A lire ce week end .... le dernier rapport d'information de M. Josselin de ROHAN, fait au nom de la commission des affaires étrangères, sur la politique africaine de la France. (Téléchargez ICI)
Résumé: "Au moment où la France a entrepris de renouveler les accords de défense qu'elle avait avec un certain nombre de pays africains, comme l'engagement en avait été pris par le Président de la République dans son discours du Cap le 28 février 2008, il a semblé à votre commission pertinent d'analyser ce que sont les lignes directrices de la politique de notre pays vis-à-vis de l'Afrique.
Ces principes, qui fondent notre politique, s'inscrivent naturellement dans le cadre de la diversité et de la singularité de chacun des pays avec lesquels des accords ont été passés.
Le présent rapport traite principalement des questions de défense et de sécurité.
S'agissant de nos rapports avec l'Afrique subsaharienne, l'analyse montre que depuis 1990 c'est la continuité qui l'emporte. Depuis 30 ans, du discours de La Baule au discours du Cap, la politique diplomatique et de défense de la France en Afrique évolue sans rupture majeure mais en suivant l'évolution des grands bouleversements mondiaux et en s'y adaptant.
Elle a été ainsi marquée par deux inflexions majeures dues, pour la première, à la chute du mur de Berlin en 1989 et à l'effondrement du monde bipolaire qui a entraîné une « démocratisation » du continent, et pour la seconde, aux effets de la mondialisation qui conduit inévitablement à l'internationalisation des politiques et au multilatéralisme.
Entre ces deux adaptations majeures, nous avons procédé à de très importants changements de structure de la coopération française qui tirent les conséquences de ces bouleversements et permettent d'accompagner les politiques."
A lire sur ce blog mes précédents billets sur la question ICI.
Le rapport du Sénateur souligne que la "continuité (...)l'emporte", de mon côté je note qu'en alternant volontarisme, désengagement et attentisme, la France a sérieusement brouillé son image tant sur le continent qu'auprès de la communauté internationale.
Sur l'Européanisation de la politique africaine de la France : ICI
Concernant le titre et l'objectif de ce rapport je renvoie également à une citation d'Antoine Glaser et Stephen Smith (cités aussi sur ce blog) "Le jour où, au lieu de se targuer d'une "politique africaine" censée faire le bonheur du continent noir, il existera une politique française en Afrique, qu'on pourra présenter aux citoyens-électeurs-contribuables français comme étant de leur intérêt, la France aura tourné la page de son passé colonial" ....
samedi 12 mars 2011
jeudi 10 mars 2011
54, 55 …après le Sud Soudan, le Somaliland ?
En juillet, le Sud Soudan sera le 54ème États africains reconnu par la communauté internationale. La récente décision du peuple sud soudanais ouvrira-t-elle la boite de pandore des revendications indépendantistes africaines ?
L’indépendance du Sud Soudan est une singularité. Elle fut soutenue par des puissances extérieures au continent et contre le principe fondamental d’intangibilité des frontières de l’Union Africaine hérité de 1964.
L’accord de paix de Nairobi du 9 janvier 2005 entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste de John Garang, incluant le referendum d’autodétermination de 2011, a mis fin au plus long conflit du continent africain (3 millions de morts, 5 millions de déplacés/réfugiés).
La principale conséquence de cette indépendance pourrait être au niveau régional. En effet, le Somaliland, État de facto depuis 1991, toujours en attente de reconnaissance internationale voit dans l'indépendance du Sud-Soudan une opportunité de faire valoir ses revendications à son tour : « If the international community accepts the independence of southern Sudan, there is no reason why the door should not be open for us also” affirmait en début d’année le président Somalilandais. En 2010 le pays a organisé des élections présidentielles qui se sont passés dans le calme et la transition démocratique fut reconnue de tous. Au lendemain de son élection le nouveau président, Silaanyo, affichait clairement l’objectif principal de son mandat : “During my tenure as president I will vigorously fight for the recognition of Somaliland. The world must recognize our democracy”.
Le Somaliland a tout d’un Etat sauf…la reconnaissance formelle des autres Etats ! Ce petit pays au Nord de la Somalie souhaite retrouver les frontières du British Somaliland, une colonie distincte de la Somalia Italiana et dont elle a obtenue son indépendance séparément. De fait son rattachement au reste de la Somalie fut bref (rappel historique : ICI, Vidéo Somali independence Day 1960 )
C’est également un ilot stable ayant assis son autorité sur son territoire. Un rattachement à moyen ou même long terme avec la Somalie du Sud est inenvisageable. Le pays dispose de ses propres forces de sécurité et de sa police, d'un système judiciaire et d'une monnaie, d’un drapeau, de timbre (édités en Grande Bretagne), de gardes côtes formés par les Britanniques, d’institutions qui fonctionnent…. Le secteur privé est très dynamique (7 opérateurs de téléphone presque autant de journaux). C’est aussi la seule économie au monde où plus de la moitié de la population dépend du pastoralisme nomade pour vivre.
Pourquoi une reconnaissance internationale si le Somaliland fonctionne déjà comme un Etat ? Outre la possibilité de siéger dans les instances internationales, d’être reconnue par l’ONU, le FMI….une reconnaissance permettrait des relations bancaires et la possibilité d’établir des contrats d’assurance et donc aux investisseurs de s’implanter et à l’Etat de connaitre un essor économique.
De fait, les missions britanniques, américaines…se succèdent à Hargeisa la capitale. Les britanniques seraient venus demander, en octobre 2010, la collaboration des gardes-côtes du Somaliland à leur lutte contre la piraterie maritime et auraient offert en contrepartie des armes et des moyens de détection radars. Ils se seraient également déclarés intéressés pour disposer d'une base navale près de Berbera. De même les Américains ont changé de stratégie en Somalie. Désormais le dialogue et l’aide financière avec les régions périphériques de la Somalie sont privilégiés. Pourtant aucun pays occidental de se risquerait à s’ingérer dans les affaires africaines et à contredire les principes de l’Union Africaine en reconnaissant ce nouvel État.
L'Éthiopie et Djibouti traitent ce voisin comme un égal et commerce avec lui (le Somaliland est même un nouveau débouché maritime pour l’Ethiopie) mais ils n’ont pas la légitimité pour le reconnaitre. L’Ethiopie serait une nouvelle fois perçue comme un État colonial par ses voisins.
La souveraineté du Somaliland est donc reconnue implicitement de tous mais la reconnaissance internationale reste un acte discrétionnaire de chaque État et personne ne souhaite faire le premier pas. La seule solution serait une reconnaissance officielle par un État africain tel que l’Afrique du Sud…mais quel intérêt pour cet État ?
La situation risque de perdurer et ce statut quo s’installer dans le long terme dans la mesure où aucun Etat ne prendra la décision de reconnaître en premier le Somaliland. Le précédent sud-soudanais pourrait rester une singularité et « le secret le mieux gardé d'Afrique », comme le nomme ses dirigeants, le rester...
Pour aller plus loin :
- Une sélection d'articles des Nouvelles d'Addis sur le Somaliland : ICI
- Une sélection de liens Somalilandais ICI
- "Somalia & Somaliland : Envisioning a dialogue on the question of Somali unity"
- "Debating secession and the recognition of new states in Africa"
- "Somaliland : à l'Union Africaine de montrer le chemin"
L’indépendance du Sud Soudan est une singularité. Elle fut soutenue par des puissances extérieures au continent et contre le principe fondamental d’intangibilité des frontières de l’Union Africaine hérité de 1964.
L’accord de paix de Nairobi du 9 janvier 2005 entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste de John Garang, incluant le referendum d’autodétermination de 2011, a mis fin au plus long conflit du continent africain (3 millions de morts, 5 millions de déplacés/réfugiés).
La principale conséquence de cette indépendance pourrait être au niveau régional. En effet, le Somaliland, État de facto depuis 1991, toujours en attente de reconnaissance internationale voit dans l'indépendance du Sud-Soudan une opportunité de faire valoir ses revendications à son tour : « If the international community accepts the independence of southern Sudan, there is no reason why the door should not be open for us also” affirmait en début d’année le président Somalilandais. En 2010 le pays a organisé des élections présidentielles qui se sont passés dans le calme et la transition démocratique fut reconnue de tous. Au lendemain de son élection le nouveau président, Silaanyo, affichait clairement l’objectif principal de son mandat : “During my tenure as president I will vigorously fight for the recognition of Somaliland. The world must recognize our democracy”.
Le Somaliland a tout d’un Etat sauf…la reconnaissance formelle des autres Etats ! Ce petit pays au Nord de la Somalie souhaite retrouver les frontières du British Somaliland, une colonie distincte de la Somalia Italiana et dont elle a obtenue son indépendance séparément. De fait son rattachement au reste de la Somalie fut bref (rappel historique : ICI, Vidéo Somali independence Day 1960 )
C’est également un ilot stable ayant assis son autorité sur son territoire. Un rattachement à moyen ou même long terme avec la Somalie du Sud est inenvisageable. Le pays dispose de ses propres forces de sécurité et de sa police, d'un système judiciaire et d'une monnaie, d’un drapeau, de timbre (édités en Grande Bretagne), de gardes côtes formés par les Britanniques, d’institutions qui fonctionnent…. Le secteur privé est très dynamique (7 opérateurs de téléphone presque autant de journaux). C’est aussi la seule économie au monde où plus de la moitié de la population dépend du pastoralisme nomade pour vivre.
Pourquoi une reconnaissance internationale si le Somaliland fonctionne déjà comme un Etat ? Outre la possibilité de siéger dans les instances internationales, d’être reconnue par l’ONU, le FMI….une reconnaissance permettrait des relations bancaires et la possibilité d’établir des contrats d’assurance et donc aux investisseurs de s’implanter et à l’Etat de connaitre un essor économique.
De fait, les missions britanniques, américaines…se succèdent à Hargeisa la capitale. Les britanniques seraient venus demander, en octobre 2010, la collaboration des gardes-côtes du Somaliland à leur lutte contre la piraterie maritime et auraient offert en contrepartie des armes et des moyens de détection radars. Ils se seraient également déclarés intéressés pour disposer d'une base navale près de Berbera. De même les Américains ont changé de stratégie en Somalie. Désormais le dialogue et l’aide financière avec les régions périphériques de la Somalie sont privilégiés. Pourtant aucun pays occidental de se risquerait à s’ingérer dans les affaires africaines et à contredire les principes de l’Union Africaine en reconnaissant ce nouvel État.
L'Éthiopie et Djibouti traitent ce voisin comme un égal et commerce avec lui (le Somaliland est même un nouveau débouché maritime pour l’Ethiopie) mais ils n’ont pas la légitimité pour le reconnaitre. L’Ethiopie serait une nouvelle fois perçue comme un État colonial par ses voisins.
La souveraineté du Somaliland est donc reconnue implicitement de tous mais la reconnaissance internationale reste un acte discrétionnaire de chaque État et personne ne souhaite faire le premier pas. La seule solution serait une reconnaissance officielle par un État africain tel que l’Afrique du Sud…mais quel intérêt pour cet État ?
La situation risque de perdurer et ce statut quo s’installer dans le long terme dans la mesure où aucun Etat ne prendra la décision de reconnaître en premier le Somaliland. Le précédent sud-soudanais pourrait rester une singularité et « le secret le mieux gardé d'Afrique », comme le nomme ses dirigeants, le rester...
Pour aller plus loin :
- Une sélection d'articles des Nouvelles d'Addis sur le Somaliland : ICI
- Une sélection de liens Somalilandais ICI
- "Somalia & Somaliland : Envisioning a dialogue on the question of Somali unity"
- "Debating secession and the recognition of new states in Africa"
- "Somaliland : à l'Union Africaine de montrer le chemin"
Sonia Le Gouriellec, Good Morning Afrika
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jeudi 3 mars 2011
Djibouti : "Un pays fragile dans une Corne de l’Afrique effondrée "
Mardi Eric Laurent recevait Alain Gascon
dans l'émission Les enjeux internationaux.
Résumé : "Une certaine agitation se fait sentir à Djibouti, marquée par une opposition croissante au président en place depuis douze ans. Son désir de se maintenir au pouvoir et les tensions grandissantes marquées par les vieux clivages ethniques risquent de transformer le pays en un lieu d'affrontements sanglants.
Enfin, la proximité de zones politiquement sensibles, comme la Somalie et le Yemen font de cet ancien territoire français des Afars et des Issas un lieu qui pourait devenir de plus en plus fargilisé..."
Écoutez l'émission ICI
dans l'émission Les enjeux internationaux.
Résumé : "Une certaine agitation se fait sentir à Djibouti, marquée par une opposition croissante au président en place depuis douze ans. Son désir de se maintenir au pouvoir et les tensions grandissantes marquées par les vieux clivages ethniques risquent de transformer le pays en un lieu d'affrontements sanglants.
Enfin, la proximité de zones politiquement sensibles, comme la Somalie et le Yemen font de cet ancien territoire français des Afars et des Issas un lieu qui pourait devenir de plus en plus fargilisé..."
Écoutez l'émission ICI
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dimanche 27 février 2011
Djibouti : du bon ou du mauvais usage du blog
Mon billet précédent a suscité débat et m’oblige à quelques précisions. Ce billet visait juste à replacer les évènements djiboutiens dans leur contexte et surtout rappeler leur chronologie qui, à mon sens, exclu tout répétition d'un pseudo « modèle » tunisien, égyptien ….. Il s’agissait de réagir aux analyses faites par certains journalistes ou sur différents blogs qui voyaient Djibouti reproduire les évènements d’Afrique du Nord.
Certes la persistance des troubles aujourd’hui ne peut être indépendante de l’actualité dans le reste du monde arabe. Certains se sont d’ailleurs chargés de me rappeler que Djibouti appartenait à la Ligue arabe, je les en remercie …Mais allons plus loin qu’est ce que le monde arabe ? Monde arabe = Ligue arabe ? D’ailleurs on parle de plus en plus des mondeS arabeS ainsi que des AfriqueS. Ces aires sont difficilement délimitables tant par leur diversité que par les représentations qu’en on les peuples eux-mêmes. (cf les explications sur la représentation des tunisiens par leur environnement immédiat dans le précédent billet) Les dynamiques libanaises, comoriennes, djiboutiennes ou marocaines ne répondent pas aux mêmes logiques.
Je le répète les troubles à Djibouti seraient arrivés avec ou sans les évènements en Tunisie, en Egypte…comme il existe de nombreuses manifestations, heurts, révoltes…dans le monde chaque jour comme en témoigne le blog Anthropologie du présent ICI.
Par ailleurs ce billet a pu être repris sur différents sites partisans dont je ne partage pas forcément les vues. Rappeler ce contexte ne porte en rien une appréciation sur les velléités du peuple djiboutien ou sur la politique interne à cet Etat. Certains ont vu dans ce billet une tentative « d'amalgame entre les revendications sociales du peuple et celles des opposants » qui se serviraient des étudiants, ça n’était pas du tout l’objectif et je me garderai de ce type d’analyse.
Certes la persistance des troubles aujourd’hui ne peut être indépendante de l’actualité dans le reste du monde arabe. Certains se sont d’ailleurs chargés de me rappeler que Djibouti appartenait à la Ligue arabe, je les en remercie …Mais allons plus loin qu’est ce que le monde arabe ? Monde arabe = Ligue arabe ? D’ailleurs on parle de plus en plus des mondeS arabeS ainsi que des AfriqueS. Ces aires sont difficilement délimitables tant par leur diversité que par les représentations qu’en on les peuples eux-mêmes. (cf les explications sur la représentation des tunisiens par leur environnement immédiat dans le précédent billet) Les dynamiques libanaises, comoriennes, djiboutiennes ou marocaines ne répondent pas aux mêmes logiques.
Je le répète les troubles à Djibouti seraient arrivés avec ou sans les évènements en Tunisie, en Egypte…comme il existe de nombreuses manifestations, heurts, révoltes…dans le monde chaque jour comme en témoigne le blog Anthropologie du présent ICI.
Par ailleurs ce billet a pu être repris sur différents sites partisans dont je ne partage pas forcément les vues. Rappeler ce contexte ne porte en rien une appréciation sur les velléités du peuple djiboutien ou sur la politique interne à cet Etat. Certains ont vu dans ce billet une tentative « d'amalgame entre les revendications sociales du peuple et celles des opposants » qui se serviraient des étudiants, ça n’était pas du tout l’objectif et je me garderai de ce type d’analyse.
mercredi 23 février 2011
Les limites de la logique d’extension des rébellions
« Dans les pas du modèle tunisien », « un écho à la révolution égyptienne »….les analyses des rébellions arabes se multiplient et des comparaisons parfois douteuses nous incitent à relativiser la portée de ces mouvements sans bien sûr nier sa capacité d’extension.
Les perceptions sont importantes. Dans le cas tunisien on peut penser qu’elles se limitent au monde arabe. En effet, les Tunisiens ont toujours été méprisés par leur environnement immédiat : traités de faibles et de femmes (…) par leurs voisins voire de « nation de garçons de café » par les Algériens (référence à leur dépendance au secteur touristique). L’origine tunisienne des rébellions actuelles est donc hautement symbolique pour le monde arabe. La rébellion tunisienne a donné audace et courage au reste du monde arabe.
Chaque acteur a ses logiques propres, prenons l’exemple djiboutien.
Les faits : Dès le début du mois de février les heurts ont débutés. Seuls deux étudiants en droit sur 180 ont réussi leurs examens du premier semestre. Les étudiants sont donc descendus dans la rue pour exprimer leur colère (commerces pillés, véhicules brûlés...). Les raisons de leur colère ? La rumeur voudrait que le gouvernement, pour faire baisser les chiffres du chômage, ait tenté de retarder l’entrée des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Donc une genèse relativement indépendante des évènements dans le monde arabe.
Contexte : le contexte est bien sûr particulier. Djibouti est en pleine période pré-électorale puisque les élections présidentielles doivent se tenir le 8 avril prochain. Le président actuel Ismaël Omar Guelleh briguera un troisième mandat. Partout dans le monde les élections sont une période de fragilité où (re)naissent les guerres civiles et frustrations des populations se sentant marginalisées.
Poursuite du mouvement : l’opposition avait prévu depuis plusieurs semaines une marche le 18 février, le contexte brulant est d’autant plus propice à voir la situation dégénérer. Effectivement les différents mouvements verrons la mort de plusieurs manifestants et policiers, des opposants seront arrêtés, jugés en comparution immédiate et emprisonnés. C’est donc seulement à partir de cet évènement que « l’exemple tunisien » est repris. Lundi l'opposition djiboutienne a condamné la "répression sauvage" de la manifestation de 18 février, demandant "un changement pacifique et démocratique" du régime "à l'instar de la Tunisie".
Au regard de cet exemple gardons nous de toute hyper réactivité dans l’analyse des évènements actuels… Ne nous précipitions pas à voir dans tous les mouvements sociaux actuels des extensions des troubles du monde arabe. Chaque acteur a ses propres logiques et répond à des jeux de pouvoirs internes.
Les perceptions sont importantes. Dans le cas tunisien on peut penser qu’elles se limitent au monde arabe. En effet, les Tunisiens ont toujours été méprisés par leur environnement immédiat : traités de faibles et de femmes (…) par leurs voisins voire de « nation de garçons de café » par les Algériens (référence à leur dépendance au secteur touristique). L’origine tunisienne des rébellions actuelles est donc hautement symbolique pour le monde arabe. La rébellion tunisienne a donné audace et courage au reste du monde arabe.
Chaque acteur a ses logiques propres, prenons l’exemple djiboutien.
Les faits : Dès le début du mois de février les heurts ont débutés. Seuls deux étudiants en droit sur 180 ont réussi leurs examens du premier semestre. Les étudiants sont donc descendus dans la rue pour exprimer leur colère (commerces pillés, véhicules brûlés...). Les raisons de leur colère ? La rumeur voudrait que le gouvernement, pour faire baisser les chiffres du chômage, ait tenté de retarder l’entrée des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Donc une genèse relativement indépendante des évènements dans le monde arabe.
Contexte : le contexte est bien sûr particulier. Djibouti est en pleine période pré-électorale puisque les élections présidentielles doivent se tenir le 8 avril prochain. Le président actuel Ismaël Omar Guelleh briguera un troisième mandat. Partout dans le monde les élections sont une période de fragilité où (re)naissent les guerres civiles et frustrations des populations se sentant marginalisées.
Poursuite du mouvement : l’opposition avait prévu depuis plusieurs semaines une marche le 18 février, le contexte brulant est d’autant plus propice à voir la situation dégénérer. Effectivement les différents mouvements verrons la mort de plusieurs manifestants et policiers, des opposants seront arrêtés, jugés en comparution immédiate et emprisonnés. C’est donc seulement à partir de cet évènement que « l’exemple tunisien » est repris. Lundi l'opposition djiboutienne a condamné la "répression sauvage" de la manifestation de 18 février, demandant "un changement pacifique et démocratique" du régime "à l'instar de la Tunisie".
Au regard de cet exemple gardons nous de toute hyper réactivité dans l’analyse des évènements actuels… Ne nous précipitions pas à voir dans tous les mouvements sociaux actuels des extensions des troubles du monde arabe. Chaque acteur a ses propres logiques et répond à des jeux de pouvoirs internes.
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dimanche 20 février 2011
L'échec de l'AMISOM
L’AMISOM était initialement envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée. Initialement planifié pour un déploiement de six mois, le mandat de l’AMISOM a été prorogé de six mois à plusieurs reprises. La résolution 1964 du 22 décembre 2010 le prorogeant jusqu’au 30 septembre 2011.
Les résolutions 1744, et 1772 du Conseil de sécurité de l’ONU précisent les objectifs de la mission :
- « Favoriser le dialogue et la réconciliation en Somalie en concourant à assurer la liberté de mouvement, les déplacements en toute sécurité et la protection de tous ceux qui prennent part au dialogue;
- Assurer, le cas échéant, la protection des institutions fédérales de transition afin qu’elles soient en mesure d’assumer leurs fonctions et veiller à la sécurité des infrastructures clefs ;
- Aider, selon ses moyens et en coordination avec d’autres parties, à la mise en œuvre du Plan national de sécurité et de stabilisation et en particulier au rétablissement effectif et à la formation des forces de sécurité somaliennes sans exclusive ;
- Contribuer, à la demande et selon ses moyens, à la création des conditions de sécurité nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire ;
- Protéger son personnel, ainsi que ses locaux, installations et matériel, et assurer la sécurité et la liberté de mouvement de son personnel.»
Roland Marchal propose, de façon cinglante, d’appeler la mission AMIMOG au lieu d’AMISOM car il est surtout question de la capitale somalienne. Ce mandat est particulièrement ambitieux dans un tel environnement d’insécurité et ridiculement faible en troupe. A titre indicatif si on voulait atteindre le même ratio troupe/population qu'en Afghanistan il faudrait déployer 40 700 soldats… Or les Shebaab multiplient les attaques contre les troupes de l’AMISOM et découragent les autres pays de contribuer au renfort. De fait le quota de troupes autorisé (8100) n’a été atteint qu’en décembre 2010. Pourtant le Nigeria, le Malawi et le Ghana s’étaient engagés à envoyer des troupes.
Cantonnée au rôle de protectrice des Institutions fédérales de transition, elles-mêmes contestées, la mission s’exposait dès le départ aux attaques des insurgés. Peut-on même parler de maintien de la paix alors que le conflit est en cours ? En Somalie il n'y a pas de paix à maintenir puisqu'il n'y a même pas d'accord de paix. La mission n’a pas, par nature, vocation à résoudre le conflit. Initialement elle devait consolider la victoire militaire éthiopienne de décembre 2006 puis la normalisation issue du processus de Djibouti (2008). Cependant lors des accords de Djibouti, les islamistes se sont divisés entre d’un côté Cheikh Sharif Cheikh Ahmed (clan Hawiye Abgal), de l’aile modérée de l’Alliance pour la Relibération de la Somalie (ARS) devenue de fait ARS-Djibouti et élu président du Gouvernement d’Union National (GUN) par le Parlement en janvier 2009. Et de l’autre côté Hassan Daher Aways (clan Hawiye Haber Gedir Ayr) dirigeant d’Hizbul Islam (le parti de l’Islam (8)) fondé en février 2009 en réaction à l’élection de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed (photo). Ce groupe est une coalition de quatre groupes islamistes opposés au président somalien jugé trop modéré : l’Alliance pour la Re-libération de la Somalie-Asmara issue de la scission de l’ARS au moment de la conférence de Djibouti, Muaskar Ras Kamboni, Jabhatul Islamiya, Muaskar Anole.
Par ailleurs en protégeant le GFT contre les insurgés islamistes, l’AMISOM manque à son rôle fondamental de neutralité et d’impartialité. D’autant plus que le GFT a lui-même échoué à mettre en place un processus de réconciliation. Les dissensions entre ce gouvernement et la communauté internationale sont significatives à cet égard. Le mandat du Parlement qui devait expirer en août 2010, tout comme celui du GFT a été prolongé, début 2011, de trois ans sans que cette « non-transition » soit débattu avec les partenaires du gouvernement comme l’ONU. Or le GFT a perdu toute légitimité auprès de la population incapable d’instaurer un minimum de sécurité. La survie du GFT dépend plus du soutien de la communauté internationale que des Somaliens. L’AMISOM pâtit aussi de ce manque de légitimité. Les Shebaab profitent des bavures de la mission pour activer leur propagande anti-GFT et anti-AMISOM. Force est de constater que les islamistes ont réussi à se faire passer auprès de la population pour un mouvement de résistance opposé à ce qui est dorénavant perçu comme coalition Ethiopie/GFT grâce à une propagande bien mené et facilité par l’échec de la stratégie de communication du gouvernement de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed.
Face à la pression exercée par les insurgés sur les forces de l’AMISOM, le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a demandé un mandat plus offensif. Le 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes : 20 000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie.
Cependant la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total). La mission dépend toujours directement des donateurs. Cette insuffisance et l’imprévisibilité du financement est aussi un facteur dissuasif pour les potentiels contributeurs de troupes. L’ONU dans la résolution 1964 le rappelle elle « engage les donateurs à coopérer étroitement avec l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine afin que les fonds et le matériel voulus deviennent disponibles rapidement, notamment en ce qui concerne la solde à verser aux membres des contingents de l’AMISOM, le soutien logistique autonome et les dépenses afférentes au matériel appartenant aux contingents, en particulier le matériel meurtrier ». En effet, l’AMISOM n’est ni équipée, ni organisée, ni employée pour mener une lutte armée. La logistique ne le permet pas : pas de capacité maritime ou aérienne, difficultés d’approvisionnement en munitions, en matériel militaire et en pièce de rechange.
Les résolutions 1744, et 1772 du Conseil de sécurité de l’ONU précisent les objectifs de la mission :
- « Favoriser le dialogue et la réconciliation en Somalie en concourant à assurer la liberté de mouvement, les déplacements en toute sécurité et la protection de tous ceux qui prennent part au dialogue;
- Assurer, le cas échéant, la protection des institutions fédérales de transition afin qu’elles soient en mesure d’assumer leurs fonctions et veiller à la sécurité des infrastructures clefs ;
- Aider, selon ses moyens et en coordination avec d’autres parties, à la mise en œuvre du Plan national de sécurité et de stabilisation et en particulier au rétablissement effectif et à la formation des forces de sécurité somaliennes sans exclusive ;
- Contribuer, à la demande et selon ses moyens, à la création des conditions de sécurité nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire ;
- Protéger son personnel, ainsi que ses locaux, installations et matériel, et assurer la sécurité et la liberté de mouvement de son personnel.»
Roland Marchal propose, de façon cinglante, d’appeler la mission AMIMOG au lieu d’AMISOM car il est surtout question de la capitale somalienne. Ce mandat est particulièrement ambitieux dans un tel environnement d’insécurité et ridiculement faible en troupe. A titre indicatif si on voulait atteindre le même ratio troupe/population qu'en Afghanistan il faudrait déployer 40 700 soldats… Or les Shebaab multiplient les attaques contre les troupes de l’AMISOM et découragent les autres pays de contribuer au renfort. De fait le quota de troupes autorisé (8100) n’a été atteint qu’en décembre 2010. Pourtant le Nigeria, le Malawi et le Ghana s’étaient engagés à envoyer des troupes.
Cantonnée au rôle de protectrice des Institutions fédérales de transition, elles-mêmes contestées, la mission s’exposait dès le départ aux attaques des insurgés. Peut-on même parler de maintien de la paix alors que le conflit est en cours ? En Somalie il n'y a pas de paix à maintenir puisqu'il n'y a même pas d'accord de paix. La mission n’a pas, par nature, vocation à résoudre le conflit. Initialement elle devait consolider la victoire militaire éthiopienne de décembre 2006 puis la normalisation issue du processus de Djibouti (2008). Cependant lors des accords de Djibouti, les islamistes se sont divisés entre d’un côté Cheikh Sharif Cheikh Ahmed (clan Hawiye Abgal), de l’aile modérée de l’Alliance pour la Relibération de la Somalie (ARS) devenue de fait ARS-Djibouti et élu président du Gouvernement d’Union National (GUN) par le Parlement en janvier 2009. Et de l’autre côté Hassan Daher Aways (clan Hawiye Haber Gedir Ayr) dirigeant d’Hizbul Islam (le parti de l’Islam (8)) fondé en février 2009 en réaction à l’élection de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed (photo). Ce groupe est une coalition de quatre groupes islamistes opposés au président somalien jugé trop modéré : l’Alliance pour la Re-libération de la Somalie-Asmara issue de la scission de l’ARS au moment de la conférence de Djibouti, Muaskar Ras Kamboni, Jabhatul Islamiya, Muaskar Anole.
Par ailleurs en protégeant le GFT contre les insurgés islamistes, l’AMISOM manque à son rôle fondamental de neutralité et d’impartialité. D’autant plus que le GFT a lui-même échoué à mettre en place un processus de réconciliation. Les dissensions entre ce gouvernement et la communauté internationale sont significatives à cet égard. Le mandat du Parlement qui devait expirer en août 2010, tout comme celui du GFT a été prolongé, début 2011, de trois ans sans que cette « non-transition » soit débattu avec les partenaires du gouvernement comme l’ONU. Or le GFT a perdu toute légitimité auprès de la population incapable d’instaurer un minimum de sécurité. La survie du GFT dépend plus du soutien de la communauté internationale que des Somaliens. L’AMISOM pâtit aussi de ce manque de légitimité. Les Shebaab profitent des bavures de la mission pour activer leur propagande anti-GFT et anti-AMISOM. Force est de constater que les islamistes ont réussi à se faire passer auprès de la population pour un mouvement de résistance opposé à ce qui est dorénavant perçu comme coalition Ethiopie/GFT grâce à une propagande bien mené et facilité par l’échec de la stratégie de communication du gouvernement de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed.
Face à la pression exercée par les insurgés sur les forces de l’AMISOM, le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a demandé un mandat plus offensif. Le 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes : 20 000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie.
Cependant la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total). La mission dépend toujours directement des donateurs. Cette insuffisance et l’imprévisibilité du financement est aussi un facteur dissuasif pour les potentiels contributeurs de troupes. L’ONU dans la résolution 1964 le rappelle elle « engage les donateurs à coopérer étroitement avec l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine afin que les fonds et le matériel voulus deviennent disponibles rapidement, notamment en ce qui concerne la solde à verser aux membres des contingents de l’AMISOM, le soutien logistique autonome et les dépenses afférentes au matériel appartenant aux contingents, en particulier le matériel meurtrier ». En effet, l’AMISOM n’est ni équipée, ni organisée, ni employée pour mener une lutte armée. La logistique ne le permet pas : pas de capacité maritime ou aérienne, difficultés d’approvisionnement en munitions, en matériel militaire et en pièce de rechange.
vendredi 18 février 2011
Ouganda : la gouvernance en question
L’Ouganda est l’un des plus beaux pays du monde et ses richesses agricoles et minérales potentielles sont considérables. Par sa magnificence, par la variété de ses formes et de ses couleurs, par la profusion de sa vie, de sa végétation, de ses oiseaux et de ses animaux sauvages, l’Ouganda est réellement la perle de l’Afrique ». C’est en ces mots que Winston Churchill décrivait l’Ouganda en 1908.
Souvent présenté comme un modèle de développement en Afrique, l'ancienne "perle de l'Afrique" britannique vote dès aujourd'hui pour élire (réélire ?) son président. L'occasion de vous proposer ici une série de billets sur ce pays encore méconnu des francophones.
L’Ouganda, du fait de sa situation privilégiée à l’intersection de la Corne de l’Afrique, des Grands Lacs et de l’Afrique centrale, dans un carrefour où se croisent les liaisons avec les autres régions du continent, est un espace géostratégique important. Le nouveau contexte stratégique qui a émergé après le 11 septembre a souligné les atouts particuliers de cette région qui constitue aussi une base arrière d’observation du Soudan et de la Corne de l’Afrique.
L’un de facteurs qui pousse à pondérer la réussite du modèle ougandais est sa volatilité politique. Le pays a longtemps été privé de partis politiques et l’opposition était constituée d’individus qui s’exprimaient au Parlement.
Le soutien des bailleurs de fonds n’a pas été qu’économique. Ils ont accepté le système de démocratie « sans parti » de la Constitution de 1995. Museveni considérait les partis comme étant à l’origine de tous les maux qu’a connu ce pays, car conçus par des « politiciens sectaires » qui les ont transformés en vecteurs de leurs intérêts claniques.
IL est vrai que l’Ouganda a longtemps fait les frais d’une « géographie de la guerre » (obsession du territoire). La nature de l’Etat est au cœur des conflits et nous y reviendrons dans un prochain billet.
Face aux irrégularités, les bailleurs de fonds appliquent désormais une politique de conditionnalité plaçant la démilitarisation du régime au centre des discussions préalables. Cependant, le pouvoir a conscience de l’importance de l’Ouganda dans la stratégie des puissances occidentales, notamment des Etats-Unis, et ne fait guère cas de ces pressions, d’autant qu’une rupture de l’aide risquerait de déstabiliser le pays. Le pays apparaît comme un véritable îlot de stabilité dans l’arc de crise qui va de la Somalie au Sahel. Il est donc encore perçu comme le vecteur d’une pax americana dans la région. On peut d’ailleurs interpréter sa participation à l’AMISOM (5200 hommes) ou la formation de soldats somaliens sur son territoire par une mission de l'UE (EUTM Somalia) comme une volonté ougandaise de se rendre indispensable dans la région même si cet interventionnisme participe aussi d’une stratégie interne d’occupation des troupes.
La réputation de bonne gouvernance du gouvernement ougandais est sérieusement remise en cause pour plusieurs raisons :
•Le niveau de corruption (127ème d’après le classement de Transparency International). Certains relie la corruption au fait que la société et les fonctionnaires ont longtemps dû se passer de l’Etat pour survivre, en créant le magendo qui est l’économie informelle locale. Pour lutter contre cette corruption, l’Etat a créé un corps de contrôle d’Etat, indépendant, dans le cadre de la constitution de 1995, c’est l’Inspector General of Government (IGG) ;
•Hausse récurrente des dépenses militaires. L’armée continue à jouer un rôle actif dans les affaires civiles de l’Etat ;
Par ailleurs, le régime politique, longtemps verrouillé par le président Museveni, semble s’ouvrir mais cette ouverture est un trompe l’œil. En effet, le Président Museveni dirige l’Ouganda depuis plus de vingt ans. Un référendum organisé en juillet 2005 à son initiative entérine le multipartisme comme une promesse d’ouverture politique. En fait, le multipartisme avait été troqué par le président contre la possibilité de briguer un nouveau mandat. Lors des dernières élections présidentielles en février 2006, les premières pluripartites depuis l’accession au pouvoir de Museveni, le candidat-président a dû affronter une vraie bataille politique malgré ses manquements à l’esprit du multipartisme. Refusant l’éventualité d’une défaite électorale, Museveni a mis l’appareil d’Etat au service de sa campagne et fait engager un procès contre Kizza Besigye (photo), son rival, pour garantir sa victoire. Il est réélu avec 60 % des voix après une campagne électorale qui désavantage les partis d’opposition. Kizza Besigye, remporte finalement 37% des suffrages. Le Mouvement conserve la majorité des deux-tiers au parlement (202 députés sur 308). Le principal parti d'opposition ougandais, le Forum pour le changement démocratique (Fdc) de M. Besigye a menacé de rejeter les résultats définitifs de ces élections dénonçant de «graves irrégularités», notamment la faible couverture médiatique du processus électoral et l'intimidation des électeurs avant et lors des scrutins. Les pressions des bailleurs de fonds n’ont pas été sans effet sur l’issue du procès Besigye et l’ouverture au multipartisme.
Le président doit désormais composer avec une opposition officielle, qui a des élus locaux et des relais dans la population. Pour ces nouvelles élections, Kizza Besigye s’opposera pour la troisième fois consécutive à Musevini aux côté de 6 autres candidats.
Souvent présenté comme un modèle de développement en Afrique, l'ancienne "perle de l'Afrique" britannique vote dès aujourd'hui pour élire (réélire ?) son président. L'occasion de vous proposer ici une série de billets sur ce pays encore méconnu des francophones.
L’Ouganda, du fait de sa situation privilégiée à l’intersection de la Corne de l’Afrique, des Grands Lacs et de l’Afrique centrale, dans un carrefour où se croisent les liaisons avec les autres régions du continent, est un espace géostratégique important. Le nouveau contexte stratégique qui a émergé après le 11 septembre a souligné les atouts particuliers de cette région qui constitue aussi une base arrière d’observation du Soudan et de la Corne de l’Afrique.
L’un de facteurs qui pousse à pondérer la réussite du modèle ougandais est sa volatilité politique. Le pays a longtemps été privé de partis politiques et l’opposition était constituée d’individus qui s’exprimaient au Parlement.
Le soutien des bailleurs de fonds n’a pas été qu’économique. Ils ont accepté le système de démocratie « sans parti » de la Constitution de 1995. Museveni considérait les partis comme étant à l’origine de tous les maux qu’a connu ce pays, car conçus par des « politiciens sectaires » qui les ont transformés en vecteurs de leurs intérêts claniques.
IL est vrai que l’Ouganda a longtemps fait les frais d’une « géographie de la guerre » (obsession du territoire). La nature de l’Etat est au cœur des conflits et nous y reviendrons dans un prochain billet.
Face aux irrégularités, les bailleurs de fonds appliquent désormais une politique de conditionnalité plaçant la démilitarisation du régime au centre des discussions préalables. Cependant, le pouvoir a conscience de l’importance de l’Ouganda dans la stratégie des puissances occidentales, notamment des Etats-Unis, et ne fait guère cas de ces pressions, d’autant qu’une rupture de l’aide risquerait de déstabiliser le pays. Le pays apparaît comme un véritable îlot de stabilité dans l’arc de crise qui va de la Somalie au Sahel. Il est donc encore perçu comme le vecteur d’une pax americana dans la région. On peut d’ailleurs interpréter sa participation à l’AMISOM (5200 hommes) ou la formation de soldats somaliens sur son territoire par une mission de l'UE (EUTM Somalia) comme une volonté ougandaise de se rendre indispensable dans la région même si cet interventionnisme participe aussi d’une stratégie interne d’occupation des troupes.
La réputation de bonne gouvernance du gouvernement ougandais est sérieusement remise en cause pour plusieurs raisons :
•Le niveau de corruption (127ème d’après le classement de Transparency International). Certains relie la corruption au fait que la société et les fonctionnaires ont longtemps dû se passer de l’Etat pour survivre, en créant le magendo qui est l’économie informelle locale. Pour lutter contre cette corruption, l’Etat a créé un corps de contrôle d’Etat, indépendant, dans le cadre de la constitution de 1995, c’est l’Inspector General of Government (IGG) ;
•Hausse récurrente des dépenses militaires. L’armée continue à jouer un rôle actif dans les affaires civiles de l’Etat ;
Par ailleurs, le régime politique, longtemps verrouillé par le président Museveni, semble s’ouvrir mais cette ouverture est un trompe l’œil. En effet, le Président Museveni dirige l’Ouganda depuis plus de vingt ans. Un référendum organisé en juillet 2005 à son initiative entérine le multipartisme comme une promesse d’ouverture politique. En fait, le multipartisme avait été troqué par le président contre la possibilité de briguer un nouveau mandat. Lors des dernières élections présidentielles en février 2006, les premières pluripartites depuis l’accession au pouvoir de Museveni, le candidat-président a dû affronter une vraie bataille politique malgré ses manquements à l’esprit du multipartisme. Refusant l’éventualité d’une défaite électorale, Museveni a mis l’appareil d’Etat au service de sa campagne et fait engager un procès contre Kizza Besigye (photo), son rival, pour garantir sa victoire. Il est réélu avec 60 % des voix après une campagne électorale qui désavantage les partis d’opposition. Kizza Besigye, remporte finalement 37% des suffrages. Le Mouvement conserve la majorité des deux-tiers au parlement (202 députés sur 308). Le principal parti d'opposition ougandais, le Forum pour le changement démocratique (Fdc) de M. Besigye a menacé de rejeter les résultats définitifs de ces élections dénonçant de «graves irrégularités», notamment la faible couverture médiatique du processus électoral et l'intimidation des électeurs avant et lors des scrutins. Les pressions des bailleurs de fonds n’ont pas été sans effet sur l’issue du procès Besigye et l’ouverture au multipartisme.
Le président doit désormais composer avec une opposition officielle, qui a des élus locaux et des relais dans la population. Pour ces nouvelles élections, Kizza Besigye s’opposera pour la troisième fois consécutive à Musevini aux côté de 6 autres candidats.
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jeudi 17 février 2011
Les régimes autoritaires d'Afrique, du Maghreb et d'ailleurs...
Lors d'un chat sur le Monde.fr, le mardi 22 septembre 2009, Bertrand Badie, professeur à Sciences Po analysait l'autoritrisme. Selon lui il faut nuancer l'opposition démocratie-autoritarisme, qu'il juge "trop simple et en partie fausse". "D'autant qu'aucun régime, même en Europe, n'est épargné par une poussée autoritaire." Des propos qui conserventtoute leur actualité.
Régime autoritaire vs dictatorial :(…) « On a pris l'habitude de définir un régime autoritaire comme caractérisé par un pluralisme limité : la compétition pour le pouvoir est restreinte à certains candidats, la liberté d'expression est elle-même limitée, la protection juridique est imparfaite et même partielle, voire partiale. On est donc confronté à une logique en degrés : on dira d'un système qu'il est plus ou moins autoritaire, mais on ne saura pas toujours comment le borner.
En aucun cas ce concept ne saurait aboutir à une dualité opposant des régimes démocratiques à leur contraire C'est même dans la zone grise qui sépare ces deux pôles que se situent le plus grand nombre d'Etats.
La Russie est-elle un régime autoritaire ou une démocratie, quand on sait que la liberté y est restreinte et que les choix politiques ne sont pas totalement libres ?
Le Venezuela est-il un régime autoritaire alors que le président Chavez a été élu et qu'il a même accepté sa défaite devant un référendum où le "non" était majoritaire ? Israël apparaît comme une démocratie parfaite si l'on tient compte de la libre compétition pour le pouvoir, mais les Arabes israéliens sont des citoyens de seconde zone qui entachent ainsi gravement la qualité de démocratie de ce régime.
En bref, la notion nous invite à réfléchir à un certain nombre de critères mais elle ne nous conduit certainement pas à distinguer de façon tranchée entre catégories claires d'Etat.
La dictature est une notion plus restreinte. Elle implique le plein exercice du pouvoir par un homme seul, sans contrôle, sans limitation de ses compétences, sans limitation de la durée de son mandat. Un dictateur peut arriver au pouvoir par la force ou il peut être élu mais se maintenir contre le droit et par l'oppression.
Mais là encore, confronté à la réalité, le concept est moins clair qu'on pourrait le croire : la prolifération d'élections-simulacres rend difficile de distinguer entre un dictateur et un président autoritaire réélu dans des conditions de légalité et de transparence suspectes. De même, la suspension des libertés et des droits peut correspondre à des mécanismes institutionnels et aboutir à la mise en place de formes de dictature légales qui, à leur tour, viendraient brouiller les pistes. Pour nous résumer, je dirai que l'autoritarisme est davantage une question qu'une réponse, un instrument de diagnostic qu'un outil de classement, une problématique plus qu'une affirmation. »
(…)l'opposition démocratie-autoritarisme est trop simple et en partie fausse. La démocratie étant une technique de gouvernement et l'autoritarisme une posture plus ou moins affirmée, les deux concepts peuvent se combiner dans la pratique."
L’autoritarisme comme facteur de stabilité
« (…) Dans une tradition wilsonienne, on a pu établir, notamment depuis 1945, que la démocratie était facteur de paix là où les régimes les plus autoritaires conduisaient naturellement à la guerre. Cette thèse a même reçu un nom, celui de la "paix positive". Elle a en sa faveur des arguments forts : l'hostilité des opinions publiques à la guerre et à la violence internationale ; la corrélation entre les valeurs démocratiques et les valeurs de paix et de tolérance ; le jeu des contre-pouvoirs qui limitent les prétentions belliqueuses d'un dirigeant. Mais en même temps, cette thèse a été démentie par les faits.
Même si les démocraties ont tendance à faire davantage la guerre aux régimes autoritaires qu'à leurs semblables, elles sont loin de s'imposer comme des forces de paix. L'exemple du conflit israélo-palestinien est également là pour le rappeler. La seule bombe atomique qui ait été utilisée était également l'instrument militaire de la plus grande démocratie du monde d'alors.
Certains, dans ce sillage, ont fait valoir que la versatilité des opinions publiques pouvait conduire à la guerre plus qu'à la paix, tandis qu'effectivement, un régime autoritaire, ayant moins de comptes à rendre, peut prendre davantage de risques pour construire et imposer une diplomatie de paix.
En fait, les exemples abondent dans les deux sens : c'est bien pour se relégitimer que la dictature argentine s'est lancée dans la guerre des Malouines ; c'est aussi pour renforcer sa propre équation que le régime militaire grec s'est lancé dans une aventure militaire à Chypre. Et on pourrait continuer cette longue énumération, qui nous ramènerait au constat élémentaire que le point idéal serait la dictature platonicienne du sage qui imposerait la vertu à ses sujets et à ses voisins.
En réalité, une analyse internationale du sujet nous conduit à regarder ailleurs : à prendre en compte d'abord les conjonctures internationales, certaines favorisant les régimes dictatoriaux, d'autres promouvant de façon active la démocratie. Il faut regarder également les usages diplomatiques et stratégiques qui sont faits des régimes politiques en fonction des intérêts des uns et des autres.
On remarquera par exemple que les Etats-Unis ont favorisé l'essor des dictatures dans l'Amérique latine des années 1960 et 1970, pour au contraire favoriser le retour à la démocratie à la fin des années 1980 et jusque dans la période néoconservatrice récemment éprouvée. »
Sur l’interventionnisme : (…) « Nous sommes sortis de la période d'euphorie qui auréolait l'intervention extérieure. Celle-ci se faisait d'abord par conviction : la démocratie se parait des vertus du prosélytisme et du messianisme. Elle se faisait aussi par opportunité : la chute de l'URSS laissait aux "démocraties occidentales" le champ libre pour devenir le gendarme vertueux du monde et envoyer partout ce que François Mitterrand appelait les "soldats du droit". On a en fait trop vite confondu vertu et efficacité, solidarité et intervention, et on a tout simplement oublié qu'une démocratie ne pouvait dériver que d'un contrat social construit par les acteurs locaux eux-mêmes. Le pitoyable destin de l'élection récente en Afghanistan l'a rappelé d'une façon désormais indélébile.
En réalité, c'est tout le contraire de ce qui avait été souhaité qui est en train de se produire : une intervention mal maîtrisée est en train de ranimer partout dans le monde des fibres nationalistes, identitaristes et particularistes qui recomposent une violence internationale sans cesse plus forte.
On peut certes cyniquement jouer avec le régime de l'autre, mais on ne peut pas le transformer. C'est cette opposition mal comprise qui redevient aujourd'hui le facteur essentiel de l'échec des diplomaties occidentales. La démocratie ou la dictature peuvent être un paramètre de l'action diplomatique, mais certainement pas une finalité de celle-ci. »
Régime autoritaire vs dictatorial :(…) « On a pris l'habitude de définir un régime autoritaire comme caractérisé par un pluralisme limité : la compétition pour le pouvoir est restreinte à certains candidats, la liberté d'expression est elle-même limitée, la protection juridique est imparfaite et même partielle, voire partiale. On est donc confronté à une logique en degrés : on dira d'un système qu'il est plus ou moins autoritaire, mais on ne saura pas toujours comment le borner.
En aucun cas ce concept ne saurait aboutir à une dualité opposant des régimes démocratiques à leur contraire C'est même dans la zone grise qui sépare ces deux pôles que se situent le plus grand nombre d'Etats.
La Russie est-elle un régime autoritaire ou une démocratie, quand on sait que la liberté y est restreinte et que les choix politiques ne sont pas totalement libres ?
Le Venezuela est-il un régime autoritaire alors que le président Chavez a été élu et qu'il a même accepté sa défaite devant un référendum où le "non" était majoritaire ? Israël apparaît comme une démocratie parfaite si l'on tient compte de la libre compétition pour le pouvoir, mais les Arabes israéliens sont des citoyens de seconde zone qui entachent ainsi gravement la qualité de démocratie de ce régime.
En bref, la notion nous invite à réfléchir à un certain nombre de critères mais elle ne nous conduit certainement pas à distinguer de façon tranchée entre catégories claires d'Etat.
La dictature est une notion plus restreinte. Elle implique le plein exercice du pouvoir par un homme seul, sans contrôle, sans limitation de ses compétences, sans limitation de la durée de son mandat. Un dictateur peut arriver au pouvoir par la force ou il peut être élu mais se maintenir contre le droit et par l'oppression.
Mais là encore, confronté à la réalité, le concept est moins clair qu'on pourrait le croire : la prolifération d'élections-simulacres rend difficile de distinguer entre un dictateur et un président autoritaire réélu dans des conditions de légalité et de transparence suspectes. De même, la suspension des libertés et des droits peut correspondre à des mécanismes institutionnels et aboutir à la mise en place de formes de dictature légales qui, à leur tour, viendraient brouiller les pistes. Pour nous résumer, je dirai que l'autoritarisme est davantage une question qu'une réponse, un instrument de diagnostic qu'un outil de classement, une problématique plus qu'une affirmation. »
(…)l'opposition démocratie-autoritarisme est trop simple et en partie fausse. La démocratie étant une technique de gouvernement et l'autoritarisme une posture plus ou moins affirmée, les deux concepts peuvent se combiner dans la pratique."
L’autoritarisme comme facteur de stabilité
« (…) Dans une tradition wilsonienne, on a pu établir, notamment depuis 1945, que la démocratie était facteur de paix là où les régimes les plus autoritaires conduisaient naturellement à la guerre. Cette thèse a même reçu un nom, celui de la "paix positive". Elle a en sa faveur des arguments forts : l'hostilité des opinions publiques à la guerre et à la violence internationale ; la corrélation entre les valeurs démocratiques et les valeurs de paix et de tolérance ; le jeu des contre-pouvoirs qui limitent les prétentions belliqueuses d'un dirigeant. Mais en même temps, cette thèse a été démentie par les faits.
Même si les démocraties ont tendance à faire davantage la guerre aux régimes autoritaires qu'à leurs semblables, elles sont loin de s'imposer comme des forces de paix. L'exemple du conflit israélo-palestinien est également là pour le rappeler. La seule bombe atomique qui ait été utilisée était également l'instrument militaire de la plus grande démocratie du monde d'alors.
Certains, dans ce sillage, ont fait valoir que la versatilité des opinions publiques pouvait conduire à la guerre plus qu'à la paix, tandis qu'effectivement, un régime autoritaire, ayant moins de comptes à rendre, peut prendre davantage de risques pour construire et imposer une diplomatie de paix.
En fait, les exemples abondent dans les deux sens : c'est bien pour se relégitimer que la dictature argentine s'est lancée dans la guerre des Malouines ; c'est aussi pour renforcer sa propre équation que le régime militaire grec s'est lancé dans une aventure militaire à Chypre. Et on pourrait continuer cette longue énumération, qui nous ramènerait au constat élémentaire que le point idéal serait la dictature platonicienne du sage qui imposerait la vertu à ses sujets et à ses voisins.
En réalité, une analyse internationale du sujet nous conduit à regarder ailleurs : à prendre en compte d'abord les conjonctures internationales, certaines favorisant les régimes dictatoriaux, d'autres promouvant de façon active la démocratie. Il faut regarder également les usages diplomatiques et stratégiques qui sont faits des régimes politiques en fonction des intérêts des uns et des autres.
On remarquera par exemple que les Etats-Unis ont favorisé l'essor des dictatures dans l'Amérique latine des années 1960 et 1970, pour au contraire favoriser le retour à la démocratie à la fin des années 1980 et jusque dans la période néoconservatrice récemment éprouvée. »
Sur l’interventionnisme : (…) « Nous sommes sortis de la période d'euphorie qui auréolait l'intervention extérieure. Celle-ci se faisait d'abord par conviction : la démocratie se parait des vertus du prosélytisme et du messianisme. Elle se faisait aussi par opportunité : la chute de l'URSS laissait aux "démocraties occidentales" le champ libre pour devenir le gendarme vertueux du monde et envoyer partout ce que François Mitterrand appelait les "soldats du droit". On a en fait trop vite confondu vertu et efficacité, solidarité et intervention, et on a tout simplement oublié qu'une démocratie ne pouvait dériver que d'un contrat social construit par les acteurs locaux eux-mêmes. Le pitoyable destin de l'élection récente en Afghanistan l'a rappelé d'une façon désormais indélébile.
En réalité, c'est tout le contraire de ce qui avait été souhaité qui est en train de se produire : une intervention mal maîtrisée est en train de ranimer partout dans le monde des fibres nationalistes, identitaristes et particularistes qui recomposent une violence internationale sans cesse plus forte.
On peut certes cyniquement jouer avec le régime de l'autre, mais on ne peut pas le transformer. C'est cette opposition mal comprise qui redevient aujourd'hui le facteur essentiel de l'échec des diplomaties occidentales. La démocratie ou la dictature peuvent être un paramètre de l'action diplomatique, mais certainement pas une finalité de celle-ci. »
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mardi 15 février 2011
La contre-insurrection en République démocratique du Congo
La revue Sécurité Globale (ICI) propose dans sa dernière édition un excellent article d'Ilinca Mathieu sur la contre insurrection en République Démocratique du Congo
Résumé : "Etat faible, importantes ressources, ingérences étrangères, frontières poreuses et grande diversité ethnique : la République Démocratique du Congo réunit tous les ingrédients d’une faillite de l’Etat. Après en avoir rappelé le contexte historico-politique, cet article analysera la nature du défi posé par deux milices, les FDLR et le CNDP, principales actrices de la déstabilisation ayant
suivi les Accords de Pretoria. Il soulignera les particularités que présente la situation en RDC au regard de la doctrine classique de contre-insurrection, en analysant la stratégie mise en œuvre conjointement par Kinshasa et la MONUC. Cette stratégie s’avère particulièrement intéressante en ce qu’elle constitue une forme d’approche globale – combinant des aspects à la fois civils et militaires – qui illustre l’idée d’une convergence des doctrines du maintien de la paix et de la contre-insurrection modernes."
Résumé : "Etat faible, importantes ressources, ingérences étrangères, frontières poreuses et grande diversité ethnique : la République Démocratique du Congo réunit tous les ingrédients d’une faillite de l’Etat. Après en avoir rappelé le contexte historico-politique, cet article analysera la nature du défi posé par deux milices, les FDLR et le CNDP, principales actrices de la déstabilisation ayant
suivi les Accords de Pretoria. Il soulignera les particularités que présente la situation en RDC au regard de la doctrine classique de contre-insurrection, en analysant la stratégie mise en œuvre conjointement par Kinshasa et la MONUC. Cette stratégie s’avère particulièrement intéressante en ce qu’elle constitue une forme d’approche globale – combinant des aspects à la fois civils et militaires – qui illustre l’idée d’une convergence des doctrines du maintien de la paix et de la contre-insurrection modernes."
dimanche 13 février 2011
Prix des matières premières : une opportunité pour l'Afrique ?
Pourquoi la hausse du prix des matières premières n’a t-elle pas permis la réduction de la pauvreté?
Une première hypothèse : la croissance économique est phagocytée par une croissance démographique forte. En fait la croissance réelle n’arrive qu’à partir de 3% de croissance économique. A 3% de croissance économique vous stagnez ; à moins de 3% de croissance économique votre croissance démographique phagocyte votre croissance économique et vous êtes dans une spirale de sous développement.
Or prenons l'exemple du Sahel : sa population devrait doubler et compter 150 millions d’habitant d’ici 2040. Cette croissance affectera d'ailleurs certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région.
Et même les pays ayant connu une croissance supérieure bien supérieure à 3% n’ont réduit que de façon substantielle le taux de pauvreté. Pourquoi ?
Entre autres parce que la forte corruption ne permet pas la redistribution des richesses : l'ONG internationale Transparency International a publié, 26 octobre, son rapport 2010 de la perception de la corruption dans 178 pays (ICI) or la plupart des pays du continent se classe en bas du classement.
Une première hypothèse : la croissance économique est phagocytée par une croissance démographique forte. En fait la croissance réelle n’arrive qu’à partir de 3% de croissance économique. A 3% de croissance économique vous stagnez ; à moins de 3% de croissance économique votre croissance démographique phagocyte votre croissance économique et vous êtes dans une spirale de sous développement.
Or prenons l'exemple du Sahel : sa population devrait doubler et compter 150 millions d’habitant d’ici 2040. Cette croissance affectera d'ailleurs certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région.
Et même les pays ayant connu une croissance supérieure bien supérieure à 3% n’ont réduit que de façon substantielle le taux de pauvreté. Pourquoi ?
Entre autres parce que la forte corruption ne permet pas la redistribution des richesses : l'ONG internationale Transparency International a publié, 26 octobre, son rapport 2010 de la perception de la corruption dans 178 pays (ICI) or la plupart des pays du continent se classe en bas du classement.
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