jeudi 22 décembre 2011

Interview : «Le cœur du problème n’est peut-être pas en Somalie»

Le journal luxembourgeois "Le Jeudi" publiait ce jour une interview réalisée récemment sur la situation dans la Corne de l'Afrique. Vous retrouverez la première partie de cette interview ICI

mercredi 21 décembre 2011

États fragiles dans le Sahel

"Le dessous des cartes"  sur ARTE a consacré une émission aux "Etats fragiles dans le Sahel".
Diffusée les 17 décembre 2011 à 17h45 et 21 décembre 2011 à 22h45, vous pouvez la revoir ICI


Résumé : "Dix ans après les attentats du 11-Septembre, le terrorisme semble se déplacer en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Théâtre d’attentats et d’enlèvements à l’encontre des gouvernements locaux et des intérêts occidentaux, le Sahel est-il devenu une nouvelle frontière d’Al Qaida ? Le Dessous des Cartes propose une analyse des facteurs d’instabilité de la région."

lundi 12 décembre 2011

Pluralisation religieuse entre éclatement et concurrence

A lire dans le dernier numéro de Politique Africaine coordonné par Maude LASSEUR et Cédric MAYRARGUE :




Résumé de l'éditeur : " Depuis une vingtaine d’années, l’Afrique connaît une explosion de la religiosité qui se traduit par une multiplication spectaculaire des manifestations de la foi : les nouvelles Églises chrétiennes fleurissent à tous les coins de rue, les grandes confréries islamiques se voient concurrencées par de puissants courants réformistes, de nouvelles croyances se développent en s’appuyant sur des cultes néotraditionnels ou des mouvements transnationaux. La concurrence peut parfois produire de violents conflits, comme au Nord-Nigeria. Comment interpréter cette explosion religieuse qui prend l’allure d’un véritable mouvement social ?
Ce dossier propose une analyse de ces dynamiques religieuses contemporaines sous l’angle de la pluralisation, analysée comme un double processus d’éclatement de l’offre et des pratiques cultuelles, mais aussi d’interactions renouvelées entre acteurs religieux. Il pointe les logiques d’emprunt et de mimétisme qui amènent des mouvements à s’inspirer de leurs concurrents, mais aussi les stratégies de distinction, nécessaires pour s’imposer dans un univers compétitif, qui peuvent parfois susciter des tensions. À partir d’études de cas portant sur des mouvements chrétiens, musulmans ou d’origine asiatique au Sénégal, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et à Madagascar, ce volume éclaire ainsi d’un nouveau jour les fils complexes qui se nouent ou se dénouent entre forces religieuses en situation de pluralisme."


Sommaire : ICI

dimanche 11 décembre 2011

Sahara de tous les enjeux. Géopolitique, sécurité et développement

Dans le cadre du programme scientifique « Nouveaux enjeux dans l'espace saharo-sahélien» animé par André BOURGEOT (Directeur de recherche émérite CNRS UMR 7130-FMSH Laboratoire d'Anthropologie Sociale), deux journées d'études sont organisées les  13 et 14 décembre 2011


Lieu : 190 avenue de France (métro « Quai de la Gare »)

Résumé: "L'ensemble saharo-sahélien concerné (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Libye
et Algérie),  écologiquement homogène et culturellement semblable est traversé par de nombreux enjeux, rivalités et conflits internationaux, nationaux et régionaux. Il connait depuis une décennie des transformations sociales, politiques, culturelles et économiques, de grande ampleur qui s'inscrivent dans des contextes politiques inédits qui sont :

1. L'apparition cyclique des rébellions armées touarègues (Niger et Mali) qui doivent composer ou se combiner avec des pouvoirs issus de chefferies locales formées sur des bases ethniques, déstabilisent les pouvoirs étatiques.

2. L'émergence de nouveaux acteurs et organisations politiques exogènes aux visées politico-théologiques incarnés par l'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb Islamique),  aux activités très souvent criminelles (prises d'otages-marchandises, attentats suicides, versements de rançons, trafics en tous genres .

3. L'existence de réseaux d'acheminement de migrants clandestins et de produits illicites(cannabis, cocaïne)  génère un découpage-maillage de cet espace en « territoires » soumis aux contrôles de groupes ethniques.

4. La présence de richesses minières importantes (pétrole, uranium, or, fer, etc.) génère des compétitions entre les multinationales occidentales et les grandes sociétés nationales.

5. L'effondrement de la Jamahiriya libyenne  a des conséquences sur  la sous région concernée notamment à propos des revenants surarmés et du retour des subsahariens fuyant la guerre civile."

Les thèmes proposés sont :

le mardi 13 décembre 2011, de 9h à 12h - Modérateur, Alain ANTIL (Ifri)

9h - 9h15  Discours d'ouverture prononcé par Maurice Godelier, Directeur d'études (EHESS)

Panel 1  L'état des États et pouvoirs émergents
Assiste-t-on à des recompositions de zones d'influence ?
Espaces en déshérence étatique ?
Les puissances en jeux ?
Quels impacts sur les développements locaux et nationaux ?


9h15 - 9h45  - Georg Klüte, Université de Bayreuth (Allemagne) « Le Nord du Mali : un espace d'anomie » ; débats
9h 45 - 10h15 - Marine De Haas, Université de Hambourg (Allemagne) « L'émergence de la Chine en terre nigérienne : perceptions et enjeux » ; débats

10h15 à 10h30 - Pause-café

10h30 - 11h  - Marielle Debos, Sciences-Po (Paris)
  « La fin d'un épisode guerrier ? Les retours difficiles des rebelles tchadiens » ; débats

11h - 11h30  - Salim Chena, EHESS - CESPRA (France)
« Quelle hégémonie algérienne après le « printemps arabe » » ; débats

11h30 - 12h  - André Bourgeot, CNRS - LAS - FMSH (France)
« Politiques et États dans les septentrions malien et nigérien » ; débats

12h à 14h - Déjeuner

l'après-midi, de 14h à 18h - Modérateur, Georg Klüte
Panel 2  Ressources extractives, compétitions et trafics illicites

14h -14h30 - Benjamin Augé, Ifri  (France)
  « La question pétrolière dans la région saharienne : cas de
  la Mauritanie, Mali, Niger et Tchad
» ; débats

14h30 - 15h  - Hamadou Daouda Youssoufou, Université de Tahoua (Niger)
  « La rente uranifère et pétrolière au Niger et le piège du syndrome
hollandais
» ; débats

15h - 15h30  - Laurent Gagnol-Abdou Afane : Université de Grenoble (France)
  « Les nomades face à la pression sur les ressources extractives.
  L'exemple du nord Niger
» ; débats

15h30 - 16h  - Alain Antil, Ifri (France)
  « L'arrivée de la cocaïne au Sahel » ; débats

16h00 à 16h30 - Pause-café

16h30 à 18h    - Modérateurs, Georg Klüte et André Bourgeot

Synthèse générale et discussions libres avec l'auditoire


le mercredi 14 décembre 2011, de 9h à 12h - Modérateur, Patrick Haimzadeh
(France)

Panel 3 Migrations et terrorisme
Assiste-t-on à de nouvelles formes de territorialisation ?
Sanctuarisation ?
Ethno-territorialisation ?
Quels en sont les groupes qui les contrôlent et selon quelles modalités ?


9h - 9h30  - Julien Brachet (Ird), Armelle Choplin (Univ. Paris-Est),
Olivier Pliez (Univ. Toulouse)
  « Le Sahara entre espace de circulation et frontières de l'Europe » ;
débats
9h30 -10h - Attaher ag Iknane, Présidence de la République (Mali)
  « Activités illicites au Nord mali : pouvoirs émergents et territoires » ;
débats
10h -10h30  - Antonin Tisseron, Institut Thomas More (France)
  « Quelle stratégie contre l'insécurité dans le Nord du Niger et du Mali »
; débats

10h30 à 10h45 - Pause café

10h45 -11h15 - Naffet Kéïta, Université de Bamako (Mali)
  « Découpage-maillage de l'Etat malien dans les régions saharo-sahéliennes»
; débats

11h15 -11h45 - Mehdi Taje (Tunisie)
  « La réalité de la menace d'Aqmi à l'aune des révolutions démocratiques au
Maghreb
» ; débats

12h à 14h - Déjeuner

l'après-midi, de 14h à 18h15 - Modérateur, Mehdi Taje

Panel 4  La guerre civile en Libye et les conséquences régionales de
l'effondrement du régime
  Quels sont les rôles assurés par la communauté internationale et les pays
riverains ?
  Quelles conséquences sur l'ensemble de la sous-région ?
  Remodelage des frontières ?
  Humanitaire et militaire! S'agit-il d'un tournant dans le monde ?


14h -14h30  - Amadou Rabani, Université de Tahoua (Niger)
  « Le Niger, une victime collatérale du conflit libyen » ; débats

14h30 -15h  - Nadia Belalimat, CNRS - CIRED
  « Les berbères libyens, du Fezzan au Djebel Nefoussa et l'émergence
  d'un nouveau pôle politique en Libye
»

15h - 15h30  - Patrick Haimzadeh, Chercheur indépendant
  « La région de Sbha-Al Gatroun : pièce maîtresse du régime Kadhafi » ;
débats

15h30 - 16h  - Saïd Haddad , Ecole de Saint Cyr (Coëtquidan, France)
  « La zone saharo-sahélienne dans la politique extérieure libyenne. Bilan
et  perpectives
» ; débats

16h - 16h30  - Tilman Musch, INALCO - CRREA
  « Encore une guerre française contre les Africains. Regards sur
l'intervention militaire en Libye
».

16h30 à 16h45 - Pause-café
16h45 - 18h15 - Modérateur : André Bourgeot
  Synthèse et débats généraux
Le devenir de ces deux journées d'étude ?
Publication des actes ?
Constitution d'un réseau? D'une équipe internationale ?
Poursuite de la banque de données ?
Élargissement de la problématique au Nigéria (Boko Haram) et à la Corne de l'Afrique (les Chebab) : le djihadisme dans l'arc africain ?
Recommandations ?


18h15  Discours de clôture prononcé par Jean Pierre Dozon, directeur scientifique à la FMSH


Contacts : abourgeot@msh-paris.fr ; bourgeot@ehess.fr

samedi 10 décembre 2011

Les lectures du week end

- KINSHASA, LA MÉGALOPOLE SANS CESSE RÉINVENTÉE  par Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’IRIS / Novembre 2011
Résumé : "Beaucoup d’analyses sur la condition urbaine en Afrique soulignent la faillite de l’Etat aménageur d’espaces et pourvoyeur de services publics. A Kinshasa règne le non-planifié, le temporaire qui dure, le recyclé et la débrouille. Mais, malgré les vicissitudes de son histoire (ou à cause d’elles), la capitale de la RD Congo reste l’une des villes les plus inventives du monde."
- Laurent Gbagbo devant la CPI. Deux poids deux mesures ? par Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’IRIS
- L’« exception marocaine » dans le contexte des soulèvements arabes par Khadija Mohsen-Finan, chercheure associée à l’IRIS
- Opérations de maintien de la paix : quels nouveaux enjeux ? Patrice Sartre, Général de l’Armée de Terre française, auteur de "Making UN Peacekeeping More Robust 
- L'Afrique en questions 9 : Elections législatives et présidentielles en RDC : quels enjeux ? John SMITH (pseudonyme d'un expert de la RDC)
Bonnes lectures !



vendredi 9 décembre 2011

L'Afrique dans le "Top 10" de Politique étrangère

La revue Politique étrangère (IFRI) vient de sortir son "top 10" des articles les plus téléchargés sur le portail CAIRN. On lira notamment avec attention :



1) “Afrique: l’intégration régionale face à la mondialisation” par Abdou Diouf

2) “La stratégie africaine de la Chine” par Valérie Niquet

3) “Les enjeux de l’aide publique au développement” par Pierre Jacquet

mercredi 7 décembre 2011

Les Shabaab sur Twitter ? (MAJ)

Ce mercredi soir, les twits s'affolent... Les Shabaab somaliens auraient ouvert un compte Twitter en fin d'après midi : HSLPress se présentant comme "Harakat Al-Shabaab Al Mujahideen Press Office". Le groupe avait déjà lancé en février 2011 une chaîne de télévision.
Les Shabaab ont longtemps réussi à se faire passer auprès de la population pour un mouvement de résistance opposé à ce qui est dorénavant perçu comme coalition Ethiopie/GFT grâce à une propagande bien mené et facilité par l’échec de la stratégie de communication du gouvernement de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed. L'intervention kenyane leur permet de réactiver cette stratégie (comme le montre l'un des twits évoquant les "envahisseurs").


Voici les premiers messages du groupe :

-HSM Press
4 soldiers killed in a raid on base in Huriwaa District, , early morning; soldiers desert their posts!

-HSM Press
: Despite the tragedy and loss of life & wealth, a Mujahid does not desert the dignity to defend what he holds dearest: His Faith!

-HSM Press
: An army without experience, clear strategy & objective is fragile to winds of resistance & slightest confrontation precipitates defeat
 
-HSM Press
envisaged a lightening invasion of but the Blitzkrieg they’d hope for became a thorny quagmire for the inexperienced soldiers
 
-HSM Press
Military ineptitude, deteriorating economy, social imbalance, &public ambivalence trigger a desultory face-saving attempt by the : FLEE!

-HSM Press
By time the intoxicated militia sober up from their excessive Qaat sessions, the scales of war would have turned rather significantly!
 
-HSM Press
invaders flee today, retreating up to 30km towards the border & entrusting the fate of the town to the feeble militia
 
- HSM Press
retreat from the towns they’d invaded, capitulating to their fate a mere 2months into the extravagant but wretched operation
 
- HSM Press
With the rising economic burden of operation Linda Nchi, the much-hyped invasion has faltered quite prematurely
 
-HSMPress
Sheikh Abu Mus'ab (Military Spokesman): "The Jihad being waged here in Somali shall continue untill the country is purified of all invaders"
Il y a 1 heure

-HSM Press
7 Uganda-trained TFG soldiers surrender themselves to Mujahidin in #Mogadishu. They are welcomed after proclaiming repentance from apostasy
Il y a 1 heure

-HSM Press
6-DEC: Mujahidin forces attack #Amisom base in Dharkenley District, #Mogadishu. 3-hour battle resulted in some #Amisom casualties+base burnt
Il y a 1 heure

-HSM
6-DEC: Martyrdom seeker infiltrates K4 circle in #Mogadishu. 3 #Ugandanm 7 TFG soldiers pronounced dead on the scene. 2 mercenaries injured
Il y a 2 heures

-HSM Press
بسم الله الرحمن الرحيم
Il y a 2 heures

RDC : Premiers enseignements des élections générales

Le 29 novembre, Thierry Garcin recevait Dominique Bangoura (présidente de l’Observatoire politique et stratégique de l’Afrique, de Paris I) dans les Enjeux internationaux sur les élections en République démocratique du Congo. Réécoutez ICI



Résumé : "La République démocratique du Congo (ex-Zaïre), pays clé de l’Afrique centrale, a des caractéristiques bien connues. 2,3 millions km² (environ quatre France), 71 millions d’habitants (une espérance de vie limitée à 50 ans), des voies de communications fluviales discontinues (malgré le considérable bassin du fleuve Congo) et terrestres pauvres (seulement 2 800 km de routes goudronnées !), des chemins de fer en déshérence.

Une partie de la population urbaine est concentrée dans l’agglomération de Kinshasa, l’extrême-Est ayant toujours été le flanc faible, avec le sud historiquement sécessionniste.
Enfin, le sous-sol du pays regorge de richesses (on a parlé d’un « scandale géologique »), telles le diamant, l’or, le charbon, le pétrole, l’uranium et bien d’autres minerais (à commencer par le coltan, 70 % des réserves mondiales).
Or, c’est un État faible et divisé qui, aujourd’hui, n’est même pas maître de l’entièreté de son territoire."

On lira également
- La RDC en chiffres (BBC) ICI
- RD Congo : un risque de guerre civile post-élections ? (Affaires stratégiques) ICI
- "La contre-insurrection en République démocratique du Congo" par Ilinca Mathieu ICI et ICI
- "Congo: l’enlisement du projet démocratique" par l'International Crisis Group ICI

Quelques rappels sur la RDC publiés précédemment ICI :
Pays d’Afrique centrale, le troisième en superficie du continent (2 345 000km²), et le plus peuplé de la zone (63 millions d’habitants). Elle y occupe une place centrale sur les axes Le Cap-Le Caire et océan Atlantique- océan Indien.
La RDC (Zaïre jusqu’en 1997) constitue un ensemble composite confié par la Conférence de Berlin (1885) à une société capitaliste d’exploitation dirigée par le roi des Belges Léopold qui le lègue à Bruxelles. Son unité (le Bassin du Congo) n’est qu’apparente : elle plonge au sud dans le plateau métallifère du Shaba (ex-Katanga riche en cuivre, colbalt, uranium) et touche à l’est les Grands Lacs. Aussi sa diversité ethnique est elle considérable (5 langues nationales) et la décolonisation (1960) s’est accompagné de nombreux troubles, en particulier les tentatives de sécession du Katanga encouragées par l’Union minière de Belgique.
La dictature de Mobutu (1965-1997) ne permet pas le développement du pays malgré ses richesses. Sa déstabilisation est une retombée indirecte du conflit du Rwanda, de nombreux Tutsi (les banyamulengue) ayant été établis par les Belges dans l’est de la RDC (Kivu). Ils se heurtent en 1996 au million de réfugiés hutu fuyant le FPR, parmi lesquels les milices interahamwe impliquées dans le génocide de 1994). L’intervention des Rwandais tutsi et des Ougandais, leurs alliés, provoque la chute de Kinshasa le 16 mai 1997 et porte au pouvoir une coalition d’opposants dirigée par Laurent-Désiré Kabila. Mais les interventions étrangères ne cessent pas et la RDC devient l’enjeu d’un affrontement entre deux camps, d’un côté l’Ouganda et ses alliés, de l’autre l’Angola et le Zimbabwe qui soutiennent Kabila. Le gel des positions militaires se traduit par une partition de fait du pays. En 2001, L.D. Kabila est assassiné. En 2003, un accord global est signé et un gouvernement d’union nationale nommé. Mais de nombreux mouvements de rébellion persistent, souvent sur une base ethnique, en particulier dans le Nord et l’Est du pays.

mardi 6 décembre 2011

Engagements stratégiques français : nouveaux regards. Retour sur la journée de la relève stratégique

A la suite de la conférence du 24 novembre sur les Engagements stratégiques français : nouveaux regards. Retour sur la journée de la relève stratégique, le 24 novembre 2011, l'IRSEM vient de publier en ligne ICI les communications des intervenants.

Résumé de l'institut : "A l’occasion du lancement des débats sur la révision du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2008, l’Irsem a consacré une journée d’étude à l’actualisation des engagements stratégiques français face au nouveau contexte géostratégique mondial. Les interventions de ce colloque sont rassemblées ici. Elles sont le fruit des réflexions de jeunes chercheurs rattachés à l’institut, pour la plupart doctorants ou jeunes docteurs civils, experts des questions stratégiques contemporaines. Cette journée participe de l’une des missions majeures de l’Irsem, le développement des liens entre monde universitaire et monde de la défense. Cette contribution permet de présenter, en amont des élections présidentielles et législatives de 2012, une vision critique et novatrice des ambitions stratégiques françaises à l’heure de la multiplication des tensions régionales, des crises économiques et de l’émergence de nouveaux défis. La journée s’est organisée autour de quatre panels, les deux premiers permettant de clarifier l’environnement stratégiques, les deux suivants interrogeant la manière de rationaliser les actions stratégiques."


vendredi 2 décembre 2011

Au-delà du Lower Shabelle, quelles marges de manœuvre pour le contingent djiboutien ?

A lire, sur le site de l'IRSEM, la chronique de Christelle Dumora : 

"Initialement conclus en 1977, les accords de défense qui lient la France et Djibouti sont renégociés en profondeur pour la troisième fois depuis plus d’un an, entre les autorités djiboutiennes et françaises. Cette nouvelle orientation s’inscrit dans la volonté affichée du Président français Nicolas Sarkozy dans le Livre Blanc de la Défense, paru en 2008, de redéfinir les modalités de présence et d’engagement de nos troupes en Afrique et plus précisément sur le territoire de Djibouti.

Plusieurs axes importants en émanent :
Le premier concerne les voies et moyens de renforcer les capacités humaines et logistiques de l’armée djiboutienne (FAD, Forces Armées Djiboutiennes). Le second, la reprise de certains sites utilisés par les forces françaises stationnées, mais aussi la réévaluation du « contrat de bail » qui doit prendre fin en 2012 et dont s’acquitte la France depuis 2003 à hauteur de 30 millions d’euros par an. Ces accords incluent également la redéfinition des modalités d’engagement de la France dans la sécurité et la défense de Djibouti notamment en cas d’agressions, uniquement, extérieures. Et c’est bien là toute l’acuité de ces accords : l’annonce il y a plus d’un an par le Président Ismaël Omar Guelleh de déployer en Somalie un contingent en appui aux troupes de l’Amisom, risque de changer la donne.


Ce nouveau partenariat semble avoir été souhaité côté français, suite à la visite du président Sarkozy au début de l’année 2010. Côté djiboutien, cette réorientation stratégique remonte au sommet de Kampala en 2009 durant lequel Ismaël Omar Guelleh a émis la volonté de changer de posture en réponse aux sollicitations de ses homologues kényans et éthiopiens pour une coopération élargie au processus d’imposition et de maintien de la paix en Somalie. Engagement salué en janvier 2009 par le Conseil de sécurité de l’ONU en vue du renforcement de l’Amisom et que le parlement djiboutien vient d’entériner (16 octobre 2011)...." La suite ICI

mercredi 30 novembre 2011

CR Le mondial des nations

Voici le compte rendu de lecture de : Joao Medeiros (dir.), 2011, Le Mondial des Nations, Choiseul-RFI, Paris, 574p


La Nation, une thématique classique d’étude, que les auteurs de l’ouvrage Le Mondial des nations ont voulu revisiter.

Beaucoup d’essais explorent la question des nations au XIXème siècle en Europe, beaucoup moins au XXème siècle et encore moins au XXIème siècle. Une lacune que tentent ici de combler les auteurs. En se démarquant des approches trop historiques de la question, ils montrent « la vitalité de l’idée de nation », alors que les recherches s’attardent sur « l’invention ou la fabrique » des identités nationales. La nation, définie dans la préface comme « l’espace irremplaçable de reconnaissance et d’expression politique du sujet » (p.7), est un concept toujours d’actualité. L’enjeu reste toujours le pouvoir, et le contexte actuel rend d’autant plus pertinente l’existence de nation car : « c’est en ce qu’elles détiennent aujourd’hui de plus futuriste que les nations revendiquent leur capacité à gouverner les destins collectifs, en garantissant la sécurité et la croissance, tous deux valeurs d’avenir et non reliques du passé »(p.9).

Le Mondial des Nations veut s’inscrire à contre-courant des analyses voyant la nation se dissoudre dans la mondialisation. L’Etat-nation serait soumis à des forces centripètes tendant à son explosion par le haut (organisations supranationales) et son implosion par le bas (revendications locales). Alors que l’Etat était au cœur du système international, dans la période bipolaire, il se retrouve aujourd’hui concurrencé par des dynamiques internes et externes qui le dépassent. Dans un système international éclaté et incertain, l’Etat est mis au défi par de nouveaux acteurs (organisations régionales, acteurs transnationaux ...), galvanisés par la mondialisation et en quête d’autonomie.

Lire la suite sur le site des cafés géographiques ICI

dimanche 27 novembre 2011

Lettre n°1 du comité Afrique de l'ANAJ

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN est heureux de vous annoncer la sortie du premier numéro de sa lettre d'information.


L’Afrique, longtemps considérée comme un continent en marge, est aujourd’hui animée par des dynamiques qui en font un espace plus que jamais intégré aux grandes questions stratégiques internationales.
Avec une croissance exceptionnelle depuis plusieurs années, certains parlent d’une « embellie historique », d’autres affirment que « les perspectives sont plus favorables que jamais ». Conscients des multiples enjeux liés au développement et à la stabilité de ce continent aux portes de l’Europe nous vous proposons d’engager une réflexion sur l’ensemble de ces questions.

« Jambo » ou « Bonjour » en Swahili, la lettre du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, se donne pour objectif de partager et promouvoir l’expertise des auditeurs jeunes, de donner la parole à ceux qui font l’Afrique, de revenir sur les moments forts de la vie du comité.

Rédigée par des étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels membres du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, la lettre souhaite montrer à ses lecteurs que le continent africain est un acteur à part entière des enjeux géopolitiques mondiaux. Nos rédacteurs ont une expérience du continent, y ont vécu ou travaillé.

Il s’agit pour eux de faire partager leur intérêt commun pour un continent trop souvent marginalisé dans les médias et la pensée européenne.
Téléchargez la lettre ICI

mardi 22 novembre 2011

Les engagements stratégiques français : nouveaux regards

L'Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (IRSEM) organise le 24 novembre une journée d’étude sur l'actualisation du Livre blanc. Les doctorants du séminaire "Jeunes chercheurs" de l'Institut seront invités à proposer des "Éléments de réflexion pour l’actualisation du livre blanc sur la défense et de la sécurité nationale"

Synopsis : "Depuis 2008, la multiplication des tensions régionales et des crises économiques ont amené de nombreux changements dans le contexte géostratégique. L’arc de crise défini par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008, qui va de l’Atlantique à l’océan Indien a été confirmé, notamment avec le maintien des zones de crises et surtout avec les révoltes dans le monde arabe. Ces derniers évènements ont néanmoins laissé entrevoir de nouveaux enjeux, de nouveaux défis à traiter, pour notre stratégie, pour nos forces armées.

vendredi 18 novembre 2011

Un regard sur les élections tunisiennes

Deux Tunisiennes ont accepté de répondre à nos questions et nous font part de leurs sentiments sur les élections qui se sont déroulée en Tunisie, le 23 octobre dernier pour élire une Assemblée constituante..



Le peuple tunisien vient de voter pour son Assemblée constituante, quelles sont vos premières réactions aux résultats des suffrages ?

C’est une étape historique. Il s’agit des premières élections libres et démocratiques pour la Tunisie. Malheureusement, le rêve s’est transformé en cauchemar avec l’annonce des résultats et la victoire du parti islamiste Ennahdha. En effet, la « révolution du jasmin » prônait la liberté, la dignité et le droit. Nous craignons que cet élan démocratique n’ait été confisqué par un parti islamiste.

Les exemples de l’Algérie et de l’Iran sont des illustrations exhaustives de la dérive de ces partis islamistes, arrivés au pouvoir de manière démocratique. C’est donc avec amertume que la majorité des tunisiens ont découvert les résultats des élections. Au lendemain de cette journée historique, la Tunisie se réveille avec « la gueule de bois ».

Que pensez-vous du traitement médiatique de ces élections en France ?

Les médias français ont mal couvert les élections et leurs enjeux. Ils ont exposé la période électorale tunisienne en se focalisant principalement sur le fameux parti Ennahdha, parti qu’ils présentent comme étant modéré.

Il est toutefois important de signaler que la Tunisie, n’est pas la Turquie, et qu’elle n’est pas laïque. Les journalistes français ont présenté ce parti et son dirigeant Rached Ghannouchi, comme une alternative démocratique à la dictature, en oubliant de souligner les aspirations extrémistes propres à ce parti, qui pourraient nous mener à une nouvelle dictature.



Les médias ont fait abstraction des réelles motivations de ce parti, en se contentant d’affirmer qu’il était islamiste mais modéré. Il s’agit d’un oxymore, on ne peut être islamiste et modéré. En se focalisant principalement sur Ennahdha, les médias français l’ont hissé au rang de favori. Nous trouvons cela injuste de fournir une couverture médiatique à ce parti et de ce fait, négliger les autres partis. On se demandait à Tunis, si France24, Bfm tv et itélé n’étaient pas en charge de promouvoir la campagne électorale de ce parti, tellement la focalisation était flagrante.

On considère que les médias français ont contribué au succès d’Ennahdha et ont failli à leur obligation d’impartialité. Nous les classons aujourd’hui dans le même panier qu’Aljazeera, qui se veut pro- islamiste.

Avez-vous des informations sur les tendances du vote des tunisiens de France ? Qu'en pensent les tunisiens de Tunisie ?

Les tunisiens de France ont crée la surprise en plaçant le parti Ennahdha premier des votes.

C’est d’autant plus étonnant que ces immigrés tunisiens vivent dans une démocratie et jouissent de tous leurs droits. Pourquoi ont-ils voté pour un parti islamiste ? C’est une stupéfaction à Tunis. Les tunisiens sont révoltés par le vote des immigrés, qui sanctionne ceux qui vivent principalement en Tunisie. On pense qu’il s’agit d’un vote sanction de citoyens binationaux en désaccord avec leur société.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes ont manifesté leur colère et incompréhension face à ce vote des tunisiens de France. Aussi, ils crient au scandale et jugent ce vote inutile et handicapant pour la Tunisie moderne post Ben Ali. Ainsi un groupe a été crée sur Facebook, invitant les français à voter Marine Lepen pour sanctionner à leur tour les immigrés tunisiens qui ont voté Ennahdha.

Ce désaccord entre tunisiens en France et tunisiens en Tunisie prend des allures de règlement de compte.

Qui est le leader d’Ennahdha ?


Le leader d’Ennahdha est Rached Ghannouchi. Il était exilé à Londres durant une vingtaine d’années. Il est revenu en Tunisie à la suite d’une amnistie en janvier 2011.

Les dirigeants de ce parti sont vieillissants et déconnectés de la réalité tunisienne, mais la base de ce parti est représentée par des radicaux. Alors qu’ils étaient interdits auparavant, les courants extrémistes et salafistes ont pris le contrôle des mosquées. Ceci est d’autant plus inquiétant qu’anti-démocratique. Utiliser les lieux de culte à des fins politiques est dangereux.

Le leader du parti Ennahdha a évoqué, durant une interview sur les révolutions arabes, que l’objectif ultime des musulmans est l’instauration du califat. Naturellement, Rached Ghannouchi est bien conscient qu’il est impossible d’atteindre cet objectif dans le court terme mais il l’envisage sur du long terme.

Dans son livre, « La femme entre coran et réalité des musulmans », Rached Ghannouchi affirme que « la fonction de la femme est essentiellement sexuelle ». Dans le même livre, il affirme que « tant qu’il y a des hommes au chômage, les femmes ne devraient pas travailler ».

Aussi, à l’annonce de la mort de Ben Laden, Ghannouchi a évoqué, sur Al Jazeera, « l’engagement progressiste et humaniste » de ce dernier, même s’il a dénoncé ses « excès » !!! Ceci nous donne un aperçu de la personnalité de Ghannouchi et de ses ambitions pour la Tunisie à venir.

Après les élections, les dirigeants du parti ont pourtant tenté de rassurer les laïcs notamment sur le statut des femmes, vous n'y croyez pas ? Pourquoi ?

Les dirigeants du parti Ennahdha se sont empressés d’affirmer qu’ils n’instauront pas la Charia et qu’ils ne toucheront pas aux acquis de la femme. Néanmoins, ils ont toujours été vagues et imprécis sur leurs affirmations. Ils sont des adeptes du double langage.

Les femmes tunisiennes ont acquis des droits avancés par rapport aux autres pays arabes. Le code du statut personnel, équivalent du code civil français, place la femme tunisienne au même rang que l’homme. Cette particularité déplait fortement aux islamistes, qui dans leurs derniers discours affirmaient que « la femme tunisienne s’était pervertie en agissant comme une occidentale ».

Ils ont aussi déclaré que la « débauche de la femme tunisienne était une honte pour la religion musulmane ». Ainsi, avec ce genre d’affirmations, nous nous attendons au pire.

De ce fait, nous ne croyons pas du tout au discours hypocrite d’Ennahdha sur la préservation des droits de la femme tunisienne. Ils restent flous quant à l’instauration de la charia, considérant que c’est un objectif ultime. Ils sont constamment en contradiction. Les derniers événements à Tunis sont inquiétants, mais ils ne sont mêmes pas relayés par les médias français ! Plusieurs femmes universitaires ont été agressées et persécutées au sein même des universités tunisiennes. Le silence de la communauté internationale est scandaleux. Ennahdha renoue donc avec ses vieilles habitudes des années 80, durant lesquelles plusieurs femmes non voilées ont été aspergées d’acide chlorhydrique, par des activistes du parti.

En France, on a une image d'une Tunisie laïque avec une importante classe moyenne et on découvre aujourd'hui un autre visage de la Tunisie, vous aussi ? Comment expliquer la montée de l'islamisme ?

Oui, la Tunisie à travers ces élections apparait sous un nouveau visage. Mais, il faut relativiser cette montée de l’islamisme, qui n’englobe pas toutes les catégories sociales.

Il ne s’agit pas de faire le procès de l’Islam. La Tunisie est musulmane et nous tenons à nos valeurs et traditions. Le problème consiste à séparer le politique du religieux. Il ya eu durant ces élections beaucoup de personnes qui ont voté pour Ennahdha car celui-ci prônait un retour de la religion et des valeurs traditionnelles. Or, cette attitude vise à gagner des voix plus qu’à servir une cause. C’est de la manipulation et de l’opportunisme politique. Il faut aussi prendre en compte, les dernières années de la dictature de Ben ali, qui ont crée un fossé entre les classes sociales et ceci n’est pas étranger au fait que les plus démunis se ruent vers un parti religieux. Il n’est pas nouveau que l’islamisme puise dans la misère sociale.

Ainsi, Ennahdha s’est appliqué à monnayer les voix de ses électeurs, en leur offrant des compensations financières pour le mois de Ramadan et en offrant à ses adhérents le mouton de l’Aïd. Ce genre de pratique n’est pas démocratique. On assiste aujourd’hui à une nouvelle forme de dictature qui profite du contexte économique pour s’accaparer les votes des plus démunis.

Quelle est l'atmosphère aujourd'hui en Tunisie ?

Après la surprise du résultat, la majorité des tunisiens sont pessimistes. Néanmoins, ils ne contestent pas le résultat des urnes et acceptent le jeu de la démocratie.



Plusieurs cas de fraudes et des dépassements ont été signalés et nous attendons la décision de la justice à ce sujet. Ennahdha est accusé de ne pas avoir respecté les règles démocratiques des élections. L’atmosphère est donc pesante. Plusieurs atteintes aux droits individuels par des sympathisants islamistes ont été constatées, notamment dans des universités. On assiste à une radicalisation inquiétante des mœurs alors même que le nouveau gouvernement, dirigé par Ennahdha, n’est pas encore en place.

Les femmes sont les plus touchées par ces représailles, qui remettent en cause leurs libertés et leurs droits. Elles sont très inquiètes pour leur avenir. Ceci étant, on assiste à l’organisation d’une opposition, qui n’est pas négligeable. Ils veulent s’allier et créer un front commun pour contrer le parti islamiste. Ennahdha est la première force politique aujourd’hui, mais nous ne baisserons pas les bras. Il faut rester vigilant.



Comment sont perçus les Français ? Les Américains ? Le Qatar a joué un rôle important également, comment est-il perçu ?

On pense que les français ont été dépassé par les événements, de leurs débuts jusqu’à aujourd’hui. La réaction française s’est longtemps faite attendre, contrairement aux américains. Ces derniers se sont empressés de prendre position et de reléguer la France au rang de spectateur. Cela peut paraitre contradictoire, car la France avait une place privilégiée en Tunisie. Les Etats-Unis ont « marqué le territoire » en organisant toutes sortes de manifestations au niveau politique, culturel et social, prenant ainsi l’ascendant sur la France. Il n’est donc plus choquant d’entendre le leader d’Ennahdha dire qu’il faut se débarrasser de la langue française, lui préférant la langue de Shakespeare.

Le leader islamiste déplore que la société tunisienne soit « devenue franco-arabe, c’est de la pollution linguistique ». Il affiche un islamisme anti-français, un des thèmes de prédilection du Front islamique du salut en Algérie dans les années 90. Les Etats-Unis et le Qatar ont soutenu le parti Ennahdha et l’ont financé. En plaçant des islamistes modérés à la tête du pays, ils espèrent contrer les salafistes.

C’est tout de même ironique que le Qatar se positionne en donneur de leçon, lui qui n’a rien de démocratique. C’est un pays très critiqué en Tunisie. On voit d’un mauvais œil les financements faramineux du Qatar au profit du parti islamiste Ennahdha. La manipulation étrangère est bien réelle. Nous craignons la mise en route vers une dictature islamique.

La Constitution doit être entièrement réécrite, quelles sont vos craintes ? Vos désirs ? Regrettez-vous la révolution ?

Nous ne regrettons pas la révolution même si elle nous échappe aujourd’hui. Le système Ben ali arrivait à sa fin et était au bord de l’implosion. Nous aspirons à un avenir meilleur et surtout à une démocratie réelle. Nous souhaitons faire valoir nos droits et assurer leur pérennité. Or notre plus grande crainte serait de nous retrouver dans une nouvelle dictature.

La constitution doit être réécrite, mais nous insistons pour que le statut de la femme et les droits et libertés individuels de chacun ne soient pas remis en question. Il est impératif pour nous d’avancer et non de faire un bond en arrière.

Nous craignons que le parti Ennahdha s’approprie cette révolution et qu’il modifie la Constitution dans son intérêt. Nous sommes tres méfiants quant aux aspirations profondes de ce parti. Leur double langage est une arme fatale contre la démocratie.

Aujourd’hui nous pensons que derrière cette révolution, se cache tout de même le spectre de l’ingérence étrangère. Dans quel but et dans quel intérêt, l’avenir nous le dira…

Comment voyez-vous votre pays dans 5 ans ? Comment voyez-vous votre avenir et dans quelle Tunisie ?

La majorité des tunisiens sont inquiets et pessimistes. L’avenir est très incertain. Nous avons peur que la parenthèse de la Tunisie de Bourguiba se ferme définitivement. Nous verrons si le peuple a eu tort ou raison de faire confiance à Ennahdha. Les tunisiens se posent beaucoup de questions concernant ce printemps arabe. Les révolutions arabes ont-elles libéré les peuples ou les ont-elles asservi ? Nous craignons aussi que les grands perdants de ces soi-disant « révolutions de printemps » pourraient être ceux qui sont le plus attachés aux valeurs de la liberté d'expression et de pensée et qui étaient aux premiers rangs lors de ces révoltes. L’Occident a voulu soutenir et croire en « ces islamistes modérés », peut-être pousseront-ils l’indécence jusqu’à nous parler de « lapidation modérée ».

Pour aller plus loin, nos deux interlocutrices nous proposent :

- Révélations. Six ans avant la chute de Ben Ali, Washington préparait déjà la carte islamiste pour la Tunisie

- Tunisie : Ennahdha, le double langage ?

- Exclusif : les écrits islamistes de Rached Ghannouchi traduits en français

- Rached Ghannouchi: "Pour quoi je suis islamiste" (1993)

- En Tunisie, des islamistes agitateurs cultuels

- Ci-dessous, des extraits d'un rapport de la cour fédéral canadienne disponible intégralement ici : http://www.unhcr.org/refworld/pdfid/47161475d.pdf
"Le MTI/Ennahda est un mouvement qui prône l'usage de la violence; il est composé d'une branche armée qui utilise des méthodes terroristes et qui est financée par plusieurs pays et mouvements. Cette branche du mouvement est impliquée dans des assassinats et des attentats à la bombe. Le mouvement, qui est présent dans plus de 70 pays, est aussi impliqué dans le trafic d'armes et dans le financement d'intégristes algériens, dont le Front Islamique du Salut (le « FIS » ). L'objectif ultime du mouvement est l'islamisation de l'État, c'est-à-dire l'instauration d'un État islamique en Tunisie.

Le leader du mouvement, M. Rached Ghannouchi, un terroriste faisant partie intégrante de l'internationale islamiste, est considéré par certaines sources comme étant l'un des maîtres à penser du terrorisme. M. Ghannouchi a fait un appel à la violence contre les États-Unis et a menacé de détruire leurs intérêts dans le monde arabe. En outre, il a demandé la destruction de l'État d'Israël.

Le MTI/Ennahda a commis 12 crimes pouvant être qualifiés de crimes graves de droit commun, à savoir :
i) attentats à la bombe en France en 1986;
ii) attentats à la bombe à Sousse et à Monastir en 1987;
iii) des incendies de voitures en 1987 et 1990;
iv) de l'acide projeté au visage d'individus en 1987;
v) complots en vue d'assassiner des personnalités du gouvernement tunisien en
1990, 1991, et 1992;
vi) complot en vue de déposer par les armes l'ancien président tunisien Habib
Bourguiba en 1987;
vii) agressions physiques dans les lycées et universités, de 1989 à 1991;
viii) l'utilisation de cocktails Molotov en 1987, 1990 et 1991;
ix) incendie criminel de Bab Souika en février 1991;
x) tentative d'incendie d'un édifice universitaire en 1991;
xi) des lettres de menace en 1991 et 1992; et
xii) le trafic d'armes à compter de 1987. "

- Mohamed Zrig : Complice de terroristes et candidat des Frères Musulmans pour représenter le Canada à l’Assemblée constituante tunisienne
Sonia Le Gouriellec, Good Morning Afrika

mercredi 16 novembre 2011

Quelles perspectives pour les opérations de maintien de la paix de l'ONU ?

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN a le plaisir de vous inviter à sa conférence sur le thème :
QUELLES PERSPECTIVES POUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU ?

Autour d’Alain LE ROY,
Ancien Secrétaire général adjoint de l'ONU
chargé des opérations de maintien de la paix

Mardi 29 novembre 2011
19h15 à 21h00

École militaire
Amphithéâtre Desvallières


L’Organisation des Nations Unies reste toujours très présente sur le continent africain et partage aujourd’hui ses missions de paix et de sécurité avec de nouveaux acteurs (Union Africaine, Union Européenne…). Engagée dans des missions souvent longues, cet interventionnisme règle-t-il les problèmes ? Ne sont-elles pas des missions sans fin ?

Alain Leroy reviendra sur son expérience à l’ONU et nous apportera ses éclairages sur les missions qui l’ont mobilisées ces trois dernières années (côte d’Ivoire, Soudan).

INSCRIPTION OBLIGATOIRE AVANT LE 26 novembre

Inscription obligatoire avant le 26 novembre à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-

Informations : afrique@anaj-ihedn.org

mardi 15 novembre 2011

Les instabilités renouvelées dans la bande saharo-sahélienne

Le 11 novembre, Thierry Garcin recevait dans les Enjeux Internationaux, André Bourgeot, directeur de recherches émérite au CNRS. Ecoutez l'émission ICI



"La décomposition du régime politique à Tripoli et la guerre civile dans le pays ont ajouté aux instabilités dans cette bande saharo-sahélienne, dont les crises et les conflits sont de nature différente, ceux-ci devenant néanmoins de plus en plus interactifs.

C’est d’ailleurs le même constat, mutatis mutandis, qu’on peut dresser aussi bien pour le Proche- et le Moyen-Orient que pour la Corne de l’Afrique (voir l’émission d’hier mardi).

Quelles en sont les éléments clés ? Entre autres : Al Qaida au Maghreb islamique, contrebande et trafics (notamment, de drogue), migrations, prolifération des armes, bandes armées, lutte antiterroriste activée voire instrumentalisée par Washington, question touarègue, etc. Et comment les États, seuls ou en coopération, peuvent-ils relever ces défis ?"

lundi 14 novembre 2011

Comment comprendre et évaluer l’engagement militaire du Kenya en Somalie ?

Le 9 novembre Thierry Garcin recevait dans les Enjeux Internationaux Francis Soler, directeur-adjoint d'Africa Intelligence. Ecoutez l'émission ICI



"Pour échapper aux incursions croissantes d'un groupe d'islamistes somaliens, les Shebab, qui multiplient enlèvements et exactions, les autorités kényanes ont décidé de lancer une offensive militaire.

Préparée de longue date, elle vise à créer un teritoire sous administration autonome, régie par des groupes somaliens politiquement proches de Nairobi.

C'est un revirement de situation puisque, depuis bien longtemps, les islamistes somaliens trouvaient régulièrement refuge sur le territoire kenyan.

Si l'opération militaire gagnait encore en envergure, il est possible que l'Ethiopie cherche ensuite à intervenir à nouveau pour soutenir ce gouvernement somalien qui ne contrôle en réalité qu'une poignée de quartiers de sa capitale, mais pas le reste du pays."

samedi 12 novembre 2011

Un certain regard sur la crise somalienne

Un certain regard, celui d'un Somalien, sur l'AMISOM, l'ONU, le Gouvernement Fédéral de Transition, l'Ethiopie, le Kenya...dans la crise somalienne.



mercredi 9 novembre 2011

La gestion française des expatriés en temps de crise

L'ANAJ-IHEDN est heureuse de vous inviter à sa prochaine conférence sur le thème :

La gestion française des expatriés en temps de crise
Mercredi 16 novembre 2011
19h30 à 21h30
École militaire Amphithéâtre Desvallières




Cette conférence a pour objectif de comprendre la méthode française d'évaluation du risque et de gestion de nos ressortissants en temps de crise. Les visions des autorités et des entreprises seront à cette occasion confrontées pour comprendre comment une coopération se met et place ainsi que les perspectives d'évolution.
Les intervenants :

- Monsieur Olivier DIDIO, Responsable des opérations de sûreté internationale pour le groupe GEOS

- Monsieur Charlie MARTIN, Responsable sûreté Europe-Moyen-Orient & Afrique de RIO TINTO

- Colonel Joëlle VACHTER, Ancienne responsable de la sécurité des représentations diplomatiques au ministère des Affaires étrangères et européennes; ancien commandant du dispositif de la gendarmerie nationale au sein de la Force Licorne (Côte d'Ivoire)

Télécharger le flyer

Inscription OBLIGATOIRE à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-international

Contact : conference-international@anaj-ihedn.org

mardi 8 novembre 2011

Somalie : "Gagner les coeurs et les esprits"

Une vidéo très instructive sur la politique de soutien à la population en Somalie par Al Qaïda et/ou les groupes lui ayant prêté allégeance.

Vidéo ICI

dimanche 6 novembre 2011

Somalie : aux origines contemporaines de la conflictualité régionale

Au nom du principe de légitime défense, le Kenya s’est engagé, fin octobre, en terres somaliennes. Une armée peu expérimentée, mais soutenue par des puissances extérieures, face à une guérilla aguerrie, dans un pays hostile qui a déjà éprouvé la première puissance mondiale.

Cinq après l’intervention de l’armée éthiopienne (une armée de qualité et d’expérience) contre les Tribunaux islamiques, les Kenyans prennent à leur tour directement part à la crise somalienne et rompent ainsi leur « neutralité ». Une neutralité déjà entamée en mars 2011, quand l'armée kenyane participa à des combats dans la zone frontalière (Jubbaland). Ce billet, se propose de revenir sur les relations de la Somalie avec ses voisins après les indépendances. Une analyse courte (non un travail de recherche) sur la position des pays de la Corne de l’Afrique, au moment des indépendances, face au défi de l’irrédentisme somali.

Au moment des indépendances l’enjeu pour les pays voisins de la Somalie était de conserver un certain équilibre régional. Au lendemain de la seconde guerre mondiale Éthiopie se réapproprie l’Ogaden (1948) et le Hawd (1955). Mais la réunification de la Somalie italienne et de la Somalie britannique (1) en 1960 réveille le nationalisme pansomali. Les revendications unificatrices des trois autres régions habitées par les Somalis (dans la région éthiopienne de l’Ogaden, Djibouti et le nord-est du Kenya) se multiplient. En 1961, le Parlement somali déclare les régions peuplées de Somalis terra irredenta. Si les incidents sont de faible intensité au départ, ils s’amplifient jusqu’aux rébellions de 1963-1964 en Ogaden, la guerre de Shifta au Nord du Kenya entre 1963 et 1968 et la guerre de l’Ogaden en 1978 (billet de Stéphane Mantoux ICI).
Ces évènements expliquent (outre les raisons historiques et culturelles anciennes) pourquoi les pays frontaliers de la Somalie conservent une certaine méfiance envers les Somalis (2). Si les relations avec Djibouti sont restées relativement paisibles, il en fut autrement avec l’Ethiopie et le Kenya.

La politique étrangère de l’Ethiopie est particulièrement remarquable à cet égard.

Aux lendemains des indépendances, et profitant de son « statut » d’unique pays africain à ne pas avoir été colonisé (3), elle voit dans l’unité africaine un moyen de réaliser le dessein continental de l’empereur Haïlé-Sellassié mais surtout de protéger ses intérêts nationaux, ainsi que son intégrité territoriale, tout en affirmant son poids stratégique dans la région. En effet, la résolution finale de la Conférence des peuples africains de Tunis (du 25 au 30 janvier 1960) énonçait qu’«après avoir soigneusement passé en revue la situation dans le territoire de Somalie artificiellement divisé, la Conférence salue et appuie la lutte du peuple du territoire de Somalie pour l'indépendance et l'unité afin de créer une Grande Somalie (4) ». Un positionnement inacceptable pour l’Ethiopie. Elle entreprend alors d’étouffer les tendances qui faciliteraient ce type de velléités et, pour ce faire, prend la tête des partisans de l'unité africaine, jusqu’à obtenir en 1963 sa version de la Charte et l'adoption de la localisation du siège de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) à Addis Abeba.

De son côté, la Somalie était particulièrement réticente aux dispositions prises par l’OUA en 1963.

En effet, pour Abdullah Osman, son Président, « l’histoire a montré que l’obstacle majeur à l’Unité africaine provient de frontières politiques artificielles que les puissances colonialistes ont imposées dans des zones importantes du continent africain [la Somalie s’oppose à ceux pour qui] toute tentative d’adaptation des accords frontaliers actuels ne ferait qu’aggraver la situation et que, par conséquent, les choses ne devront pas changer. Nous ne partageons pas ce point de vue et pour plusieurs raisons (5) ». Tout en affirmant paradoxalement : « il ne doit exister aucun malentendu sur nos intentions. Le gouvernement somali n’a pas d’ambitions territoriales et n’a pas l’intention de revendiquer un agrandissement de son territoire. Mais, en même temps, nous ne pouvons pas attendre des habitants de la République qu’ils restent indifférents à l’appel de leurs frères. C’est pourquoi, le gouvernement somali doit demander instamment l’autodétermination pour les régions somalies qui sont adjacentes à la République Somalie. L’autodétermination est une pierre angulaire de la Charte des Nations Unies et nous devons nous y souscrire. Si les Somali de ces régions ont la possibilité d’exprimer librement leur volonté, le gouvernement de la République s’engage à respecter leur décision (6)». Le pays inscrit même dans sa première Constitution cet objectif de réunion des populations somalies en accordant automatiquement la citoyenneté aux Somalis vivants sur les territoires ne faisant pas encore partie de la République (7). En réponse le Premier ministre éthiopien, Aklilou Habte Wolde, dénonça en 1963 la « campagne d'agrandissement territorial (8)» de la Somalie.

Pour les Kenyans les revendications nationalistes somalies pouvaient être contenues.

Pourtant la province du Nord Est (9) peuplée de Somalis tenta de faire sécession, alors qu’un référendum favorable à cette sécession, et commandé par une commission chargée justement de redessiner les frontières, n’avait pas été pris en compte. Les Somalis du Kenya lancent en décembre 1963 une insurrection appelée shifta soutenues par le gouvernement somalien. Cette sécession fut contenue entre autres par l’instauration de lois d’exception et une assistance militaire des Britanniques.
Néanmoins l’histoire s’accélère. En 1969 un coup d’Etat en Somalie porte au pouvoir le nationaliste Siyaad Barre qui cristallise les revendications somalies autour du concept de « Grande Somalie (10) » . Ce concept devient un enjeu central et débouche sur une guerre en 1977, à l’issue de laquelle la Somalie sort battue face à l’Ethiopie en raison du fameux retournement d’alliance de l’Union soviétique.

Figure 1 : L’irrédentisme somali (la « Grande Somalie » et l’étoile à cinq branches du drapeau somalien représentant les régions peuplées de Somali)






Cette période des années 1970, en pleine Guerre froide, a été particulièrement tendue. Plus la discorde augmentait plus la course aux armements s’accélérait. A titre d’exemple, en Somalie les troupes passent de 4000 hommes en 1969 à 53 000 en 1977, en Ethiopie elles passent de 65 000 à 1976 à 250 000 en 1980. Les premières agitations diplomatiques, post-indépendances, dans la Corne de l’Afrique sont donc pour protéger l’intégrité territoriale des Etats des velléités unificatrices du peuple somali. Mais d’autres oppositions régionales instrumentaliseront la crise somalienne jusqu’à aujourd’hui.

Notes :
1 juillet 1960 : Acte d’Union de la Somalie italienne et du Somaliland britannique avec pour président Aden Abdulla Osman (un Hawiye).
2 La Somalie est peuplée majoritairement de Somali (plus de 85% de la population) et d’une minorité de non Somali comme les Bantous, descendant d’esclaves, ou des agriculteurs de la période pré-somali. Pour une synthèse sur ce point : Martin Hill, « No redress: Somalia’s forgotten minorities », Rapport, Minority Rights Group International, 2010, 40p.
3 Seule la partie Nord de l’Ethiopie, l’Erythrée, fût une colonie italienne mais l’expansion italienne est arrêtée lors de la bataille d’Adwa en 1896. Puis l’Italie fasciste n’occupera qu’une partie de l’Ethiopie entre mai 1936 et mai 1941.
4 Edmond Jouve, « L'Organisation de l'Unité Africaine », Paris, Presses Universitaires de France, 1984, p. 31-32.
5 Actes de la Conférence d’Addis Abeba, p.117, publiés dans la Revue internationale de l’Union africaine et malgache, n°5 (spécial), 1963.
6 Ibid., Actes de la conférence d’Addis Abeba, p.117-118
7 Constitution du 1er juillet 1960, article 6, §4 : « La République somalienne œuvrera par des moyens légaux et pacifiques, pour l’union des territoires somalis et favorisera la solidarité des peuples africains et musulmans », cité pat Boutros Ghali Boutros, « Les conflits de frontières en Afrique », Paris, Techniques et Economiques, 1972, p.97
8 Discours du Premier ministre d'Ethiopie à la conférence d'Addis Abeba, mai 1963. Reproduit par B.Boutros Ghali, Op.Cit., p. 47-61.
9 Créée à partir de l’ancien « Nothern Frontier District » et réunissant les districts majoritairement somali : Garissa, Mandera, Wajir et une partie de Moyale.
10 Un projet britannique à l’origine, proposé par Ernest Bevin, le ministre travailliste des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, en 1946 pour réunir sous la tutelle de Londres tous les territoires habités par le peuple somali.

jeudi 3 novembre 2011

L'Union Africaine à sec ?

L'Union Africaine et de nombreux États Africains se sont vus reprocher leur hésitations à condamner Kadhafi et son régime. Nous avons rappelé sur ce blog l'importance du leader libyen dans l’équilibre politique, parfois économique, de certains pays.


En 2009, le financement de l'organisation provenait (grossièrement) à 75% de contributions internes et plus particulièrement des pays d'Afrique du Nord : Libye (15%), Égypte (15%), l’Algérie (15%) soit 45% pour ces pays du Nord suivent ensuite le Nigeria (15%) et l'Afrique du Sud (15%). L'équilibre des financement s'est inversé en 2010 (avec 55% de financements extérieurs), et la situation politique du continent devrait accentuer cette tendance. En effet, la chute du régime libyen, le printemps arabe.. induiront surement une plus grande dépendance encore de l'Union africaine envers ses partenaires extra-continentaux.

L'inquiétude est de mise,pour Jean Ping, président de la commission de l’UA « la situation en Afrique du Nord pourrait mettre en difficulté nos activités budgétaires. Il faut sécuriser nos ressources et les rendre pérennes (...) la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit ».

mercredi 19 octobre 2011

Ouganda, leçon n°1 : se rendre indispensable

Hier, F. de St V, publiait un billet (site d'AGS) sur la mission militaire américaine en Ouganda de conseil pour lutter contre la LRA (ICI et ICI)




Quelques éléments d'analyse :
Pour comprendre la politique américaine à l'égard de l'Ouganda, il semble indispensable d'étudier la politique ougandaise un peu plus à l'Est (dans les Grands Lacs de toute évidence également, nous l'avons déjà évoqué sur ce blog). Aujourd'hui, l'Ouganda "occupe" ses soldats en Somalie, plus de 5000 hommes déployés dans le cadre de l'AMISOM. Néanmoins, 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes: 20000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie. Mais la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total) que l'Ouganda va aussi largement fournir, elle était d'ailleurs prête à fournir les 20000 hommes...
Rappelons que l'Ouganda héberge également une mission européenne de formation des troupes somaliennes.

Rappelons aussi, que, déjà l’administration Clinton avait choisi de mettre en avant des nouveaux dirigeants, pas nécessairement démocratiques mais pragmatiques et garants supposés d’une certaine stabilité comme : Yoweri Museveni pour l'Ouganda, Issayas Afworki pour l'Érythrée, Mälläs Zénawi pour l'Éthiopie, Paul Kagamé pour le Rwanda et Joseph Kabila pour la République Démocratique du Congo. Désormais, les États-Unis hésitent à exercer des pressions sur les régimes autoritaires qui seraient du « bon côté ».
La communauté internationale préfère pour le moment privilégier la stabilité surtout dans cette région. Typiquement, l’Ethiopie conserve le soutien américain, malgré la sanglante répression des manifestations du 15 mai 2005, à la suite de la victoire de l’opposition aux élections législatives.


L'Ouganda fournit le gros des efforts en Somalie, les troupes de l'AMISOM paient un lourd tribu dans la guerre contre les Shebab (retrait de Mogadiscio ces dernières semaines), un nouveau front d’instabilité s'est ouvert au Nord avec la naissance du Soudan du Sud où les troupes de la LRA peuvent trouver refuge, et le pays a été victime d'un attentat terroriste revendiqué par les Shabab en juillet 2010...l'annonce américaine n'est bien sur pas un hasard du calendrier.
Bref l'Ouganda est incontournable dans la région et se veut incontournable....