jeudi 22 mars 2012

L'Erythrée sous l'emprise du dictateur Issayas Afeworki (1)

Ce samedi nous écouterons avec attention l'émission de Monsieur X sur France Inter (13H30) consacrée à l'Erythrée. Écoutez l'émission ICI



Résumé de l'émission :
Prison à ciel ouvert, bagne africain, Corée du Nord africaine… Les expressions ne manquent pas pour qualifier ce petit pays dont on ne parle presque jamais et où journalistes et touristes ne sont pas les bienvenus : l’Erythrée ! Un pays fermé, donc. Mais aussi un pays dont il est interdit de sortir : les érythréens sont prisonniers chez eux. Et s’ils sont pris en essayant de passer clandestinement une frontière, il risque de croupir dans l’un des quelques trois cents camps de détention.
Il fut pourtant une époque où ce jeune Etat de la Corne de l’Afrique était considéré avec bienveillance par les grandes puissances… Certains y voyaient même la naissance d’une nouvelle Afrique, débarrassée de ses péchés originaux. Une Afrique propre en somme. Démocratique, moderne, sans corruption ni népotisme. C’était à la fin du siècle dernier, dans les années 90… Alors comment est-on passé de la lumière à l’ombre ?

Bibliographie :
- « Les Erythréens », de Léonard Vincent, Editions Rivages (Payot), 2012, le seul livre récent (en français) consacré à ce pays oublié.
- La revue trimestrielle « Sécurité Globale » dont le dernier numéro consacre un dossier à la Corne de l’Afrique, coordonné par Sonia Le Gouriellec, éditée par l’Institut Choiseul

dimanche 18 mars 2012

Recension Sécurité globale

Bruno Modica propose sur sur le site cliothèque une recension du dernier numéro de Sécurité Globale. A lire ICI

vendredi 16 mars 2012

Hervé Coutau-Bégarie : un testament d’avenir

Hervé Coutau-Bégarie, fondateur de l’Institut de Stratégie Comparée et président de l’ISC-CFHM, est mort le 24 février 2012. La perte est affreusement cruelle pour sa famille, à la douleur de laquelle nous nous associons de tout cœur. Mais le courage avec lequel il a affronté la maladie nous montre, par delà le deuil, le chemin de la confiance et de l’énergie.



Cette disparition est une immense perte pour la pensée stratégique. Là encore pourtant, l’espoir doit l’emporter sur la peine. L’œuvre d’Hervé Coutau-Bégarie est en effet bien vivante. Elle n’est pas derrière lui, mais devant nous. D’abord parce qu’il laisse une trentaine de livres à publier, les uns de lui, d’autres dont il assurait la direction ou la codirection, d’autres enfin qu’il avait retenus pour sa collection. Ensuite parce que nous n’avons pas fini, à très loin près, de lire et de relire Hervé Coutau-Bégarie. C’est tout un processus de réédition, de classement, d’études qui commence. Du gigantesque corpus semé sur trois décennies, il s’agit maintenant d’extraire un ensemble de textes canoniques par décantation des éléments contextuels.

L’œuvre d’Hervé Coutau-Bégarie, c’est aussi la revue Stratégique et l’ISC, une association indépendante à la fois soubassement des publications et accélérateur de particules intellectuelles, qui a donné et doit continuer de donner leurs chances aux jeunes talents. Le secret de cet institut, son Président le révélait dans un texte qui apparaît rétrospectivement comme son testament : « Une recherche stratégique qui n’a qu’un pôle étatique est infirme ; elle a besoin d’un pôle associatif, plus réactif, mieux capable de fédérer les multiples initiatives de petits groupes ou même d’individus qui s’efforcent, avec de très faibles moyens, de faire vivre la tradition de la pensée stratégique et historique française » – et de rappeler que l’ISC, dans le seul premier semestre 2010, a publié pas moins de 6 ouvrages totalisant 3258 pages, soit bien plus – et de très loin – qu’aucun organisme étatique travaillant sur le même créneau (article paru dans Stratégique n°99, 2010).

Le savoir, la culture et la vision d’Hervé Coutau-Bégarie nous manqueront. Mais l’élan qu’il a insufflé à la recherche en stratégie peut continuer. L’Institut et la Revue, dont la qualité est internationalement reconnue, évolueront. Maquette, diversification numérique, cartographie, nouveaux partenariats français et étrangers, les chantiers ne manquent pas, il les avait lui-même ébauchés. La Bibliothèque stratégique, Hautes études stratégiques, Hautes études militaires et Hautes études maritimes qui constituent les quatre collections dirigées par Hervé Coutau-Bégarie chez Economica seront reprises et développées. Elles constituent le corpus le plus important d’ouvrages relatifs aux questions stratégiques et à l’histoire militaire en langue française et continueront à publier des opus ayant vocation à enrichir une réflexion enracinée dans l’étude de la culture stratégique française et celle d’autres aires culturelles. En outre, nous poursuivrons la publication du corpus des écrivains militaires en langue française dont déjà plusieurs titres sont parus, mais plusieurs dizaines d’autres attendent d’être publiés tant dans le domaine de la stratégie générale que des stratégies particulières, navale ou aérienne.

Ces évolutions nécessiteront une relève : elle existe, avec une moyenne d’âge qui la met en prise directe avec les défis actuels. Hervé Coutau-Bégarie, entre autres qualités, savait faire confiance et encourager. Il aura su, sans battage et avec des soutiens mesurés, faire monter autour de lui une génération de jeunes chercheurs et d’auteurs qui lui doivent énormément. Il a beaucoup sacrifié pour transmettre. Nous voulons maintenir et poursuivre. Tous, nous gardons à l’esprit ce qu’il ne cessait de nous répéter : la clé d’une recherche stratégique mature et objective, c’est l’autonomie de la structure qui la porte.
Hervé Coutau-Bégarie a continué à travailler jusqu’à l’extrême limite de ses forces, dictant encore des articles de son lit d’hôpital il y a quelques semaines. Pour continuer son œuvre, l’ISC doit préserver son indépendance. Il ne le pourra pas sans moyens financiers. Nous lançons donc un appel à tous les membres de la communauté des stratégistes, qui prendra très bientôt la forme d’une campagne d’abonnement à la revue Stratégique, et d’adhésion à l’ISC. Lecteurs, élèves, étudiants, amis des pays étrangers, où l’œuvre d’Hervé Coutau-Bégarie était connue et appréciée : il dépend aujourd’hui de vous tous que le titanesque travail qu’il a accompli, et que nous souhaitons faire vivre, continue de porter ses fruits.

Pour l’ISC,
Jérôme de Lespinois, Martin Motte, Olivier Zajec
(suppléants d’Hervé Coutau-Bégarie au cours de stratégie de l’Ecole de Guerre)
Emmanuel Boulard (capitaine de frégate, doctorant de l’EPHE), Armel Dirou (colonel de l’armée de terre, doctorant de l’EPHE), Jean-François Dubos (secrétaire de rédaction de Stratégique, doctorant de l’EPHE), Benoît Durieux (colonel de l’armée de terre, docteur de l’EPHE), Christophe Fontaine (lieutenant-colonel de l’armée de l’air, doctorant de l’EPHE), Serge Gadal (chargé de recherches de l’ISC, docteur de l’EPHE), Michel Goya (colonel de l’armée de terre, chargé de conférence à l’EPHE), Joseph Henrotin (chargé de recherches de l’ISC, docteur en science politique), Jean-Luc Lefebvre (colonel de l’armée de l’air, doctorant de l’EPHE) Jean-Patrice Le Saint (lieutenant-colonel de l’armée de l’air, doctorant de l’EPHE), Christian Malis (docteur en histoire), Valérie Niquet (maître de recherche à la FRS), Jérôme Pellistrandi (colonel de l’armée de terre, docteur de l’EPHE), Philippe Sidos (colonel de l’armée de terre, doctorant de l’EPHE).

mardi 13 mars 2012

Cartes des conflits en Afrique

Les conflits en Afrique (en 2011) selon l'HIIK (du conflit non violent, en passant par la crise, la crise grave et la guerre) :



Les pays confrontés à des mouvements indépendantistes (source Jeune Afrique 2011) :




Les conflits en Afrique en 2006 :




Les conflits en Afrique dans les années 1990 :

lundi 12 mars 2012

La Corne de l'Afrique : Vers un nouvel ordre régional ? (conférence)

A l'occasion de la sortie du numéro 18 de la revue Sécurité Globale (ICI et ICI pour commander le numéro), consacrée à la Corne de l'Afrique, l'ANAJ-IHEDN, en partenariat avec l'Institut Choiseul, organisera le 5 avril (19H30-21h) une conférence à l'Ecole militaire.



Autour du numéro de Sécurité Globale (n°18) coordonné par Sonia LE GOURIELLEC seront présents:

Alain GASCON
Géographe, professeur émérite à l’Institut français de géopolitique de Paris VIII

Hanna OUAKNINE
Auteur de "Londres-Mogadiscio, Al-Shebab et la jeunesse somalienne" (Ed. Harmattan)

Jean-Nicolas BACH,
Docteur en Science politique, Centre de recherche "Les Afriques dans le Monde" IEP Bordeaux - CNRS

Léonard VINCENT
Journaliste
Auteur de l'ouvrage "Les Erythréens" (Ed. Rivages)



Inscription obligatoire : (entrée gratuite) ICI

Contact : afrique@anaj-ihedn.org

Lieu : Amphithéâtre Desvallières - Ecole Militaire
Entrée par le 1 place Joffre – Paris VII
Pas de parking / Métro : École militaire - Ligne 8

jeudi 8 mars 2012

Soudan du Sud. L’impasse des discussions sur le pétrole avec Khartoum

Ce matin, Thierry Garcin recevait dans son émission "Les enjeux internationaux" Marc Lavergne (chercheur au Groupe d'études et de recherches sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO)) autour de la question du Soudan du Sud.

Écoutez l'émission ICI


Résumé : "La partition du Soudan en deux Etats indépendants n'a aplani aucun des problèmes et des différents qui existaient autrefois et conduisirent à plusieurs années d'une terrible guerre civile.

Aujourd'hui, le Soudan du Sud possède les principaux gisements du pétrole du pays, qui transitent par le nord, et sur lesquels Khartoum veut prélever une redevance jugée exorbitante par les dirigeants sudistes.

D'autre part, les différents frontaliers subsistent avec vivacité et peuvent conduire les deux parties au bord de l'affrontement."

lundi 5 mars 2012

Trois trajectoires de sécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Erythrée, le Soudan du Sud

Il y a quelques jours nous vous annoncions à la publication d'un numéro spécial de la revue sécurité globale sur la Corne de l'Afrique. Nous y proposons une contribution revenant sur trois trajectoires de sécession dans cette région : le Somalilan, l'Erythrée, le Soudan du Sud. Vous trouverez ci-dessous les première lignes de cette contribution :



« Une métaphore politique » : c’est en ces mots que R. Patman décrivait les Etats de la Corne de l’Afrique et leurs trajectoires . La naissance d’un nouvel Etat au Sud du Soudan transforme une nouvelle fois la géographie politique de la Corne de l’Afrique. La multiplication du nombre d’Etats, et donc de frontières, est l’un des paradoxes de la période post-Guerre froide, marquée par la globalisation et l’abolition des frontières. Ce constat est particulièrement vrai dans la Corne de l’Afrique, lieu des deux dernières naissances d’Etats internationalement reconnues. L’Erythrée, le Somaliland et le Soudan du Sud ont choisi la sécession, la forme la plus radicale d'autodétermination. Ces nouvelles entités, dont la naissance s’est faite au nom de la paix et la stabilité, remettent cependant en question l’équilibre régional. Pourquoi ces entités ont-elles fait sécession ? Assistons-nous à une fragmentation politique illimitée de la Corne de l’Afrique ? Cette fragmentation régionale est-elle le signe d’un déclin de l’État face à la volonté d’appropriation des territoires par des identités infranationales ? La reconnaissance de l’Erythrée et du Soudan du Sud par une communauté internationale pourtant réticente à créer ce type de précédent est à ce titre remarquable.
Notre propos n’est pas de revenir sur le « droit » de sécession mais d’analyser les trajectoires sécessionnistes de ces trois Etats par une approche comparative. Chaque Etat ayant son histoire propre, ses ressorts politiques, sociaux, économiques, nous ne proposons pas de revenir sur le processus de formation de l’Etat, défini par Bruce Berman et John Lonsdale comme un processus historique conflictuel, involontaire et largement inconscient . Néanmoins, et alors qu’un nouvel Etat a fait son apparition sur la scène régionale, il nous semble pertinent de retracer les trajectoires de ces trois sécessions, en mettant en évidence leurs similarités. Il nous semble indéniable qu’elles sont à certains égards comparables et permettent de faire émerger une problématisation commune de la généalogie de ces sécessions.




Balkanisation, fragmentation, scission, partition ?
Rappelons tout d’abord les différences entre ces terminologies. Selon Stéphane Rosière, la balkanisation est : « le processus de fragmentation d'un État en au moins trois nouveaux États (…) si un État “primaire” est divisé en deux nouvelles entités, on peut préférer les notions de scission ou de partition » . Ainsi la notion de balkanisation, souvent employée avec une connotation péjorative, ne correspond pas à la réalité de nos cas d’études. En effet, l’Erythrée et le Soudan du Sud se sont séparés d’une entité qui existe toujours. Le cas du Somaliland est plus problématique, puisque l’Etat somalien s’est effondré et qu’une autre entité, le Puntland, s’est déclarée autonome. En revanche, la sécession est bien l’aboutissement d’un processus de désintégration politique. Si l’intégration politique se définit comme un processus par lequel les acteurs, de systèmes politiques distincts, sont persuadés qu’ils doivent loyauté à un nouveau centre de pouvoir, prévalant sur l’ancien système , lors d’une sécession les acteurs décident à l’inverse de retirer leur loyauté du centre juridique et de le donner à un nouveau centre. En interne, une sécession signifie donc la dissolution du pacte existant et marque un coup d’arrêt à la capacité de l’Etat à gouverner sur tout le territoire. La sécession est donc le retrait d’une entité constitutive d’un ensemble établi et reconnu internationalement et la création d’un nouvel Etat souverain.

La suite ICI ou sur demande

samedi 3 mars 2012

L'Angola : nouvelle puissance régionale ?

Le 23 février, Thierry Garcin recevait dans son émission "les Enjeux internationaux", Antoine Glaser (journaliste et écrivain).

Résumé : "Luanda, qui est de plus en plus courtisée par les pays occidentaux pour ses exportations pétrolières, s'affirme de plus en plus comme une puissance régionale désireuse de concurrencer directement, sur de nombreux dossiers diplomatiques, l'influence des deux géants africains : l'Afrique du Sud et la Nigéria."



Cette question n'est pas nouvelle. En 1997, déjà, un article de Philippe Leymarie dans le Monde diplomatique s'interrogeait sur la puissance angolaise : "L’Angola, nouvelle puissance régionale". Lire aussi, l'article "L’Angola, une nouvelle puissance africaine" dans le journal Les Afriques. Ainsi que le numéro 110 de la revue Politique Africaine consacré à ce pays (ICI).

Réécoutez l'émission ICI

vendredi 2 mars 2012

La Corne de l'Afrique : Vers un nouvel ordre régional ? (conférence)

Vous avez encore jusqu'à demain mercredi pour vous inscrire à la conférence organisée par l'ANAJ-IHEDN en partenariat avec l'Institut Choiseul.


Présentation :
La Corne de l’Afrique, à l’extrême Est du continent africain, est un espace connu pour son instabilité. Du fait de sa situation privilégiée à l’intersection du Moyen Orient et de l’Afrique, c’est aussi un espace géostratégique important. Cette conférence propose de poser un regard sur un acteur régional majeur : l'Ethiopie, la terre sainte du Peuple élu (Alain Gascon); sur les Érythréens qui fuient en masse la terreur mise en place par le régime de ce jeune Etat (Léonard Vincent) ; et sur l’histoire plus récente de la Somalie au travers des islamistes Shebab (Hanna Ouaknine) que combattent les forces de l’Union Africaine (Jean-Nicolas Bach).


Avec la présence exceptionnelle des intervenants suivants :

• Jean-Nicolas BACH : Docteur en Science politique, Centre de recherche "Les Afriques dans le Monde" IEP Bordeaux - CNRS

• Alain GASCON : Géographe, professeur émérite à l’Institut français de géopolitique de l'Université Paris VIII , Chargé de cours à l’INALCO, membre associé du Centre d'études africaines (Ceaf) de l'EHESS.

• Sonia LE GOURIELLEC : Doctorante en Science politique, responsable du comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN

• Hanna OUAKNINE : Auteur de l'ouvrage "Londres-Mogadiscio, Al-Shebab et la jeunesse somalienne" (Ed. Harmattan)

• Léonard VINCENT : Journaliste, auteur de l'ouvrage "Les Erythréens" (Ed. Rivages)


Inscription obligatoire à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-afrique

Informations : afrique@anaj-ihedn.org

Jeudi 5 avril 2012
19h30 à 21h30
Amphithéâtre Desvallières
École militaire

Numéro spécial sur la Corne de l'Afrique

L'auteure de ce blog a eu l'honneur de coordonner un numéro spéciale de la revue Sécurité Globale dont le dossier principal est consacré à la Corne de l'Afrique.


Vous pouvez retrouver le sommaire ICI et :

L’Éthiopie et le temps : la Bible, le Meiji, le Guépard ?
par Alain GASCON

Le détournement des eaux sacrées du lac Tana (Éthiopie) vers les centrales fédérales de production hydroélectrique : de nouvelles tensions régionales en perspective par Maxime LACHAL


Shebab et jeunesse somalienne, un pilier devenu pilon par Hanna OUAKNINE


Innovations normatives, résiliences des pratiques : à quoi et à qui sert l’AMISOM ? par Jean-Nicolas BACH et Romain ESMENJAUD

De Djibouti à Singapour, aux abords des cités entrepôts : menaces pirates et réactions régionales par Éric FRÉCON

Trois trajectoires de sécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Érythrée, le Soudan du Sud par Sonia LE GOURIELLEC


Quelqu'un me chuchote à l'oreille qu'une conférence devrait se dérouler autour de certains des auteurs le 5 avril... Vous en saurez plus ici même dans les jours à venir.

jeudi 1 mars 2012

Les Shebab appellent les Somaliens à la résistance (2/3)

Après la conférence de Londres du 23 février la réaction des Shebab ne s'est pas faite attendre.

Le jour même, les Shabab ont beaucoup réagit sur Twitter.Le groupe a investi ce réseau social récemment sous le nom de HSLPress : Harakat Al-Shabaab Al Mujahideen Press Office (précédent billet ICI). Il est vrai qu’ils ne sont pas mauvais en communication, voire meilleurs que le gouvernement fédéral de transition somalien.  Jeudi dernier, ils ont tenté de réveiller la fibre nationaliste et parfois xénophobe des somaliens.

Dans les grandes lignes : aux appels au dialogue ils ont répondu qu'il en était hors de question en cette période d’ "invasion et d’occupation". A plusieurs reprises ils ont évoqué une "croisade des chrétiens". Mais aussi qu’ils n’allaient pas revenir sur leurs objectifs de mettre en place un régime basé sur la sharia, que l’approche coordonnée proposé par le Premier ministre britannique et les tentatives visant à "morceler la nation somalienne" ne réussiraient pas, les "interventions étrangères" veulent uniquement faire plier les "musulmans somaliens". Ils appellent aussi les musulmans somaliens à refuser toute constitution "dictée par les forces étrangères".

Lire aussi : "What does Somali think of the London Conference " ICI

Otages au Sahel : 100 jours

Depuis 100 jours Philippe Verdon et Serge Lazarevic sont détenus par les terroristes d'Al Qaïda au Maghreb Islamique, ne les oublions pas. Ils sont encore à ce jour 7 à être détenu au Sahel et en Somalie.



Pascal Lupart, président du Comité de soutien : "cela fait cent jours qu'ils ont été enlevés et toujours rien" :




Pascal Lupart : cela fait cent jours qu'ils ont été enlevés et toujours rien
(00:48)



président du Comité de soutien à Philippe Verdon et Serge Lazarevic




mercredi 29 février 2012

Sénégal : les premiers enseignements de la présidentielle

Thierry Garcin recevait hier Michel Raimbeaud (ambassadeur de France) dans les enjeux internationaux



Résumé de l'émission



"Le Sénégal était un havre de paix, il a versé dans la violence de rues et les affrontements stériles depuis des mois. De fait, forte contestation de la candidature de l’actuel président Abdoulaye Wade, qui cherche par un biais constitutionnel très contesté à obtenir un troisième mandat, après avoir songé à son fils comme possible successeur.

Comment se présente le paysage politique, quelles sont les forces en présence, pourquoi une telle dérive de l’exécutif, quel regard porter sur l’opposition, quel rôle de la jeunesse (éduquée et mobilisée), quel poids accorder au Mouvement du 23-juin ? Et, bien sûr, quelles premières leçons au lendemain du premier tour, dans un contexte africain perturbé ?"

Réécoutez ICI

mardi 28 février 2012

Nouveaux blogs

Signalons l'existence de quatre blogs dans la sphère africaine :

- le blog de l’Observatoire Politique et Stratégique de l’Afrique (OPSA)dirigé par le Professeur Dominique Bangoura ICI


- The African Peacebuilding Agenda de l'International Crisis Group (ICG) ICI




- Le blog de Xavier Auregan, un doctorant travaillant sur la Chine en Côte d'Ivoire mais très bon connaisseur de l'Afrique de l'Ouest.
"La Chine en Afrique de l'Ouest - Chinafrique 中国非洲" : ICI 

- Sur la piraterie enSomalie : "The pirates of Puntland" de Jay Bahadur ICI



Bonne lecture !

samedi 25 février 2012

Interview RFI : conférence de Londres

L'auteure de ce blog a eu l'honneur d'être interviewée ce matin par Sonia Rolley sur RFI, vous pouvez réécouter l'émission ICI

vendredi 24 février 2012

La Somalie à la veille d'un tournant majeur ? (1/3)

Depuis le dernier trimestre 2011 et l’intervention de leur ex-colonie kenyane en octobre 2011, les Britanniques ont pris le problème somalien en main.
Hier ils organisaient une conférence internationale sur la Somalie dont l'objectif affiché était de coordonner les différentes initiatives internationales et préparer une nouvelle approche pour le future de la Somalie.


Étaient présents près d’une cinquantaine de gouvernements et d'organisations. Les pays de la région bien sûr, les Occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie, très active actuellement en Somalie. D'ailleurs certains sceptiques voient dans l'organisation de cette conférence à Londres un désir de doubler la conférence turque qui se tiendra en juin mais plus axée sur les enjeux humanitaires .

Pourquoi cette conférence ?  Parce que la situation sur le terrain a radicalement changé. Les Shebab ont quitté Mogadiscio en août, les Kenyans et les Ethiopiens ont lancé des opérations miliaires au sud et à l’Ouest du pays. Il faut aujourd'hui intégrer les troupes Kényanes à la mission de l’Union africaine. Une porte de sortie honorable pour les Kenyans qui s'embourbent au Sud de la Somalie ? Il s'agit donc de transformer totalement et renforcer la mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM), de trouver de nouveaux financements, etc. En outre, le Kenya, l'Ouganda, les Émirats Arabes Unis, le Qatar et la Turquie intègrent le Groupe de Contact sur la Somalie. Il s'agit aussi de se coordonner avec ces acteurs qui pensent que le processus en cours en Somalie est guidé par l'UA et l'IGAD et donc suivent les agendas des Occidentaux et des Ethiopiens...

Disons le tout de suite, la Somalie n'a plus d’Etat depuis 20ans, le Sud de la Somalie est en guerre, le Parlement a subit une grave crise politique en décembre et janvier, etc … Bref toutes ces problématiques n'ont pas trouvé une solution d’un coup de baguette magique, en 6 heures, hier à Londres. D’ailleurs le Premier ministre britannique l’a rappelé : « nous avons une liste d’intentions et maintenant il faut que ces promesses se transforment en actions »

Quels sont les principaux enseignements de cette conférence mais surtout de la résolution (2036) votée la veille à l’unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations Unies  : 

D’abord un renforcement de l’AMISOM et une aide supplémentaire apportée à la Somalie pour construire ses propres forces (ce que contribue déjà à faire l’UE en Ouganda)

1) Renforcement en hommes : L’Union africaine demande depuis longtemps un mandat plus offensif. En octobre 2010, l’UA appelait déjà à un renforcement des troupes : 20 000 hommes pour la composante militaire, 1 680 éléments de police, un blocus naval ainsi qu’une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie... Pourtant en janvier 2010, une résolution de l’ONU lui refuse et autorise uniquement l’envoi de 4000 troupes supplémentaires, ce qui augmente la capacité de la mission à 12 000 troupes à l’époque. Cette fois l’ONU entérine l’augmentation de l’effectif qui sera porté de 12.000 hommes à 17.331. Néanmoins se sont surtout les troupes Kényanes qui passent sous casques blancs de l'UA. Et tous le défi est là !

Si la mission sort de Mogadiscio et qu’elle incorpore ces Kényans…Il faut changer le concept stratégique de la mission ce qui a été fait début janvier. Or, l’AMISOM à beau être une mission multinationale elle est essentiellement composée de troupes ougandaises et sous commandement ougandais. Et les Kenyans ne souhaitent pas passer sous leur commandement . L’état-major doit passer au niveau stratégique et être internationalisé.

Ce qui nous mène au deuxième point : le renforcement en moyens. Les objectifs de départ ont évolués (l’AMISOM va sortir de Mogadiscio) mais les moyens sont inadaptés. La résolution de mercredi a donc attribué des hélicoptères (3 hélicoptères d’attaque et 9 de transport) et des moyens maritimes à l'AMISOM.
Si la mission sort de Mogadiscio il faut aussi se répartir le terrain cela serait fait en plusieurs secteurs, confiés à un ou deux pays contributeurs (Ouganda, Burundi, Kenya, Djibouti). Voir carte ICI

Une force de sécurité devrait être créée, afin de fournir une protection, du personnel de la communauté internationale puisque plusieurs pays comme le Royaume Uni et l'UE envisagent d’ouvrir des ambassades dans la foulée de la Turquie. La résolution "encourage" également la création d’une force de police à Mogadiscio.

Le mandat de la mission évolue aussi sur un autre point qui est très important. Jusqu’à récemment du coup une particularité du mandat de l’AMISOM est qu’il ne prévoyait pas de protection pour les civils et finalement les actions humanitaires restaient minimes même si elles avaient le mérite d’exister. Le résultat est que la simple surveillance, l'enregistrement, etc des violations aux droits de l'homme n’étaient pas assurés par la mission. L’AMISOM sera donc dotée d’une structure spéciale, la Civilian Casualty Tracking, Analysis and Response Cell (CCTARC acronyme un peu long) qui sera chargé de relever les pertes éventuelles causées par l’Amisom. On en est pas encore à la protection des civile : puisque le communiqué de la conférence de Londres hier "encourage" l'AMISOM à assurer la protection des civils.


Le financement : c’était aussi l’un des points majeurs sur lequel la conférence de Londres devait porter. La mission de l'UA est originale parce qu’en matière de financement elle est tributaire des donateurs et le financement imprévisible. L'extension du mandat de la force accroit également le coût de la mission qui passerait de 310 millions de $ à 510$ ... L’UE finance largement la mission et en période de crise elle se verrait bien un peu plus relayer par les pays du Golfe par exemple. La résolution de l’ONU appel de nouveaux contributeurs et annonce que certains frais de la force seront pris en charge.

-Deuxième point sur lequel la conférence a insisté c’est la question politique. De toute évidence les gains militaires doivent être consolidés politiquement. Les contributeurs ont été particulièrenent clair sur la question politique et avertit le GFT : la période de transition prendra fin le 20 août 2012 sans extension possible. En effet, les mandats du Parlement, tout comme celui du GFT, qui devaient expirer en août 2010, ont été prolongés, début 2011, de trois ans, sans débat aussi bien avec les partenaires du gouvernement qu’avec l’ONU. Un processus est en cours. Des conférences en décembre 2011 et février 2012, appelées conférences de Garowe I et II, ont entérinées un processus avec la mise en place d’une assemblée constituante. Un draft de la Constitution devrait être proposé en avril. Mais beaucoup de questions restent en suspens : quel type de système politique sera adoptée (le système actuel es défaillant), la place de la religion, la délimitation des frontières de chaque région. Les politiciens somaliens arriveront-ils à tenir la feuille de route ? Hier quatre présidents somaliens étaient présents à la conférence... Le président du Somaliland venu prôner son indépendance, le président du Puntland qui se verrait bien futur président du pays, celui du Galmudug, et le président somalien Sharif Cheikh Ahmed ainsi qu'une milice créée lorsque les Shebab ont tenté d'interdire les pratiques soufistes dans le pays : Ahlu Sunnah Wal Jama's (elle combat auprès des forces gouvernementales et éthiopiennes). Les négociations s'annoncent houleuses. La menace n'est pas uniquement celle émanant des Shebab. Pour voir émerger une administration locale et administrer certaines régions un processus de réconciliation interclanique devra débuter. En effet, entre le modèle fédéral envisagé et la réalité sur le terrain il y a une marge...




La lutte contre le terrorisme : Un embargo sur le charbon exporté, directement ou indirectement, de Somalie devra être mis en place dans les 4mois. C’est une des ressources principales des Shabab.



La lutte contre la piraterie: Le communiqué final de la conférence a rappelé que le symptôme visible en mer trouve sa solution à terre. Des prisons commencent à être construites au Somaliland et au Puntland pour transférer les pirates qui ont été jugés aux Seychelles par exemple. Plus d'informations ICI


Pour aller plus loin :

ICG: Somalia, An Opportunity that should not be missed ICI 
Le communiqué final de la conférence et les discours des principaux participants : ICI

lundi 13 février 2012

Sortie du second numéro de Jambo

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN est heureux de vous annoncer la sortie du numéro 2 de la revue Jambo

Rédigée par des étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels membres du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, la lettre souhaite montrer à ses lecteurs que le continent africain est un acteur à part entière des enjeux géopolitiques mondiaux. Nos rédacteurs ont une expérience du continent, y ont vécu ou travaillé.
Il s’agit pour eux de faire partager leur intérêt commun pour un continent trop souvent marginalisé dans les médias et la pensée européenne.




Dans ce numéro, Jambo revient sur les racines culturelles du continent avec un article sur la Charte du Mandé alors qu'une autre contribution propose de revenir sur le concept d'identité nationale. Nous poursuivons également notre étude sur la place des acteurs émergents avec une présentation de la politique du Brésil au Mozambique. Sans oublier une interview de Christian Bouquet sur la crise ivoirienne.

Téléchargez gratuitement le numéro 2 de Jambo ICI

vendredi 10 février 2012

Al Qaida répond à l'allégeance des Shabab (MAJ)

Hier les journaux ont relayé l'information : Al Shabab a rejoint Al Qaida.

"Je vais annoncer une bonne nouvelle à notre nation islamique qui va (...) embêter les croisés. C'est que le mouvement shebab en Somalie a rejoint Al-Qaida" annonce Zawahiri. (Vidéo ICI)

A y regarder de plus près l'information n'est pas tout à fait exacte. Les Shabab avaient prêté allégeance depuis 2009 au mouvement terroriste. La vidéo a pour titre “At your service, Osama” (20 septembre 2009). A consulter ICI
Cette allégeance fut confirmée en 2011 (après la mort de Ben Laden) à Al-Zawahiri.C'est ce dernier qui vient de reconnaitre le ralliement du groupe somalien à la nébuleuse. Les liens entre les deux mouvements sont plus anciens :

- 11 septembre 2006, Ayman Al-Zawahiri demande aux musulmans somaliens de frapper les représentants des Etats-Unis en Somalie et d’éliminer la présence « des Croisés Sionistes » dans le pays.
- 5 janvier 2007, Zawahiri publie une déclaration vidéo « Aidez vos frères en Somalie! ».
- Le site des Shebaab , poste ensuite une vidéo montrant Ben Laden parler du djihad comme un accomplissement pour tous les musulmans et leur donnant l’autorisation pour intégrer l’entrainement en Somalie aux côtés des Shebaab.
- mars 2009, Ben Laden publie un message audio en soutien à Al-Shabaab intitulé « Fight on, O Champions of Somalia »



- En réponse Al-Shabaab, diffuse le 20 septembre 2009, une vidéo « Labaik Ya Usama » en hommage à la lutte menée par Al-Qaïda contre l’Occident.



- En février 2009 publication de « From Kabul to Mogadishu; Al-Shabaab, a step on the path of the victory of Islam ». Al-Zawahiri y présente la Somalie comme un nouveau terrain potentiel pour le recrutement et l’entraînement.

Rappelons qu'«Al-Shabaab» signifie « jeune » et le groupe l’est puisqu'il est né dans les années 2000 et qu'il est composé essentiellement de très jeunes personnes. L’objectif du mouvement Al-Shabaab est l’instauration d’un Emirat islamique sur le territoire somalien, le « retour au Califat islamique", disparu avec la chute de l’Empire Ottoman en 1920.

Lire :  Experts ponder Al Qaeda, Shabaab union implications

vendredi 3 février 2012

Journée d'étude : La charte africaine des droits de l’homme et des peuples

Le CRDH de l’Université Paris II organise une journée d’étude le vendredi 10 février 2012 à l’occasion de la publication du commentaire article par article de la Charte africaine.
Lieu : Université Paris II, Centre Panthéon, Salle des Conseils, (escalier M, 2ème étage)12 place du Panthéon, Paris V°

Lire la Charte ICI

Site de la Commission Africaine des Droits de l'homme et des peuples ICI




Renseignements et inscriptions auprès du CRDH : crdh@u-paris2.fr

Programme :
Ouverture : (14 h – 14 h 30)
- Emmanuel DECAUX, directeur du CRDH, président du Comité des disparitions forcées.
- Ibrahim SALAMA, directeur de la division des traités relatifs aux droits de l’homme, Haut- Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme.
- Souhayr BELHASSEN, présidente de la FIDH.
- Maurice KAMTO, professeur et ancien doyen de la faculté de sciences juridiques de Yaoundé, membre de la Commission du droit international, ancien ministre.

Table ronde I : Quels droits ? sous la présidence d’Angela MELO, directeur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO : (14 h 30 – 15 h 30)
- Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, par Mouloud BOUMGHAR, professeur à l’Université d’Amiens.
- Les droits culturels entre droits individuels et droits collectifs, par Mesmer GUEUYOU, avocat.
- Droits civils et politiques, droits économiques et sociaux, par Emmanuel GUEMATCHA, doctorant à l’université Paris Ouest Nanterre la Défense.

Table ronde II : Quels organes ? sous la présidence de Paul TAVERNIER, professeur émérite à l’Université Paris XI : (15 h 30 – 16 h 30)

- Les Etats, l’Union Africaine et la Charte, par Alioune FALL, professeur à l’Université de Bordeaux.
- La Commission africaine, par Françoise PACCAUD, allocataire-moniteur à l’Université Jean-Moulin Lyon III.
- La Cour africaine, par Roland ADJOVI, lecteur à l’Université américaine d’Arusha.

pause café

Table ronde III: Quels acteurs ? sous la présidence de Stéphane DOMBE-BILLE, professeur à l’Université Jean Moulin Lyon III, directeur du CDI (17 h – 18 h)

- Le juge africain et la Charte, dans le cadre national et sous-régional, par Baba Hamady DEME, allocataire-moniteur à l’Université Jean-Moulin Lyon III.
- Les Institutions nationales des droits de l’homme, par Mutoy MUBIALA, Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme.
- Les ONG et la société civile, par Florent GEEL, chargé de mission, bureau Afrique de la FIDH.

Conclusions (18 h – 18 h 15), par Jean MATRINGE, professeur à l’Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines.
Cocktail de clôture : Appartement décanal.

A lire :

- Alioune Badara Fall, "La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples : entre universalisme et régionalisme",Pouvoirs, 2009/2, n°129

- Marielle Debos, "La création de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. Les dessous d’une ingénierie institutionnelle multicentrée", Cultures & Conflits, 2005/4 (n° 60), [en ligne] ICI

- Fatsah Ouguergouz, "La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples - Gros plan sur le premier organe judiciaire africain à vocation continentale",Annuaire français de droit international, 2006, Volumeb52, Numéro 1, pp.213-240 [en ligne] ICI

- Aude Vogel, "L’Afrique revisite son histoire précoloniale : une Magna Carta africaine ?", Jambo, n°2, février-mars 2012, [à paraitre]

mercredi 1 février 2012

Publication : Annales de Somalie par Marc Fontrier

Nous signalons la sortie de l'ouvrage "L’ÉTAT DÉMANTELÉ 1991-1995. ANNALES DE SOMALIE" par Marc Fontrier.


Résumé de l'auteur : "28 Janvier 1991, le régime du président Siyad Barre tombe sous les coups conjugués de trois mouvements rebelles.
Aussitôt, un parti d’hommes d’affaires soutenus depuis l’étranger tente de s’emparer du pouvoir au détriment des factions qui par les armes viennent de renverser le dictateur. De la confusion ressort une déclaration d’indépendance du Nord-ouest et l’implosion du Sud en une myriade de factions aux alliances instables. Ajoutant à la guerre civile, des conditions climatiques malheureuses suscitent un désastre humanitaire que la société internationale tente d’enrayer au fil de trois opérations menées entre 1992 et 1995. Si celles-ci améliorent considérablement la situation humanitaire, elles échouent à aider à la reconstruction du pays au point qu’Onusom II, la dernière d’entre elles, se conclut sur un véritable fi asco politique et le retrait de la force.
L’aveuglement des Somaliens, fiers, xénophobes et résolus, les choix politiques contestables des Nations unies et une trop grande assurance des États-Unis auront conduit par maladresse et ignorance à des choix stratégiques hasardeux. Ruinant tout espoir de normalisation en Somalie, ils favoriseront l’émergence d’un ultralibéralisme qui à terme fera le lit de l’islam radical."

vendredi 27 janvier 2012

L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? (publication)

Le ROP vient de publier sur son site Internet un dossier portant sur le projet de mission de paix onusienne en Somalie que l'auteur de ce blog a rédigé. Ce dossier s’intitule « L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? ». Après un bref historique des interventions internationales en Somalie au cours des dernières années, nous présentons l’AMISOM en insistant sur son caractère transitoire et sur la fragilité de la situation politique et sécuritaire en Somalie, avant d’expliquer les circonstances ayant empêché à ce jour le déploiement d’une mission de l’ONU.


La chute de l’Etat somalien en 1991 ouvre une ère de guerre civile et de vaines tentatives de restauration de la paix. Ainsi, après le départ de Siyad Barre, le pillage de l'aide alimentaire s’organise au profit des milices armées. L’ONU crée une première mission (ONUSOM I), mais se retire du sud le 10 septembre 1991 et la guerre entraine la famine. À la demande de l’ONU, les Etats-Unis décident le 9 décembre 1992 d’une intervention (UNITAF). Ils quittent le pays quelques mois plus tard, avant le retrait total des forces d’intervention de l’ONU. L’échec de cette action est complet. Avec une deuxième mission, l’ONUSOM II (26 mars 1993 - 2 mars 1995), deux logiques s’affrontent : celle de l’Organisation des Nations unies qui souhaite rétablir un gouvernement et aider à la reconstruction du pays et celle des seigneurs de guerre qui défendent leurs propres intérêts et s’opposent ainsi à toute action extérieure qui pourrait favoriser le clan ou la milice opposée (1). L’ONU concentre rapidement ses efforts sur le processus de paix afin de mettre un terme aux violences des milices armées. L’accord d’Addis Abeba en 1993, représente ainsi le premier d’une série d'efforts visant à instaurer la paix entre les différentes parties, à amorcer un processus de réconciliation et à reconstructuire l’Etat. Toutefois, ces efforts pour pacifier le pays sont restés vains. En février 2007, l’Union africaine (UA) devant le manque de volonté d’intervention des acteurs internationaux décide de la création d’une mission en Somalie (African Union Mission in Somalia, AMISOM). Le Conseil de sécurité, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte, autorise également l’UA à établir une «mission de protection et de formation en Somalie» par la résolution 1744, adoptée le 20 février 2007 (9). L'AMISOM est ainsi créée dans l’idée que la mission n’excéderait pas une période de six mois et que l'ONU allait rapidement en prendre le relais. Or, l’AMISOM est toujours déployée et le relais onusien se fait toujours attendre. L’objet de cette contribution vise à expliquer ces hésitations de l’ONU à intervenir en Somalie.

De l’IGASOM à l’AMISOM : quelle intervention en Somalie ?

L’AMISOM est mise sur pied dans un contexte qui préfigure ses difficultés initiales. Elle comble le vide laissé par d’autres acteurs. En effet, après leur débâcle en 1993 et pendant pratiquement une décennie, les politiciens américains se désintéressent de la Somalie. Les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam en 1998 font craindre à la communauté internationale l’installation en Somalie d’une base arrière d’Al Qaïda. Les Etats-Unis aident alors financièrement la création d’une alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme réunissant les seigneurs de guerre (ARPCT). Mais cette approche échoue avec la prise de pouvoir à Mogadiscio en juin 2006 de l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI). Cette absence d’intervention extérieure pousse l’Ethiopie à intervenir en décembre 2006 et précipite ainsi la création de l’AMISOM.

Ken Menkhaus a parfaitement décrit la tragédie somalienne comme une inévitable conséquence d’une série de facteurs (2) "

La suite ICI

jeudi 26 janvier 2012

L'Alliance s'élargit

L'Alliance géostratégique s'étoffe  de cinq nouveaux blogueurs, afin d'enrichir et d'élargir la réflexion.

Rejoignent donc l'équipe :
Abou Djaffar - Terrorismes, guérillas, stratégie et autres activités humaines



Michel Goya - La voie de l'épée



EH - Si Vis Pacem Para Bellum



Guilhèm Penent - De la Terre à la Lune



Le marquis de Seignelay - Le Fauteuil de Colbert



Good morning Afrika leur souhaite bienvenu dans l'équipe !
Nous sommes également tous présents sur Twitter.

mardi 24 janvier 2012

Des bâtiments à la hauteur des ambitions et des défis africains

Dans la lignée des nombreuses initiatives en vue de renforcer les capacités de l’Union Africaine, le nouveau siège de l’organisation de l'Union Africaine devrait être inauguré en grande pompe cette semaine par le président chinois M. Hu Jintao en parallèle de l’ouverture du 18ème sommet de l’UA.


La Chine a financé et construit un nouveau centre de conférence à la hauteur des ambitions de l’Union Africaine. Le montant estimé du complexe est de 130 millions USD. La construction, commencée en janvier 2009, a été réalisée par la firme chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC). L’argent leur est d’ailleurs directement versé, sans transiter pas par l’UA. Les bâtiments couvrent une superficie de 112000 m2 (offerte par l’Ethiopie), avec un bâtiment principal de 20 étages et une salle de conférence de 2500 places




L’Allemagne construit juste à côté le nouveau bâtiment du Département Paix et Sécurité pour 26,5 millions d’euros. Un montant qui s’inscrit dans le cadre du portefeuille de l’aide globale de près de 100 millions d’euros consacrée par l’Allemagne aux projets de construction de l’UA. Ce bâtiment devrait accueillir le personnel du Département, une grande salle pour les sessions plénières du CPS, une bibliothèque, une salle de travail, une salle de situation, une salle de conférences, etc.





Les bâtiments actuels :



On regrettera de voir que les pays africains, notamment les plus riches d’entre eux, n’aient pas contribué au financement du symbole du renouveau du panafricanisme.

jeudi 5 janvier 2012

Otages au Mali : la parole aux victimes

Philippe Verdon et Serge Lazarevic ont été enlevés dans la nuit du 23 au 24 novembre 2011 à Hombari, entre Mopti et Gao, au Mali, nous avons rencontré les amis de Philippe Verdon, notamment Pascal Lupart qui se mobilise pour sa libération et a accepté de répondre à nos questions.

SLG : Avez-vous eu des nouvelles de Philippe Verdon et Serge Lazarevic depuis leur enlèvement ? Sont-ils localisés ? En bonne santé ? AQMI a revendiqué cet enlèvement mais sait-on aux mains de quelles katibas ils sont ? Quelles sont les exigences émises pour leur libération ? Où en est l’enquête ?
Réponse du comité de soutien :
Quarante jours après le rapt à Hombori (Mali) de Philippe Verdon et Serge Lazarevic, aucune information objective ne nous a été communiquée. Le seul élément que nous possédons est la revendication avec photo faite par Aqmi le 9 décembre, sans que l'on puisse savoir dans quelle mouvance exacte se situent les ravisseurs. C'est aussi ce groupe, qui dans le même communiqué a revendiqué l'enlèvement du 25 novembre à Tombouctou (trois touristes occidentaux -non Français- saisis et un quatrième exécuté sur place).
Les ravisseurs ont annoncé qu'ils feraient connaître prochainement leurs exigences, mais rien n'a filtré depuis lors.
Sur tous les sujets qui nous préoccupent, localisation, santé, contacts éventuels avec les preneurs d'otages, le quai d'Orsay est pour l'instant muet.
Une enquête ayant été diligentée au Mali par la B. C. R. I. La famille de Philippe Verdon a porté plainte avec constitution de partie civile pour avoir accès au dossier. A ce jour rien n'est encore sorti de cette source.

SLG : Quelles sont vos liens avec les otages ?
Réponse du comité de soutien :
Les liens sont :
-Pour la famille de Philippe Verdon, son père [écoutez son message pour Noël ICI], ses deux enfants et leur mère, sa sœur.
-Pour la famille de Serge Lazarevic, sa mère, sa fille et la mère de celle-ci, sa sœur.
-Pour le comité de soutien, les familles, les amis, et des personnalités qui se fédèrent autour de Pascal Lupart ami personnel de Philippe Verdon qui assure la présidence du comité.

SLG : Pour quelles raisons étaient-ils dans cette région ? N’était-il pas imprudent de se rendre dans cette région en ce moment ?

Réponse du comité de soutien :
On savait que la zone du Sahel était sensible, mais le nord du Mali était toujours accessible aux touristes (à preuve, la présence sur place d'occidentaux en vacances) à fortiori pour un déplacement d'affaires. En effet Philippe Verdon et Serge Lazarevic s'étaient rendu sur les lieux pour finaliser un projet d'implantation à Hombori d'une cimenterie, en liaison avec une entreprise locale (Mandé construction). Ils bénéficiaient pendant leurs travaux d'une escorte armée, mais l'enlèvement à eu lieu en pleine nuit à leur hôtel [photo].


SLG : Juste après leur enlèvement les deux Français ont été soupçonné d’être "contractuels" du renseignement français (DGSE), voire des mercenaires ou encore des hommes d’affaires et les médias ont rappelé leur passé aventureux. En effet, auparavant votre ami avait été retenu plusieurs mois au début des années 1990 au Sud Soudan par des rebelles, on parle de relations avec Bob Denard, vous avez été arrêté avec lui aux Comores... [Lire : "Mali. Philippe Verdon, faux barbouze, vrai aventurier"] Qu’avez-vous pensé de ce traitement médiatique de leur prise d’otage ?

Réponse du comité de soutien :
Nous avons été stupéfaits des propos inconséquents qui ont été véhiculés par certains médias, qui faisant fi de la condition de victimes de Philippe Verdon et Serge Lazarevic, spéculaient à leur détriment sur des rumeurs incontrôlées sans se soucier de l'impact que ces publications captables sur internet, pouvaient avoir sur le sort futur des otages.
Ceci nous a contraints à organiser une conférence de presse à Paris chez l'avocat des familles pour restituer la vérité qui se résume comme suit.
Pour ce qui concerne le présent :
Philippe Verdon et Serge Lazarevic étaient au Mali pour y jeter les bases d'un projet industriel, pour cela et cela seulement.
Pour ce qui concerne le passé :
- L'évocation de l'épisode du Soudan est absurde, il ne s'agit que d'un « accident » dont on a fait un roman. Philippe Verdon convoyait, avec deux passagers à bord, un avion de l'Europe à Madagascar. Une panne de moteur au dessus du Soudan l'a obligé à poser son appareil sur un petit aéroport de brousse. Le hasard a voulu que cet atterrissage ait lieu sur le territoire de la rébellion Sud Soudanaise du colonel Garang. Les trois français devenaient aussitôt pour la faction locale une monnaie d'échange, et les négociations par le biais des services français et des ONG, pour leur extraction, ont duré trois mois.
-Philippe Verdon a en effet connu Bob Denard, aquitain comme lui. Ces relations qui se sont bornées à du conseil privé (parution du livre de Bob Denard et affaire judiciaire) n'ont jamais à aucun moment été en lien avec une activité de mercenaire.
-Quant à l'affaire des Comores, les faits sont connus et simples : Philippe Verdon était communiquant et Conseil politique d'un candidat de l'opposition comorienne à la future présidence. A ce titre, il a participé à une manifestation pacifique (autorisée) de l'opposition. Cette manifestation prenant des proportions imprévues, le pouvoir en place prend peur et incarcère arbitrairement l'opposant et son conseil.
Son ami Pascal Lupart venu en appui, connaît à son tour le même sort. Aussitôt on parle dans la presse de complot. En fait l’affaire se dégonfle, il n’y a ni procès ni jugement et tout le monde est libéré. Mais les mots prison et complot ont été lâchés dans les médias, ils colleront définitivement à la peau des protagonistes.
On se hâtera de les faire resurgir lors de l’enlèvement au Mali pour nourrir les hypothèses les plus malveillantes.

SLG : Toutes ces rumeurs ont-elles un effet sur vos démarches auprès des administrations (maliennes, françaises), des médias, de l’opinion publique, etc ?

Réponse du comité de soutien :
Comme indiqué plus haut, notre réponse s’est traduite par la conférence de presse à Paris. Elle a été prise en considération par la plupart des médias qui ont fait mention de nos rectifications.
Notre comité espère de la sorte avoir sensibilisé et mieux documenté tant l’administration, dont on avait dès le départ senti le préjugé, que l’opinion.
Ce travail continue car le comité, tant en France qu’au Mali saisit toutes les occasions possibles pour restituer la vérité.

SLG : Au-delà de ces débats, vous souhaitez rappeler que ces deux Français sont avant tout des victimes. Quelles démarches avez-vous entrepris pour leur libération ?

Réponse du comité de soutien :
Deux démarches sont menées de front :
-L’activité du comité, qui mettra tout en œuvre pour peser sur les pouvoirs publics (une demande d’audience auprès du président de la république a été faite), informer les médias et sensibiliser l’opinion. [NDRL : le 5 janvier suite à une sollicitation d'audience, la présidence de la république a répondu favorablement. Les familles devraient être reçues dans les jours à venir à l’Élysée]
-La procédure que mène l’avocat, qui sera rendue publique pour informer l’opinion.

SLG : Bon courage dans vos démarches et souhaitons que vos amis soient rapidement libérés.