dimanche 13 octobre 2013

Le groupe al-Shabaab et l’attaque de Nairobi (1/2)

Nous nous proposons de reproduire ici, la première partie d'une note réalisée pour le Centre de Doctrine et d'Emploi des Forces (CDEF).

Le 21 septembre 2013, le groupe Harakat al-Shabab al-Mujahideen revendiquait une fusillade dans le Westgate Mall, un centre commercial de Nairobi. La prise d’otages qui suivit fût exceptionnellement longue et meurtrière avec 68 morts et près de 200 blessés. Alors qu’on pensait le groupe terroriste affaibli par des dissensions internes et par la perte de contrôle d’une partie du territoire de la Somalie du Sud, cette action, montre que sa capacité de nuisance reste intacte et marque une évolution dans la stratégie du groupe. Avant de revenir plus en détail sur l’attaque de Nairobi et ses répercussions (2), il convient de comprendre l’évolution du mouvement (1).


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Al-Shabaab, un mouvement jeune à l’internationalisation récente

Al-Shabaab signifie « jeune/jeunesse » en arabe. Ce groupe l’est pour deux raisons : son émergence récente et sa composition. En effet, l’utilisation du terme « Shebab » est, au départ, une appellation générique reflétant la jeunesse de ses membres. La déliquescence de l’Etat somalien, après la chute de Syaad Barre en 1991, et la succession de conflits qui suivirent, générèrent un contexte idéal à la « mooryanisation » et au recrutement de jeunes par des mouvements combattants comme les Shebabs. Un recrutement souvent plus opportuniste qu’idéologique.

De l’émergence d’un groupe local…

Les informations concernant la genèse du mouvement sont rares et discordantes mais on peut retenir que le groupe aurait été fondé en 2002/03 par d’anciens combattants jihadistes revenus d’Afghanistan. Entre 2004 et 2006, ce groupe, qui s’apparente alors à une milice, se rapproche de l’Union des Tribunaux Islamique (UTI). Après l’intervention éthiopienne, la défaite de l’UTI en décembre 2006 et le ralliement de Cheick Sharif Cheick Ahmed, un ancien chef de l’Union des Tribunaux Islamiques, au gouvernement fédéral de transition, les Shebabs deviennent un véritable groupe à l’idéologie et l’organisation propre, et le premier groupe insurrectionnel du pays. Son objectif est alors d’amener les troupes étrangères à se retirer de Somalie, de renverser le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT), et d’imposer un régime islamiste régit par la Sharia. L’objectif du mouvement reste d’instaurer un Emirat islamique sur l’ensemble du territoire somalien, comme préalable à la réalisation de l’Umma. Les objectifs du mouvement ont évolué, jusqu’à projeter d’étendre son action au-delà du territoire national somalien dans une vision pansomalienne. Dès 2009, le groupe révélait clairement ses ambitions transnationales, bien qu’on puisse penser que dans le contexte de l’époque cela relevait plus de la propagande afin d’attirer des combattants et des financements étrangers.

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…au développement d’un mouvement combattant transnational

Les liens avec la nébuleuse globale Al-Qaïda sont de plus en plus forts. Dès 2006, le mouvement se rapproche d’Al-Qaïda . En réponse, Ben Laden relaie les accusations de trahison portées par les Shebabs à l’encontre du nouveau président somalien, Cheick Sharif Cheick Ahmed, qu’ils comparent au président afghan Hamid Karzaï et appellent au jihad contre son régime. Les Shebabs prêtent ensuite formellement allégeance à Al-Qaïda et Al-Zawahiri reconnaît le ralliement du groupe à la nébuleuse en février 2011.

Le 11 juillet 2010, le groupe montre qu’il a les capacités et l’ambition d’étendre son champ d’action à des cibles au-delà des frontières somaliennes. Il mène sa première grande opération en dehors de Somalie, des attentats-suicides pendant la retransmission de la coupe du monde de football à Kampala en 2010. L’Ouganda est visé en représailles à son engagement au sein de la mission de l’Union Africaine en Somalie (AMISOM) et à la présence de milliers de soldats ougandais en Somalie. Le groupe est de plus en plus actif dans la région. Dès 2010, il mène également de nombreuses incursions dans le Nord du Kenya contre les forces kenyanes.
Suite à l’intervention kenyane de 2011 et au recul des Shebabs sur le terrain, l’idéologie globale a pris le pas sur une idéologie initialement nationale qui visait à défendre le pays contre la présence éthiopienne, assimilée, de façon caricaturale, à une invasion chrétienne, bien que les forces étrangères présentes en Somalie (Ethiopie, Kenya, Ouganda, Burundi, etc.), et leurs soutiens, restent des ennemis à combattre.

Un basculement vers la guérilla et le terrorisme conséquence d’un repli sur le terrain

Les premières cibles des Shebabs sont les représentants du Gouvernement Fédéral de Transition, les forces de sécurité somaliennes, les personnels de l’AMISOM et leurs alliés en Somalie. L’attaque de Kampala en 2010 marque donc un premier tournant dans la stratégie du groupe. De même, si les premiers raids en territoire kenyans sont limités, des attaques en 2010 et 2011 contre des postes de sécurité kenyans proches de la frontière, marquent une nouvelle étape.


En général, les Shebabs évitent de s’engager directement face à une armée conventionnelle. Après le départ des troupes éthiopiennes en 2009, les insurgés Shebabs sont parvenus rapidement à prendre le contrôle de villes de province sans beaucoup combattre. En effet, les forces gouvernementales et les milices locales étaient soient absentes, soient incapable de faire face à ce type d’insurrection. De fait les Shebabs rencontrèrent peu de résistance. Néanmoins, si des alliances locales leur permettent d’intervenir sur des zones étendues, le contrôle social n’y est pas direct. Le morcellement du territoire somalien ne doit pas être appréhendé comme une logique de blocs. Les membres d’Al-Shabaab sont présents sur tout le territoire mais ils n’en contrôlent que certaines parties. En réalité, le contrôle effectif du territoire par le groupe est assez faible.
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Lorsqu’ils ont commencé à reculer, et à perdre leurs fiefs notamment le port de Kismayo qui était un vecteur de ressources important, les Shebabs ont adopté des tactiques de la guérilla. Ce fut notamment le cas à Mogadiscio lors de leur retrait en août 2011. Le porte-parole des Shebabs le qualifiera de « retrait tactique » et le groupe est alors passé d’une guerre de position, afin de conserver le contrôle de la capitale, à de la guérilla urbaine. Une tactique privilégiée au fur et à mesure que les Shebabs perdent le contrôle de nombreuses villes majeures du Sud du pays.
Les influences extérieures se reflètent dans l’utilisation de moyens longtemps ignorée en Somalie comme les engins explosifs improvisés et surtout les attentats-suicides auxquels ils ont recourt dès 2006. Le groupe utilise de plus en plus les assassinats politiques. En juin 2011, il utilise pour la première fois une femme kamikaze afin de tuer le ministre de l’Intérieur du GFT. Certains rapports évoquent également le développement de capacités maritimes.

lundi 16 septembre 2013

Sahel : soutien aux otages

10 Français sont actuellement détenus en otage dans le monde. Parmi eux, Pierre Legrand, originaire de Couffé, est retenu prisonnier depuis le 16 septembre 2010 au Sahel avec trois compagnons, Marc Féret, Thierry Dol et Daniel Larribe. Les associations Otages du Monde et Soutien aux otages d’Arlit lancent en soutien aux otages et à leurs familles, pour un grand rassemblement ce samedi 21 septembre 2013 à la Cité des Congrès de Nantes à partir de 14 heures


L’auteure de ce blog a l’honneur d’y être invitée et d’apporter par ce biais son soutien aux familles des otages. Cette journée est dédiée aux otages pour ne pas les oublier et  exiger leur retour au plus vite ! Elle se tiendra sous  le parrainage et en présence de Madame Ingrid Betancourt, avec le soutien de Nantes Métropole et de la Ville de Nantes.
En première partie, une table ronde sera animée par Benoît Duquesne (France Télévision), sur le thème : 

« Où va le Sahel ? Enjeux pour les otages ».

Des experts seront présents : Serge Michaïlof, auteur, chercheur associé à l'IRIS, ancien directeur à la Banque Mondiale et à l'AFD, Sonia Le Gouriellec, enseignant chercheur, ainsi que des journalistes anciens otages  Philippe Rochot, Jean-Louis Normandin.

En deuxième partie, des témoignages alterneront avec des prestations d'artistes ayant souhaité exprimer ainsi leur soutien : musiques, chants, poèmes, seront  interprétés par des musiciens, comédiens et chanteurs qui apportent leur soutien à tous les  otages détenus dans le monde. Parmi eux  Jean-Louis Jossic (Tri-Yann), Michel Valmer (comédien),  Mood (chant), Daniel Trutet (violoncelle), Cécile Gravot (harpe), Doremus et Ben Vover (chant), les groupes Moustache Museum et After the bees….

vendredi 6 septembre 2013

Saisissant "A Hijacking" (fiche ciné)

En 2007, le MV Rozen et son équipage (six Kenyans et six Sri lankais) étaient capturés par des pirates au large de la Somalie. Après 40 jours de négociations le cargo était relâché. On le sait de la réalité à la fiction il n’y a qu’un pas qu’a franchi avec brio le réalisateur danois de « A Hijacking – Kapringen ». Ainsi, dans ce film sorti en France le 10 juillet dernier, on retrouve le MV Rozen au cœur d’une prise d’otage.



Le scénariste de Borgen (de nombreux acteurs de la série sont présents dans le film) et réalisateur, Tobias Lindholm, signe ici un drame aux accents de thriller. On peut y suivre la mésaventure de Mikkel (Pilou Asbaek), sympathique cuisiner du cargo dont le cargo est détourné par des pirates somaliens. Néanmoins, ce sont les négociations qui sont au cœur de ce film. D’ailleurs, celui-ci s’ouvre sur une scène de négociations entre le chef de la compagnie maritime où travaille Mikkel et des hommes d’affaires japonais, sur le montant
d’un accord. Les négociations sont rudes mais Peter, froid et sûr de lui, obtient le montant qu’il souhaitait alors qu’il fait mine de quitter la table de négociations. Cette scène donne le ton du film qui, plus qu’un film sur la piraterie (on ne voit pas l’abordage), est un drame au suspens éprouvant où les négociations pour délivrer les otages mettent le spectateur dans une angoisse permanente.

Tout au long du film, le pirate Omar, mène les négociations de sa cabine à bord du Rozen. Il semble être le chef des pirates bien qu’il s’en défende violemment, refusant d’être réduit à ce statut. Il se présente comme un simple intermédiaire chargé de la traduction. A plusieurs milliers de kilomètres, Peter décide de mener lui-même les négociations, comme il a l’habitude de le faire dans ses affaires, et contre l’avis d’un consultant extérieur engagé pour superviser les procédures. Il se donne pour objectif de faire baisser la rançon de départ qui s’élève à 15 million de dollars. Le leadership et la prise de décision en situation de crise sont autant de thématiques abordées par ce film. On voit le pirate, Omar, utiliser le chantage émotionnel sur les otages pour arriver à ses fins et faire plier Peter. Mais rien n’y fait, le temps s’écoule, les jours se transforment en semaines puis en mois. Les personnages sont épuisés. Peter, le chef d’entreprise danois, qui paraissait froid et très sûr de lui au départ, semble douté de sa capacité à mener sans émotion ces négociations. On le voit faiblir, douter, perdre le contrôle.


A aucun moment l’Etat danois n’intervient. L’action se passe uniquement entre les cabines du Rozen et le bureau de Peter transformé en cellule de crise. Cette ambiance calfeutrée met le spectateur dans une atmosphère de tension. On apprécie tout particulièrement le réalisme de la réalisation. Tobias Lindholm montre les difficultés quotidiennes des membres de l’équipage (saleté, promiscuité, manque de nourriture et d’eau). L’angoisse monte et le désespoir apparaît. Les otages tuent le temps avec les pirates, apprennent à les connaitre, rient avec eux (et d’eux) parfois, bien qu’ils ne parlent pas la même langue. Ils apparaissent comme de véritables businessman et bien qu’Omar leur négociateur se défende d’être un pirate, on comprend qu’il n’en est pas à son premier coup d’essai.

Il n’y a pas vraiment de méchants dans A Hidjaking. Les pirates ont un visage et une rationalité que le simple récit, voir décompte statistique froid des actes de piraterie, ferait oublier. Le réalisateur n’en fait pas des caricatures même si on aurait aimé les voir plus et peut être remonter aux racines de ce phénomène qui a explosé au large des côtes somaliennes en 2008. La piraterie n’est donc pas la thématique centrale du film malgré son titre. Mais les affaires sont les affaires et l’une des dernières scènes du film est d’une violence extrême, elle remet l’humain au cœur du film et montre le caractère destructeur des événements sur la vie de ces hommes pris au cœur de tractations qui les dépassent.

La bande annonce  :





vendredi 19 juillet 2013

Publication (Diplomatie) : La victoire de Kenyatta sur fond de crime contre l'humanité

Nous sommes ravie de vous annoncer notre dernière publication dans la revue Diplomatie n°63. Cette contribution porte sur les dernières élections au Kenya et les défis qui attendent la nouvelle équipe au pouvoir. Vous trouverez ci-dessous l'introduction : 



Uhuru Kenyatta, fils du « père de l’indépendance » et candidat vainqueur à l’élection présidentielle kenyane, a été investi le 9 avril 2013. Certes, son élection a été contestée juridiquement mais les résultats ont été confirmés par la Cour Suprême le 30 mars 2013. Ces dernières élections présidentielles sont certainement les plus importantes et les plus complexes depuis que le pays a renoué avec le multipartisme, il y a deux décennies. 86% des électeurs kenyans se sont ainsi rendus aux urnes pour élire, non seulement le Président, mais aussi les députés, sénateurs, gouverneurs de « counties » (départements) et représentants locaux. Bien que les observateurs et les analystes aient pu craindre de voir se reproduire les violences qui avaient entachées les élections de 2007, ces nouvelles élections se sont déroulées dans un climat relativement plus serein avec une forte mobilisation électorale. Elles font entrer le Kenya dans une ère nouvelle qui devrait voir la démocratie se renforcer.  

Pourtant, cette dynamique vertueuse ne doit pas occulter les défis internes et internationaux que doit relever le nouveau gouvernement. Ce dernier va devoir se battre sur deux fronts distincts : si le pays lui réclame de tourner la page des divisions internes tout en assurant la réforme de l’Etat et un développement économique maîtrisé, il devra composer avec un environnement international complexe. Alors que le contexte régional pourrait mettre à mal la stabilité du Kenya, le Président aura à éviter l’isolement international qui pourrait être imposé au pays, du fait des accusations de la Cour pénale internationale (CPI) qui pèsent sur son vice-président et sur lui-même.

vendredi 28 juin 2013

Dernier café stratégique : rencontrez-nous !

L’Alliance géostratégique organise son dernier café de l’année le 4 juillet 2013 au café Concorde à 19h.  A cette occasion, nous vous proposons tout simplement de sortir du petit écran et de nous rencontrer.


Vous retrouverez : CIDRIS Cyberwarfare (cybersécurité), De La Terre à la Lune (espace), Good Morning Afrika (Afrique), Historicoblog (histoire militaire), les Carnets de Clarisse (information), la Voie de l'Epée, Mars Attaque, la Plume & le Sabre, War Studies Publications (défense) et Zone d'Intérêt (renseignement et technologie militaire).

lundi 17 juin 2013

Les relations Afrique - Chine

Jusqu’au 4 juillet, vous pouvez accéder gratuitement aux articles du dernier numéro de la revue African Studies Review, consacrés aux relations entre la Chine et l’Afrique. Précipitez-vous pour télécharger ces articles ICI !



Sommaire :

-Introduction, Jamie Monson and Stephanie Rupp
-Remembering Work on the Tazara Railway in Africa and China, 1965-2011: When "New Men" Grow Old, Jamie Monson
-Chinese Devils, the Global Market, and the Declining Power of Togo's Nana-Benzes, Nina Sylvanus
-African Pentecostal Migrants in China: Marginalization and the Alternative Geography of a Mission Theology, Heidi Østbø Haugen
-Ghana, China, and the Politics of Energy, Stephanie Rupp
-Perceptions of Chinese in Southern Africa: Constructions of the "Other" and the Role of Memory, Yoon Jung Park

-China and Africa Rebooted: Globalization(s), Simplification(s), and Cross-Cutting Dynamics in "South-South" Relations, Julia C. Strauss

vendredi 14 juin 2013

Etudes éthiopiennes et yéménites

Un nouveau numéro de la revue Pount vient de sortir : Etudes éthiopiennes et yéménites.


Sommaire :

Didier MORIN, La participation française à l’Encyclo-paedia Aethiopica – 
Paul Marie GLAOUAËR, Comment l’Encyclopaedia Aethiopica a failli être française – 
Alain ROUAUD, La bibliothèque éthio-pienne du cardinal Tisserant – 
Alain GASCON, La 18e Conférence internationale des Études éthiopiennes –
Franck MERMIER, Le Yémen au miroir de publications anglophones récentes – *Documents : 1. Maxime Rodinson : « Les souvenirs d’un marginal », suite –  2. Un siècle de diplômés d’amharique des Langues O’ (1898-2008) –*
Stéphane ANCEL, Les sièges épiscopaux en Éthiopie – 
Bertrand LIONEL-MARIE, L’esclave éthiopien avant le ras Tafari : les dispositions du Fetha-nagast –
Robert BEYLOT, Recherches sur l’homiliaire éthiopien en l’honneur d’Ouriel –
Laurent JOLLY, Le Bataillon Somali dans la Grande Guerre – 
* Comptes rendus : C. Lucarelli, 2010 (A. GASCON & A. TURCO) – J. Miran (ed.), NAS, 1, 2012 (Ph. PÉTRIAT) – Tibebe Eshete, 2009 (S.  DEWEL)

Résumé de l’éditeur : Edward Ullendorff (25 janvier 1920 – 6 mars 2011) n’est plus, mais le savant éthiopisant britannique nous laisse plusieurs ouvrages qui seront pour longtemps des références riches et sûres : The Ethiopians, Ethiopia and the Bible, A Tigrinya chrestomathy, etc. Jean Leclant (8 août 1920 – 16 septembre 2011), nous a quittés, lui aussi. Égyptologue, homme de pouvoir et d’influence, il a contrôlé, bien qu’il se soit défendu d’être un éthiopisant, des décennies durant l’archéologie française (et accessoirement d’autres disciplines) en Éthiopie. À ce titre, il a contribué à l’état actuel des études éthiopiennes françaises, question sur laquelle on lira « La participation française à l’Encyclopaedia Aethiopica, ou Du déclin des études éthiopiennes en France » complété par « Comment l’Encyclopaedia Aethiopica a failli être française ».
Comme toutes les études, les études éthiopiennes ou yéménites commencent pour le chercheur ou l’amateur par une connaissance sans faille de la bibliographie (« Le Yémen au miroir de publications anglophones récentes ») et des lieux où se trouvent les sources (« La bibliothèque éthiopienne du cardinal Tisserant »). Mais la vie ou la carrière des orientalistes (« Maxime Rodinson : "Les souvenirs d’un marginal" : suite ») et l’histoire des institutions (« Un siècle de diplômés d’amharique et de civilisation éthiopienne des Langues O’ [1898-2008] ») apportent leur écot à la discipline, tout comme les manifestations scientifiques (« La 18e Conférence internationale des Études éthiopiennes »).
L’Éthiopie chrétienne est toujours là par son histoire religieuse (« Les sièges épiscopaux en Éthiopie ») et par sa littérature, soit religieuse (« Recherches sur l’homiliaire éthiopien en l’honneur d’Ouriel »), soit juridique (« L’esclave éthiopien avant le ras Tafari : les dispositions du Fetha-nagast »). Cette dernière contribution permet d’aborder un riche champ d’investigation laissé – pour de très mauvaises raisons – en friche : l’esclavage oriental.
Problème identitaire pour les pays concernés, le destin des troupes coloniales (« Le Bataillon Somali dans la Grande Guerre ») est-il aussi spécifiquement pathétique qu’on le dit ? En d’autres termes, pas beaucoup moins français que le paysan Bas-Breton mobilisé, le tirailleur somali qui était engagé avait-il moins de raisons que lui d’aller mourir dans les tranchées et était-il vraiment plus à plaindre ?
Les comptes rendus passent en revue un roman remarquable (La huitième vibration), le numéro spécial de la revue américaine Northeast African Studies consacré à la mer Rouge et l’ouvrage d’un évangéliste éthiopien sur sa religion (« The Evangelical Movements in Ethiopia. Resistance and Resilience).


Pour commander ce numéro, contactez : Les Ethiopisants associés, pount2@yahoo.fr ou www.pount.fr

jeudi 13 juin 2013

Café stratégique Cultures et géopolitique au Sahara

Ce soir, pour son 26ème café stratégique l'Alliance géostratégique recevra Arnaud Contreras autour de la thématique : Cultures et géopolitique au Sahara.



Arnaud Contreras est documentariste, photographe et producteur à Radio France. Il est l'initiateur du projet Sahara fragile sur le patrimoine saharien culturel, repris en partie par l'UNESCO (voir le programme ICI). 

Ses documentaires et reportages radio pour France Culture, France inter et RFI : ICI

Son blog : ICI

Venez nombreux discuter avec notre intervenant autour d'un verre au café Concorde (239 boulevard Saint Germain, métro Assemblée Nationale de 19 à 21h). 


mercredi 22 mai 2013

Colloque : sanctions internationales et gestion des crises politiques

L'université Paris Descartes et le Club Participation et Progrès organise le jeudi 30 mai 2013, une journée d'études sur le thème cité en titre.




L'accès est GRATUIT sur simple inscription à sonialegouriellec@gmail.com ou ICI

Le programme est ICI


9h30 -12h30  SANCTIONS INTERNATIONALE, PREVENTION DES CRISES, GESTION DES CRISES
sous la présidence de M. Pierre PASCALLON
Intervenants : Pascal Chaigneau, Professeur à l’Université Paris Descartes, Centre Maurice Hauriou, EA 1515, 9h50 Hassen Fodha, Directeur honoraire du Bureau des Nations Unies pour l’Europe,  Ines Rahmi, Responsable du pôle « Sanctions économiques » au Secrétariat général des Affaires européennes, au Cabinet du Premier ministre,  Malik Boumediene, Maître de conférences à l’Université Toulouse II Le Mirail, Laboratoire de Recherche Pluridisciplinaire du Nord Est de Midi Pyrénées, Fouad NOHRA, Maître de conférences à l’Université Paris Descartes, Centre Maurice Hauriou, Michael Strauss , Journaliste, PhD in international relations

14h30-17h30   ETUDES DE CAS : LES ETATS FACE AUX SANCTIONS INTERNATIONALES
sous la Présidence de  M. Pascal CHAIGNEAU
Intervenants Pierre Pascallon, Président du Club Participation et Progrès, Michel Raimbaud, Ambassadeur de France, Directeur honoraire de l’Office de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), Fereydoun Khavand, Maître de conférences à l’Université Paris DescartesDerek El Zein, Maître de conférences à l’Université, Paris Descartes Dominique Bangoura, Présidente de l’Observatoire Politique et Stratégique de l’Afrique (OPSA) de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, Jorge Huerta Jemio, Professeur honoraire à l’Ecole de Gouvernement et des Universités du Chili.

dimanche 12 mai 2013

Parution : Le déclin annoncé de l'ANC (Afrique du Sud)

Alors que l'archevêque et Prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, vient d'annoncer (ICI) qu'il ne voterait plus pour l'ANC, l'auteure de ce blog vous annonce la sortie des Enjeux Diplomatiques et stratégiques 2013 où elle publie un article sur "Le déclin annoncé de l'ANC". 



L'article revient sur la trajectoire récente du parti historique d'Afrique du Sud et tente de mettre en évidence un paradoxe. Le magazine The Economist titrait fin 2011 "Cry the beloved country" et évoquait ce qu'il estimait être le "triste déclin" de l'Afrique du Sud". En 2012, l'ANC fêtait ses 100 ans, un événement rare pour un mouvement politique. Le parti reste aussi la force politique la plus puissante du pays. 

Paradoxalement, l'ANC vit une crise sans précédent dans son histoire. Ralentissement économique  émeutes xénophobes, crise sociale avec la retentissante grève de Marikana, incompétence d'une partie de la classe dirigeante, corruption au sein du parti et clientélisme semblent fermer les perspectives du pays. Pourtant Jacob Zuma, reconduit en décembre 2012 à la tête de l'ANC, est idéalement placé en vue d'une éventuelle réélection lors de l'élection présidentielle de 2014. 

Ainsi une question se pose :  la prédominance de l'ANC n'est pas encore remise en cause mais le parti amorce-il- un déclin ? Est-il toujours aussi puissant ou a-t-il entamé un processus de désintégration comme l'affirme Helen Zille, chef de l'Alliance démocratiques, l'un des principaux partis d'opposition ? La récente sortie de Desmon Tutu, que nous évoquions au début pose une autre question : les personnalités politiques de l'ANC sont-elles aujourd'hui au niveau de celles qui étaient aux affaires en 1994, comme Tutu, Nelson Mandela, Walter, Albertine Sisulu, Olivier Tambo et Joe Slovo ? Ceux d'aujourd'hui ont-ils un projet d'avenir pour l'Afrique du Sud ?

L'article propose quelques hypothèses que pouvez retrouver en commandant la revue  ICI