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jeudi 28 avril 2016

Djibouti, un petit pays au coeur de l'actualité


Après trois ans de crise entre le régime et l’opposition de l’Union pour le Salut National (USN) - coalition de huit partis née après les élections législatives de 2013 - Ismaël Omar Guelleh a été réélu le 8 avril 2016, dès le premier tour, pour un quatrième mandat avec 87,07% de voix exprimées et un taux de participation de 68,96%. Le Président réélu peut s’appuyer sur une réelle légitimité électorale pour entamer son nouveau quinquennat et la situation politique djiboutienne semble se normaliser. Cependant, plusieurs facteurs tempèrent cette vision optimiste, nous y revenons dans les interviews suivantes: 
- Émission Cap Océan sur RFI le dimanche 10 avril : ICI 

Le régime djiboutien revendique une certaine stabilité, une « ressource » qu'il vend aux nombreux États hébergés sur son territoire (France, États-Unis, Union européenne, Italie, Japon, et bientôt la Chine et l’Arabie Saoudite). Ce discours sur l’ordre et la stabilité dans une région conflictuelle lui permet de faire diminuer la pression démocratisation des États occidentaux et des institutions internationales. Les élites djiboutiennes présentent leur pays comme un rempart contre « l’anarchie à venir ». La stabilité du régime et sa force coercitive sont particulièrement appréciés au regard des voisins dits « faillis ». Nous revenons également sur cette analyse ci-dessous : 

- Émission Appels sur l'actualité sur RFI, le jeudi 21 avril. Nous répondons à deux questions : 
Quel est l'intérêt de la Chine de s'installer militairement dans cette région de l'Afrique ? et Comment l'apparition de la Chine à Djibouti est-elle perçue par la France ? Les Etats-Unis ? L'émission est à réécouter ICI  
 Sur la présence chinoise on lira également : 
- Émission Les enjeux internationaux sur France Culture le 8 avril sur le rôle de Djibouti dans la Corne de l'Afrique : ICI 
 



vendredi 4 avril 2014

Génocide rwandais et blocages mémoriels (MAJ)

Nous commémorerons le 6 avril, les vingt ans du génocide rwandais. Si les journaux commencent à rappeler, le souvenir de cette tragédie risque d’être éclipsé par une autre commémoration celle des 100 ans de la première guerre mondiale, et par les controverses qui ne cessent d’entourer l’étude du génocide. En effet, l’analyse des évènements est depuis 1994 sujette à controverses (surtout depuis le 10ème anniversaire) et malheureusement les commémorations risquent de ne pas être sereines. La question du génocide rwandais reste mystifiée en France. A quoi est du ce nouveau blocage mémoriel ? Les débats se résument à deux questions: le rôle de la France et les causes du déclenchement du génocide (qui a abattu l’avion d’Habyarimana : Hutu extrémistes ou tutsi ?). Il nous semble que ce débat est biaisé pour plusieurs raisons que nous proposons d’analyser dans ce billet.


Premièrement, la domination de la lecture ethnique comme élément d’interprétation des causes du génocide. Précisons d’emblée que nous ne nions pas l’existence des ethnies. Néanmoins, d’après cette lecture, qui a dominé et biaisé le débat, les Tutsi et les Hutu seraient destinés à s’affronter, et les massacres sont le résultat d’une opposition raciste atavique. Les recherches ont pourtant démontré que l’on pouvait plus évoquer l’existence de classes sociales que d’ethnies. Or cette lecture ouvre la voie à un autre mécanisme, celui de l’accusation des premières victimes du génocide : les Tutsi. Cette approche exclue toute analyse des évènements ayant conduit à l’exécution du génocide. Cette lecture s’appuie sur les travaux d’anthropologie de la race élaborée à la fin du XIXème siècle. D’après cette littérature les Tutsi sont définit comme « hamito-sémitiques », ils ne seraient donc pas africains. Les hutus ont repris cette idéologie et dirent que les Tutsi étaient les juifs d’Afrique. ... Cette littérature refuse de penser le racisme en Afrique comme une idéologie construite politiquement et socialement. Elle leur nie toute dimension politique ou toute instrumentalisation. 
C’est là que le blocage débute. Les premiers écrits sur le génocide portent sur ses causes. Ils avancent dès les premières semaines du génocide cette explication ethnique. Ces écrits émanent des médias et des autorités françaises. Ces premières représentations des évènements et leur persistance guide encore aujourd’hui le processus mémoriels. Les premiers travaux des chercheurs tenteront d’y apporter une réponse. Colette Braeckman est, en ce sens, une pionnière et essaie, dès 1994, de comprendre les raisons historiques qui ont mené le Rwanda au génocide. Elle trouve des explications dans le legs colonial, la dimension ethnique de la « révolution sociale » de 1957-1962 et le développement d’une politique raciste qui en découle. 

Deuxièmement, les controverses sur le rôle de la France sont tenaces, du fait de la monopolisation du débat par des réseaux partisans et des sites anonymes. Ces blocages mémoriels sont récurrents en France. Pour ne pas rouvrir ce débat nous vous invitons à lire Daniela Kroslak qui propose une analyse selon trois critères de responsabilité - connaissance, capacité, participation - sans pour autant verser dans une diatribe anti France. Elle rappelle que la tolérance anglo-américaine envers le FPR est aussi discutable que le comportement français. Il y a aussi la thèse d’Olivier Lanotte qui est l’un des travaux les plus exhaustif et rigoureux sur cette question.
Certains chercheurs ou pamphlétaires, qui sévissent encore aujourd’hui risquent de bloquer le processus mémoriels avec des débats stériles. Pourtant, marginalisés académiquement pour le manque de rigueur scientifique de leurs analyses ils ont développé des interprétations dénigrant ou relativisant l’évènement. Ce voile cache les vraies questions sur les causes et racines historiques du génocide, l'idéologie hamitique, les complicités internationales, le rôle de l’Eglise, l'histoire du FRP avant et après le génocide.  
Une citation de Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Pierre Chrétien et Hélène Dumas (dont nous recommandons vivement de lire les ouvrages) résume le traitement de cette question : « il semble que les vieilles antiennes du discours ethnicisant ou misérabiliste n’aient pas cédé le pas devant les acquis de la discipline historique. Le regard réducteur porté sur les sociétés africaines reste plus largement partagé qu’on ne pourrait le penser (…) Les explications politiques et sociales des connaisseurs de la région ont souvent été jugées « compliquées », comme si l’Afrique, en somme, se devait d’être simple à nos yeux ».

A lire : 
Collette Braeckman : "Le Rwanda est devenu une histoire française"

vendredi 3 janvier 2014

Réflexion sur l’interventionnisme et la reconstruction de l’Etat en RCA et ailleurs

L’année 2013 a marqué le retour de l’interventionnisme français, dans le cadre d’opérations militaires en Afrique (Mali, RCA). L’objectif affiché est de participer à la reconstruction d’Etat dit « failli », terme discuté et discutable que nous n’aborderons pas ici, ou de créer les conditions le permettant.



Le state-building est ainsi la principale réponse à la défaillance de l’État. Ce terme désigne l’idée de « la nécessité de reconstituer, sous une forme ou une autre, des unités politiques au sein desquelles, suite notamment à une guerre civile, la structure, l’autorité, la loi et l’ordre politiques se sont précarisés » (1). Cette stratégie concerne le développement de mécanismes internationaux de régulation censés restaurer la souveraineté d’États en faillite ou en déliquescence.

La construction de l’État est un phénomène historique long (on lira Charles Tilly), la stratégie choisie par la communauté internationale est donc de parvenir à un modèle d’État wébérien dans un temps plus restreint, et en évitant la longue étape de conflictualité qui accompagne généralement le processus de développement (2). Cette stratégie a été relancée au début des années 1990 par l’ONU lorsque l’organisation instaura l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC). Elle se donne alors pour objectif de reconstruire un État, voire même une nation. L’accent est mis sur la reconstruction d’un ordre politique démocratique, à l’intérieur des frontières de l’État, respectueux des droits et des libertés fondamentales de ses citoyens.
Les critiques autour de cette notion de state-building ne manquent pas et nous vous proposons d’en noter quelques-unes ici qui pourront alimenter votre réflexion. Ainsi, D. Chandler y voit un retour de la mission civilisatrice de l’Occident (3), une position revendiquée également par F. Fukuyama, doctrinaire du state-building, comme nouvelle forme de gouvernance (4). Mais pour D. Chandler, le state-building a participé plus à la destruction des capacités étatiques institutionnelles qu’à leur reconstruction. Pire, le state-building aurait créé une culture de la dépendance, plutôt que des institutions locales autonomes. L’efficience de cette stratégie est questionnée aussi par M. Ottaway qui relève : « la communauté internationale a élaboré une liste de prescriptions pour la reconstruction d’État qui est tellement exhaustive qu’elle est impossible à appliquer sur le terrain » (5).
L’autre problème posé par cette approche est qu’elle disqualifie des acteurs qui ne correspondent pas à la vision normative de l’État, ou même de la politique. Ils sont alors écartés du processus de construction ou de reconstruction de l’État, ce qui remet en cause la régulation de la conflictualité. Le rôle même que pourrait jouer une organisation internationale est discuté. En effet, E. Luttwak 
a montré qu’un
 conflit mineur doit 
se poursuivre sans une intervention extérieure, qui y mettrait un terme prématurément. Au contraire, une intervention extérieure tend à prolonger le conflit (6). Une analyse partagée par J. Herbst, pour qui les organisations internationales s’entêtent à vouloir reconstruire des États effondrés, dans les conditions qui existaient auparavant, de telle sorte qu’elles ne font que prolonger un état d’effondrement au lieu d’accepter l’existence du nouvel ordre politique ainsi créé (7). En allant plus loin, on peut considérer que ces organisations participent au processus de destruction de l’État (8). Ainsi, l’ONU
 refuse
de considérer que
 certains États puissent 
être trop
 dysfonctionnels 
à
 la base, 
pour être 
reconstruits (9). Ce n’est que très récemment que les chercheurs ont cherché à comprendre l'ordre politique des États dits faillis, sans insister sur l’absence d’État mais en tenant compte de ce qui existe réellement (10).

Dès lors, une question se pose : est-ce que ce sont les États qui sont en échec ou bien l’État, en tant que mode d’organisation des sociétés ? Cette réflexion nous permet de penser, avec E. Terray, que : « ce qui est en crise, c’est peut être avant tout l’arsenal des concepts et des systèmes à travers lesquels nous essayons de saisir cette réalité mouvante et protéiforme qu’est l’État contemporain en Afrique » (11).

Bibliographie :
1- Dario BATTISTELLA, Franck PETITEVILLE, Marie-Claude SMOUTS, Pascal VENNESSON, Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2012, 572p, ici p.527.
2- M. OTTAWAY, « Rebuilding states institutions in collapsed states », in Developement and Change, vol.33, n°5, p.1001-1023, ici p.1004.
3-David CHANDLER, Empire in Denial: The Politics of State-Building, Londres, Pluto Press, 2006.
4-Francis FUKUYAMA, State-Building: Governance and World Order in the 21st Century, Ithaca, Cornell University Press, 2004.
5-Marina OTTAWAY, «Rebuilding State Institutions in Collapsed States», in J. MILLIKEN (ed.), State Failure, Collapse and Reconstruction, Blackwell, Oxford, 2003, p. 252.
6-Edward N. LUTTWAK, “Give war a chance”, in Foreign Affairs, vol.78, n°4, juillet-août, 1999, p. 36.
7-Jeffrey HERBST, “Let Them Fail: State Failure in Theory and Practice”, in Robert ROTBERG (dir.), When States Fail: Causes and Consequences, Princeton, Princeton University Press, 2004, p. 312-316.
8-Francis FUKUYAMA, State-Building; Governance and World Order in the 21 st Century, New York, Cornell University Press, 2004, p. 39-42.
9-Marina OTTAWAY, “Rebuilding State Institutions in Collapsed States”, in Development and Change, vol.33, n°5, novembre 2002, p. 1001.
10-K.P. CLEMENTS, V. BOEGE, A.BROWN, W. FOLEY, et A. NOLAN, “State building reconsidered: The role of hybridity in the fom1ation of political order”, in Political Science, vol. 59, n° 1, 2007, p.45-56.
11-Emmanuel TERRAY, “Introduction”, in E. TERRAY, L’État contemporain en Afrique, Paris, L’Harmattan, 1986, p.19.

mardi 31 décembre 2013

Agenda politique international 2014

Nous partageons avec vous ici les grands événements qui devraient marquer la vie politique internationale pour l’année 2014 (non exhaustif bien sûr).



Janvier 2014
-        La Grèce prend la présidence tournante de l'Union européenne et succède à la Lituanie.
-        La Russie prend la présidence tournante du G8.
-        La Lettonie adopte la monnaie unique européenne.
-        Mayotte entrera dans l'Union européenne en tant que neuvième région ultrapériphérique, mais restera hors de l'espace Schengen

Février
-        7 février : ouverture des XXIIe Jeux olympiques d'hiver à Sotchi en Russie (jusqu'au 23 février)

Mars
-        23-30 mars Elections municipales en France
-        RDC : élections "provinciales, urbaines, municipales et locales"
-        Turquie : élections locales (régionales, provinciales et communales)

Avril
-        Afrique du Sud : élections générales (présidentielles et législatives)
-        Algérie : présidentielles
-        Afghanistan : présidentielles
-        30 avril : législatives en Irak

Mai
-        25 mai Union européenne : élections parlementaires
-        31 mai Elections générales en Inde
-        25 mai Belgique : Élections législatives

Juin
-        Coupe du monde de la FIFA 2014 au Brésil
-        4-5 juin G8 à Sotchi
-        6 juin 70ème anniversaire du débarquement allié en Normandie

Juillet
-        L’Italie prend la présidence tournante de l’UE
-        Indonésie : présidentielles

Août
-        Centenaire du début de la première guerre mondiale (4 août)
-        Turquie Présidentielles

Septembre
-        4-5 septembre : Sommet de l’OTAN au Royaume-Uni sur la fin des opérations en Afghanistan  
-        18 septembre : Référendum sur l'indépendance de l'Écosse.
-        Elections sénatoriales en France

Octobre
-        États-Unis : élections sénatoriales et des représentants
-        Bolivie Présidentielles


Novembre
-        14 et 15 novembre / sommet du G20 à Brisbane, en Australie
-        XVe Sommet de la Francophonie à Dakar

Dates non fixées :
-        Syrie Présidentielles ( ?)
-        6ème sommets des BRICS au Brésil (mars-avril ?)
-       Nombreuses élections présidentielles en Amérique centrale et latine (Bolivie, Uruguay, Salvador, Colombie, Panama, Brésil)
-        Nigéria : élections générales
-        Centrafrique législatives (selon accord du 11 janvier 2013)





vendredi 2 décembre 2011

Au-delà du Lower Shabelle, quelles marges de manœuvre pour le contingent djiboutien ?

A lire, sur le site de l'IRSEM, la chronique de Christelle Dumora : 

"Initialement conclus en 1977, les accords de défense qui lient la France et Djibouti sont renégociés en profondeur pour la troisième fois depuis plus d’un an, entre les autorités djiboutiennes et françaises. Cette nouvelle orientation s’inscrit dans la volonté affichée du Président français Nicolas Sarkozy dans le Livre Blanc de la Défense, paru en 2008, de redéfinir les modalités de présence et d’engagement de nos troupes en Afrique et plus précisément sur le territoire de Djibouti.

Plusieurs axes importants en émanent :
Le premier concerne les voies et moyens de renforcer les capacités humaines et logistiques de l’armée djiboutienne (FAD, Forces Armées Djiboutiennes). Le second, la reprise de certains sites utilisés par les forces françaises stationnées, mais aussi la réévaluation du « contrat de bail » qui doit prendre fin en 2012 et dont s’acquitte la France depuis 2003 à hauteur de 30 millions d’euros par an. Ces accords incluent également la redéfinition des modalités d’engagement de la France dans la sécurité et la défense de Djibouti notamment en cas d’agressions, uniquement, extérieures. Et c’est bien là toute l’acuité de ces accords : l’annonce il y a plus d’un an par le Président Ismaël Omar Guelleh de déployer en Somalie un contingent en appui aux troupes de l’Amisom, risque de changer la donne.


Ce nouveau partenariat semble avoir été souhaité côté français, suite à la visite du président Sarkozy au début de l’année 2010. Côté djiboutien, cette réorientation stratégique remonte au sommet de Kampala en 2009 durant lequel Ismaël Omar Guelleh a émis la volonté de changer de posture en réponse aux sollicitations de ses homologues kényans et éthiopiens pour une coopération élargie au processus d’imposition et de maintien de la paix en Somalie. Engagement salué en janvier 2009 par le Conseil de sécurité de l’ONU en vue du renforcement de l’Amisom et que le parlement djiboutien vient d’entériner (16 octobre 2011)...." La suite ICI

mercredi 20 avril 2011

La France déserte les Grands Lacs ?

Cette semaine Jeune Afrique titre l'un de ses billets "France-Rwanda. SOS Coopération" où l'on apprend qu'"en dehors de Technip (gaz méthane du lac Kivu) et de quelques PME, aucun investisseur français ne semble intéressé par cette destination". De même la France n'aurait accordé en 2010-2011 que 10 bourses sur 7000 demandes aux étudiants rwandais. Les visites bilatérales se font rares et cela malgré la levée des mandats d'arrêt émis par le juge Bruguière.

De son côté les Etats-Unis font un retour en force. Cette région constitue pourtant une zone mouvante pour les intérêts américains. Privilégiée sous l’Administration Clinton, les Grands Lacs furent quelque peu négligés par l’Administration Bush.
Deux raisons principales :
- l’équipe Bush était réticente à s’investir dans cette région instable ;
- l’accent mis sur la lutte antiterroriste, cette région s’est vue supplantée par d’autres régions (Afrique du Nord et Sahel, Corne de l’Afrique) dont l’intérêt était plus grand de ce point de vue.
Le cas du Rwanda est à cet égard révélateur. Pour autant la région détient un potentiel minier qui intéresse les États-Unis (RDC et Ouganda).

Lire aussi : "Avec Juppé au Quai d'Orsay, le cactus rwandais retrouve des épines"
et
"France - Rwanda : Juppé fait un geste envers Kigali"

lundi 18 avril 2011

Coopération : priorités africaines


La semaine dernière, Henri de Raincourt, Ministre chargé de la Coopération auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, a présenté le document cadre "Coopération au développement : une vision française". Rien de nouveau.
4 enjeux : "une croissance durable et partagée, la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la préservation des biens publics mondiaux, la stabilité et l’État de droit". La priorité reste aux zones méditerranéennes et africaines.
Pour 2011-2013 la répartition budgétaire (principalement en bilatéral) est la suivante :
1) Afrique subsaharienne ("en veillant à la soutenabilité de l'aide") :
• plus de 60 % de l’effort financier de l’État sur l’ensemble de la zone,
• plus de 50 % des subventions sur les 14 pays pauvres prioritaires,
2) Méditerranée ("un enjeu essentiel"): 20 % de l’effort financier de l’État ;
3)Pays en crise :
10 % des subventions (gestion des crises et postcrise, hors interventions relevant de la prévention)
4) Pays émergents : au maximum 10 % de l’effort financier de l’État.
Alors que l'Indonésie, la Turquie, la Chine, le Brésil et l'Irak étaient les 10 premiers bénéficiaires de l'aide bilatérale française entre 2007 et 2009, dans les prochaines années cette aide sera distribuée via le canal multilatéral.

vendredi 21 janvier 2011

Djibouti : la France décroche ?

Décidément la base japonaise à Djibouti fait beaucoup parlé d'elle en ce moment. Phillipe Leymarie y consacrait hier un article (ICI) sur son blog : "A Djibouti, la première base du Japon à l’étranger depuis 1945".

Et j'ai eu le plaisir de voir que le journaliste du Monde Diplomatique a fait référence à mon article parut en novembre dans la revue Défense Nationale
: "Le gouvernement japonais est d’ailleurs resté discret sur cette première implantation permanente à Djibouti, pour ne pas réveiller un débat sur ce qui pourrait apparaître comme une violation de la Constitution pacifiste. En principe, le texte actuel ne s’oppose pas à la présence des FAD à l’étranger, « si c’est à la requête du pays concerné, et que leurs activités ne conduisent pas à l’usage de la force, y compris dans un cadre collectif (et sauf cas de légitime défense) », précise Sonia Le Gouriellec.Cette chercheuse de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM) recense, parmi les facteurs à prendre en compte pour expliquer ces ambitions japonaises :
- la dépendance énergétique et commerciale de l’archipel ;
— sa vocation maritime (qui l’a conduit à construire une marine militaire performante) ;
— l’expérience du pays en matière d’antipiraterie, notamment la formation de garde-côtes à Singapour, en Malaisie, en Indonésie (qui a contribué à réduire très fortement la piraterie dans les détroits entre l’océan Pacifique et l’océan Indien);
— l’ambition du Japon de décrocher un siège permanent au Conseil de sécurité, et de « transformer sa richesse en puissance », sortant de ce qui a été jusqu’ici surtout une « diplomatie du chéquier »."

Philippe Leymarie note avec pertinence un point, observable sur le reste du continent, et caractéristique de la politique étrangère française actuellement : "Dans l’immédiat, Djibouti s’apprête à encaisser les dividendes d’une troisième base permanente : le loyer annuel pour la nouvelle base japonaise a été fixé à 30 millions de dollars – une somme comparable, pour le moment, aux royalties versés par le gouvernement américain (mais, dans ce cas, pour 2 000 hommes). Les Français s’acquittent d’un loyer de 30 millions d’euros (pour 2 850 hommes). Plusieurs armées étrangères – espagnole, allemande notamment – qui disposent également de facilités à Djibouti, mais pas de bases permanentes, versent des compensations plus réduites. Le petit Etat, dont la rente stratégique (aérienne et portuaire) est la seule ressource, est redevenu un point focal : il y a quelques semaines, on y a même aperçu l’amiral commandant la marine iranienne.Côté français, la tendance reste plutôt au « décrochage ». La 13e demi-brigade de la Légion étrangère (DBLE), stationnée depuis un demi-siècle à Djibouti, devrait être transférée en mai prochain à Abou Dhabi, où l’armée française a ouvert une nouvelle base. Le bail qui lie la France au gouvernement djiboutien prend fin l’an prochain, et devra être renégocié, dans un contexte d’effectifs en baisse. Le nouvel accord de défense entre Paris et Djibouti pourrait être signé fin janvier, grâce à un passage-éclair dans la Corne de l’Afrique du nouvel « Air Sarko One »."

lundi 17 janvier 2011

N. Sarkozy : tournée africaine

Suite de notre billet sur la visite de Nicolas Sarkozy en Ethiopie (ICI).




Cette visite aurait lieu le 30 ou 31 janvier. Une seule journée pour 2 rendez-vous : une rencontre avec le premier ministre Meles Zenawi et une participation au sommet de l'Union africaine, au cours duquel le président Français doit prendre la parole. Selon la dernière édition de la LOI ce voyage pourrait être prolongé :
- soit à Djibouti pour une cérémonie officielle de signature des nouveaux accords de défense,
- soit au Kenya où le président pourrait aborder les questions de G20 et de la Côte d'Ivoire avec les dirigeants locaux,
- soit en Afrique du Sud pour y rencontrer Jacob Zuma qui a lui-même prévu une visite officielle en France pour le mois de mars.

Source : LOI

mercredi 5 janvier 2011

Réflexions sur les relations de la France avec l'Afrique


Depuis 20 ans, la France, avec des politiques pleines de bonnes intentions mais qui se sont souvent révélées ne pas être en adéquation avec son pragmatisme de terrain, a assurément perdu une grande partie de la confiance des Africains. Alternant volontarisme, désengagement et attentisme, elle a sérieusement brouillé son image tant sur le continent qu'auprès de la communauté internationale.
Les différents gouvernements, et surtout les différents présidents français, se sont progressivement déconnectés des réalités d'une Afrique en pleine mutation. Entretenant des relations de forte proximité, avec leurs homologues africains (eux-mêmes coupés de leurs populations), ils n'ont pas su les inciter à impulser de véritables politiques de développement ou une amélioration de la redistribution des richesses produites. De plus, dans les esprits, les coups d'État ou les transitions « fantaisistes » restent toujours associés à une activité souterraine française.
Ainsi, les populations africaines se reconnaissent de moins en moins dans les actions politiques françaises en Afrique. Ce constat est surtout vrai pour une jeune génération urbaine qui se retrouve aujourd'hui sans perspectives d'avenir. Cette jeunesse frustrée et désœuvrée trouve en la France le responsable de tous ses maux. Se développe alors un sentiment anti-français qui est bien souvent instrumentalisé ou récupéré par des dirigeants et des meneurs populistes sans scrupules. Ces derniers utilisent ce sentiment pour tirer profit de l'exacerbation de la concurrence en Afrique entre grandes puissances.
À la France de gagner le cœur des Africains par des actions plus en adéquation avec les aspirations de la jeunesse africaine ; à la France de « pousser vers la sortie » les « dinosaures » africains dont la présence rappelle les pires collusions et la « France-à-frique » ; à la France de favoriser les pays qui se sont engagés dans la voie de la démocratie ...

samedi 1 janvier 2011

Politique africaine ou politique française en Afrique?

.... "Le jour où, au lieu de se targuer d'une "politique africaine" censée faire le bonheur du continent noir, il existera une politique française en Afrique, qu'on pourra présenter aux citoyens-électeurs-contribuables français comme étant de leur intérêt, la France aura tourné la page de son passé colonial" ....
Extrait : Antoine GLASER, Stephen SMITH, Comment la France a perdu l'Afrique, Paris, Seuil, 2005, p.268

jeudi 30 décembre 2010

De la Françafrique à l' Eurafrique ?


« La France n’a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique » annonçait en février 2008 le président N. Sarkozy au Cap. Ce nouveau dispositif serait une réponse plus adapté à la future organisation militaire de l’Union Africaine et à la vocation interarmées des opérations .

Pour autant de nombreux Etats africains sont loin d’être favorables à un désengagement de la France qui pourrait les fragiliser. L’européanisation que la France souhaite intégrée à sa politique et dans les nouveaux accords de défense est mal perçue.
« De la Françafrique à l'Eurafrique » , pour reprendre la formule de Michel Barnier, telle semble être la position française vis-à-vis de ses anciennes colonies africaines. N. Sarkozy souhaite amener l'UE à s'engager plus massivement en Afrique afin de mutualiser les efforts européens pour une meilleure efficacité d'action. Ce processus est le constat d'une polarisation presque absolue de la diplomatie 
française sur les questions de construction européenne. En effet, le processus d’intégration a changé la diplomatie française. Paris est plus enclin à développer une stratégie multilatérale. Une stratégie qui ne plait pas aux dirigeants du continent qui préfèrent la politique du tête à tête, alors que la machine européenne peut imposer des sanctions économiques aux Etats non démocratiques.
Il convient tout de même de relativiser l’action de N. Sarkozy dans ce processus déjà entamé avant son arrivée au pouvoir. Comme le soulignait Dominique de Villepin en 2003, « la convention de Cotonou, les sommets Europe-Afrique et la mise en place, aujourd'hui en Ituri, d'une opération militaire européenne, témoignent d'avancées importantes. À Bruxelles, nous appuyons les réflexions menées par le commissaire Nielsen sur le financement d'une capacité africaine de construction de la paix. Nous insistons également pour raccourcir les délais d'intervention post-crise et améliorer l'adéquation des instruments de la Commission, en vue d'un véritable partenariat eurafricain » . Ou Jacques Chirac en 2005 : « l'Europe ne se désintéresse pas de l'Afrique (…), le cas échéant, la France rappellerait l'Union européenne à ses responsabilités vis-à-vis de son voisin du sud, le continent africain. L'Union européenne a parfaitement conscience qu'elle ne peut pas envisager l'avenir sans avoir un lien fort avec son voisin du sud qui n'est pas seulement l'Afrique du Nord, mais également l'Afrique toute entière » . 



NB : La politique française de sécurité et de défense en Afrique a toujours été une des composantes majeures de la puissance de la France en Afrique. Les accords de coopération ou d’assistance militaire technique (AMT) concernent 24 États africains : Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée équatoriale, Guinée, Madagascar, Mali, Maurice, Mauritanie, Niger, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Tchad, Togo et RDC.. Les accords de défense concernent 8 États africains (Cameroun, Togo, Gabon, République centrafricaine, Sénégal, Djibouti, Comores et Côte d’Ivoire). De nouveaux accords "de partenariat de défense" ont été signés avec les quatre premiers pays. Trois autres sont en négociation.