Dans sa dernière parution la Lettre de l'Océan Indien titre l'un de ses articles "Djibouti préfère Washington à Paris".
Ce titre m'a un peu surprise au premier abord. L'article replace les relations frano-djiboutienne dans le contexte actuel de la négociation des accords de défense, le désaccord porterait sur la formation de l'armée djiboutienne par la France. Et d'ajouter " le désamour n'est jamais très loin dans les relations entre les deux pays". L'argument serait l'existence d'un rapport djiboutien sur le conflit frontalier avec l'Erythrée, rédigé en décembre 2009 par le ministère djiboutien des affaires étrangères :"La souveraineté de Djibouti sur le Ras Doumeira et l'île de Doumeira" où le gouvernement djiboutien souligne le "rôle positif et constructif joué par les Etats-Unis durant les différentes phases de cette crise douloureuse". Il souligne d'ailleurs en premier le soutiien "de la communauté Africaine, Arabe et internationale".
Alors qu'"avec force conviction (...)la France a, dès le début de cette crise, joué un rôle extrêmement négatif portant préjudice aux intérêts vitaux de Djibouti sur la Ras Doumeira et l'île de Doumeira. Cette attitude incompréhensible de la France, allié historique et soutien supposé indéfectible de la République de Djibouti dans ce type de circonstance, a profondément déçu le gouvernement et le peuple Djiboutien et risque d'affecter durablement les intérêts partagés entre les deux pays"
D'accord le gouvernement Djiboutien a pu être déçu de ne pas être plus soutenu par la France lors de cet conflit (la France a apporté un soutien logistique) mais de là à en conclure un étiolement des relations...
jeudi 30 septembre 2010
Sahel : recomposition des zones d'influence
Lundi dernier Thierry Garcin accueillait André Bourgeot (directeur d'études à l'EHESS) pour discuter de la recomposition des zones d'influence dans le Sahel (ICI).
Résumé : "Du Sénégal au Darfour soudanais, la bande saharo-sahélienne frappe par l’importance des distances, la pauvreté des grandes voies de communication (malgré les ancestrales routes des caravanes et les actuels trafics délictueux), les massifs montagneux localisés (Hoggar, Tibesti), la rareté de la végétation et de l’eau (sauf pour le fleuve Niger au Mali).
Monde hostile à l’homme, cette région constitue des « confins », des « marches », un limes aussi, à la tangence de plusieurs mondes. C’est le passage entre le désert et le Sahel puis la savane et la forêt, entre le monde arabe et le monde noir, entre l’islam et le christiano-animisme, entre les nomades (question touarègue spécifique) et les sédentaires. Les pays ont souvent des nords et des suds très différenciés voire contrariés. Le facteur ethnique peut jouer à plein. Et les capitales sont excentrées dans l’extrême-sud. L’unité ou l’identité nationale y est généralement très faible. Des ressources fossiles et minérales attirent les grandes compagnies internationales.
À noter aussi qu’en bordure, le Soudan devrait connaître une violente partition en 2011 et que la Corne de l’Afrique est profondément instable voire en partie démembrée (Somalie)."
Résumé : "Du Sénégal au Darfour soudanais, la bande saharo-sahélienne frappe par l’importance des distances, la pauvreté des grandes voies de communication (malgré les ancestrales routes des caravanes et les actuels trafics délictueux), les massifs montagneux localisés (Hoggar, Tibesti), la rareté de la végétation et de l’eau (sauf pour le fleuve Niger au Mali).
Monde hostile à l’homme, cette région constitue des « confins », des « marches », un limes aussi, à la tangence de plusieurs mondes. C’est le passage entre le désert et le Sahel puis la savane et la forêt, entre le monde arabe et le monde noir, entre l’islam et le christiano-animisme, entre les nomades (question touarègue spécifique) et les sédentaires. Les pays ont souvent des nords et des suds très différenciés voire contrariés. Le facteur ethnique peut jouer à plein. Et les capitales sont excentrées dans l’extrême-sud. L’unité ou l’identité nationale y est généralement très faible. Des ressources fossiles et minérales attirent les grandes compagnies internationales.
À noter aussi qu’en bordure, le Soudan devrait connaître une violente partition en 2011 et que la Corne de l’Afrique est profondément instable voire en partie démembrée (Somalie)."
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mardi 28 septembre 2010
Un café avec le général Desportes
Nous y sommes ! L'Alliance Géostratégiques organise le 7 octobre son premier café stratégique autour du général Desportes (biographie ICI).
Le principe : se réunir une fois par mois autour d'un invité. Le cadre informel du café nous permettra d'être plus proche de l'invité afin de lui poser des questions. L'entrée est libre mais dans la limite des places disponibles.
lundi 27 septembre 2010
Témoignage opération française au Tchad
Je tiens à vous signaler le témoignage d'Yves Cadiou sur l'opération Tacaud (février 1978-mai 1980)au Tchad. En 1978 la France décide de soutenir le gouvernement tchadien contre les forces rebelles du FROLINAT. 18 militaires Français y perdront la vie.
Yves Cadiou était alors capitaine et commandait la 1re compagnie du 3e RIMa, il nous livre ici le témoignage de cette opération, le contexte historique, les problèmes de logistique, l’assaut du village de Djeddaa pour y déloger les rebelles, les liens avec les locaux... Très beau texte remarquablement écrit.
Le texte est mis en ligne ICI et présenté ICI
Bonne lecture !
samedi 25 septembre 2010
Les leçons de l'experience guinéenne
Dans l'émission les Enjeux internationaux le 20 septembre dernier avec Makita Kasongo enseignant à l’université de Lausanne, à écouter ICI:
"Second tour de la présidentielle repoussé. Pourquoi l’expérience politique guinéenne est-elle instructive ?
50 ans de dictature (deux présidents) et d’autarcie. Par la suite, le régime confus et imprévisible du capitaine Camara (2008-2009).
Les massacres de septembre dernier. Une transition que l’on espérait en douceur. Des violences à nouveau, dans un contexte électoral chaotique : 1er tour en juin dernier, second tour repoussé à fin septembre au plus tôt, l’Union africaine et la France s’impatientant.
Questions clés : les raisons des secousses récentes et du blocage actuel ; le rôle de l’armée (le régime de transition est présidé par un général, d’ailleurs prudent) ; les médiations régionales ; les conséquences pour la sous-région."
"Second tour de la présidentielle repoussé. Pourquoi l’expérience politique guinéenne est-elle instructive ?
50 ans de dictature (deux présidents) et d’autarcie. Par la suite, le régime confus et imprévisible du capitaine Camara (2008-2009).
Les massacres de septembre dernier. Une transition que l’on espérait en douceur. Des violences à nouveau, dans un contexte électoral chaotique : 1er tour en juin dernier, second tour repoussé à fin septembre au plus tôt, l’Union africaine et la France s’impatientant.
Questions clés : les raisons des secousses récentes et du blocage actuel ; le rôle de l’armée (le régime de transition est présidé par un général, d’ailleurs prudent) ; les médiations régionales ; les conséquences pour la sous-région."
vendredi 24 septembre 2010
Aide : des paroles, des paroles, des paroles....
Le président N. Sarkozy a annoncé lors de la session d'ouverture du 10ème anniversaire des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) que la France octroierait dans les 3 prochaines années 180 millions d'euros supplémentaires au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
Cette annonce m'a rappelé un précédent billet (ICI). En effet, lors du dernier sommet Afrique -France, la France promettait 300 millions aux pays africains pour renforcer leurs capacités sécuritaires. Or cette somme n'était pas débloquée et ajoutée à la politique d'appropriation et d'européanisation que mène déjà la France, c'était la somme déjà consacrée pour ce type d'opération.
Même effet d'annonce semble-t-il cette fois dénoncé par l'ONG Oxfam : "La France nous a appris à nous méfier des annonces généreuses (...ce que le président Sarkozy ne précise pas, c'est que la moitié de cette somme promise au Fonds mondial peut être comptabilisée dans l'initiative du G8 en faveur de la santé maternelle et infantile annoncée en juin. En augmentant sa contribution au Fonds mondial, la France, avec les mêmes fonds, règle une partie de sa note du G8 et recycle sans le dire ses annonces".....ça c'est dit !
La vidéo du discours ICI
Cette annonce m'a rappelé un précédent billet (ICI). En effet, lors du dernier sommet Afrique -France, la France promettait 300 millions aux pays africains pour renforcer leurs capacités sécuritaires. Or cette somme n'était pas débloquée et ajoutée à la politique d'appropriation et d'européanisation que mène déjà la France, c'était la somme déjà consacrée pour ce type d'opération.
Même effet d'annonce semble-t-il cette fois dénoncé par l'ONG Oxfam : "La France nous a appris à nous méfier des annonces généreuses (...ce que le président Sarkozy ne précise pas, c'est que la moitié de cette somme promise au Fonds mondial peut être comptabilisée dans l'initiative du G8 en faveur de la santé maternelle et infantile annoncée en juin. En augmentant sa contribution au Fonds mondial, la France, avec les mêmes fonds, règle une partie de sa note du G8 et recycle sans le dire ses annonces".....ça c'est dit !
La vidéo du discours ICI
jeudi 23 septembre 2010
Dernières publications
Viennent de paraitre :
- Atlas du Mali : La nouvelle édition de juillet 2010. Abondante cartographie : relief et hydrographie, géologie, ressources minières, climat, végétation, histoire, population, agriculture vivrière et de rente, énergie, industrie, commerce extérieur, tourisme, éducation, santé, urbanisation, régions…
Paris, Jaguar, 2010. 144 pages, 30 x 21 cm, broché.
Diplomatie hors-série n°13 Géopolitique et géostratégie des mers et des océans avec notamment : Sécurisation maritime : l’exemple du Cameroun et du Gabon, par Déflorine Grâce Manga Essama, chercheur au Centre de Recherche d’Études Politiques et Stratégiques (Yaoundé II, Cameroun).
- Le rapport "Eritrea: The Siege State" sur le site de l'International Crisis Group. A télécharger ICI
- Atlas du Mali : La nouvelle édition de juillet 2010. Abondante cartographie : relief et hydrographie, géologie, ressources minières, climat, végétation, histoire, population, agriculture vivrière et de rente, énergie, industrie, commerce extérieur, tourisme, éducation, santé, urbanisation, régions…
Paris, Jaguar, 2010. 144 pages, 30 x 21 cm, broché.
Diplomatie hors-série n°13 Géopolitique et géostratégie des mers et des océans avec notamment : Sécurisation maritime : l’exemple du Cameroun et du Gabon, par Déflorine Grâce Manga Essama, chercheur au Centre de Recherche d’Études Politiques et Stratégiques (Yaoundé II, Cameroun).
- Le rapport "Eritrea: The Siege State" sur le site de l'International Crisis Group. A télécharger ICI
mercredi 22 septembre 2010
Elections déstabilisatrices dans le Sahel ?
La fragilité du Sahel fait la une des journaux depuis le regain d'activité d'AQMI et la dernière prise d'otages d'employés Français d'Areva.
L'entrée des États de la zone dans une période d'élections n'est pas rassurante. En effet la redistribution de pouvoir est au combien déstabilisatrice et génératrice de frustrations. On y observe la naissance ou la renaissance de guerres civiles.
Petit aperçu des élections à venir dans la zone :
Burkina Faso : élections présidentielles le 21 novembre 2010 . Par une révision de la Constitution Compaore devrait se représenter pour la 4ème fois.
Niger : référendum constitutionnel le 31 octobre 2010, les élections locales le 08 janvier 2011, les législatives couplées au 1er tour des présidentielles le 31 janvier 2011, le 2ème tour des présidentielles le 12 mars 2011 et le président élu prêtera serment le 6 avril 2011.
Nigéria : janvier 2011
Tchad : les élections générales de 2011 seraient reportées (ICI)
Le Mali et le Sénégal : 2012
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mardi 21 septembre 2010
Le blog fête sa première année d'existence
Good Morning Afrika fête aujourd'hui son premier anniversaire !
Le 21 septembre 2009 je souhaitais pallier à un manque de blogs francophones spécialisés sur l'Afrique (1er billet).
En 1 an, j'ai réussi à trouvé un certain rythme dans la publication des billets, je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire majoritairement sur l'Afrique de l'Est (à ma décharge l'actualité y est passionnante) et bien sûr le blog a trouvé des alliés blogueurs en intégrant l'Alliance Géostratégique...
Un an c'est aussi le moment de faire progresser le blog, de se remettre en question pour répondre au mieux à vos attentes donc envoyez vos suggestions, commentaires...j'y apporterai la plus grande attention.
Merci de votre soutien et vive l'année à venir...
Le 21 septembre 2009 je souhaitais pallier à un manque de blogs francophones spécialisés sur l'Afrique (1er billet).
En 1 an, j'ai réussi à trouvé un certain rythme dans la publication des billets, je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire majoritairement sur l'Afrique de l'Est (à ma décharge l'actualité y est passionnante) et bien sûr le blog a trouvé des alliés blogueurs en intégrant l'Alliance Géostratégique...
Un an c'est aussi le moment de faire progresser le blog, de se remettre en question pour répondre au mieux à vos attentes donc envoyez vos suggestions, commentaires...j'y apporterai la plus grande attention.
Merci de votre soutien et vive l'année à venir...
lundi 20 septembre 2010
Retour sur la naissance de la rébellion touareg
A la suite de la prise d'otage au Niger la sécurité du site d'Arlit fait polémique.
En effet la sécurité du site était assurée par une entreprise privée, formée par d'anciens rebelles touaregs locaux, et désarmée. Areva a déjà été accusée par le passé d'avoir acheté la paix en aidant des rebelles touaregs. Aujourd'hui, AQMI engloberait des groupes rebelles touaregs mais le rôle des touaregs dans l'enlèvement des employés d'Areva n'est pas défini la prise d'otage n'ayant pas été revendiquée.
Je me permets donc de reprendre un billet que j'avais rédigé sur ce blog le 8 octobre 2009 .
IL y a un an donc la faction historique de la rébellion touarègue au Niger, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), avait annoncé sa décision de déposer les armes. Depuis le pays a encore connu l'instabilité : le 18 février 2010, le président Tandja a été renversé par un coup d’Etat militaire (ICI). Mahamadou DANDA dirige un gouvernement de transition. Les membres du CSRD et du gouvernement se sont officiellement engagés à ne pas se présenter aux futures élections présidentielles. Les élections présidentielles sont prévues pour le 31 janvier 2011.
L’attaque, en février 2007, de la garnison d’Iferouane a marqué l’apparition du MNJ dans le Nord du Niger. La rébellion se constitue de déserteurs, d’anciens rebelles et de jeunes Agadeziens, tous frustrés par leur situation sociale, matérielle et politique. La décentralisation est le thème principal des revendications du MNJ. Elle était apparue lors des accords de paix de 1995 mais la lenteur de la réforme a remis en cause les conditions de la paix. Le traitement de la crise alimentaire de 2005 a mis en évidence les lacunes des infrastructures étatiques vis-à-vis des populations du Nord qui ne bénéficièrent pas des messages d’alerte précoces. Par ailleurs, les conditions de vie des populations pastorales (plus de 410 000 personnes) se sont aggravées du fait de diminution des zones pastorales sous la pression foncière des agriculteurs du Sud. La paupérisation de ces populations pousse les Touaregs a transformer leur mode de vie et à s’installer en périphérie des villes. Donc la mise en œuvre effective de la décentralisation, le développement économique, le respect de la diversité culturelle, la plus grande représentation des populations du Nord dans les instances étatiques, l’administration et l’armée sont au cœur des revendications touaregs. Cependant afin d’éviter une trop grande coloration ethnique de ses demandes le mouvement reprend des thématiques comme celles de la rente uranifère, et des subventions accrues pour les régions du Nord dans lesquelles l’ensemble des populations de ces régions se retrouve.
C’est par l’intermédiaire de la question environnementale que le MNJ a intégré la question uranifère à ses revendications. Il a repris le rapport de l’association Sherpa2 et du CRIIRAD3 sur les pollutions radioactives et les conditions sanitaires des travailleurs à Arlit. Le MNJ demande explicitement un versement de 50 % des revenus des sociétés d’exploitation au profit des collectivités locales. Le MNJ s’appuie sur un contexte international favorable, avec l’adoption le 14 septembre 2007 par l’Assemblée Générale de l’ONU de la déclaration des peuples autochtones qui stipule que ces peuples ne peuvent pas être expulsés de leur territoire sans leur consentement libre et informé.
Notes géopolitiques : Le Niger se trouve happé dans les rivalités géopolitiques qui opposent les capitales arabes (Libye et Algérie) pour le contrôle du Sahel. Ces pays, prennent une importance grandissante eu égard à la lutte antiterroriste, et sont en train de devenir un pôle majeur. La Libye aimerait faire du Niger (et du Tchad) des zones d’intérêt stratégique, mais ses moyens ne le lui permettent plus. Elle a, dans cette région, une volonté de regroupement hégémonique, qu’elle a tenté d’accomplir par des moyens militaires, mais qui désormais passe par les moyens économiques. Dans cette zone, la Libye tente de sauvegarder ou d’accroître. En outre, certains rebelles seraient revenus d’exil en Algérie et en Libye et le MNJ bénéficierait de soutiens financiers et matériels des Touaregs algériens et libyens. Il semble que les rebelles n’ont pas de problème pour se procurer des armes dans cette région poreuse (il est difficile de surveiller la frontière nigéro-algérienne longue de 900km). Un marché parallèle existerait avec des armes venant de Côte d’Ivoire. Sur le terrain, l’État nigérien a privilégié une logique de répression contre les soutiens supposés du MNJ avec l’envoi de renforts militaires.
En effet la sécurité du site était assurée par une entreprise privée, formée par d'anciens rebelles touaregs locaux, et désarmée. Areva a déjà été accusée par le passé d'avoir acheté la paix en aidant des rebelles touaregs. Aujourd'hui, AQMI engloberait des groupes rebelles touaregs mais le rôle des touaregs dans l'enlèvement des employés d'Areva n'est pas défini la prise d'otage n'ayant pas été revendiquée.
Je me permets donc de reprendre un billet que j'avais rédigé sur ce blog le 8 octobre 2009 .
IL y a un an donc la faction historique de la rébellion touarègue au Niger, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), avait annoncé sa décision de déposer les armes. Depuis le pays a encore connu l'instabilité : le 18 février 2010, le président Tandja a été renversé par un coup d’Etat militaire (ICI). Mahamadou DANDA dirige un gouvernement de transition. Les membres du CSRD et du gouvernement se sont officiellement engagés à ne pas se présenter aux futures élections présidentielles. Les élections présidentielles sont prévues pour le 31 janvier 2011.
L’attaque, en février 2007, de la garnison d’Iferouane a marqué l’apparition du MNJ dans le Nord du Niger. La rébellion se constitue de déserteurs, d’anciens rebelles et de jeunes Agadeziens, tous frustrés par leur situation sociale, matérielle et politique. La décentralisation est le thème principal des revendications du MNJ. Elle était apparue lors des accords de paix de 1995 mais la lenteur de la réforme a remis en cause les conditions de la paix. Le traitement de la crise alimentaire de 2005 a mis en évidence les lacunes des infrastructures étatiques vis-à-vis des populations du Nord qui ne bénéficièrent pas des messages d’alerte précoces. Par ailleurs, les conditions de vie des populations pastorales (plus de 410 000 personnes) se sont aggravées du fait de diminution des zones pastorales sous la pression foncière des agriculteurs du Sud. La paupérisation de ces populations pousse les Touaregs a transformer leur mode de vie et à s’installer en périphérie des villes. Donc la mise en œuvre effective de la décentralisation, le développement économique, le respect de la diversité culturelle, la plus grande représentation des populations du Nord dans les instances étatiques, l’administration et l’armée sont au cœur des revendications touaregs. Cependant afin d’éviter une trop grande coloration ethnique de ses demandes le mouvement reprend des thématiques comme celles de la rente uranifère, et des subventions accrues pour les régions du Nord dans lesquelles l’ensemble des populations de ces régions se retrouve.
C’est par l’intermédiaire de la question environnementale que le MNJ a intégré la question uranifère à ses revendications. Il a repris le rapport de l’association Sherpa2 et du CRIIRAD3 sur les pollutions radioactives et les conditions sanitaires des travailleurs à Arlit. Le MNJ demande explicitement un versement de 50 % des revenus des sociétés d’exploitation au profit des collectivités locales. Le MNJ s’appuie sur un contexte international favorable, avec l’adoption le 14 septembre 2007 par l’Assemblée Générale de l’ONU de la déclaration des peuples autochtones qui stipule que ces peuples ne peuvent pas être expulsés de leur territoire sans leur consentement libre et informé.
Notes géopolitiques : Le Niger se trouve happé dans les rivalités géopolitiques qui opposent les capitales arabes (Libye et Algérie) pour le contrôle du Sahel. Ces pays, prennent une importance grandissante eu égard à la lutte antiterroriste, et sont en train de devenir un pôle majeur. La Libye aimerait faire du Niger (et du Tchad) des zones d’intérêt stratégique, mais ses moyens ne le lui permettent plus. Elle a, dans cette région, une volonté de regroupement hégémonique, qu’elle a tenté d’accomplir par des moyens militaires, mais qui désormais passe par les moyens économiques. Dans cette zone, la Libye tente de sauvegarder ou d’accroître. En outre, certains rebelles seraient revenus d’exil en Algérie et en Libye et le MNJ bénéficierait de soutiens financiers et matériels des Touaregs algériens et libyens. Il semble que les rebelles n’ont pas de problème pour se procurer des armes dans cette région poreuse (il est difficile de surveiller la frontière nigéro-algérienne longue de 900km). Un marché parallèle existerait avec des armes venant de Côte d’Ivoire. Sur le terrain, l’État nigérien a privilégié une logique de répression contre les soutiens supposés du MNJ avec l’envoi de renforts militaires.
samedi 18 septembre 2010
Terrorisme : quel avenir pour Al Qaïda ?
Le 10 septembre Thierry Garcin recevait dans son émission le Pr Jean-Pierre Filiu. Écoutez l'émission ici
Résumé :"Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la guerre d’Afghanistan permise par l’ONU a permis d’abattre le régime des talibans mais n’a pas éradiqué le groupe terroriste Al Qaida. Certains de ses membres les plus importants vivent encore, clandestinement. Le terrorisme, et en Afghanistan et dans l’environnement immédiat, n’a cessé de tourmenter les populations et de bousculer la vie politique.
Pourtant, les effets positifs de la lutte internationale anti-terroriste se font sentir, même si des branches ou « succursales » d’Al Qaida ont pu perpétrer de terribles attentats dans plusieurs régions du monde (Asie du Sud-Est, Maghreb…).
Que reste-t-il donc de ce mouvement, que sait-on de son influence et de ses ramifications, comment se fait-il ou non aider par des États, quel est son avenir possible, compte tenu des actuelles et futures poussées islamistes violentes ?"
Résumé :"Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la guerre d’Afghanistan permise par l’ONU a permis d’abattre le régime des talibans mais n’a pas éradiqué le groupe terroriste Al Qaida. Certains de ses membres les plus importants vivent encore, clandestinement. Le terrorisme, et en Afghanistan et dans l’environnement immédiat, n’a cessé de tourmenter les populations et de bousculer la vie politique.
Pourtant, les effets positifs de la lutte internationale anti-terroriste se font sentir, même si des branches ou « succursales » d’Al Qaida ont pu perpétrer de terribles attentats dans plusieurs régions du monde (Asie du Sud-Est, Maghreb…).
Que reste-t-il donc de ce mouvement, que sait-on de son influence et de ses ramifications, comment se fait-il ou non aider par des États, quel est son avenir possible, compte tenu des actuelles et futures poussées islamistes violentes ?"
vendredi 17 septembre 2010
Futur proxy war entre l'Ouganda et le Soudan ?
Suite de mon billet de mercredi . D'après le lettre de l'Océan Indien : le Justice and Equality Movement (JEM) de Khalil Ibrahim disposerait d'un représentant en Ouganda (un commerçant faisant de l'import-export avec le Sud Soudan). De plus le 8 août 2010, 3 dirigeants du JEM ont rencontré le président Museveni à Kampala pour lui demander un appui diplomatique et une assistance militaire ensuite plusieurs dizaines de rebelles du JEM seraient arrivés pour suivre une formation de sous-officier à l'académie Oliver Tambo (du nom du politicien sud africain anti-Apartheid) de Kaweweta. La Libye aurait joué les entremetteur en contactant, entre autres, Musevini, pour accorder le refuge à Khalil Ibrahim (photo) renvoyé du Tchad.
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jeudi 16 septembre 2010
Le Sahel de tous les dangers
L'actualité fait tristement échos à mon billet de mardi.
7 expatriés travaillant dans le nord du Niger ont été enlevés. Selon des témoignages un groupe d’hommes armés aurait encerclé une cité pour expatriés, près de la ville d’Arlit vers trois heures du matin. Ils parleraient arabe et tamachek (la langue des touaregs) et auraient trié leurs prisonniers pour ne garder que 5 Français (3 employés de Satom, une filiale de Vinci et 1 d’Areva avec sa femme), 1 Togolais et 1 Malgache (les 2 derniers auraient été libérés dans la journée.
La France compte actuellement 3 autres otages dans le monde (1 en Somalie, 2 en Afghanistan) Début janvier 2010 ils étaient 8 mais certains d’entre eux ont été libéré en début d’année : Pierre Camatte (le 23 février au Mali), Olivier Denis et Olivier Frappé (le 14 mars au Darfour) Gauthier Lefèvre (le 18 mars au Darfour). D’après les le ministère des Affaires étrangères, le nombre de Français pris en otage à l’étranger a été multiplié par 3 entre 2007 et 2008.
Une zone d’ombre persiste les otages employés dans les grandes entreprises françaises. D’après un article du Ouest France (Ici) ces « entreprises contractent des assurances auprès de compagnies chargées de régler les rançons aux ravisseurs. « Des opérations confidentielles sur lesquelles on ne communique pas », explique Nicolas Fontvieille, responsable du département « risques de guerre et terrorisme » de la compagnie Global Risks. »
Et les humanitaires sont particulièrement touchés : En 1998, le Centre sur la coopération internationale recensait 27 attaques contre des humanitaires alors qu’en 2008 il y en eu plus de 155. Le risque d’enlèvement a augmenté de 350% en 3 ans.
Les otages dans le monde en janvier 2010 : ICI
Sur les otages exécutés dans le monde : ICI
Précédent billet sur la rébellion touareg ici
Sources : Otages du monde
7 expatriés travaillant dans le nord du Niger ont été enlevés. Selon des témoignages un groupe d’hommes armés aurait encerclé une cité pour expatriés, près de la ville d’Arlit vers trois heures du matin. Ils parleraient arabe et tamachek (la langue des touaregs) et auraient trié leurs prisonniers pour ne garder que 5 Français (3 employés de Satom, une filiale de Vinci et 1 d’Areva avec sa femme), 1 Togolais et 1 Malgache (les 2 derniers auraient été libérés dans la journée.
La France compte actuellement 3 autres otages dans le monde (1 en Somalie, 2 en Afghanistan) Début janvier 2010 ils étaient 8 mais certains d’entre eux ont été libéré en début d’année : Pierre Camatte (le 23 février au Mali), Olivier Denis et Olivier Frappé (le 14 mars au Darfour) Gauthier Lefèvre (le 18 mars au Darfour). D’après les le ministère des Affaires étrangères, le nombre de Français pris en otage à l’étranger a été multiplié par 3 entre 2007 et 2008.
Une zone d’ombre persiste les otages employés dans les grandes entreprises françaises. D’après un article du Ouest France (Ici) ces « entreprises contractent des assurances auprès de compagnies chargées de régler les rançons aux ravisseurs. « Des opérations confidentielles sur lesquelles on ne communique pas », explique Nicolas Fontvieille, responsable du département « risques de guerre et terrorisme » de la compagnie Global Risks. »
Et les humanitaires sont particulièrement touchés : En 1998, le Centre sur la coopération internationale recensait 27 attaques contre des humanitaires alors qu’en 2008 il y en eu plus de 155. Le risque d’enlèvement a augmenté de 350% en 3 ans.
Les otages dans le monde en janvier 2010 : ICI
Sur les otages exécutés dans le monde : ICI
Précédent billet sur la rébellion touareg ici
Sources : Otages du monde
mercredi 15 septembre 2010
Khartoum neutralise son voisinage avant une nouvelle guerre au Sud ?
Le saviez vous ?
L'Éthiopie importe la majeure partie de son pétrole du Soudan;
Khartoum aurait donné 3 milliard de dollars au Tchad pour cesser de soutenir le Justice and Equality Movement (JEM), l'une des formations rebelles du Darfour, et expulser son dirigeant Khalil Ibrahim Mohamed;
reste encore à neutraliser l'Ouganda qui entrainerait les combattants du JEM.
"De même que le Sud a servi de terrain d'expérimentation pour la guerre au Darfour, le Darfour est aujourd'hui un champ d'expérimentation pour une éventuelle guerre à venir dans le Sud ou ailleurs" (Africa Confidential n°601)
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mardi 14 septembre 2010
L'islamisation de l'Afrique nous réserve de mauvaises surprises
Bernard Squarcini, directeur de la DCRI, dans une interview à Politique Internationale (n°127) : "En 15 ans, malgré les efforts des différents service et malgré la coopération internationale, l'islamisme militant a gagné de nouveaux pays : le Nord du Mali (où se sont installées les katibates sahéliennes d'AQMI qui ont dû fuir Alger sous la pression militaire et policière), le Niger, la Mauritanie, et, depuis peu, le Sénégal. Dans 15 ans, le danger sera peut être descendu encore plus au Sud (...). L'islamisation progressive de l'Afrique Noire nous réserve de mauvaises surprises (...) Dans les pays de la zone sahelo-saharienne, et en général dans les zones de djihad, l'enlèvement de ressortissants français - journalistes, membres d'ONG, expatriés...- est une réalité préoccupante."
jeudi 9 septembre 2010
Sur la nature prédictive des Relations internationales
Je soumets à votre réflexion cet extrait tiré de "Théories des relations internationales" de Dario Battistella" :
"A la veille de 1989, obnubilés par la longue paix qu'avait fini par devenir la guerre froide, les internationalistes passaient le plus clair de leur temps à étudier les causes possibles de cette stabilité, et entre 1970 et 1990, les trois grandes revues théoriques de relations internationales qu'étaient à ce moment World Politics, INternational Studies Quaterly et International Organization n'avaient publié en tout et pour tout qu'une demi- douzaine d'articles portant sur le changement, que ce soit au niveau du système international dans son ensemble ou au niveau d'une politique extérieure particulière. Pour ce qui est du 11 septembre, moins de 0,4% des article parus entre 1980 et 1999 dans les quatre grandes revues théoriques américaines des relations internationales ont concerné la religion, et il n'y a pas eu un seul article sur le terrorisme lors des trois années précédant les attentats dans World Politics, International Organization et Security Studies, un seul dans International Studies Quaterly, affirmant qui plus est le déclin du terrorisme transnational, et un seul dans International Security, portant d'ailleurs sur le phénomène terroriste que sur l'état de préparation des États-Unis en cas d'attaque terroriste sur le territoire américain à l'aide d'armes chimiques ou biologiques. Mais ce n'est pas sans raison que les internationalistes ont ignoré le signal que représentait dès 1993 le premier attentat contre le World Trade Center.(...) la production scientifique rend possible au mieux la prévision de la reproduction de ce qui existe ou de ce qui est connu mais ne permet pas de prévoir ce qui ne s'est encore jamais produit car "les scientifiques n'ont pas pour but, normalement, d'inventer de nouvelle théories", ni même de "prendre en compte telle nouveauté fondamentale (...) propre à ébranler [leurs] convictions de base"(T.Kuhn)"
"A la veille de 1989, obnubilés par la longue paix qu'avait fini par devenir la guerre froide, les internationalistes passaient le plus clair de leur temps à étudier les causes possibles de cette stabilité, et entre 1970 et 1990, les trois grandes revues théoriques de relations internationales qu'étaient à ce moment World Politics, INternational Studies Quaterly et International Organization n'avaient publié en tout et pour tout qu'une demi- douzaine d'articles portant sur le changement, que ce soit au niveau du système international dans son ensemble ou au niveau d'une politique extérieure particulière. Pour ce qui est du 11 septembre, moins de 0,4% des article parus entre 1980 et 1999 dans les quatre grandes revues théoriques américaines des relations internationales ont concerné la religion, et il n'y a pas eu un seul article sur le terrorisme lors des trois années précédant les attentats dans World Politics, International Organization et Security Studies, un seul dans International Studies Quaterly, affirmant qui plus est le déclin du terrorisme transnational, et un seul dans International Security, portant d'ailleurs sur le phénomène terroriste que sur l'état de préparation des États-Unis en cas d'attaque terroriste sur le territoire américain à l'aide d'armes chimiques ou biologiques. Mais ce n'est pas sans raison que les internationalistes ont ignoré le signal que représentait dès 1993 le premier attentat contre le World Trade Center.(...) la production scientifique rend possible au mieux la prévision de la reproduction de ce qui existe ou de ce qui est connu mais ne permet pas de prévoir ce qui ne s'est encore jamais produit car "les scientifiques n'ont pas pour but, normalement, d'inventer de nouvelle théories", ni même de "prendre en compte telle nouveauté fondamentale (...) propre à ébranler [leurs] convictions de base"(T.Kuhn)"
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mercredi 8 septembre 2010
Sud Soudan : une indépendance mal préparée
La semaine dernière l'ICG publiait un billet sur le Soudan : Sudan : Defining the North-South Border. On y apprend que l'accord de paix de 2005 prévoyait une démarcation de la frontière entre le Nord et le Sud, or 5 ans plus tard la démarcation n'est toujours pas effectuée.
Ni la délimitation de la frontière ni sa gestion ne sont d'ailleurs dans l'agenda des négociations sur la situation post independance qui ont débuté en juillet. Pourtant les enjeux sont réelles pour la stabilité de la région et les futurs relations entre les 2 parties d'autant que la présence de ressources pétrolières donnent une dimension économique à cette question.
Cette situation n'est pas sans rappeler l'indépendance érythréenne (non délimitation de la frontière, intérêts économiques pour l'Éthiopie avec l'accès à la mer...) qui aboutira à une guerre fratricide en 1998.
La région n'a pas fini de s'enflammer.
Ni la délimitation de la frontière ni sa gestion ne sont d'ailleurs dans l'agenda des négociations sur la situation post independance qui ont débuté en juillet. Pourtant les enjeux sont réelles pour la stabilité de la région et les futurs relations entre les 2 parties d'autant que la présence de ressources pétrolières donnent une dimension économique à cette question.
Cette situation n'est pas sans rappeler l'indépendance érythréenne (non délimitation de la frontière, intérêts économiques pour l'Éthiopie avec l'accès à la mer...) qui aboutira à une guerre fratricide en 1998.
La région n'a pas fini de s'enflammer.
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mardi 7 septembre 2010
La PESD: instrument de légitimation de la France ?
Les experts ne s'accordent pas sur ce point :
La politique africaine de l'Europe est elle un instrument de pouvoir pour la France (l'opération Eufor Tchad/RCA ne sert-elle pas le régime tchadien ?) ou permet-elle au contraire à la France de normaliser ses relations avec le continent et à l'Union Européenne de développer sa PESD sur le terrain ?
La politique africaine de l'Europe est elle un instrument de pouvoir pour la France (l'opération Eufor Tchad/RCA ne sert-elle pas le régime tchadien ?) ou permet-elle au contraire à la France de normaliser ses relations avec le continent et à l'Union Européenne de développer sa PESD sur le terrain ?
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lundi 6 septembre 2010
Les Ethiopiens ont-ils mangé leurs forêts ? par Alain Gascon
A signaler : l'article d'Alain Gascon dans le Diplomatie du mois : "Les Ethiopiens ont-ils mangé leurs forêts ?" (8p.)
Un article passionnant rédigé par le spécialiste de l'Éthiopie (ICI )
Il y rappelle que "l'augmentation générale de la pression foncière a conduit à la suppression de la jachère et la diminution de la taille moyenne des exploitations : de 1,5ha à 0,8ha. De plus en plus nombreux, les Éthiopiens ont mangé leurs forêts pour se nourrir." D'autant que si en 1975 l'Éthiopie (avec l'Érythrée) était peuplée de 25 millions d'habitants aujourd'hui on compte 82,8 millions d'habitants. (1104000km²) "Ces 20 dernières années, selon la FAO, la production alimentaire per capita a constamment diminué et" en 2050, 150 millions d'Ethiopiens devront être nourris.
dimanche 5 septembre 2010
Lutte contre la piraterie : Atalante en passe d'atteindre son but ?
Dans une interview réalisée pour la revue Diplomatie (n°45) Edouard GUillaud, le chef d'Etat-major des armées rappelle que le "but d'Atalante n'a jamais été l'éradication de la piraterie, puisque l'éradication se passera à terre avec un Etat plus stable [un Etat tout court pourrait on préciser] et des moyens de vie décents pour les Somaliens.(...) l'objectif de faire baisser la piraterie à un niveau tel que les voies d'approvisionnements stratégiques du commerce maritime international ne soient plus menacées. Le nombre d'actes de piraterie a augmenté et le nombre d'attaques réussies a diminué. Nous sommes donc en passe d'atteindre ce but".
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samedi 4 septembre 2010
L’Allemagne a-t-elle une politique africaine ?
Drôle de question de prime abord quand on sait que l’Allemagne est une ancienne puissance coloniale et une puissance engagée dans la lutte contre le terrorisme, la piraterie, les missions de maintien de la paix au Soudan (Darfour et Sud Soudan), au Congo… Pourtant elle mérite d’être posée et il conviendrait même de se demander si l’Allemagne a déjà eu une politique africaine ?
Bien sûr l’Allemagne a gardé de solides liens avec l’Afrique du Sud et le Sud Ouest du continent (Namibie), des pays d’accueil des émigrants allemands. Mais finalement elle n’a jamais vraiment eu de politique africaine. Dans la période coloniale ses acquisitions étaient subordonnées à l’accord des britanniques et des français et cette question coloniale était toujours traitée comme une politique interne liées aux intérêts commerciaux. L’Afrique n’a été vraiment un sujet important que pour servir la propagande de la République de Weimar après le traité de Versailles.
L’Afrique n’est pas non plus une priorité après la seconde guerre mondiale. Ni Adenauer, ni Erhard, ni Schmidt, ni Kohl ne lui portent un grand intérêt. Les visites sont rares et réservées au Président fédéral, les représentations ont juste des pouvoirs protocolaires.
Aujourd’hui la politique africaine de l’Allemagne est surtout européenne et centrée sur le développement, même si cette politique a évolué depuis le Traité de Nice laissant une place plus large aux questions globales que sont la lutte contre le terrorisme et l’approvisionnement énergétique. La coopération culturelle est plus intense notamment avec l’initiative "Aktion Afrika" lancée en janvier 2008 (20 millions d’€ de budget en 2008 renouvelé en 2009) et l’augmentation du nombre d’Institut Goethe sur le continent. Elle donne une priorité au renforcement des capacités des organisations régionales par l’envoi d’expert auprès de l’UA, le financement d’audits, ou d’infrastructures. Les Allemands ont d’ailleurs construit le nouveau building paix et sécurité de l’UA (20millions d euros).
Malgré tout l’Allemagne a très peu d’initiatives seule et passe par l’UE le plus souvent, ou l’OTAN. Elle base la protection de ses intérêts sur ses bonnes relations avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Comportement somme toute assez logique puisqu’après la seconde guerre mondiale la construction d’une politique étrangère allemande s’est faite sous l’égide des Alliés.
L’évolution la plus marquante de la politique étrangère est sa pacification. Pendant la guerre froide les missions hors du territoire national étaient constitutionnellement interdites.
De fait on peut se permettre des rapprochements avec la posture japonaise. En effet, pour la première fois depuis 1945 l’armée japonaise va installer une base à l’étranger (Djibouti) et l’Allemagne a ouvert en début d’année une ambassade dans le même pays. Pourtant les deux pays ont toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent. De même ils ont les mêmes priorités : développement de leur aide internationale, de leur modèle en matière de développement durable et renforcement de leur présence dans les organisations internationales. Pour les deux pays la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur et la piraterie touche leurs intérêts commerciaux. Sur les 20000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. Les armateurs allemands représentent quant à eux la troisième flotte commerciale au monde (bien que 80% naviguent sous un autre pavillon…). Les deux pays recherchent aussi des débouchés pour leurs produits.
Cet intérêt naissant pour le continent n’est pas sans arrière-pensées : les deux pays ont besoin du soutien des pays africains s’ils souhaitent obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde).
Bien sûr l’Allemagne a gardé de solides liens avec l’Afrique du Sud et le Sud Ouest du continent (Namibie), des pays d’accueil des émigrants allemands. Mais finalement elle n’a jamais vraiment eu de politique africaine. Dans la période coloniale ses acquisitions étaient subordonnées à l’accord des britanniques et des français et cette question coloniale était toujours traitée comme une politique interne liées aux intérêts commerciaux. L’Afrique n’a été vraiment un sujet important que pour servir la propagande de la République de Weimar après le traité de Versailles.
L’Afrique n’est pas non plus une priorité après la seconde guerre mondiale. Ni Adenauer, ni Erhard, ni Schmidt, ni Kohl ne lui portent un grand intérêt. Les visites sont rares et réservées au Président fédéral, les représentations ont juste des pouvoirs protocolaires.
Aujourd’hui la politique africaine de l’Allemagne est surtout européenne et centrée sur le développement, même si cette politique a évolué depuis le Traité de Nice laissant une place plus large aux questions globales que sont la lutte contre le terrorisme et l’approvisionnement énergétique. La coopération culturelle est plus intense notamment avec l’initiative "Aktion Afrika" lancée en janvier 2008 (20 millions d’€ de budget en 2008 renouvelé en 2009) et l’augmentation du nombre d’Institut Goethe sur le continent. Elle donne une priorité au renforcement des capacités des organisations régionales par l’envoi d’expert auprès de l’UA, le financement d’audits, ou d’infrastructures. Les Allemands ont d’ailleurs construit le nouveau building paix et sécurité de l’UA (20millions d euros).
Malgré tout l’Allemagne a très peu d’initiatives seule et passe par l’UE le plus souvent, ou l’OTAN. Elle base la protection de ses intérêts sur ses bonnes relations avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Comportement somme toute assez logique puisqu’après la seconde guerre mondiale la construction d’une politique étrangère allemande s’est faite sous l’égide des Alliés.
L’évolution la plus marquante de la politique étrangère est sa pacification. Pendant la guerre froide les missions hors du territoire national étaient constitutionnellement interdites.
De fait on peut se permettre des rapprochements avec la posture japonaise. En effet, pour la première fois depuis 1945 l’armée japonaise va installer une base à l’étranger (Djibouti) et l’Allemagne a ouvert en début d’année une ambassade dans le même pays. Pourtant les deux pays ont toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent. De même ils ont les mêmes priorités : développement de leur aide internationale, de leur modèle en matière de développement durable et renforcement de leur présence dans les organisations internationales. Pour les deux pays la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur et la piraterie touche leurs intérêts commerciaux. Sur les 20000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. Les armateurs allemands représentent quant à eux la troisième flotte commerciale au monde (bien que 80% naviguent sous un autre pavillon…). Les deux pays recherchent aussi des débouchés pour leurs produits.
Cet intérêt naissant pour le continent n’est pas sans arrière-pensées : les deux pays ont besoin du soutien des pays africains s’ils souhaitent obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde).
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vendredi 3 septembre 2010
Scénario Hollywoodien pour publicité djiboutienne
Un peu de divertissement en cette fin de semaine...Voici la dernière publicité qui fait le buzz à Djibouti. Entièrement tournée avec des acteurs Djiboutiens. Un vrai scénario Hollywoodien pour la farine de la Minoterie de la Mer Rouge.
Production : Black Sight Productions
Production : Black Sight Productions
jeudi 2 septembre 2010
Vidéo la politique de coopération militaire de la France en Afrique
A la suite de mon billet d'hier sur la politique africaine de la France, l'allié de Mars Attaque nous signale cette vidéo du Journal de la Défense d'août 2010 (26 minutes) composée de 5 reportages sur la politique de coopération militaire de la France en Afrique.
Le Journal de la Défense n°46 d'août 2010
envoyé par ministeredeladefense. - L'info video en direct.
Le Journal de la Défense n°46 d'août 2010
envoyé par ministeredeladefense. - L'info video en direct.
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mercredi 1 septembre 2010
Réflexions sur l'évolution de la politique africaine de la France
Quelques réflexions sur les évolutions depuis le début des années 1990 :
- d’abord une politique volontariste et attentive de courte durée explicitée dans le discours de la Baule en 1990 ;
- puis une politique plus transparente mais qui prend la forme d'un désengagement ou d'une rupture, à partir de 1997 et illustrée par la formule « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin) ;
- une politique qui se cherche et qui hésite entre l'influence et l'attentisme, dès 2002, soutenue par la doctrine « accompagner sans dicter » (D. de Villepin)
- et depuis 2007 une politique de rupture et d’ouverture hors du champ traditionnel marquée par la prépondérance des intérêts économiques et le désir de multilatéraliser les opérations.
Malgré les soupçons qui ont pesé sur les gouvernements successifs et sur l'actuel en particulier, la France souhaite rester en Afrique, d’ailleurs les enjeux n’ont guère varié depuis la décolonisation :
- l’Afrique est un levier d’influence à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général, elle lui permet de consolider la position française;
- elle lui permet l’accès à des matières premières;
- l’Afrique est le principal vecteur de la francophonie, et elle peut favoriser la diffusion de la culture française ;
- la France possède en Afrique des ressortissants français en grand nombre ;
- les intérêts économiques français y sont importants.
- d’abord une politique volontariste et attentive de courte durée explicitée dans le discours de la Baule en 1990 ;
- puis une politique plus transparente mais qui prend la forme d'un désengagement ou d'une rupture, à partir de 1997 et illustrée par la formule « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin) ;
- une politique qui se cherche et qui hésite entre l'influence et l'attentisme, dès 2002, soutenue par la doctrine « accompagner sans dicter » (D. de Villepin)
- et depuis 2007 une politique de rupture et d’ouverture hors du champ traditionnel marquée par la prépondérance des intérêts économiques et le désir de multilatéraliser les opérations.
Malgré les soupçons qui ont pesé sur les gouvernements successifs et sur l'actuel en particulier, la France souhaite rester en Afrique, d’ailleurs les enjeux n’ont guère varié depuis la décolonisation :
- l’Afrique est un levier d’influence à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général, elle lui permet de consolider la position française;
- elle lui permet l’accès à des matières premières;
- l’Afrique est le principal vecteur de la francophonie, et elle peut favoriser la diffusion de la culture française ;
- la France possède en Afrique des ressortissants français en grand nombre ;
- les intérêts économiques français y sont importants.
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