Nous y signons un article sur la politique étrangère de l'Afrique du Sud vers le continent africain. Nous vous proposons ci-dessous l’introduction et la conclusion de cette article.
Introduction : « L’Afrique
du Sud ne peut échapper à son destin africain ». C’est en ces termes qu’à la
fin de l’apartheid Nelson Mandela définit la mission première de la future
politique étrangère de son pays. En 2001, le Département du commerce et de
l’industrie sud-africain emploie, à ce sujet, une métaphore qui semble encore
pertinente de nos jours, celle d’une stratégie dite du papillon. Le continent
africain constituerait le corps du papillon sud-africain dont les ailes
s’étendent vers l’Inde et la Chine à l’Est, et vers le Brésil à l’Ouest. Si,
dans cette ambition, la coopération Sud-Sud apparaît comme une dimension
essentielle de la diplomatie sud-africaine, le continent africain en reste
cependant la priorité.
Conclusion :
En dépit des contradictions et des ambivalences de sa politique étrangère,
l’Afrique du Sud contribue à la construction de l’architecture de paix et de
sécurité africaine. Elle participe dorénavant de plus en plus aux opérations de
maintien de la paix des Nations Unies. En juin 2014, plus de 2 200 Sud-Africains,
militaires et policiers, participaient à des opérations telles que la MINUSS
(Mission des Nations Unies au Soudan du Sud), à la MINUAD Soudan (Opération
hybride de l’Union africaine et des Nations Unies au Darfour) et à la MONUSCO
(Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République
démocratique du Congo). Ses ambitions pourraient néanmoins rapidement être
contrariées par « l’état de déclin critique » des Forces de défense nationales
d’Afrique du Sud (South African National Defence Force, SANDF), comme l’a
révélé la Defence Review 2014 (DR14) sud-africaine publiée en mars 2014 par le
gouvernement. Les défaillances et dysfonctionnements de l’armée, dus notamment
à un budget de défense insuffisant, ont été dramatiquement mis en évidence en
2013 en Centrafrique, lorsque les forces sud-africaines perdirent 13 soldats et
durent se retirer précipitamment. Les ambitions du pays sont alors apparues
bien supérieures à ses capacités opérationnelles. Au Lesotho, en Côte d’Ivoire,
au Kenya, en Centrafrique, au Zimbabwe, au Darfour, le bilan de son action en
matière de résolution des conflits est loin de faire l’unanimité. L’Afrique du
Sud a même été qualifiée par certains États africains de pays «
sous-impérialiste ». L’affirmation de la diplomatie et de la puissance
sud-africaine, régionale comme internationale, reste aussi pour l’heure
compromise par de nombreux facteurs internes. La situation économique du pays
est loin d’être florissante et la société est en proie à de vives tensions. Pourtant,
plus que jamais, l’Afrique du Sud reste convaincue qu’une destinée africaine
l’attend dans le nouveau système international en construction, qu’elle
souhaite plus juste et égalitaire et davantage soucieux de la diversité des
nations.
DOSSIER… Afrique du Sud :
une émergence en question
Ouverture – L’Afrique du Sud, entre métamorphose et banalisation
Serge Sur
Une histoire à contretemps Laurent Fourchard
Une société fragmentée ?
Philippe Gervais-Lambony
Vingt ans après l’apartheid : une démocratie vers l’impasse
Raphaël Botiveau
État de droit, société tourmentée
Entretien avec Georges Lory
Diplomatie : vocation continentale, moyens limités Sonia Le Gouriellec
Un bilan économique décevant
Nicolas Pons-Vignon
Entre l’Occident et les BRICS, une posture diplomatique ambivalente
François Lafargue
Les encadrés du dossier
– Que reste-t-il de l’apartheid ? Philippe Gervais-Lambony
– Le système institutionnel de la République d’Afrique du Sud Raphaël Botiveau
– Mémoire de la lutte antiapartheid et générations politiques Sophie Didier
– Le Cap, Durban, Johannesburg : trois métropoles face au défi de la mondialisation Céline Vacchiani-Marcuzzo
–
I love Soweto Pauline Guinard
– Le sida après la controverse : dépolitisation et nouveaux enjeux Frédéric Le Marcis
Aux origines de l’Afrique du Sud : Extraits de Vasco de Gama (v. 1469-1524), François Levaillant (1753-1824) et Émile de La Bédollière (1812-1883)