnaître en premier le Somaliland. Le précédent sud-soudanais pourrait rester une singularité et « le secret le mieux gardé d'Afrique », comme le nomme ses dirigeants, le rester...
Pour aller plus loin :
- Une sélection d'articles des Nouvelles d'Addis sur le Somaliland : ICI
- Une sélection de liens Somalilandais ICI
- "Somalia & Somaliland : Envisioning a dialogue on the question of Somali unity"
- "Debating secession and the recognition of new states in Africa"
- "Somaliland : à l'Union Africaine de montrer le chemin"
Sonia Le Gouriellec, Good Morning Afrika
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jeudi 3 mars 2011
Djibouti : "Un pays fragile dans une Corne de l’Afrique effondrée "
Mardi Eric Laurent recevait Alain Gascon
dans l'émission Les enjeux internationaux.
Résumé : "Une certaine agitation se fait sentir à Djibouti, marquée par une opposition croissante au président en place depuis douze ans. Son désir de se maintenir au pouvoir et les tensions grandissantes marquées par les vieux clivages ethniques risquent de transformer le pays en un lieu d'affrontements sanglants.
Enfin, la proximité de zones politiquement sensibles, comme la Somalie et le Yemen font de cet ancien territoire français des Afars et des Issas un lieu qui pourait devenir de plus en plus fargilisé..."
Écoutez l'émission ICI
dans l'émission Les enjeux internationaux.
Résumé : "Une certaine agitation se fait sentir à Djibouti, marquée par une opposition croissante au président en place depuis douze ans. Son désir de se maintenir au pouvoir et les tensions grandissantes marquées par les vieux clivages ethniques risquent de transformer le pays en un lieu d'affrontements sanglants.
Enfin, la proximité de zones politiquement sensibles, comme la Somalie et le Yemen font de cet ancien territoire français des Afars et des Issas un lieu qui pourait devenir de plus en plus fargilisé..."
Écoutez l'émission ICI
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dimanche 27 février 2011
Djibouti : du bon ou du mauvais usage du blog
Mon billet précédent a suscité débat et m’oblige à quelques précisions. Ce billet visait juste à replacer les évènements djiboutiens dans leur contexte et surtout rappeler leur chronologie qui, à mon sens, exclu tout répétition d'un pseudo « modèle » tunisien, égyptien ….. Il s’agissait de réagir aux analyses faites par certains journalistes ou sur différents blogs qui voyaient Djibouti reproduire les évènements d’Afrique du Nord.
Certes la persistance des troubles aujourd’hui ne peut être indépendante de l’actualité dans le reste du monde arabe. Certains se sont d’ailleurs chargés de me rappeler que Djibouti appartenait à la Ligue arabe, je les en remercie …Mais allons plus loin qu’est ce que le monde arabe ? Monde arabe = Ligue arabe ? D’ailleurs on parle de plus en plus des mondeS arabeS ainsi que des AfriqueS. Ces aires sont difficilement délimitables tant par leur diversité que par les représentations qu’en on les peuples eux-mêmes. (cf les explications sur la représentation des tunisiens par leur environnement immédiat dans le précédent billet) Les dynamiques libanaises, comoriennes, djiboutiennes ou marocaines ne répondent pas aux mêmes logiques.
Je le répète les troubles à Djibouti seraient arrivés avec ou sans les évènements en Tunisie, en Egypte…comme il existe de nombreuses manifestations, heurts, révoltes…dans le monde chaque jour comme en témoigne le blog Anthropologie du présent ICI.
Par ailleurs ce billet a pu être repris sur différents sites partisans dont je ne partage pas forcément les vues. Rappeler ce contexte ne porte en rien une appréciation sur les velléités du peuple djiboutien ou sur la politique interne à cet Etat. Certains ont vu dans ce billet une tentative « d'amalgame entre les revendications sociales du peuple et celles des opposants » qui se serviraient des étudiants, ça n’était pas du tout l’objectif et je me garderai de ce type d’analyse.
Certes la persistance des troubles aujourd’hui ne peut être indépendante de l’actualité dans le reste du monde arabe. Certains se sont d’ailleurs chargés de me rappeler que Djibouti appartenait à la Ligue arabe, je les en remercie …Mais allons plus loin qu’est ce que le monde arabe ? Monde arabe = Ligue arabe ? D’ailleurs on parle de plus en plus des mondeS arabeS ainsi que des AfriqueS. Ces aires sont difficilement délimitables tant par leur diversité que par les représentations qu’en on les peuples eux-mêmes. (cf les explications sur la représentation des tunisiens par leur environnement immédiat dans le précédent billet) Les dynamiques libanaises, comoriennes, djiboutiennes ou marocaines ne répondent pas aux mêmes logiques.
Je le répète les troubles à Djibouti seraient arrivés avec ou sans les évènements en Tunisie, en Egypte…comme il existe de nombreuses manifestations, heurts, révoltes…dans le monde chaque jour comme en témoigne le blog Anthropologie du présent ICI.
Par ailleurs ce billet a pu être repris sur différents sites partisans dont je ne partage pas forcément les vues. Rappeler ce contexte ne porte en rien une appréciation sur les velléités du peuple djiboutien ou sur la politique interne à cet Etat. Certains ont vu dans ce billet une tentative « d'amalgame entre les revendications sociales du peuple et celles des opposants » qui se serviraient des étudiants, ça n’était pas du tout l’objectif et je me garderai de ce type d’analyse.
mercredi 23 février 2011
Les limites de la logique d’extension des rébellions
« Dans les pas du modèle tunisien », « un écho à la révolution égyptienne »….les analyses des rébellions arabes se multiplient et des comparaisons parfois douteuses nous incitent à relativiser la portée de ces mouvements sans bien sûr nier sa capacité d’extension.
Les perceptions sont importantes. Dans le cas tunisien on peut penser qu’elles se limitent au monde arabe. En effet, les Tunisiens ont toujours été méprisés par leur environnement immédiat : traités de faibles et de femmes (…) par leurs voisins voire de « nation de garçons de café » par les Algériens (référence à leur dépendance au secteur touristique). L’origine tunisienne des rébellions actuelles est donc hautement symbolique pour le monde arabe. La rébellion tunisienne a donné audace et courage au reste du monde arabe.
Chaque acteur a ses logiques propres, prenons l’exemple djiboutien.
Les faits : Dès le début du mois de février les heurts ont débutés. Seuls deux étudiants en droit sur 180 ont réussi leurs examens du premier semestre. Les étudiants sont donc descendus dans la rue pour exprimer leur colère (commerces pillés, véhicules brûlés...). Les raisons de leur colère ? La rumeur voudrait que le gouvernement, pour faire baisser les chiffres du chômage, ait tenté de retarder l’entrée des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Donc une genèse relativement indépendante des évènements dans le monde arabe.
Contexte : le contexte est bien sûr particulier. Djibouti est en pleine période pré-électorale puisque les élections présidentielles doivent se tenir le 8 avril prochain. Le président actuel Ismaël Omar Guelleh briguera un troisième mandat. Partout dans le monde les élections sont une période de fragilité où (re)naissent les guerres civiles et frustrations des populations se sentant marginalisées.
Poursuite du mouvement : l’opposition avait prévu depuis plusieurs semaines une marche le 18 février, le contexte brulant est d’autant plus propice à voir la situation dégénérer. Effectivement les différents mouvements verrons la mort de plusieurs manifestants et policiers, des opposants seront arrêtés, jugés en comparution immédiate et emprisonnés. C’est donc seulement à partir de cet évènement que « l’exemple tunisien » est repris. Lundi l'opposition djiboutienne a condamné la "répression sauvage" de la manifestation de 18 février, demandant "un changement pacifique et démocratique" du régime "à l'instar de la Tunisie".
Au regard de cet exemple gardons nous de toute hyper réactivité dans l’analyse des évènements actuels… Ne nous précipitions pas à voir dans tous les mouvements sociaux actuels des extensions des troubles du monde arabe. Chaque acteur a ses propres logiques et répond à des jeux de pouvoirs internes.
Les perceptions sont importantes. Dans le cas tunisien on peut penser qu’elles se limitent au monde arabe. En effet, les Tunisiens ont toujours été méprisés par leur environnement immédiat : traités de faibles et de femmes (…) par leurs voisins voire de « nation de garçons de café » par les Algériens (référence à leur dépendance au secteur touristique). L’origine tunisienne des rébellions actuelles est donc hautement symbolique pour le monde arabe. La rébellion tunisienne a donné audace et courage au reste du monde arabe.
Chaque acteur a ses logiques propres, prenons l’exemple djiboutien.
Les faits : Dès le début du mois de février les heurts ont débutés. Seuls deux étudiants en droit sur 180 ont réussi leurs examens du premier semestre. Les étudiants sont donc descendus dans la rue pour exprimer leur colère (commerces pillés, véhicules brûlés...). Les raisons de leur colère ? La rumeur voudrait que le gouvernement, pour faire baisser les chiffres du chômage, ait tenté de retarder l’entrée des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Donc une genèse relativement indépendante des évènements dans le monde arabe.
Contexte : le contexte est bien sûr particulier. Djibouti est en pleine période pré-électorale puisque les élections présidentielles doivent se tenir le 8 avril prochain. Le président actuel Ismaël Omar Guelleh briguera un troisième mandat. Partout dans le monde les élections sont une période de fragilité où (re)naissent les guerres civiles et frustrations des populations se sentant marginalisées.
Poursuite du mouvement : l’opposition avait prévu depuis plusieurs semaines une marche le 18 février, le contexte brulant est d’autant plus propice à voir la situation dégénérer. Effectivement les différents mouvements verrons la mort de plusieurs manifestants et policiers, des opposants seront arrêtés, jugés en comparution immédiate et emprisonnés. C’est donc seulement à partir de cet évènement que « l’exemple tunisien » est repris. Lundi l'opposition djiboutienne a condamné la "répression sauvage" de la manifestation de 18 février, demandant "un changement pacifique et démocratique" du régime "à l'instar de la Tunisie".
Au regard de cet exemple gardons nous de toute hyper réactivité dans l’analyse des évènements actuels… Ne nous précipitions pas à voir dans tous les mouvements sociaux actuels des extensions des troubles du monde arabe. Chaque acteur a ses propres logiques et répond à des jeux de pouvoirs internes.
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